
Vers une évolution du paysage logiciel
Et pourtant, quand bien même la version 2007 de la suite s’est bien vendue avec plus de 70 millions d’exemplaires (chiffres de juin), plusieurs éléments s’associent actuellement

Depuis les mauvaises aventures de l’Open XML auprès de l’ISO et le refus de ce dernier de standardiser le format créé par l'éditeur de Redmond, une nouvelle étape de la guerre de la bureautique s’est ouverte. Le camouflet a permis à différents acteurs de sortir vraiment de l’ombre, et plusieurs mouvements ont été amorcés pour fortifier des alliances.
On a vu notamment IBM rejoindre officiellement Sun dans le développement de la suite libre et gratuite OpenOffice.org. Concrètement, Big Blue apporte du sang neuf : 35 développeurs à plein temps dont l’unique tâche est désormais de faire progresser le logiciel. Dans notre précédente actualité sur le sujet, nous nous interrogions sur les intentions réelles d’IBM quant à cette participation, et la réponse est désormais claire.
Lotus Symphony, et IBM se jette dans la fosse aux lions
La firme proposera très bientôt une gamme d’outils gratuits réunis sous l’appellation Lotus Symphony. Un traitement de texte, un tableur et un logiciel de présentation feront partie de la nouvelle suite dont le code reposera évidemment sur OpenOffice.org.
On pourrait dire qu’une autre alternative reposant sur le même code et proposant le même format (ODF) serait inutile. Mais le fait est qu’IBM dispose d’une image que n’ont pas ses alliés dans cette bataille. L’aura de la firme dans les entreprises jouera clairement en sa faveur, et si la société décide de proposer gratuitement ces outils de manière systématique, Lotus Symphony pourrait rencontrer un vrai succès.

La compatibilité avec l’ODF sera certainement présentée comme un avantage, le format étant à ce jour la seule norme ISO en ce qui concerne l’enregistrement de ce type de données. Melissa Webster, analyste chez IDC, indique ainsi : « IBM entre dans la danse avec des produits soutenus par IBM, avec la marque IBM et les services IBM. C’est une accélération majeure pour l’open source sur les machines de bureau ».
Une accélération dont les responsables de la firme ne sont pas peu fiers. Ils comparent ainsi leur arrivée sur ce créneau à celle dans le monde des centres de données, où ils ont permis à Linux de devenir une solution courante. Là encore, l’utilisation de l’OpenDocument Format sera un avantage majeur, car la firme pourra mettre en avant la compatibilité parfaite avec tous les outils qui l’utilisent.
À ce sujet, Steven A. Mills, vice-président d’IBM, indique : « Il n’y a rien qui fasse plus progresser un format qu’un produit qui l’utilise ». Bien entendu, Lotus Symphony sera compatible avec les formats des suites Microsoft, y compris l’Open XML. Une question de bon sens quand on connaît le nombre de particuliers et d’entreprises qui utilisent Office.
Microsoft estime pour sa part que les utilisateurs souhaitent avant tout une compatibilité parfaite avec leurs documents, et que la facilité d’utilisation et la familiarité des outils de l’éditeur sont des arguments de poids. Mais avec IBM, Sun et Google qui se rapprochent pour combattre Microsoft sur un fond de plus en plus uni, la situation pourrait réellement évoluer dans les années qui viennent.