Sans faire de bruit, les machines électroniques à voter se multiplient partout en France. Cela créera-t-il un scandale dans les mois ou les années à venir ? Difficile à dire. Quoi qu'il en soit, des centaines de milliers voire des millions de Français voteront sans utiliser de papier lors des prochaines élections présidentielles.
Quelques tests ont déjà été faits ces dernières années, mais les villes ayant opté pour du 100 % électronique sont encore rares, se comptant par dizaines uniquement. La dernière ville en date à s'être mis « à la page » est celle d'André Santini, Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine.
Pas le choix pour les électeurs d'Issy-les-Moulineaux.
Cette petite ville d'Île-de-France compte quarante bureaux, tous munis de machines à voter. Loi oblige, le choix n'est pas possible dans chaque bureau : « Il n'y aura pas d'autre choix car le code électoral impose un seul système dans un même bureau de vote: soit l'urne papier classique, soit les machines à voter », explique Eric Legale, le chargé des nouvelles technologies à la mairie d'Issy-les-Moulineaux, à nos confrères de ZDNet.
Bien entendu, le choix des machines a ses avantages et ses inconvénients. En terme de coût, il faudra attendre cinq ans avant leur amortissement. Ensuite, la ville est a priori gagnante financièrement. Par contre, en terme de temps, la vitesse de « dépouillement » est quasi instantanée, ce qui est loin d'être le cas en utilisant de simples papiers.
Mais ce gain de temps non négligeable a aussi ses défauts, notamment en ce qui concerne la viabilité des votes. Les machines iVotronic, conçues par l'entreprise américaine ES&S, sont-elles sûres, alors que certains ont déjà prouvé qu'il est possible de truquer les résultats d'une machine, du moins aux États-Unis ? La question peut se poser.
Un problème de sécurité ?
Pour Denis Muthuon, directeur commercial Europe de ES&S, il n'y a aucun problème : « pendant la journée, chaque vote est enregistré dans la machine comme un bulletin dans l'urne. A la fin des opérations, le dispositif est bloqué pour éviter toute manipulation (...) et pour un éventuel recomptage, un fichier est disponible pour une vérification manuelle. »
Mais venant de la part d'ES&S, difficile d'obtenir un avis autre que positif sur la question. Notons tout de même que de très nombreux critères (114) sont imposés pour autoriser l'utilisation des machines à voter, ce qui n'est pas forcément le cas dans les autres pays.
Mais prudence est mère de sûreté.