Cedexis, Sigfox, quand la French Tech cherche et trouve ses millions

Cedexis, Sigfox, quand la French Tech cherche et trouve ses millions

Maintenant il faut viser le milliard !

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Kevin Hottot

Publié dans

Économie

27/01/2016 7 minutes
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Cedexis, Sigfox, quand la French Tech cherche et trouve ses millions

Dans le domaine des réseaux, deux sociétés françaises commencent à sortir du lot : Cedexis et Sigfox. La première vient ainsi de lever 21 millions d'euros auprès de Foxconn et Nokia alors que la seconde cherche un demi-milliard d'euros pour son développement.

Si tout le monde évoque les réussites françaises dans le domaine des objets connectés, il existe d'autres domaines que les bracelets, drones et autres thermomètres où nos sociétés arrivent à se démarquer. C'est notamment le cas des réseaux avec deux acteurs qui cherchent actuellement à accélérer leur développement. 

Sigfox voudrait lever un demi-milliard d'euros

Selon le Figaro, Sigfox serait en train de préparer une levée de fonds record en France, dans le domaine des nouvelles technologies. Oubliez les 177 millions d'euros récoltés l'an passé par BlaBlaCar, l'opérateur spécialisé dans les réseaux bas-débit pour l'internet des objets veut directement lever 500 millions d'euros.

L'objectif serait alors de déployer son réseau le plus rapidement possible, visant notamment la couverture de dix métropoles américaines d'ici la fin du premier semestre. En dehors des États-Unis, Sigfox vise 19 nouveaux pays en Europe (Allemagne, Scandinavie, Ukraine...) en Asie (Inde, Japon...) dans le Golfe (Arabie Saoudite et Émirats) et en Amérique du sud (Chili et Colombie). 

L'un des grands projets de Sigfox consiste également à fournir une couverture réseau autour de la station polaire Princesse-Elisabeth, située en Antarctique. Par le biais de sa fondation nouvellement créée, l'entreprise compte en effet « conduire des missions de protection de l'environnement et du vivant, en mettant à leur service son réseau et les meilleures ressources associées ». Un bon moyen pour l'entreprise de faire connaître ses produits, en gardant une image positive auprès du public et des autorités.

Cedexis trouve 21 millions d'euros à l'étranger

Si Sigfox est encore en quête de ses fonds, Cedexis, a de son côté réussi à mettre la main sur un petit pactole qui lui permettra de voir l'avenir sereinement. Si son nom ne vous dit rien, sachez quiil s'agit d'une société fondée en 2009 spécialisée dans « l'optimisation du chargement des pages web » et compte déjà plus d'un millier de clients. 

Parmi eux on compte notamment Bloomberg, Microsoft ou France Télévisions. Sa solution consiste à optimiser le transfert des données en aiguillant le trafic vers la route la plus rapide à un instant donné, ce afin de réduire autant que possible la vitesse de chargement des contenus de ses clients. 

En l'espace de trois semaines, l'entreprise est parvenue à lever 22,8 millions de dollars, soit 21 millions d'euros (dont un prêt de la BPI), pour une valorisation tenue secrète, nous a confirmé Julien Coulon, le cofondateur de Cedexis. « C'est un très bel évènement pour nous, même si c'est toujours compliqué de se diluer », nous confie-t-il. Le dirigeant est toutefois bien rodé à cet exercice, ayant déjà levé un million d'euros en 2010 auprès de business angels français, puis 7 millions d'euros auprès de deux fonds américains en 2011, « après avoir mis la boîte à l'équilibre, mais sur le papier seulement, parce qu'on ne s'était pas payés pendant près de deux ans et demi », s'amuse-t-il. 

Il ajoutera que Cedexis s'était tourné vers les États-Unis « parce que nous n'arrivions pas à trouver une belle valorisation en France ». Aujourd'hui, la donne est un peu différente, la société ayant reçu « deux belles propositions » de la part d'entreprises françaises lors du dernier tour de table, qu'elle a toutefois déclinées. 

Foxconn et Nokia pour conquérir l'Asie

En première ligne de cette levée on retrouve donc le géant Foxconn, via sa filiale Ginjo Ventures, Nokia Growth Partners ou encore Citrix Systems Ventures. Ironie de l'histoire, ce dernier avait déjà tenté en 2013 de racheter toute l'entreprise, sans succès, avant de lui proposer un prêt « de 3 ou 4 millions d'euros à peu près » afin de l'aider à se développer. Prêt qui a depuis été transformé en actions. « Depuis le début, nous avons reçu des dizaines de propositions de rachat, mais comme on s'amuse bien on continue comme ça ».

Si aucun investisseur français ne fait partie du dernier tour de table, Julien Coulon explique que c'était avant tout un choix stratégique « Nous avons dû faire un choix entre quelqu'un qui peut nous aider à nous déployer en Asie, comme Foxconn et quelqu'un qui ne peut pas nous apporter ce soutien. Foxconn en plus de nous appuyer sur le continent asiatique nous permet de nous rapprocher des fabricants d'appareils. Quant à Nokia, c'est un partenaire qui nous permet de nous rapprocher des opérateurs téléphoniques ». Foxconn ayant aussi vocation à se placer comme distributeur de contenu via son projet Power-all, Cedexis y a également vu un gros client potentiel. 

Ces 22,8 millions de dollars, Cedexis compte avant tout s'en servir pour renforcer ses équipes, notamment du côté de la recherche et du développement, qui comptent pour environ deux tiers des effectifs de l'entreprise, et donc de ses dépenses. L'un de ses objectifs à ce niveau est de « dupliquer en France la R&D que l'on a aux États-Unis », nous affirme son cofondateur.

Cedexis veut aussi renforcer sa présence en Asie, d'où le partenariat trouvé avec Foxconn, mais aussi en Europe et aux Amériques, où Nokia peut être un allié de poids. Prochaines étapes : l'ouverture de locaux « à Singapour ou Hong Kong, puis Séoul et Taipei ».

Un deal scellé en trois semaines chrono, un peu grâce à la French Tech

Alors que certains acteurs des nouvelles technologies en France évoquent des « conditions de marché difficiles » quand vient le moment de collecter des fonds, Cedexis assure que tout s'est fait très vite de son côté. « Nous espérions lever une dizaine de millions et au final nous avons 21 millions d'euros, et ça s'est bouclé très rapidement. Nous avons entamé les discussions début septembre, trois semaines après on se tapait dans la main et c'était au tour des avocats de faire le nécessaire. L'arrivée de Nokia sur le tard a légèrement décalé les opérations, mais globalement c'était très rapide ». 

Pour Julien Coulon, l'initiative French Tech du gouvernement n'est pas totalement étrangère à cela, elle y aurait même assez largement contribué. L'État a notamment apporté son soutien à l'entreprise par le biais d'un « prêt innovation » de 800 000 euros accordé par la BPI « à qui l'on dit un grand merci », sourit-il, saluant aussi le soutien que lui apportent l'agence publique Business France et la Chambre de Commerce et de l'Industrie. Le carnet d'adresses « de dingue » de la French Tech serait lui aussi d'un grand secours.

« Lorsque l'on se déplace à l'étranger ce sont eux qui nous trouvent des rendez-vous avec des clients ou des investisseurs potentiels et ça débouche souvent sur quelque chose. La semaine prochaine je vais à San Francisco et ils nous ont trouvé des rendez-vous à très haut niveau », confesse le cofondateur de Cedexis. Il ne lui reste plus qu'à souhaiter que ces rencontres porteront leurs fruits, en attendant la prochaine levée, voire l'introduction en bourse. Mais il est encore tôt pour y songer.

Écrit par Kevin Hottot

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Sommaire de l'article

Introduction

Sigfox voudrait lever un demi-milliard d'euros

Cedexis trouve 21 millions d'euros à l'étranger

Foxconn et Nokia pour conquérir l'Asie

Un deal scellé en trois semaines chrono, un peu grâce à la French Tech

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Commentaires (3)


Bien joué Julien!


C’est bien que des start-up françaises prennent leur envol dans le vaste des technologies de l’informations.



On manque cruellement en france de success story mise à part Criteo.

Ayant vu le pdg de Sigfox lors d’une présentation, ils ont vraiment de l’ambition ! Et ça semble réussir !


Ca fait toujours plaisir de voir que des sociétés FR réussissent :)