La CNIL avait giflé le projet de loi Création et Internet avec une remarque assassine : « Les seuls motifs invoqués par le gouvernement afin de justifier la création du mécanisme confié à l'HADOPI résultent de la constatation d'une baisse du chiffre d'affaires des industries culturelles. À cet égard, elle déplore que le projet de loi ne soit pas accompagné d'une étude qui démontre clairement que les échanges de fichiers via les réseaux « pair-à-pair» sont le facteur déterminant d'une baisse des ventes dans un secteur qui, par ailleurs, est en pleine mutation du fait notamment, du développement de nouveaux modes de distribution des œuvres de l'esprit au format numérique ».
Quelques jours après la diffusion de cet avis rendu en avril, et de l'épisode du Milliard de Fichiers, Tera Consultants, un cabinet d’économistes, et Equancy&Co, une société spécialisée dans le conseil stratégique en marketing et communication, viennent de publier un rapport sur les effets du piratage. ("Impact économique de la copie illégale des biens numérisés en France").
Une étude indépendante, autofinancée
Equancy&Co est un cabinet qui « a pour mission d’aider les grandes entreprises internationales dans leur combat permanent pour rester ou devenir leaders dans leur industrie, en tirant le meilleur parti possible de leurs investissements marketing et communication ». Les mystérieuses entreprises derrière ce rapport, s’il y en a, ne sont pas révélées... Normal, nous affirme le prestataire, « cette étude a été faite pour le compte de personne ». Chaque année, nous explique-t-on, Equancy publie une étude sur un sujet d’actualité. Et c’est le piratage qui a été choisi afin « d’objectiver le débat en termes économiques pour déterminer son impact réel ».
Donc, selon ce rapport, le piratage aurait coûté plus d'un milliard d’euros à l’industrie du disque du cinéma et à celle de la télévision. Autre conséquence : « « L'empreinte » économique en France de la copie illégale peut être estimée à une perte de 10 000 emplois » (directs et indirects)
Pour les auteurs du rapport qui évoquent une situation de « chaos économique », il est « indispensable de laisser davantage d'espace économique à de nouveaux modèles innovants en garantissant une rémunération des droits de propriété intellectuelle » sauf à risque de perdre à nouveau 10 000 autres emplois d’ici 2012. Equancy nous indique d’ailleurs un autre risque, celui de voir se développer des modèles fermés, verrouillés par les acteurs (un peu comme les FAI qui se lancent dans le contenu exclusif…).
Pour l’état actuel du marché, on ressort les classiques pour les juger à l’épreuve des faits : « Le processus naturel de « destruction-créatrice », par lequel Schumpeter qualifiait les périodes de grande de mue lors de révolutions technologiques, est entravé : des activités sont détruites ou s’érodent, sans que d’autres s’y substituent. En s’immisçant dans la révolution technologique, la copie illégale crée ainsi du chaos économique, retardant l’émergence de la phase de croissance qui devrait succéder à la fin des modèles basés sur les technologies anciennes. C’est plutôt une forme de « destruction-destructrice » qui est aujourd’hui à l’oeuvre. » Et pour les auteurs du rapport, pas de doute, « la généralisation d'offres d'accès à Internet haut débit à un prix très bas, 29,99 euros par mois, favorise un écosystème pour la copie illégale ».
Utilisation des chiffres disponibles, faute de temps
L’étude n'a pas fait des études techniques avec ses propres moyens. Elle s'est fiée sur les chiffres fournis par le SNEP, les majors du disque, et l’ALPA – qui lutte contre le piratage de film, mais aussi ceux de l’Arcep. Organisée en septembre dernier, cette étude n’aura pu faire autrement que d’utiliser les données diffusées par ces organismes, faute de temps.
« Il ne faut pas se laisser prendre au jeu qui voudrait qu’un fichier piraté soit un fichier non vendu », prévient Laurent Benzoni, un professeur d’économie et fondateur de Tera Consultants. Dans les coulisses, a ainsi été retenu un « taux de substitution » de 10% (parfois plus – 60% - selon les types de fichiers) pour ajuster les mesures... Ces 10% sont un taux bas, nous indique l’ALPA ce matin.
Cette étude intervient alors que ce matin le SNEP annoncera les résultats du marché du disque pour les 9 premiers mois 2008 et fera un tour d'horizon de l'actualité du secteur.
Quelques jours après la diffusion de cet avis rendu en avril, et de l'épisode du Milliard de Fichiers, Tera Consultants, un cabinet d’économistes, et Equancy&Co, une société spécialisée dans le conseil stratégique en marketing et communication, viennent de publier un rapport sur les effets du piratage. ("Impact économique de la copie illégale des biens numérisés en France").
Une étude indépendante, autofinancée
Equancy&Co est un cabinet qui « a pour mission d’aider les grandes entreprises internationales dans leur combat permanent pour rester ou devenir leaders dans leur industrie, en tirant le meilleur parti possible de leurs investissements marketing et communication ». Les mystérieuses entreprises derrière ce rapport, s’il y en a, ne sont pas révélées... Normal, nous affirme le prestataire, « cette étude a été faite pour le compte de personne ». Chaque année, nous explique-t-on, Equancy publie une étude sur un sujet d’actualité. Et c’est le piratage qui a été choisi afin « d’objectiver le débat en termes économiques pour déterminer son impact réel ».
Donc, selon ce rapport, le piratage aurait coûté plus d'un milliard d’euros à l’industrie du disque du cinéma et à celle de la télévision. Autre conséquence : « « L'empreinte » économique en France de la copie illégale peut être estimée à une perte de 10 000 emplois » (directs et indirects)
- Musique : manque à gagner de 369 millions d'euros en 2007, et 1.600 emplois directs.
- Cinéma : manque à gagner de 605 millions d'euros, 2.400 emplois directs
- Télévision : manque à gagner de 234 millions d'euros, 950 emplois directs.
- Livre : manque à gagner de 147 millions d'euros, 750 emplois directs.
Pour les auteurs du rapport qui évoquent une situation de « chaos économique », il est « indispensable de laisser davantage d'espace économique à de nouveaux modèles innovants en garantissant une rémunération des droits de propriété intellectuelle » sauf à risque de perdre à nouveau 10 000 autres emplois d’ici 2012. Equancy nous indique d’ailleurs un autre risque, celui de voir se développer des modèles fermés, verrouillés par les acteurs (un peu comme les FAI qui se lancent dans le contenu exclusif…).
Pour l’état actuel du marché, on ressort les classiques pour les juger à l’épreuve des faits : « Le processus naturel de « destruction-créatrice », par lequel Schumpeter qualifiait les périodes de grande de mue lors de révolutions technologiques, est entravé : des activités sont détruites ou s’érodent, sans que d’autres s’y substituent. En s’immisçant dans la révolution technologique, la copie illégale crée ainsi du chaos économique, retardant l’émergence de la phase de croissance qui devrait succéder à la fin des modèles basés sur les technologies anciennes. C’est plutôt une forme de « destruction-destructrice » qui est aujourd’hui à l’oeuvre. » Et pour les auteurs du rapport, pas de doute, « la généralisation d'offres d'accès à Internet haut débit à un prix très bas, 29,99 euros par mois, favorise un écosystème pour la copie illégale ».
Utilisation des chiffres disponibles, faute de temps
L’étude n'a pas fait des études techniques avec ses propres moyens. Elle s'est fiée sur les chiffres fournis par le SNEP, les majors du disque, et l’ALPA – qui lutte contre le piratage de film, mais aussi ceux de l’Arcep. Organisée en septembre dernier, cette étude n’aura pu faire autrement que d’utiliser les données diffusées par ces organismes, faute de temps.
« Il ne faut pas se laisser prendre au jeu qui voudrait qu’un fichier piraté soit un fichier non vendu », prévient Laurent Benzoni, un professeur d’économie et fondateur de Tera Consultants. Dans les coulisses, a ainsi été retenu un « taux de substitution » de 10% (parfois plus – 60% - selon les types de fichiers) pour ajuster les mesures... Ces 10% sont un taux bas, nous indique l’ALPA ce matin.
Cette étude intervient alors que ce matin le SNEP annoncera les résultats du marché du disque pour les 9 premiers mois 2008 et fera un tour d'horizon de l'actualité du secteur.