Les télécoms en 2015 : revenus en baisse et explosion du très haut débit

Les télécoms en 2015 : revenus en baisse et explosion du très haut débit

Des millions et des milliards

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Guénaël Pépin

Publié dans

Internet

11/04/2016 7 minutes
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Les télécoms en 2015 : revenus en baisse et explosion du très haut débit

Selon le dernier observatoire des marchés télécoms de l'ARCEP, les revenus des opérateurs ont (une nouvelle fois) baissé en 2015, pour s'établir à plus de 9 milliards d'euros. Dans le même temps, la transition vers le très haut débit fixe et mobile s'affirme, avec plus d'un tiers des cartes SIM actives en 4G, contre à peine 15 % un an plus tôt.

En fin de semaine dernière, l'ARCEP a publié son observatoire des marchés télécoms pour le quatrième trimestre 2015, qui permet de tirer un bilan des finances et des usages du secteur sur l'année écoulée. Les tendances déjà observées pendant l'année se confirment nettement, notamment la transition de l'Internet fixe et mobile vers le très haut débit, la montée des cartes SIM pour objets connectés (MtoM) ou encore l'explosion du nombre de portabilités sur les derniers mois.

Des revenus en baisse sur le fixe et le mobile

Au quatrième trimestre, le secteur a engrangé des revenus de 9,1 milliard d'euros, en baisse de 1,8 % par rapport à l'année précédente (plus de 9,2 milliards). Cela alors que c'est le trimestre le plus rémunérateur de l'année. Sur son cœur de métier, les communications électroniques, la baisse est plus importante : -2,7 % d'une année à l'autre, pour un peu plus de 8 milliards d'euros de revenus.

Cette baisse des revenus ralentit sur mobile mais accélère sur le fixe, avec « le déclin des services bas débit, mais également par un ralentissement de la croissance du revenu des accès Internet haut et très haut débit et un reflux des services de capacités vendus aux entreprises (-1,5% en un an) », explique le régulateur.

Dans le détail, les services fixes ont rapporté 4,2 milliards d'euros pour les marchés de gros et de détail, contre 4,3 milliards en 2014. Les revenus du bas débit fondent ainsi de 100 millions d'euros chaque année, explique l'ARCEP, sur un total de 920 millions fin 2015.

ARCEP T4 2015 revenus opérateurs

Dans le même temps, ceux des accès haut débit et très haut débit restent relativement stables, à 2,6 milliards d'euros. Le revenu moyen par utilisateur (ARPU) est aussi en berne, à 32,2 euros, contre 33 euros un an plus tôt. Les services de capacité aux entreprises ont, eux, rapporté 619 millions d'euros, soit une légère baisse de 1,5 % d'une année sur l'autre. 

Sur mobile, les revenus hors forfaits MtoM s'établissent à 3,5 milliards, en déclin de 2,2 % depuis 2014. La facture mensuelle suit le même mouvement, avec 16,3 euros de revenus par mois par carte SIM, contre 16,7 euros un an plus tôt. Même si elles représentent une part croissante des cartes SIM, les communications entre objets connectés (MtoM) sont marginales dans les revenus : 25 millions d'euros sur le dernier trimestre, contre 22 millions d'euros 12 mois plus tôt.

Le très haut débit progresse sur le fixe

Du point de vue des usages, une tendance nette s'est dégagée sur l'Internet fixe : la transition vers le très haut débit. Même si le nombre de lignes progresse globalement, celui des lignes haut débit baisse de trimestre en trimestre, au profit de celles à plus de 30 Mb/s en débit descendant. Fin 2015, la France comptait 26,9 millions d'abonnés à l'Internet fixe, soit 900 000 de plus qu'un an plus tôt. Parmi eux, 4,3 millions sont connectés en très haut débit, soit 1,3 million de plus que fin 2014.

Pour rappel, le THD comprend des lignes entre 30 Mb/s et 100 Mb/s (VDSL2 et câble), des lignes en fibre jusqu'à l'abonné (FTTH) et des lignes à 100 Mb/s ou plus hors fibre (réseau câble). Sans grande surprise, la majeure partie des abonnés très haut débit (1,6 million) sont à moins de 100 Mb/s (+500 000 en un an), contre 1,4 million d'abonnés FTTH (+490 000) et 1,2 million en câble à plus de 100 Mb/s (+310 000). Malgré ces bons chiffres pour la fibre, celle-ci reste encore aujourd'hui située majoritairement en zones (très) denses.

« Fin 2015, le nombre d’accès au très haut débit représente 29% du nombre total de logements éligibles au très haut débit toutes technologies confondues (+7 points en un an) » résume l'ARCEP, alors que le parc haut débit (à 98 % de l'ADSL) est retombé à son niveau de mi-2013, avec 22,6 millions de connexions. 

ARCEP T4 2015 Internet fixe

Le nombre de cartes SIM 4G doublé en un an

Sur le mobile, le nombre total de cartes SIM en activité s'établit à 72,1 millions fin 2015 (hors MtoM), soit 460 000 de plus en un an. Cela donne un taux de pénétration de 109 % (1,09 carte par habitant), un taux relativement stable sur l'année. La croissance du marché a d'ailleurs ralenti, passant de 3 % entre 2013 et 2014 à 0,6 % vers 2015. Cette progression est due aux forfaits mobiles et non aux cartes prépayées.

La France compte moins de cartes prépayées, dont le nombre a chuté en 2015 (-1,9 million), avec une hausse moins marquée du nombre de forfaits en 2015 qu'en 2014 (+2,4 millions contre +2,9 millions). Fait notable, les cartes SIM liées à un abonnement fixe (offres quadruple-play) sont bien plus nombreuses : 17,4 millions, soit 2 millions de plus en 12 mois. Les cartes SIM fournissant uniquement un accès Internet ne sont, par contre, plus que 3,6 millions (-2,9 %)... Dont à peine plus d'un tiers sont actives.

Côté technologies, le marché se répartit presque équitablement entre les usagers en 2G, en 3G et en 4G. La situation évolue tout de même beaucoup : désormais, 31 % des lignes mobiles (22 millions) sont en 4G, contre à peine 11 millions fin 2014. Le nombre a simplement doublé, quand celui des utilisateurs en très haut débit a bondi de 40 %. Une montée des débits promise à se poursuivre en 2016, entre autres grâce aux déploiements dans les zones moins denses, surveillés de près par le régulateur.

Portabilités et communications MtoM en progression

Le nombre de portabilités a, lui, logiquement explosé sur le quatrième trimestre, avec la guerre des prix qui a fait rage entre les opérateurs. Plus de deux millions de demandes ont été effectuées en trois mois, contre 1,7 million un an plus tôt (+20 %).

Face aux cartes SIM destinées aux terminaux classiques, celles destinées aux communications entre machines (MtoM) continuent leur explosion largement entamée sur l'année. Fin 2015, les opérateurs ont connecté 10,5 millions de cartes SIM MtoM, soit 515 000 de plus sur le trimestre et 2,3 millions de plus sur l'année. Négligeables dans les revenus des groupes télécoms, leur multiplication doit permettre à ceux-ci de se positionner sur le marché, surtout quand ceux-ci se lancent par ailleurs dans les réseaux bas débit.

ARCEP T4 2015 portabilités

Appels en baisse, SMS en hausse et explosion de l'Internet mobile

La progression du nombre de cartes SIM utilisées en 4G traduit une nette évolution de la consommation. De fin 2014 à fin 2015, le trafic voix a baissé de 1,2 % (60 milliards de minutes), dont 39,1 milliards depuis le mobile (+3,2 %) et 21 milliards de minutes sur le fixe (-6,4 %). « La consommation moyenne par carte mobile (+4 minutes en un an) et par ligne fixe (-19 minutes en un an) est strictement identique, à 3h10 par mois » note le régulateur.

Le nombre de SMS échangés continue lui de progresser, pour s'établie à 52,2 milliards de messages sur le quatrième trimestre (+2,1 % sur un an). Les MMS, eux, se sont comptés au nombre de 1,1 milliard, soit une nette progression de 17,2 % sur un an. Mais c'est la consommation d'Internet mobile qui est la plus impressionnante.

Chaque client avec un forfait consomme ainsi 814 Mo chaque mois en moyenne, contre 483 Mo un an auparavant. Pour les clients avec un forfait 3G ou 4G, cette consommation moyenne passe à 1,337 Go par mois (ça ne s'invente pas). Au total, le trafic de données mobile explose d'une année sur l'autre : de 98 Po (pétaoctets) sur le dernier trimestre 2014, la consommation totale passe à 167 Po. Soit une progression de près de 70 %, qui risque (encore) de se poursuivre dans les prochains mois.

ARCEP T4 2015 consommation données

Écrit par Guénaël Pépin

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Des revenus en baisse sur le fixe et le mobile

Le très haut débit progresse sur le fixe

Le nombre de cartes SIM 4G doublé en un an

Portabilités et communications MtoM en progression

Appels en baisse, SMS en hausse et explosion de l'Internet mobile

Commentaires (14)


Mettre un “accroissement annuel” présenté par trimestre c’est quand même vachement trompeur








okeN a écrit :



Mettre un “accroissement annuel” présenté par trimestre c’est quand même vachement trompeur





+1



Et je sais pas si c’est comme ça dans tous les pays, mais je trouve assez paradoxal que ce soit la bataille pour dépasser les 20M en France alors que la 4G existe dans pas mal d’endroits. Sur Rennes, je suis partout en 4G avec un débit moyen de 36M, mais j’ai galéré à trouve un appart juste avec le câble pour avoir une offre internet (Numéricable donc…) à 100M en download, et 10 en upload.



Quand on sait que 1G symétrique existe, ça me laisse rêveur alors que ma situation est bien meilleure que 90% des Français…



c’est vrai que le titre du graphique ne facilite pas la compréhension. Moi, j’aurais plutôt appelé ça : “évolution sur 4 trimestres glissants”.








Derived a écrit :



je trouve assez paradoxal que ce soit la bataille pour dépasser les 20M en France alors que la 4G existe dans pas mal d’endroits.





Un réseau mobile déployé même à partir de rien, en France c’est 4-5 milliards d’euros.



Déployer une nouvelle boucle locale fixe même en réutilisant l’existant, c’est 15-20 milliards.



 

Ceci explique cela.



“Fin 2015, le nombre d’accès au très haut débit représente 29% du nombre total de logements éligibles au très haut débit toutes technologies confondues (+7 points en un an) » résume l’ARCEP”



Mais elles se trouvent où ces lignes ? Et quid de la couverture THD du territoire et pas des 10 plus grandes villes…Il y a aussi des habitants en dehors des villes (oui, ça existe ! la France ne se limite pas à l’Île-de-France)


“Toutes technologies confondues”. Du coup le VDSL2 gonfle tout de suite les chiffres pour toutes les communes avec un NRA. Mais ça reste pour les gens en centre bourg, dès que tu es à l’écart ça chute…








christophe_gossa a écrit :



Mais elles se trouvent où ces lignes ? Et quid de la couverture THD du territoire et pas des 10 plus grandes villes…Il y a aussi des habitants en dehors des villes (oui, ça existe ! la France ne se limite pas à l’Île-de-France)





Pour moi la phrase ne dit pas qu’une ligne sur 3 en france est éligible au THD. La phrase dit que parmi les lignes éligibles au THD, il y en a une seule sur trois qui a effectivement pris un abonnement THD.



La première proportion est à tirer du graphique: 4.3/(22.6+4.3) = 16% du total des abonnements sont effectivement en THD. Soit une ligne sur 6. Y compris toutes les lignes classiques de moins d’un km, dont le VDSL donne un débit >= 30Mbits/s.





  



L’ARPU fixe a baissé à cause de Bouygues, cette année il va probablement fortement remonter (1 ou 2€), notamment du à la fin des VP de masse.

 

L’ARPU mobile a baissé à cause de Free/SFR qui ont également fait pas mal de VP. D’ici 3 mois SFR devrait avoir un réseau 4G potable, et donc n’aura plus besoin de VP pour conquérir des clients, Free quant à lui aura toujours l’avantage du prix pour recruter (sans compter la V7 qui devrait booster un peu les ventes mobile au passage).


Concernant le THD en Île-de-France, la situation n’est pas meilleure que dans d’autres régions : 



         

D'abord, contrairement à une idée répandue, l'Île-de -France est constituée de seulement 21% d'espaces urbains et 50% d'espaces agricoles.



http://www.iledefrance.fr/territoire/carte-identite



         

Et, à part dans le Grand Paris, le THD  n'y est pas plus répandu que dans d'autres régions.



http://observatoire.francethd.fr/# 








vizir67 a écrit :



surtout, que ceci existe !



http://blog.nicolashachet.com/telephone/connecter-son-ordinateur-a-internet-via-…





Oui mais non: ça peut servir comme besoin ponctuel. Mais à l’échelle globale, utiliser les réseaux mobile pour écouler l’ensemble du trafic qui est actuellement supporté par la boucle locale fixe est juste impossible. Pour rappel, la capacité d’un réseau mobile est partagé entre l’ensemble des utilisateurs d’une même antenne ; un réseau fixe propose un lien dédié par abonnement.



Le  réseau fixe est infiniment plus performant que le réseau mobile. Alors certes on est actuellement dans une phase très particulière où on compare la dernière technologie en vogue niveau mobile (4G) avec une techno pour le fixe (le cuivre) qui date d’un demi-siècle. Mais c’est un cas particulier.



Si tu veux comparer les deux types de réseau, compare le réseau mobile actuel où tu peux espérer au mieux 1Mbit/s en charge (si tout le monde n’utilisait que ça comme accès principal) et un réseau fixe avec les technos de notre temps (fibre) qui peut supporter du Tb/s (oui: terabits/s) par brin de fibre et donc par foyer. On a ‘juste’ un facteur 1 million comme différence de capacité. Une paille.



Les deux types de réseaux sont complémentaires, et répondent à des besoins distincts.









joma74fr a écrit :



c’est vrai que le titre du graphique ne facilite pas la compréhension. Moi, j’aurais plutôt appelé ça : “évolution sur 4 trimestres glissants”.





c’est pas la situation par trimestre par rapport au même trimestre l’année précédente ? (un an coulissant, quoi…)

Ça permet de gommer les variations saisonnières (genre achats à Noël)

 



oui effectivement, ton interprétation du graphique semble correcte. En tout cas, ça expliquerait l’utilisation du mot “annuel” alors que la graduation est exprimée en trimestres.








joma74fr a écrit :



oui effectivement, ton interprétation du graphique semble correcte. En tout cas, ça expliquerait l’utilisation du mot “annuel” alors que la graduation est exprimée en trimestres.





en faisant cela par trimestre, ça permet d’avoir 4 mesures par an au lieu d’une seule.

Genre une en

 janvier (par rapport au janvier de l’année précédente),

 avril (par rapport au avril de l’année précédente),

 juillet (par rapport au juillet de l’année précédente),

 octobre (par rapport au octobre  de l’année précédente) !



c’est mieux pour faire une jolie courbe !

 :-)