Google vient d’annoncer qu’il pourrait cesser ses activités en Chine, notamment à cause de la censure. Mais est-ce la seule raison ? Le géant du Web a ainsi expliqué hier avoir subi une cyber-attaque le mois dernier sur ses infrastructures chinoises, entrainant le vol de certaines de ses propriétés intellectuelles. Sans plus de précision malheureusement quant à ces dernières… S’agit-il d’informations capitales, qui auraient pu être revendues à des concurrents, le moteur Baidu, numéro 1 en Chine, par exemple ? Google reste discret sur ce sujet.
Google attaqué...
Après un mois d’enquête, Google s’est non seulement rendu compte que cette attaque avait touché une vingtaine d’entreprises différentes, mais qu’elle avait particulièrement visé les comptes Gmail de militants chinois en faveur des droits de l’Homme.
Si d’après Google, cette tentative d’intrusion a globalement échoué - seuls deux comptes Gmail auraient été consultés, et aucun courriel n’a été lu - une autre découverte a cette fois bien plus gêné le colosse américain, toujours du côté de Gmail.
Des comptes Gmail chinois, mais aussi américains et européens, tous appartenant à des activistes des droits de l’Homme, ont été consultés ces derniers temps. Non par l’exploitation d’un défaut de sécurité des infrastructures de Google cette fois, mais grâce à des malwares et des attaques phishing sur les utilisateurs en question, qui ont donc donné à leur insu leurs identifiants.
Google censuré...
Pour Google, cette énième affaire l’a poussé à revoir son jugement sur sa situation en Chine. En effet, l’année dernière, le gouvernement chinois a mis les bouchées doubles afin de limiter plus encore la liberté d’expression sur le Web. Google a de plus subi de nombreuses attaques envers ces services, au point parfois de voir Google, Gmail et YouTube totalement bloqués en Chine, comme en juin dernier.
Or quand Google.cn a ouvert ses portes en janvier 2006, la firme de Mountain View avait « la conviction que les bénéfices d’un accès accru à l’information pour les personnes en Chine et un Internet plus ouvert » compenseraient le fait de se plier à la censure sur certains résultats. Une approche qui se défend (il y a les pour et les contre), mais qui a semble-t-il trouvé ses limites.
Quatre ans après, en janvier 2010, le constat pour Google est amer, et la censure n’a pas reculé, bien au contraire. Pour l'entreprise américaine, il est donc temps de faire le bilan, et quel bilan ! « Si nous jugeons que nous sommes incapables de réaliser nos objectifs, nous n'hésiterons pas à reconsidérer notre approche envers la Chine » a ainsi expliqué David Drummond, le directeur juridique de Google, sur le blog officiel de ce dernier.
Devenir le premier moteur de recherche en Chine non filtré
Les derniers évènements « nous ont amenés à conclure que nous devrions examiner la faisabilité de nos activités en Chine » a-t-il rajouté, avant de préciser plus encore sa pensée. « Nous avons décidé que nous ne sommes plus disposés à continuer de censurer nos résultats sur Google.cn, et lors des prochaines semaines, nous allons discuter avec le gouvernement chinois afin d'établir une base sur laquelle nous pourrions faire fonctionner un moteur de recherche non filtré. »
Pour Google, un tel changement d’approche, alors que Baidu, Yahoo! et bien d’autres sociétés ne s’embarrassent pas de ce genre de considération, est évidemment risqué et osé. « Nous reconnaissons que cela pourrait bien signifier la fin de Google.cn et potentiellement de nos bureaux en Chine. »
« La décision d'examiner nos activités en Chine a été incroyablement difficile, et nous savons que cela aura potentiellement de lourdes conséquences. » Précisant que cette décision est venue des dirigeants américains, et non de Google China, Drummond en profite d’ailleurs pour souligner le travail formidable des employés de Google.cn.
Un risque calculé pour Google ?
Google pose donc un ultimatum au gouvernement chinois. Soit Google.cn ne censurera plus rien, soit le géant du Web fera ses valises, laissant à ses concurrents un marché déjà important, alors que les Internautes chinois sont désormais largement plus nombreux que n’importe quel autre pays, États-Unis compris.
Mais pour Google, cette attaque directe envers le gouvernement chinois et la censure ne serait-il pas un excellent coup de pub, notamment vis-à-vis de ses concurrents ? Si le marché chinois laisse rêveur bon nombre d’entreprises, il faut néanmoins préciser que Google réalise pour le moment près de 65 % de son chiffre d’affaires rien qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni. Dominé par Baidu, qui capte plus de 60 % des internautes chinois, contre près de 30 % pour Google.cn, le marché de la recherche en Chine est très difficile, et ne semble pas rapporter pour le moment des sommes importantes. Pour Google, le risque financier, du moins à court terme, est donc limité.
De plus, cette menace ne serait-il pas un simple bluff ? Google aura-t-il le courage de réellement partir ? Et le gouvernement chinois peut-il se permettre de perdre Google, et laisser à Baidu la quasi intégralité du marché, entamant encore un peu plus son image ?
Les marchés ont en tout cas rapidement réagi : l’action de Baidu a bondi de près de 7 % suite à la menace de Google…
Google attaqué...

Si d’après Google, cette tentative d’intrusion a globalement échoué - seuls deux comptes Gmail auraient été consultés, et aucun courriel n’a été lu - une autre découverte a cette fois bien plus gêné le colosse américain, toujours du côté de Gmail.
Des comptes Gmail chinois, mais aussi américains et européens, tous appartenant à des activistes des droits de l’Homme, ont été consultés ces derniers temps. Non par l’exploitation d’un défaut de sécurité des infrastructures de Google cette fois, mais grâce à des malwares et des attaques phishing sur les utilisateurs en question, qui ont donc donné à leur insu leurs identifiants.
Google censuré...
Pour Google, cette énième affaire l’a poussé à revoir son jugement sur sa situation en Chine. En effet, l’année dernière, le gouvernement chinois a mis les bouchées doubles afin de limiter plus encore la liberté d’expression sur le Web. Google a de plus subi de nombreuses attaques envers ces services, au point parfois de voir Google, Gmail et YouTube totalement bloqués en Chine, comme en juin dernier.
Or quand Google.cn a ouvert ses portes en janvier 2006, la firme de Mountain View avait « la conviction que les bénéfices d’un accès accru à l’information pour les personnes en Chine et un Internet plus ouvert » compenseraient le fait de se plier à la censure sur certains résultats. Une approche qui se défend (il y a les pour et les contre), mais qui a semble-t-il trouvé ses limites.
Quatre ans après, en janvier 2010, le constat pour Google est amer, et la censure n’a pas reculé, bien au contraire. Pour l'entreprise américaine, il est donc temps de faire le bilan, et quel bilan ! « Si nous jugeons que nous sommes incapables de réaliser nos objectifs, nous n'hésiterons pas à reconsidérer notre approche envers la Chine » a ainsi expliqué David Drummond, le directeur juridique de Google, sur le blog officiel de ce dernier.
Devenir le premier moteur de recherche en Chine non filtré
Les derniers évènements « nous ont amenés à conclure que nous devrions examiner la faisabilité de nos activités en Chine » a-t-il rajouté, avant de préciser plus encore sa pensée. « Nous avons décidé que nous ne sommes plus disposés à continuer de censurer nos résultats sur Google.cn, et lors des prochaines semaines, nous allons discuter avec le gouvernement chinois afin d'établir une base sur laquelle nous pourrions faire fonctionner un moteur de recherche non filtré. »
Pour Google, un tel changement d’approche, alors que Baidu, Yahoo! et bien d’autres sociétés ne s’embarrassent pas de ce genre de considération, est évidemment risqué et osé. « Nous reconnaissons que cela pourrait bien signifier la fin de Google.cn et potentiellement de nos bureaux en Chine. »
« La décision d'examiner nos activités en Chine a été incroyablement difficile, et nous savons que cela aura potentiellement de lourdes conséquences. » Précisant que cette décision est venue des dirigeants américains, et non de Google China, Drummond en profite d’ailleurs pour souligner le travail formidable des employés de Google.cn.
Un risque calculé pour Google ?
Google pose donc un ultimatum au gouvernement chinois. Soit Google.cn ne censurera plus rien, soit le géant du Web fera ses valises, laissant à ses concurrents un marché déjà important, alors que les Internautes chinois sont désormais largement plus nombreux que n’importe quel autre pays, États-Unis compris.
Mais pour Google, cette attaque directe envers le gouvernement chinois et la censure ne serait-il pas un excellent coup de pub, notamment vis-à-vis de ses concurrents ? Si le marché chinois laisse rêveur bon nombre d’entreprises, il faut néanmoins préciser que Google réalise pour le moment près de 65 % de son chiffre d’affaires rien qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni. Dominé par Baidu, qui capte plus de 60 % des internautes chinois, contre près de 30 % pour Google.cn, le marché de la recherche en Chine est très difficile, et ne semble pas rapporter pour le moment des sommes importantes. Pour Google, le risque financier, du moins à court terme, est donc limité.
De plus, cette menace ne serait-il pas un simple bluff ? Google aura-t-il le courage de réellement partir ? Et le gouvernement chinois peut-il se permettre de perdre Google, et laisser à Baidu la quasi intégralité du marché, entamant encore un peu plus son image ?
Les marchés ont en tout cas rapidement réagi : l’action de Baidu a bondi de près de 7 % suite à la menace de Google…