Quantum Moves : quand des joueurs résolvent un problème de physique quantique

Quantum Moves : quand des joueurs résolvent un problème de physique quantique

De toute façon, la bonne réponse est toujours 42 !

Avatar de l'auteur
Sébastien Gavois

Publié dans

Sciences et espace

15/04/2016 5 minutes
40

Quantum Moves : quand des joueurs résolvent un problème de physique quantique

Las de ne pas trouver de solution satisfaisante à un problème de physique quantique, des chercheurs d'une université danoise ont transposé leur problème sous la forme d'un jeu vidéo. Les gamers ont fait le reste en trouvant des « solutions intéressantes » alors que les algorithmes n'y parvenaient pas.

Il y a quelques semaines, l'intelligence artificielle AlphaGo développée par DeepMind (une filiale de Google) remportait une victoire historique contre Lee Sedol, l'un des meilleurs joueurs professionnels du monde, avec un score final sans ambiguïté : 4 à 1. Un bond important et plus rapide que ne le pensaient certains pour l'intelligence artificielle. Mais l'Homme et son formidable cerveau n'ont pas dit encore leur dernier mot, loin de là. Des joueurs ont en effet aidé des scientifiques à résoudre un problème de physique quantique sur lequel les algorithmes se cassaient les dents.

La physique quantique, « personne ne comprend vraiment » ce que c'est

Sans entrer dans les détails, sachez que la physique quantique décrit le comportement de l'univers au niveau microscopique (atomes, particules, etc.). Et le moins que l'on puisse dire c'est que cela change de la physique dite classique. Parmi les « bizarreries » de la physique quantique, on peut citer la dualité onde-corpuscule (avec la célèbre expérience des fentes d'Young), le principe d'incertitude de Heisenberg, la contrafactualité, etc.

Autant de phénomènes qu'il est très difficile d'appréhender pour le commun des mortels... mais pas que. Deux citations du spécialiste Richard Phillips Feynman (prix Nobel de physique en 1965) permet de s'en convaincre : « Je crois pouvoir affirmer que personne ne comprend vraiment la physique quantique » et « si vous croyez avoir compris la mécanique quantique, c’est que vous n’avez rien compris ». Pour en savoir davantage sur la physique quantique avec des exemples et de la vulgarisation, vous pouvez regarder des vidéos de Bruce de la chaine E-Penser et de David de Science Étonnante.

Quand un problème quantique devient un jeu vidéo

Rien de surprenant donc à ce que de nombreux scientifiques butent régulièrement des phénomènes où des modélisations au niveau quantique, et que par conséquent les ordinateurs aussi puissants soient-ils ne parviennent pas toujours à trouver la solution. Une équipe de chercheurs de l'université d'Aarhus au Danemark a alors eu l'idée de « traduire » les problèmes auxquels ils sont confrontés dans un jeu vidéo : Quantum Moves.

Dans un ordinateur quantique, on ne retrouve pas des bits, mais des qubits (des bits quantiques). Dans l'expérience menée par les scientifiques, « les qubits sont un ensemble d'atomes individuels disposés dans un réseau optique [...] Pour effectuer des calculs quantiques, nous devons être en mesure de saisir un atome en particulier, le déplacer dans le réseau optique et le placer au-dessus d'un autre atome » expliquent-ils. Pour cela, un faisceau laser est utilisé comme des « pinces optiques ». Jusque-là, tout va bien, enfin façon de parler, car il faut tout de même refroidir l'ensemble à -273,15 °C, mais passons sur les détails techniques, ce n'est pas l'objet de l'expérience du jour.

Quantum MovesQuantum Moves

Une fois l'atome capturé, les choses se compliquent et c'est là que le jeu Quantum Moves entre en piste. Le pointeur sur l'écran représente le laser et le liquide représente l'atome. En déplaçant le curseur de votre souris, vous devez amener le liquide (l'atome donc) à sa position finale (le rectangle violet sur l'écran). Des mouvements de haut en bas modifient la puissance du laser et donc la profondeur de la cuvette sur l'écran. Un jeu simple ? 

L'Homme dépasse la machine, trop perfectionniste

Oui en apparence, mais le liquide se comporte d'une manière parfois étrange si vous le déplacez trop vite il peut alors former des vagues qui ne s'arrêteront pas. Or le problème est justement de réaliser cette opération le plus vite possible, sans altérer l'atome (et donc le liquide qui doit rester dans la petite cuvette). Alors que les modèles mathématiques et les ordinateurs s'y cassaient les dents, les joueurs ont trouvé des « solutions intéressantes ». Au total, près de 500 000 parties ont été jouées, par environ 10 000 joueurs différents.

Quantum Moves

« Les Hommes ont trouvé des solutions décentes lorsque le temps était limité, bien que ces solutions ne soient pas parfaites. Cependant, cela vaut mieux que les algorithmes qui cherchaient obstinément des solutions parfaites et n'y parvenaient pas lorsque les solutions n'étaient pas faciles à trouver » expliquent les chercheurs.

Au final, un mélange des deux mondes a permis de trouver des solutions adaptées : « La combinaison de l'agilité de l'Homme et du perfectionnisme des algorithmes informatiques conduisent à un système hybride humain-ordinateur, avec des solutions rapides et raffinées à la perfection ».

Les scientifiques expliquent qu'ils ont été « tellement intrigués par la puissance de l'esprit humain » qu'ils ont décidé de lancer une nouvelle version du jeu baptisée Quantum Minds dont le but est de comprendre comment l'Homme parvient à dépasser les algorithmes informatiques... Le début d'une modélisation pour une intelligence artificielle forte (voir notre analyse) ?

Écrit par Sébastien Gavois

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

La physique quantique, « personne ne comprend vraiment » ce que c'est

Quand un problème quantique devient un jeu vidéo

L'Homme dépasse la machine, trop perfectionniste

Fermer

Commentaires (40)


Très intéressant et prometteur. Merci pour cet article. <img data-src=" />


La comparaison avec AlphaGo est un peu fausse.

AlphaGo se trouve dans un cadre avec des règles biens connues, et une finalité toute définie.

La principale difficulté est l’énorme quantité de possibilité qui demande beaucoup de calculs.



En mécanique quantique, c’est un peu plus compliqué.

Ici il est plus complexe de modéliser les règles et le but de manière assez stricte.

Du coup, l’humain est plus apte à juger que “c’est pas tout à fait ça mais ça passe”, ce qui lui donne un avantage. (que l’on n’a pas besoin de modélisé dans un algo ou une IA surtout).


Ils ont piqué l’idée a Stargate Univers?<img data-src=" />


Plutôt à foldit je pense…








Ami-Kuns a écrit :



Ils ont piqué l’idée a Stargate Univers?<img data-src=" />





Je me suis dit exactement la même chose en lisant cet article&nbsp;

<img data-src=" />



Superbe article,merci.


Bordel leur jeu est compatible uniquement pour Mac OS (une version Windows arrivera prochainement) ! C’est rarissime <img data-src=" />


C’est la nouvelle version, Quantum Moves est dispo sur Windows, OS X et mobile ;)


Encore plus d’articles sur ce thème, j’adore <img data-src=" />


Je signale juste un lien mot sur la news (“fentes de young”)








orkiller a écrit :



Je signale juste un lien mot sur la news (“fentes de young”)





c’est une expérience de physique, pas un truc porno.



Je connaissais mais sympa l’article&nbsp;<img data-src=" />


Superbe article, merci beaucoup.



C’est effectivement un sujet extrêmement passionnant, il y a beaucoup de choses à apprendre.








HellXionS a écrit :



Bordel leur jeu est compatible uniquement pour Mac OS (une version Windows arrivera prochainement) ! C’est rarissime <img data-src=" />





ça se limite au talent des possesseurs de mac

<img data-src=" />



Le lienhttp://www.nextinpact.com/news/Fentes%20de%20Young me renvoi vers une page de la Hadopi est-ce normal???








Carlie a écrit :



La comparaison avec AlphaGo est un peu fausse.

AlphaGo se trouve dans un cadre avec des règles biens connues, et une finalité toute définie.

La principale difficulté est l’énorme quantité de possibilité qui demande beaucoup de calculs.



En mécanique quantique, c’est un peu plus compliqué.

Ici il est plus complexe de modéliser les règles et le but de manière assez stricte.

Du coup, l’humain est plus apte à juger que “c’est pas tout à fait ça mais ça passe”, ce qui lui donne un avantage. (que l’on n’a pas besoin de modélisé dans un algo ou une IA surtout).





+1000000000 , Pour moi AlphaGo n’est pas une AI mais un algo très complexe avec beaucoup de données ( ou création de données) . C’est dans des cas comme ce jeu, On comprend pourquoi on est loin d’un vraie IA&nbsp; car c’est le “à peu prés” ou “intuition” ( être vivant) dans des situations extrêmement complexe avec très peu de temps



&nbsp; Çate renvois sur la 404 de next inpact en fait.


Un easter egg? <img data-src=" />








candriant a écrit :



+1000000000 , Pour moi AlphaGo n’est pas une AI mais un algo très complexe avec beaucoup de données ( ou création de données) . C’est dans des cas comme ce jeu, On comprend pourquoi on est loin d’un vraie IA  car c’est le “à peu prés” ou “intuition” ( être vivant) dans des situations extrêmement complexe avec très peu de temps





C’est une IA dans le sens où depuis la phase d’apprentissage, ce programme apprend tout seul. C’est pas just un algo.



<img data-src=" /> Très bon article








Sonic.blue a écrit :



Le lienhttp://www.nextinpact.com/news/Fentes%20de%20Young me renvoi vers une page de la Hadopi est-ce normal???





en effet le début du lien est foiré

le bon lien est :https://fr.wikipedia.org/wiki/Fentes_d’Young



(j’ignore si quelqu’un a déjà fait le signalement)



Si on considère que l’intelligence serait la possibilité d’augmenter/créer des solutions qui augmentent la probabilité de réussite d’un problème (incluant la compréhension dudit problème).



Alors une approche bayésienne est ce qui se rapproche le plus d’une intelligence forte. Même si le deep learning est à mon sens un prérequis.


exactement cela


Avant même de lire l’article c’est la première chose à laquelle j’ai pensé <img data-src=" />


C’est bien connu, thing différent :)


J’ai pas compris la moitié de l’article … j’étais surement noyé dans les liens ou

dans les easter&nbsp; egg. Je ne dois pas dépasser la machine, pas être un

homme où alors j’ai emprunté un trou de verre sans le savoir …. <img data-src=" />


Bon courage aux scientifiques pour atteindre les -273.15 °c.



Article intéressant, mais du coup est-ce qu’ils n’auraient pas eu intérêt à chercher une solution par eux mêmes tout de suite plutôt que s’obstiner à confier ça à des ordis.








nouxe a écrit :



Si on considère que l’intelligence serait la possibilité d’augmenter/créer des solutions qui augmentent la probabilité de réussite d’un problème (incluant la compréhension dudit problème).



Alors une approche bayésienne est ce qui se rapproche le plus d’une intelligence forte. Même si le deep learning est à mon sens un prérequis.







On peut maximiser une proba en minimisant une erreur. Et ca n’a rien à voir avec un modèle bayesien, c’est le principe de base d’un modèle en machine learning…



un vieux lien créé par F. Mitterand.<img data-src=" />








ludo0851 a écrit :



Article intéressant, mais du coup est-ce qu’ils n’auraient pas eu intérêt à chercher une solution par eux mêmes tout de suite plutôt que s’obstiner à confier ça à des ordis.





Dans la vidéo, ils disent que les ordinateurs actuels peuvent mettre des années à faire certains calculs scientifiques à cause des limites actuelles des ordis (plus les calculs sont complexes, plus il faut de la mémoire, mais la mémoire est limitée).



Les ordinateurs quantiques, de par leur conception, sont bien plus efficaces car ils sont capables de faire plusieurs de ces calculs hypercomplexes simultanément.



Le raisonnement est donc : on perd plusieurs années à fabriquer un ordinateur quantique, mais une fois qu’on aura fini, ces années seront très vite rattrapées.



Intéressant.

&nbsp;

Peut-être que le défaut des IA est d’avoir une unique personnalité (basée sur les calculs et ce qui a été appris avec l’expérience) alors que ce jeu se prêtait plus à un ensemble de personnalités différentes. En gros mieux vaut avoir 1000 personnes qui font n’importe quoi plutôt qu’une qui fait un truc bien.

&nbsp;

Donc au lieu d’avoir 1 IA perfectionnée, peut-être faut-il en avoir plusieurs en cluster ? Un peu comme les Geth dans Mass Effect <img data-src=" />


de toutes façons la physique quantique c’est une blague


Une IA pour moi, une intelligence artificiel&nbsp; est un système capable d’apprendre et créer ses propres solutions en créant ça propre méthode ( sans squelette à partir de rien) .



Les IA actuelles ont tous un ensemble d’ algorithme ( squelette d’ailleurs modèles vieillissants)&nbsp; pour créer de la donnée (avec une limite de traitement). Pour moi , on est loin de l’IA intéressante et qui fait peur.


Et moi qui y ai cru. Nan je me sens trop bête. Bon de toute façon j’y comprenais rien, ça doit être pour ça. xD


D’accord avec ça, on est plus dans une phase d’optimisation automatique d’algorithmes que de véritables intelligences.


Non mais faudrait pas faire passer les gamers pour des sauveurs ! Ce n’est pas compatible avec les jeux vidéos ça rend meurtrier 😇



Troll à part, ça me fait penser à Ender’s game (le bouquin…). Article intéressant


De ce que j’en ai compris, AlphaGo aurait très bien pu tout faire tout seul (en lui donnant les règles du jeu bien sur…). C’est juste que lui fournir une BDD de départ avec des milliers de parties jouées par des pros rend le processus bien plus rapide. Après il fait son chemin tout seul.


ca sert à quoi d’envoyer sur un lien comme ça ?&nbsp; expérience des fentes d’Young









saladiste a écrit :



Ça reste de l’apprentissage statistique et l’approche bayesienne (couplée à du Monte-Carlo) donne de meilleurs résultats.







J’imagine que tu as un cas particulier en tête, parce que c’est assez difficile de dire qu’une méthode donne de meilleurs résultats de manière absolue dans ce domaine. A la rigueur le deep learning mais là encore avec beaucoup de variations et de manières de l’implementer.