
En dépit de bien des annonces du géant du logiciel selon lesquelles il ne souhaitait pas s’investir dans le support de l’ODF (OpenDocument Format), la firme préparait en fait depuis plusieurs mois déjà ce projet qui fait date non seulement parce qu’il indique un revirement de situation dans l’attitude du géant, mais également parce que les détails entourant la mise au point du traducteur sont bien de ceux que la firme de Redmond a l’habitude de nous présenter.
Un module de traduction ?
Actuellement en développement pour fournir un premier prototype, le traducteur va se voir attribuer une licence de type BSD et le projet lui-même est mis en place sur SourceForge.net. Les développeurs du monde open source connaissent ce site de référence qui classe et répertorie des milliers de projets. Microsoft aura bien entendu le projet en charge, mais sa présence sur SourceForge va assurer, du moins en théorie, le meilleur résultat possible car la firme souhaite que la communauté des développeurs d’OpenDocument puisse se pencher sur la question.
Le traducteur sera disponible sous la forme d’un module complémentaire et gratuit. Un premier verra le jour avant la fin de l’année et permettra la traduction des documents issus de Word. Mettons d’ailleurs tout de suite les choses au clair : le traducteur fonctionnera dans les deux sens. Ainsi, il permettra la lecture des documents ODF, ainsi que l’écriture directement dans ce format. Le module sera ensuite élargi pour traduire les documents Excel et PowerPoint. La traduction des documents Word répond à un impératif car ce sont tout simplement les documents les plus nombreux.
Le module, comme celui qui sortira pour le PDF, sera donc gratuit et fonctionnera de manière simple, à savoir le choix du format

De l'importance de l'interopérabilité
Dans une conférence téléphonique ce matin, Bernard Ourghanlian, Directeur Technique et Sécurité de Microsoft France, a précisé que « l’interopérabilité revêt un intérêt stratégique pour Microsoft ». Il faut bien avouer que dans un contexte où plusieurs pays affichent clairement leur préférence pour le format OpenDocument, Microsoft ne pouvait plus rester les bras croisés.
À ceux qui se demanderaient pourquoi ces fonctions n’ont pas été intégrées directement à Office 2007, Ourghanlian a répondu que la sortie sous forme de module serait plus « pratique » pour l’entretien de ces fonctions, notamment parce que le format OpenDocument est en cours de révision par l’OASIS (Organization for the Advancement of Structured Information Standards). En effet, il existe des écarts parfois importants du point de vue fonctionnalités entre l’OpenXML et l’ODF, et ce dernier supporte en fait moins de fonctions.
La révision en cours à l’OASIS doit apporter au format libre un meilleur support des formules mathématiques qui constituent il est vrai l’une de ses principales faiblesses. L’autre point qui est travaillé concerne directement les critiques formulées par le sénateur Marc Pacheco du Massachussetts à l’encontre du format : le manque de support des fonctionnalités dédiées aux personnes présentant des incapacités. Ainsi donc, il est clair que le format ODF va prochainement évoluer, changeant de fait les spécifications techniques sur plusieurs points. On notera que la licence BSD et la publication du projet sur SourceForge prennent ici tout leur sens.

Autre précision importante, le module pourra être installé également sur Office 2003 via un Pack spécialement conçu pour l’occasion. Ainsi, la possibilité de lire et écrire le format ODF ne sera pas réservée à la dernière version de la suite, ce qui aurait pu sembler un peu trop limité à bien des observateurs.
Quoi qu’il en soit, c’est une annonce qui pourrait faire réfléchir certains gouvernements, notamment la Belgique qui avait annoncé qu’elle se pencherait sur la question si Microsoft venait à reconsidérer son choix sur la gestion de l’ODF au sein d’Office 2007. À noter enfin que le format OpenXML de la firme est en cours de standardisation auprès de l’ECMA et que la procédure devrait être terminée avant la fin de l’année. On trouve dans le comité technique des sociétés comme Novell ou Apple, ainsi que de grandes bibliothèques, comme le prouve l’inscription récente de celle du Congrès américain.