
La justice du peuple... ou quelque-chose comme ça
Opera Software ne devait certes pas s’attendre à ça. L’histoire a commencé sur le site JXCP, où l’un des rédacteurs a proposé un tel boycott devant une attitude jugée « stupide » de la part d’Opera Software qui ne chercherait visiblement qu’à utiliser les tribunaux pour arriver sur les ordinateurs, quand plus aucune autre solution ne reste. En effet, malgré une longue suite d’innovations dans le domaine des navigateurs, la part de marché d’Opera reste relativement anecdotique. En fait, quand ses concurrents se comparent entre eux, ils ne le citent même pas.
Ars Technica s’est fait l’écho de cette histoire en relevant notamment que le raisonnement derrière ce boycott possédait une faille relativement importante. Oui Opera a bien déposé la plainte initiale devant la Commission européenne fin 2007, mais c’est bien cette dernière qui a trouvé le cas suffisamment intéressant pour lui consacrer de l'énergie, et quelle énergie ! De plus, pourquoi boycotter Opera puisque d’autres sociétés comme Mozilla et Google ont rejoint l’affaire en cours ? Il faudrait alors boycotter également Firefox et Chrome.
Tuer Internet Explorer, et boycotter Opera, Firefox et Chrome... Voilà un monde dans lequel Apple se frotterait les mains tout en poussant Safari du bout du pied.
Pendant ce temps, à Veracruz...
Mais ce monde n’existe pas, et n’existera probablement jamais. L’auteur du boycott est revenu sur les propos tenus par Ars Technica, en expliquant qu’il y avait tout de même une différence importante. C’est bien Opera qui a eu la volonté de déclencher toute l’affaire, et quand bien même Mozilla et Google ont rejoint la troupe (ainsi que d’autres tels qu’IBM), ils sont restés « relativement silencieux ». Probablement pour avoir des places dans les loges.
L’histoire prend des proportions qu’Opera ne souhaitait certainement pas. En fonction de ce qui sera décidé et accompli, peu de protagonistes en ressortiront grandis. Opera sera la société par laquelle tout est arrivé, la Commission européenne est maintenant aux yeux du monde une institution qui a juré de s’en prendre aux grosses sociétés américaines, et Microsoft a simplement proposé une solution absurde qui leur permet plus ou moins de renvoyer l’ire du peuple avec un très joli message : vous nous avez forcés à le faire, ce n’est pas à nous qu’il faut s’en prendre.
Et pendant que la bataille pour les parts de marché fait rage, on se demande qui se soucie encore réellement de l’utilisateur.