Le Conseil d’État approuve la proposition de loi sur la surveillance internationale

Le Conseil d’État approuve la proposition de loi sur la surveillance internationale

La guerre des clones

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Marc Rees

Publié dans

Droit

22/10/2015 5 minutes
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Le Conseil d’État approuve la proposition de loi sur la surveillance internationale

Selon nos informations, le Conseil d’État a finalement attribué un sans-faute à la proposition de loi sur la surveillance internationale du sénateur Philippe Bas (LR). Un avis précieux pour les députés Patricia Adam et Philippe Nauche (PS) qui avaient préalablement déposé une proposition très similaire.

En juillet dernier, lors de l’examen de la loi sur le renseignement, le Conseil constitutionnel avait invalidé l’article relatif à la surveillance internationale. Pourquoi ? Car le législateur laissait trop généreusement à l’exécutif le soin de déterminer les modalités d’exploitation, de conservation et de destruction des renseignements collectés. Un cas d’incompétence négative décapité sur le champ, dans la plus pure tradition de sa jurisprudence.

Après cette gifle, le gouvernement avait alors annoncé un projet de loi qui s’est mû par la suite en une proposition de loi (PPL) portée par les députés Patricia Adam et Philippe Nauche. Par cette transformation, l’exécutif a pu confortablement court-circuiter l’étude d’impact et l’avis préalable du Conseil d’État, deux impératifs requis pour les projets de loi.

De son côté, le sénateur LR Philippe Bas n’a visiblement pas été satisfait du raccourci. Il a donc déposé à son tour une PPL « relative aux mesures de surveillance des communications électroniques internationales », très similaire à celle des députés socialistes. Dans la foulée, Gérard Larcher a pu alors saisir pour avis la haute juridiction administrative comme le lui autorise l’article 39 de la Constitution. Selon le président du Sénat, l’enjeu est que « le Parlement puisse être éclairé sur les éventuels risques constitutionnels de ce dispositif », précisant qu'« il est essentiel, dans une matière de cette importance, que les impératifs de la sécurité nationale ne portent pas d’atteinte disproportionnée aux libertés publiques. »

Nous avons pu prendre connaissance de l’avis remis le 16 octobre par le Conseil d’État, visant donc la PPL de Philippe Bas. Dans ce document de quatre pages, la juridiction affirme sans détour que la proposition de loi « répond (…) aux exigences qui découlent de la décision du Conseil constitutionnel du 23 juillet 2015 », sur le renseignement.

À situation différente, traitement différent

Ce faisant, il relève tout de même que le régime de la surveillance internationale institue « des différences substantielles » par rapport à celui de la surveillance franco-française. Et celui-ci d’égrainer l’absence d’avis préalable de la Commission nationale de contrôle des techniques du renseignement, ou encore « l’usage d’algorithmes sur les correspondances comme sur les données de connexion », sans oublier « l’absence de recours juridictionnel direct pour les personnes souhaitant vérifier qu’aucune mesure de surveillance n’est irrégulièrement mise en œuvre à leur égard. »

Bien que contestée notamment par une association d'avocats franco-américains, ces nuances sont toutefois parfaitement justifiées selon le Conseil d’État « à la fois par la différence de situation entre les personnes résidant sur le territoire français et celles résident à l’étranger » mais aussi « par la différence corrélative des techniques de surveillance qui doivent être employées, ainsi que par la nature propre des missions de surveillance qui sont exercées à l’étranger. »

Pas de déséquilibre manifeste entre sécurité et vie privée

En somme et au regard des conditions et des garanties du texte – notamment celles relatives au droit au recours effectif -, l’avis considère que sur le plan constitutionnel, le texte n’engendre aucun déséquilibre manifeste entre d’un côté, la sécurité nationale et de l’autre, la protection de la vie privée. Il serait de plus en pleine conformité avec l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Ce document, signé notamment par Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’État et la rapporteure Christine Maugüé, n’a aucune valeur juridique puisque ce n’est qu’un avis. De plus, il porte sur la PPL de Philippe Bas, non sur celle de Patricia Adam et Philippe Nauche, seule à être examinée et qui a déjà subi des petits changements dans son parcours parlementaire. Néanmoins, l'avis est très précieux pour les partisans de l'une ou l'autre des PPL, qui s’en serviront sans nul doute comme levier politique.

La proposition de Patricia Adam et Philippe Nauche sera d'ailleurs examinée au Sénat le 27 octobre prochain. Après adoption par l’Assemblée nationale, le texte a déjà passé le cap de l’examen de la commission des lois au Sénat où 15 amendements ont été adoptés, tous signés Philippe Bas.

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

À situation différente, traitement différent

Pas de déséquilibre manifeste entre sécurité et vie privée

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (23)


Merci pour la nouvelle… Mis à part les anglais qui sont, grosso-modo, aussi avancés que nous dans la protection de la vie privée, vous savez où en sont les autres pays européens?


”…il serait de plus en pleine conformité avec l’article 8 de la Convention

européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés

fondamentales….”



donc…tout va bien !

“dormez tranquille braves gens, l’État veille sur votre sommeil” !&nbsp;<img data-src=" />


Pardonnez mon manque de connaissances, mais “Par cette transformation, l’exécutif a pu confortablement

court-circuiter l’étude d’impact et l’avis préalable du Conseil d’État,

deux impératifs requis pour les projets de loi.” Projet de loi, proposition de loi, je suis un peu perdu. Les projets deviennent des propositions et vice-versa? Et si c’est le cas, quid des études/avis?


proposition ça vient d’un député/groupe : de l’Assemblée Nationale donc téléguidable vu “l’étanchéité” entre les députés et le gouvernement… :sarcasme:

Projet, ça vient directement du gouvernement.



Apparemment, les propositions ne suivent pas les mêmes règles (je suppose qu’émanant de l’AN, elle sont réputées séparation-des-pouvoirs compliant…)


A chaque jour, son petit projet de loi, son petit amendement qui réduit l’espace de liberté du citoyen. Pour une loi en faveur du bien être du citoyen, neuf son pour le canaliser.&nbsp;




Ce faisant, il relève tout de même que le régime de la surveillance internationale institue « des différences substantielles » par rapport à celui de la surveillance franco-française. Et celui-ci d’égrainer l’absence d’avis préalable de la Commission nationale de contrôle des techniques du renseignement, ou encore « l’usage d’algorithmes sur les correspondances comme sur les données de connexion », sans oublier « l’absence de recours juridictionnel direct pour les personnes souhaitant vérifier qu’aucune mesure de surveillance n’est irrégulièrement mise en œuvre à leur égard. »



Il n’y a aucun recours contre cette surveillance, mais c’est parfaitement compatible avec la protection de la vie privée… merci le Conseil d’État de droit <img data-src=" />


Ah merci pour la précision. Donc, si un projet de loi ne prend pas, un parlementaire peut en faire une proposition, qui n’est pas soumise aux mêmes règles, pas revue ni adoptée par les mêmes personnes et peut tout aussi bien finir en loi.








DjuL-BzH a écrit :



Ah merci pour la précision. Donc, si un projet de loi ne prend pas, le gouvernement peut donner l’ordre à un parlementaire peut d’en faire une proposition, qui n’est pas soumise aux mêmes règles, pas revue ni adoptée par les mêmes personnes et peut tout aussi bien finir en loi.





Fixed <img data-src=" />



difficile de faire un recours contre un texte qui n’est pas encore adopté ;)


C’est beau la démocratie.








MarcRees a écrit :



difficile de faire un recours contre un texte qui n’est pas encore adopté ;)





Je ne parlais pas de recours contre le texte, mais de l’absence de recours juridictionnel en cas de suspicion de surveillance abusive et de l’absence de consultation préalable de la CNCTR ;)



Le GVT avait la possibilité de déposer un projet de loi.




  • Ce qui suppose étude d’impact (pour connaître ses coûts en principe, etc.)

  • Ce qui suppose un avis préalable du Conseil d’Etat (qui est diffusé)

    Il a finalement préféré faire porter sa disposition par deux députés

  • Ce qui évince l’étude d’impact

  • Ce qui évince l’avis du Conseil d’Etat



    Philippe Bas a donc copié-collé la proposition de loi des députés PS pour faire soumettre “son” texte au Conseil d’Etat (Pour la petite histoire, la PPL PS avait déjà été examinée par la commission des lois à l’Assemblée nationale, ce qui empêchait par la même occasion de la faire examiner par le C.E.)



    Voilà, j’espère que ce petit résumé aidera.


Avec ton commentaire, les précédents, et une petite recherche, ça aide. Merci.


C’est si beau de voir l’UMP et le PS travailler ensemble main dans la main. J’en ai la larme à l’oeil ^^








DahoodG4 a écrit :



C’est beau la démocratie.





t’as vraiment cru que ca existait ?









Kakuro456 a écrit :



A chaque jour, son petit projet de loi, son petit amendement qui réduit l’espace de liberté du citoyen. Pour une loi en faveur du bien être du citoyen, neuf son pour le canaliser, dans les ombres du Mordor..&nbsp;&nbsp;






 Je n'avais pas compris la fin <img data-src=">


Encore une loi liberticide en gros








MarcRees a écrit :



difficile de faire un recours contre un texte qui n’est pas encore adopté ;)





Homme de peu de foi…. Ne sais-tu pas que l’on vient de fêter les 30 ans de “Retour vers le futur” ?&nbsp; <img data-src=" />









MarcRees a écrit :



Philippe Bas a donc copié-collé la proposition de loi des députés PS pour faire soumettre “son” texte au Conseil d’Etat (Pour la petite histoire, la PPL PS avait déjà été examinée par la commission des lois à l’Assemblée nationale, ce qui empêchait par la même occasion de la faire examiner par le C.E.)





Devant toute cette… saloperie politique, je ne peux dire que : “Chapeau Bas, Philippe”.



bien pour ça qu’on a droit à des petits bouts de lutte contre le terrorisme dans de plus en plus de projets/propositions de lois.

lutte contre la fraude = lutte contre le terrorisme

luttre contre la prostitution = lutte contre le terrorisme

à suivre…



&nbsp;edit: et comme on lutte contre les méchants barbus, aux grands maux les grands remèdes.








eliumnick a écrit :



C’est si beau de voir l’UMP et le PS travailler ensemble main dans la main. J’en ai la larme à l’oeil ^^





Le pire, c’est ensembles ou l’un contre l’autre, on ne peut même pas espérer un changement dans leur façon de faire de la politique, et encore moins dans la façon de mener une politique cohérente pour le pays.



Je suis plutot du genre a croire que depuis l’esclavage en egypte, rien n’a changé, les pharaons sont toujours la, juste plus discrets et plus malins, dans l’ombre du mordor quoi^^

Les révolutions, c’est juste revenir a son point de départ et recommencer, alors la démocratie, laisse moi rire.








Kakuro456 a écrit :



A chaque jour, son petit projet de loi, son petit amendement qui réduit l’espace de liberté du citoyen. Pour une loi en faveur du bien être du citoyen, neuf son pour le canaliser.&nbsp;





c’est ça la pensée unique