Pour le CSA, la télévision devrait rester reine des retransmissions sportives

Pour le CSA, la télévision devrait rester reine des retransmissions sportives

Over the rainbow

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Kevin Hottot

Publié dans

Société numérique

15/04/2016 6 minutes
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Pour le CSA, la télévision devrait rester reine des retransmissions sportives

Le CSA a rendu public un rapport concernant les offres de contenus sportifs « over the top ». Une étude qui fait le point sur les offres actuellement disponibles et sur les difficultés qu'ont les diffuseurs à les rentabiliser.

La diffusion et la consommation de contenus audiovisuels ont connu d'importantes transformations ces dernières années, notamment grâce à l'essor des technologies du numérique. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel s'est donc penché sur le cas de la diffusion « over the top », c'est-à-dire via Internet, des contenus sportifs, un secteur qui profite tout particulièrement de cette technologie.

Plusieurs acteurs proposent des contenus sportifs via Internet

Dans un rapport épais de 21 pages, le CSA commence par faire un état des lieux du marché. On retrouve d'un côté des bouquets payants et de l'autre des chaînes gratuites, comme celles du groupe France Télévisions, qui se sert de son site Internet pour enrichir son offre de contenus. 

Dans le cas de compétitions comme Roland Garros, le groupe propose sur son site un accès « multi-courts » permettant au spectateur de choisir lequel des 16 matchs se déroulant simultanément il souhaite regarder. Une option qui ne peut lui être proposée via les canaux de transmission classiques. Le même genre de dispositif est mis en place lors du Tour de France afin de sélectionner un angle de caméra différent (moto, hélicoptère, direction de course, etc.) et de capturer de courts extraits de la course.

Du côté des chaînes payantes, comme celles du bouquet Canal + ou de BeIn Sports, la finalité est uniquement de diffuser en direct et en rattrapage les compétitions sportives, mais sans les enrichir de la même manière. Pas question non plus de proposer ainsi des contenus qui n'auraient pas trouvé autrement leur place à l'antenne.

Le CSA note par ailleurs que le replay est très peu utilisé dans le cadre du sport : « l’apport du différé et de la télévision de rattrapage à l'audience moyenne globale des événements sportifs s’est élevé à seulement 1 % en 2015, contre plus de 3,5 % pour l’ensemble des programmes ».

Les « pure players » et les ligues sportives s'en mêlent

Les chaînes de télévision ne sont pas les seules à s'intéresser au sport en ce moment, les géants du Net cherchent eux aussi à attirer et à fidéliser leur audience grâce à ce type de programmes. Dailymotion et Google par exemple ont conclu un accord de quatre ans avec la Ligue de Football Professionnel les autorisant à diffuser « des résumés des matchs de Ligue 1, ainsi que des buts, des meilleurs moments et des entretiens », note l'autorité. Un accord qui leur aurait coûté cinq millions d'euros.

Les réseaux sociaux ne sont pas en reste non plus. Facebook diffuse par exemple via son Sport Stadium des matchs de football américain aux États-Unis. Twitter a acquis dernièrement les droits pour la retransmission de dix affiches de la NFL, qui seront diffusées gratuitement à ses utilisateurs.

Les ligues sportives veulent aussi leur part du gâteau. Elles qui étaient jadis enclines à vendre leurs droits de diffusion au plus offrant commencent petit à petit à se muer en diffuseurs, via Internet. Rien qu'en France, quatre ligues sportives majeures proposent directement leurs contenus à leurs fans, moyennant monnaie.

La NBA (basket) la NFL (football américain), la NHL (hockey sur glace) et l'UFC (combats) proposent ainsi des offres d'abonnement dont le tarif s'échelonne entre quelques euros jusqu'à 30 euros par mois. Dans le cas de l'UFC et de la NBA, un paiement à la séance est également possible.

Dur dur d'être payé

Seul problème, selon le CSA, les éditeurs de services « over the top » peinent encore à trouver leur modèle économique. Les offres d'abonnement semblent tenir la corde, mais ne sont pas nécessairement synonymes de rentabilité, notamment à cause du prix d'acquisition des droits de diffusion, généralement très élevé.

L'autre souci tient au fait que contrairement aux séries et au cinéma, le contenu sportif se consomme quasi exclusivement en direct. Disposer d'une archive avec des milliers de matchs revêt donc un intérêt très limité et les diffuseurs ne peuvent pas compter sur leur catalogue de rencontres déjà passées pour séduire. Un point de vue partagé par Ted Sarandos, le directeur des programmes de Netflix, qui estime que « rendre ce type de contenu accessible à la demande n'apporte aucune valeur ajoutée à l'utilisateur ».

Les consommateurs français sont également peu enclins à payer pour regarder des retransmissions sportives en direct sur Internet. Selon une étude citée par le CSA, nous ne serions que 9 % à se déclarer prêts à ouvrir notre porte-monnaie dans ce but. Une proportion similaire à celle observée en Allemagne (8 %) ou aux États-Unis (10 %) mais très loin derrière l'Inde (45 %) ou la Chine et les Émirats (32 %).

Reste la solution de la publicité, mais là encore le compte n'y est pas. Sean MacManus, président de CBS Sports, cité dans le rapport, expliquait récemment que lors du Super Bowl, les écrans publicitaires diffusés à la télévision ont rapporté à sa chaîne 325 millions de dollars. Sur son site Internet, l'enveloppe n'était plus que de 15 à 20 millions de dollars.

La télévision garde son trône

Aux yeux du CSA, l'ensemble de ces problèmes, ajoutés au fait que la qualité de service n'est pas garantie lors d'une diffusion « over the top » en raison d'éventuels soucis de routage ou de capacité des réseaux, font que pour l'heure, ces solutions ne devraient pas détrôner la télévision classique en termes d'audience, et de revenus.

Si ce mode de diffusion est intrinsèquement peu coûteux, il ne permettrait en effet pas de rentabiliser les contenus sportifs, chers et dont l'intérêt décline fortement une fois passée la fenêtre du direct. N'en déplaise donc aux abonnés de Canal + ou de BeIn Sports, ce n'est probablement pas demain qu'ils pourront profiter pleinement de leur discipline préférée gratuitement et légalement en direct sur le web. Néanmoins, les initiatives de ce genre continuent de se multiplier, et les lignes pourraient bien encore bouger dans quelques années.

Écrit par Kevin Hottot

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Sommaire de l'article

Introduction

Plusieurs acteurs proposent des contenus sportifs via Internet

Les « pure players » et les ligues sportives s'en mêlent

Dur dur d'être payé

La télévision garde son trône

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (22)




Dans le cas de compétitions

ça serait cool d’avoir un mode sans commentateur.


t’as le droit de couper le son et mettre du Vivaldi

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ça devrait surtout être en clair et gratuit.. tout le temps.








coucou_lo_coucou_paloma a écrit :



ça serait cool d’avoir un mode sans commentateur.





Si tu penses à la moto (et à l’immonde voix de crécelle de Tissier) tu n’as qu’à t’abonner sur le site de la Dorna (motogp.com) et tu auras juste le bruit des moteurs. D’ailleurs Eurosport diffuse exactement les mêmes images, aucune télévision au monde n’étant autorisée à filmer sur les circuits. Ce sont les flux de la Dorna qui arrivent dans les studios où ils sont commentés (hum) en direct.



Certes, mais difficile d’entendre les plaquages/cris des tennis(wo)men/moteurs/… dans ce cas.









picatrix a écrit :



Si tu penses à la moto (et à l’immonde voix de crécelle de Tissier) tu n’as qu’à t’abonner sur le site de la Dorna (motogp.com) et tu auras juste le bruit des moteurs. D’ailleurs Eurosport diffuse exactement les mêmes images, aucune télévision au monde n’étant autorisée à filmer sur les circuits. Ce sont les flux de la Dorna qui arrivent dans les studios où ils sont commentés (hum) en direct.



Je pensais un peu à la moto effectivement, et je savais pas pour la diffusion par la dorna aux particuliers. <img data-src=" />



Rapport complètement bullshit. Plutôt que de payer des abonnements bein ou canal je préfère largement acheter quelques match sans pub à la demande en ligne à diffuser où je veux avec un chromecast ou similaire. &nbsp;En plus on pourrait choisir les commentateurs en option et la langue. S’il y a des réticences c’est parce que l’investissement n’a pas encore été fait, rare sont les flux disponible à la demande avec une qualité HD et une bonne fluidité. S’il n’y a pas d’offre, forcément on ne voit pas la demande qui fait du streaming illegal. Ca viendra quand les gens qui s’endettent à perte pour acheter les droits vont redescendre sur terre et quand la qualité du flux pirate deviendra compétitive.


J’attends que les sports à ballons diffusent un flux (à “360°”) capté par le ballon pour une immersion au cœur de l’action.

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vive canalsat et les chaines allemande dans ces cas là, les commentateurs font le minimum syndical


en effet pour le beach volley, sur une 52”, on doit avoir une superbe vue <img data-src=" />


bien avec des vive ou occulus <img data-src=" />

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Le CSA prêche pour sa paroisse, la télévision. Tout ce qui se passe sur Internet échappant à leur contrôle, il ne faut pas compter sur eux pour en faire la promotion ou le mettre en valeur.


Oui, dimanche dernier, j’en ai profité pour regarder les Moto3, 2 et GP sans les commentaires des commentateurs d’Eurosport(Tissier, vraiment horrible et Charpentier pro Honda) sur Eurosport player. Que le son des motos, c’est un vrai régal.


Toutafé, que le sport canapé débile reste sur la TV SVP ! Et n’envahisse pas le WEB !

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iksarfighter a écrit :



Toutafé, que le sport canapé débile reste sur la TV SVP ! Et n’envahisse pas le WEB !

&nbsp;





C’est vrai ça, le web, c’est pas fait pour les trucs débiles ! Manquerait plus que ça, tiens.



Désolé pour le VTT, il y a que RedBull TV qui diffuse sur le web, il y avait une manche de Downhill (DH) à Lourdes dimanche dernier, pas un média télévisuel ne la diffusée.


Tout à fait d’accord, EurosportPlayer permet de regarder tous les flux en direct sans commentateurs. Et en effet ce rapport est idiot. En ce qui me concerne je regarde beaucoup de billard sur Eurospor Player et comme pour des raisons de droits Eurosport ne propose pratiquement plus de VOD sur cette discipline, je dois me rabattre sur Youtube pour pouvoir revoir les matchs quand je peux pas les regarder en direct.



La VOD sur tous les sports, c’est probablement pas intéressant. Mais sur certains sports ça peut l’être je pense.








Patos le fourbe a écrit :



Le CSA prêche pour sa paroisse, la télévision. Tout ce qui se passe sur Internet échappant à leur contrôle, il ne faut pas compter sur eux pour en faire la promotion ou le mettre en valeur.





+1 L’inverse eu été étonnant, c’est clair !



A ceux qui trouvent ce rapport idiot, lisez le avant (il y a juste 20 pages, et c’est accessible sur le site du CSA)

Ils ne disent pas que le sport ne doit pas être sur internet, ils font juste un état des lieux de la situation actuelle et donnent des perspectives sur les évolutions à court terme.



Et ils ont raison sur de nombreux points. La TV classique reste le mode de diffusion le plus adapté pour le plus grand nombre (rien que pour les contraintes liés à la saturations des réseaux en cas de forte affluence à cause de cette diffusion en OTT unicast, et à la qualité moindre qu’à la TV, c’est déjà 2 bons arguments).

Mais ils rajoutent que l’OTT intervient en complément de la TV classique, avec des services complétant l’expérience (c’est le cas des diffusions sans commentaire dont certains parlent, des angles de vues supplémentaires, ou des matchs supplémentaire en parallèle dans le cas de certains sports).

Ils indiquent également que c’est une porte ouverte pour les sports qui ne trouvent pas leur place sur la TV classique.


Cette décision est complètement ridicule : Du coup on reste contraint à ne voir que les sports populaires. La diffusion à la TV est le meilleur moyen de ne jamais voir un match de handball, un tournois d’escrime, une partie de snooker, un compétition de judo, etc.

Sur une même compétition motorisée, impossible de suivre sa voiture favorite (alors que tous les véhicules ont leurs caméras embarquées).

Et au final, dans des compétitions multi-sport comme aux J.O, impossible de suivre un stand en particulier, ou de suivre un concours de bout en bout.



Alors certes la TV est pour le moment bien plus bankable que la diffusion en ligne, mais justement cet appât du gain à tout prix réduit largement la qualité de la diffusion : on ne voit que ce que l’on veut bien nous montrer.








kwak-kwak a écrit :



Et au final, dans des compétitions multi-sport comme aux J.O, impossible de suivre un stand en particulier, ou de suivre un concours de bout en bout.





Aux J.O. de pékin, sur le site web, dédié, on pouvait choisir la compétition que l’on voulait suivre. Et pour certaines, choisir parmi plusieurs flux. Je me rappelle que pour la course cycliste en ligne on pouvait choisir de suivre la tête, le peloton ou l’arrière de la course.



Ce n’est pas ce que dit le rapport du CSA.



Il dit qu’avec les moyens actuels, la TV reste le support le plus adapté aujourd’hui pour la retransmission de masse. Tendance qui devrait s’inverser (toujours selon leur rapport) avec la généralisation du THD à domicile.



Il ne dit nulle part que la TV doit rester la seule et unique source de diffusion de contenus sportifs. (titre trompeur de l’actu ?)