
Nous reportons la quasi-intégralité de ces passages qui montrent l’attitude inflexible du personnage sur ce sujet.
Free et le filtrage
« Notre position n’est pas une position économique. La position économique est appliquée par un certain nombre de nos compétiteurs : c’est collaborer , dans toute la force de ce mot, c'est-à-dire de collaborer avec le ministère de la Culture, et globalement de tout filtrer, de tout écouter.
Nous, notre avis est qu’on peut faire beaucoup de choses, mais il faut que ce soit un juge qui regarde ce que vous faites, la manière dont vous le faites ; il ne faut pas de manière systématique qu’on essaye d’écouter tout ce qui se passe sur le réseau, sur ce que font nos abonnés. J’ai lu récemment qu’Orange regardait, ou avait la possibilité de regarder, ce qui se passait dans les emails envoyés par ses abonnés. Ça me choque. Je ne trouve pas cela normal. […] Encore une fois, le bon sens économique, c’est de dire 'collaborez, vous en tirerez bien quelque chose'.
Hadopi n’est pas aujourd’hui une bonne loi pour les Français. S’il s’agit de préserver les intérêts de quelques artistes qui gagnent beaucoup d’argent, ça n’a peut-être pas grand sens. Redéfinissons un certain nombre de choses, reprenons la licence légale, étudions un certain nombre de solutions alternatives, ne forçons pas le filtrage de milliers de choses pour simplement rendre service à quelques-uns ».
Pourquoi Free a signé les Accords Olivennes ?
Nous avons ensuite posé à Xavier Niel une question récurrente : pourquoi Iliad (Free) a signé les accords Olivennes, un accord global qui fut signé par tous les acteurs (gouvernement, ayants droit, hébergeurs, FAI, etc.) et qui a servi de terreau et de justificatif à l’avant-projet Hadopi ?
« Personnellement, moi j’ai signé une feuille blanche, dans laquelle tout le monde croit qu’il a signé des choses différentes [NDLR : X. N. nous signalera l'excellent papier du Point]. Nous avons été à l’Élysée et nous avions une feuille avec les noms de tout le monde. La veille, nous avions vu monsieur Olivennes et des conseillers du ministère de la Culture. Ils ne nous voyaient jamais tous ensemble. Nous étions tous vus dans notre coin, on nous faisait une lecture [du texte] sans copie et on disait est-ce que c’est bon ou ce n’est pas bon. Puis tout le monde disait "on veut modifier ça".
On pensait le lendemain avoir une version condensée puis lorsqu’on est arrivés à l’Élysée, on nous a dit "non, mais vous l’aurez l’après-midi". On l’a finalement découvert dans le communiqué de presse du soir même. Donc tout le monde a signé un document différent. C’est le mérite ou la force de Monsieur Olivennes qui est plutôt brillant puisqu’il a réussi d’obtenir pour la première fois la signature de tout le monde sur une feuille blanche, je vous le concède, mais à obtenir la signature de tout le monde. Ce qui est déjà très méritoire.
Free ne testera pas le filtrage
Nous soulignons alors à Xavier Niel que les signataires de ces accords donc de façade s’étaient engagés à tester des mesures de filtrage, avant une généralisation potentielle en cas de faisabilité économique et technique. Où en sont ces tests chez Free ?
« Sur le filtrage, bien sûr nous n’avons fait aucun test, nous souhaitons faire aucun test et nous n’avons jamais pris l’engagement, en tout cas dans nos discussions, ayant signé une feuille blanche, de faire des tests de filtrage. Nous n’avons pas l’ambition ni la volonté de filtrer le contenu de nos abonnés, de faire des tests ou de mettre en œuvre un filtrage qui ne nous serait pas imposé par un juge ou par la loi. Malheureusement. »
Une offre légale à sec, mais pas de tromperie
Réaction à la volée de Maxime Lombardini : «...de même qu’il n’y a pas le début d’un progrès sur l’offre légale qui était également dans ces accords dits de l’Élysée. » Xavier Niel : «...puisque semble-t-il, eux ne sont pas non plus au courant qu’ils avaient des engagements de nous donner des contenus. »
Nous avons alors demandé à Xavier Niel s’il s’estime trompé par Mme Albanel ? Xavier Niel (rictus en coin) : « on n’est jamais trompé par un ministre, ce sont des représentants. Comment pouvez-vous estimer cela ? … une très grande ministre de la Culture ! »
Autre coup de griffe épidermique un peu plus tard, en fin de conférence : « le filtrage des réseaux c’est comme si vous demandiez à la Poste d’ouvrir ses portes, d’ouvrir toutes les lettres, de les refermer et de les remettre. C’est ça. La problématique du piratage sur Internet est un gros problème, c’est incontestable. Mais est-ce qu’il faut restreindre de manière très forte nos libertés individuelles pour donner raison à quelques ayants droit ? Je pense que nos libertés individuelles, l’intérêt collectif, notre liberté est plus importante que l’intérêt particulier d’une manière générale. Voilà. Et derrière il y a des choses à mettre en œuvre, des idées à trouver, des solutions émergent, des tonnes de moyens d’y arriver, de trouver, de discuter ».
Et Xavier Niel de conclure : « la loi existe pour condamner les pirates, simplement les maisons de disque se refusent de la mettre en œuvre ».
Les débats relatifs au projet de loi Hadopi seront présentés en Commission des affaires culturelles du Sénat en octobre. Le texte sera prêt pour la date du 15 octobre. Le gouvernement pourra ensuite l’inscrire à l’ordre du jour dès la semaine suivante (ou plus tard s’il le souhaite).
Et Xavier Niel de conclure : « la loi existe pour condamner les pirates, simplement les maisons de disque se refusent de la mettre en œuvre ».
Les débats relatifs au projet de loi Hadopi seront présentés en Commission des affaires culturelles du Sénat en octobre. Le texte sera prêt pour la date du 15 octobre. Le gouvernement pourra ensuite l’inscrire à l’ordre du jour dès la semaine suivante (ou plus tard s’il le souhaite).