Nous indiquions dans notre actualité du 27 novembre, qu’un député souhaitait aller plus loin dans la protection de la jeunesse face aux jeux violents. Alors que le projet de loi sur la délinquance met en place une signalétique obligatoire pour informer les consommateurs du contenu, Bernard Depierre (UMP) veut, lui, faire adopter cet amendement : « Art. 33 bis. – Il est interdit sur le territoire national d’éditer, et de diffuser par vente, par location ou par le net, les documents mentionnés à l’article 32, contenant une incitation directe à des violences sexuelles, à des sévices corporels, à des actes de barbarie et au meurtre ».
"Violer une petite fille de 5 ans, du nazisme ordinaire"
L’exposé des motifs, qui éclairent les députés sur l’impérieuse nécessité de leur vote, est rempli de poncifs sur les effets soi-disant dévastateurs des jeux. Et pour faire adopter un texte de loi, rien de mieux que des exemples nets et francs. Les parlementaires ne sont pas censés connaître tout sur tout, et le passage est naturel et obligé si l'on veut sensibiliser les futurs votants. Toutefois, quand on entreprend de condamner une dérive, encore faut-il ne pas tomber soit même dans le panneau. Et l’exemple du jeu Rule of Rose est symptomatique d’une diabolisation montée de toutes pièces.
Pour soutenir son amendement, M. Depierre, soutenu par les députés Lionnel Luca et Jacques Remiller (UMP), résume ainsi le scénario : « L’action du jeu Rules of Rose se situe dans un pensionnat anglais dans les années 1930. Le but du jeu incarne un sadisme et une perversion inacceptables : il s’agit de violer dans les plus horribles conditions une petite fille puis de la torturer avant de la tuer dans la pire des souffrances. Celui qui aura fait preuve de l’ignominie la plus infâme, la plus répugnante, remporte la partie. »
Sur LCI (ne pas manquer cette vidéo), Lionnel Luca, collègue de M. Depierre , repart à la charge contre Rule Of Rose. Ce jeu ? « Violer une petite fille de 5 ans (…) c’est du nazisme ordinaire », « laisser en vente libre pour faire du fric, (…) il faut cesser », « certains parents s’y délectent » il faut « refuser la barbarie », « l’État doit reprendre les choses en mains ». Et il en appelle aux bons souvenirs du comité de censure qui protégeait voilà des années la jeunesse dans les années 60… « Ce n’est pas la peine de dénoncer le nazisme quand on le pratique confortablement pour faire du fric » lâche-t-il sans rougir. Et il le sait bien : de tels propos auront un effet ravageur dans l’hémicycle.
Diabolisation du monde du jeu
Seul hic : Rule of Rose n’a rien à voir avec un simulateur de viol de jeune fille de 5 ans (voir la fiche du jeu). Contactée le jour même par nos confrères de INpact Virtuel, Sony, son producteur, ignorait totalement cette mise en cause : la société tombait des nues lorsque lui fut soumis le lien vers la page du député (ci-dessous).
Elle contestait illico ce résumé totalement faux, qui sert si bien l’amendement parlementaire. Le dossier a illico pris le chemin du service juridique compte tenu du préjudice commercial que subit la firme.
Hier, Ecrans.fr, de Libération, a également fait remonter l’information chez Digital Bros- 505 Games, qui édite Rule of Rose en France. « Je voudrais juste souligner que les éditeurs de jeu vidéo ne font pas n’importe quoi. Nous sommes très attentifs à ce débat déjà ancien sur la violence. C’est aussi pour cela qu’il est inacceptable d’entendre ce genre de propos visant à diaboliser le jeu vidéo », explique la société qui a elle aussi menacé le député s’il ne retirait pas ses propos.
L’origine de cette diabolisation ? Elle se situerait en Italie, avec le magazine Panorama qui fait l’écho de ce jeu où « Pour gagner, enterrez vivant un enfant ». Le maire de Rome Walter Veltroni, s’émeut à son tour de ce jeu si nauséabond. Par effet politique et médiatique, l’affaire remontait même à Franco Frattini, le vice-Président de la Commission Européenne, qui apporte un écho européen à ce problème. Il promet même une très sérieuse réunion pour protéger les jeunes de ces jeux pervers, enquête qui satisfait notre député sur LCI. Et la boucle est bouclée.
Pris la main dans le sac d’une totale ignorance sur le sujet,le député Depierre s’est rapidement ravisé : il a discrètement modifié la page de son site où est présentée son intervention sans un seul mot d’excuse pour Sony ou Digital bros 55 Games. Maigre victoire pour « ceux qui font du fric » si facilement, la version édulcorée (ci-dessous) perd de sa superbe et est nettement moins tape-à-l’œil que sa soeurette originelle.
Toutefois, un dernier problème se pose : le texte à l’Assemblée Nationale, publié sur le site et au J.O., ne se modifie pas avec le premier éditeur HTML venu. Son amendement a été scrupuleusement noté et archivé dans la mémoire républicaine. Reste à voir maintenant si ce député UMP saura assumer son ignorance et rétablir l’exacte vérité auprès des députés français et de ses collègues à Bruxelles. Nul doute que les citoyens, pompes à "fric" et apprentis "nazis", apprécieront.
"Violer une petite fille de 5 ans, du nazisme ordinaire"
L’exposé des motifs, qui éclairent les députés sur l’impérieuse nécessité de leur vote, est rempli de poncifs sur les effets soi-disant dévastateurs des jeux. Et pour faire adopter un texte de loi, rien de mieux que des exemples nets et francs. Les parlementaires ne sont pas censés connaître tout sur tout, et le passage est naturel et obligé si l'on veut sensibiliser les futurs votants. Toutefois, quand on entreprend de condamner une dérive, encore faut-il ne pas tomber soit même dans le panneau. Et l’exemple du jeu Rule of Rose est symptomatique d’une diabolisation montée de toutes pièces.
Pour soutenir son amendement, M. Depierre, soutenu par les députés Lionnel Luca et Jacques Remiller (UMP), résume ainsi le scénario : « L’action du jeu Rules of Rose se situe dans un pensionnat anglais dans les années 1930. Le but du jeu incarne un sadisme et une perversion inacceptables : il s’agit de violer dans les plus horribles conditions une petite fille puis de la torturer avant de la tuer dans la pire des souffrances. Celui qui aura fait preuve de l’ignominie la plus infâme, la plus répugnante, remporte la partie. »
Sur LCI (ne pas manquer cette vidéo), Lionnel Luca, collègue de M. Depierre , repart à la charge contre Rule Of Rose. Ce jeu ? « Violer une petite fille de 5 ans (…) c’est du nazisme ordinaire », « laisser en vente libre pour faire du fric, (…) il faut cesser », « certains parents s’y délectent » il faut « refuser la barbarie », « l’État doit reprendre les choses en mains ». Et il en appelle aux bons souvenirs du comité de censure qui protégeait voilà des années la jeunesse dans les années 60… « Ce n’est pas la peine de dénoncer le nazisme quand on le pratique confortablement pour faire du fric » lâche-t-il sans rougir. Et il le sait bien : de tels propos auront un effet ravageur dans l’hémicycle.
Diabolisation du monde du jeu
Seul hic : Rule of Rose n’a rien à voir avec un simulateur de viol de jeune fille de 5 ans (voir la fiche du jeu). Contactée le jour même par nos confrères de INpact Virtuel, Sony, son producteur, ignorait totalement cette mise en cause : la société tombait des nues lorsque lui fut soumis le lien vers la page du député (ci-dessous).
Elle contestait illico ce résumé totalement faux, qui sert si bien l’amendement parlementaire. Le dossier a illico pris le chemin du service juridique compte tenu du préjudice commercial que subit la firme.
Hier, Ecrans.fr, de Libération, a également fait remonter l’information chez Digital Bros- 505 Games, qui édite Rule of Rose en France. « Je voudrais juste souligner que les éditeurs de jeu vidéo ne font pas n’importe quoi. Nous sommes très attentifs à ce débat déjà ancien sur la violence. C’est aussi pour cela qu’il est inacceptable d’entendre ce genre de propos visant à diaboliser le jeu vidéo », explique la société qui a elle aussi menacé le député s’il ne retirait pas ses propos.
L’origine de cette diabolisation ? Elle se situerait en Italie, avec le magazine Panorama qui fait l’écho de ce jeu où « Pour gagner, enterrez vivant un enfant ». Le maire de Rome Walter Veltroni, s’émeut à son tour de ce jeu si nauséabond. Par effet politique et médiatique, l’affaire remontait même à Franco Frattini, le vice-Président de la Commission Européenne, qui apporte un écho européen à ce problème. Il promet même une très sérieuse réunion pour protéger les jeunes de ces jeux pervers, enquête qui satisfait notre député sur LCI. Et la boucle est bouclée.
Pris la main dans le sac d’une totale ignorance sur le sujet,le député Depierre s’est rapidement ravisé : il a discrètement modifié la page de son site où est présentée son intervention sans un seul mot d’excuse pour Sony ou Digital bros 55 Games. Maigre victoire pour « ceux qui font du fric » si facilement, la version édulcorée (ci-dessous) perd de sa superbe et est nettement moins tape-à-l’œil que sa soeurette originelle.
Après nettoyage
Toutefois, un dernier problème se pose : le texte à l’Assemblée Nationale, publié sur le site et au J.O., ne se modifie pas avec le premier éditeur HTML venu. Son amendement a été scrupuleusement noté et archivé dans la mémoire républicaine. Reste à voir maintenant si ce député UMP saura assumer son ignorance et rétablir l’exacte vérité auprès des députés français et de ses collègues à Bruxelles. Nul doute que les citoyens, pompes à "fric" et apprentis "nazis", apprécieront.