Les réserves de la DISIC sur le contrat Open Bar entre Microsoft et les ministères sociaux

Les réserves de la DISIC sur le contrat Open Bar entre Microsoft et les ministères sociaux

L'avis en rose

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Xavier Berne

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Logiciel

28/07/2015 7 minutes
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Les réserves de la DISIC sur le contrat Open Bar entre Microsoft et les ministères sociaux

Saisie par les ministères sociaux, la Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication de l’État (DISIC) a bien donné un avis favorable à la passation d’un marché de plus de 11 millions d’euros avec Microsoft Irlande. L’institution, souvent qualifiée de « DSI de l’État », a cependant émis de sérieuses réserves.

« Nous ne communiquons pas à l’extérieur les avis que nous rendons aux ministères ». Voilà ce que nous avait rétorqué la DISIC, le mois dernier, lorsque nous lui avions demandé une copie de l’avis rendu préalablement à la signature de ce marché subséquent au désormais célèbre contrat « Open Bar » du ministère de la Défense (voir notre article). La Commission d’accès aux documents administratifs, qui devait se prononcer sur ce refus le 10 septembre, n’aura toutefois pas à examiner notre dossier, puisque l’institution dirigée par Jacques Marzin vient finalement de nous transmettre une copie de son avis.

Rappelons-en l’objet : un contrat de 11,82 millions d’euros, en vertu duquel Microsoft fournit aux ministères du Travail, de la Santé, de la Jeunesse et des sports des « licences Office mais aussi des « CAL » (licences d’accès client) liées à l’accès aux serveurs bureautiques de partage de fichiers, aux serveurs de messagerie Exchange et à Sharepoint ». Le tout a été signé en janvier 2014 avec la filiale irlandaise de Microsoft pour une durée de quatre ans. Ce marché peut être qualifié d’Open Bar dans la mesure où il vise à équiper au « minimum » 28 600 postes informatiques, ce qui laisse à penser que le prix ne change pas, quand bien même le nombre d'utilisateurs augmente...

La DISIC en appelle à « l'extrême vigilance » des ministères sociaux

Que contient donc cet avis (PDF) signé en novembre 2013 par Jacques Marzin, le numéro un de la DISIC ? Certes, l’intéressé se dit « favorable » à la mise en œuvre du projet soumis quelques semaines plus tôt par les équipes des ministères sociaux. Il y a toutefois un « mais ». « J’attire cependant votre attention sur l’extrême vigilance dont vos services devront faire preuve : les conditions contractuelles de la mise à niveau de votre parc de postes de travail devront correspondre à la trajectoire que vous envisagez et la gestion des actifs fournis par Microsoft devra permettre de maîtriser la fin du contrat de 4 ans ; ces deux points majeurs peuvent en effet affecter de manière significative la pertinence et la rentabilité de ce projet » prévient ainsi Jacques Marzin.

Et pour cause. La DISIC affirme dans son avis que « d’un point de vue économique, l’équation est plus complexe que celle présentée » par les ministères porteurs du projet. Ceux-ci soutiennent actuellement avoir opté pour les solutions propriétaires de Microsoft « dans l’attente d’une solution interministérielle open source ». Et ce, pour rappel, sans aucun appel d’offres ni mise en concurrence. Sauf que ce scénario de transition fait l'objet de sérieuses réserves de la part de Jacques Marzin, lequel souligne d’ailleurs qu’il n’a eu connaissance d’aucun « audit approfondi du projet ».

Les ministères invités à étudier l’option LibreOffice

L’institution relève tout d’abord que le prix des licences Office « représente près de 50 % du coût total de l’opération ». « À moyen ou long terme, les alternatives à ces produits mériteront donc d’être étudiées » avertit ainsi le numéro un de la DISIC, en référence à l’équivalent libre et gratuit LibreOffice, d’ores et déjà utilisé par d’autres ministères.

Certains se souviendront d’ailleurs que la situation à ce sujet ne manque pas de piquant : le ministre du Travail François Rebsamen assurait en août dernier, au travers d’une réponse à une question écrite, que son ministère prévoyait « un désengagement progressif [de Microsoft Office] sur 4 à 6 ans à compter de 2014 ». Le tout quelques mois après que son ministère a conclu ce contrat de 4 ans avec Microsoft...

Un risque accru de dépendance à Microsoft

Deuxièmement, Jacques Marzin s’inquiète de voir les ministères sociaux devenir encore plus dépendants de la firme américaine. « Le risque lié aux offres actuellement proposées par les grands éditeurs tels que Microsoft, est d’utiliser leurs produits clés [tels qu’Office, ndlr] pour promouvoir d’autres produits ou prestations de service. Cela pourrait conduire, explique-t-il, en l’absence d’un pilotage rigoureux et précis, à augmenter l’adhérence de leurs logiciels avec le système d’information ministériel et ainsi à élargir l’assiette à reconduire à la sortie du marché, soit en renouvellement de licences, soit via l’acquisition de nouveaux produits et services. »

Autrement dit, la DISIC fait valoir que ce contrat est peut-être intéressant à court terme sur le plan financier, mais qu’il pourrait l’être beaucoup moins si dans un peu moins de 3 ans, les ministères sociaux devaient le renouveler ou acheter d’autres produits Microsoft pour la simple et bonne raison que ses fonctionnaires s’y sont habitués entretemps...

microsoft contrat open bar
Les détails financiers du contrat avec Microsoft caviardés par les ministères sociaux - Crédits : Acte engagement Microsoft/Ministères sociaux

En conclusion, Jacques Marzin note ainsi que les éléments mis en exergue par ses services « permettraient sans doute de réduire l’écart entre les scénarios étudiés », ce qui laisse clairement entendre que d’autres solutions équivalentes auraient pu être prises en compte plus sérieusement...

L’intéressé ajoute au passage qu’au-delà de ce projet, « une étude sur les externalités économiques liées à ces contrats de location mériterait d’être réalisée ». Comme on pouvait s’y attendre, la passation de ce marché avec la filiale d’un géant américain basée en Irlande, pays connu pour ses « facilités » fiscales, n’a pas échappé au patron de la DISIC. « Les activités de location qui représentent des montants très importants pouvant en effet être facturés depuis d’autres pays, le chiffre d’affairse des filiales françaises soumis à l’impôt sur les sociétés diminue alors de manière significative. »

Mais pourquoi donc avoir finalement donné un avis favorable à ce projet ? « Le recours à cet accord cadre permet de sécuriser de manière transitoire [la stratégie des ministères sociaux] en suspendant les travaux de migration vers des solutions libres sur les domaines bureautiques » affirme le numéro un de la DISIC. Selon lui, ce projet « apparaît comme celui qui nécessite le moins d’investissement à court terme » – tout du moins si ses nombreuses mises en garde sont respectées...

Les ministères mis en garde en vue de la fin du contrat, en 2018

Ces critiques sont en tout cas loin d’être une surprise. « La signature de ce genre de contrat peut être vue comme une tentative, faite de bonne foi, de faire baisser les prix face aux pratiques de tarification abusives de Microsoft. Le problème est qu'au contraire, ce genre de contrat renforce la dépendance à Microsoft. Il est difficile d'en sortir et au final les ministères y laisseront la peau des fesses » avait ainsi réagi Frédéric Couchet, délégué général de l’association de promotion du logiciel libre (April), en apprenant la passation de ce marché. « Plusieurs millions d'euros, issus de l'argent du contribuable, sont encore une fois directement versés sur le compte londonien de Microsoft Irlande. L'État français est décidément bien complaisant envers ce scandale et démontre son incapacité à obliger Microsoft à faire transiter la vente de ses licences en France par Microsoft France » déplorait de son côté Laurent Séguin, président de l’Association francophone des utilisateurs de logiciels libres (AFUL). 

Les ministères sociaux seront dans tous les cas attendus au tournant lorsque ce contrat arrivera à échéance, en janvier 2018. Manifestement tant par la DISIC que par les promoteurs du logiciel libre.

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Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

La DISIC en appelle à « l'extrême vigilance » des ministères sociaux

Les ministères invités à étudier l’option LibreOffice

Un risque accru de dépendance à Microsoft

Les ministères mis en garde en vue de la fin du contrat, en 2018

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (34)


C’est marrant, on se focalise sur des postes de coût de 11M€ pour l’ensemble du gouvernement, pour lequel il serait possible d’économiser peut être 10M€, alors qu’il y a à coté de grosses dépenses pour lesquelles on étudie à peine la pertinence. (tiens, par exemple au même niveau il y a l’Hadopi, on pourrait faire 12M€ d’économies d’un seul coup!)




« Plusieurs millions d’euros, issus de l’argent du contribuable, sont encore une fois directement versés sur le compte londonien de Microsoft Irlande. L’État français est décidément bien complaisant envers ce scandale et démontre son incapacité à obliger Microsoft à faire transiter la vente de ses licences en France par Microsoft France » déplorait de son côté Laurent Séguin, président de l’Association francophone des utilisateurs de logiciels libres (AFUL).





Certes j’aurais préféré du libre, mais celà me dérange encore plus finalement. On nous gonfle avec ces histoires d’évasions fiscales et d’optimisations fiscales, et l’état français tranquillement balance plusieurs millions de d’euro…



Avec ce genre de marché, il fallait imposer la vente en France. On a vraiment un gouvernement minable, qui ne se cache plus de jouer pour lui plutôt que pour les citoyens.


Cette complaisance porte un nom.

Des intérêts personnels ont forcément orienté voire forcé l’orientation, depuis quand les marchés publics comme celui-ci ne sont plus soumis à appels d’offres ?









jinge a écrit :



C’est marrant, on se focalise sur des postes de coût de 11M€ pour l’ensemble du gouvernement, pour lequel il serait possible d’économiser peut être 10M€, alors qu’il y a à coté de grosses dépenses pour lesquelles on étudie à peine la pertinence. (tiens, par exemple au même niveau il y a l’Hadopi, on pourrait faire 12M€ d’économies d’un seul coup!)





PCI en fait la critique, mais n’en attends surtout pas quelque chose de l’actuel gouvernement car “culture” et “social” sont les noms que donne le PS à la tuyauterie de refinancement de ses appareils et campagnes électorales. <img data-src=" />



Donc avis favorable et contrat passé et pognon dans un paradis fiscal à la fin. Le reste de l’offuscation c’est de la poudre aux yeux pour les gogols.


Bin si. Ils ont appelé Microsoft pour qu’il fasse une offre.








TexMex a écrit :



Bin si. Ils ont appelé Microsoft pour qu’il fasse une offre.





<img data-src=" />



@CNNum @fhollande est ce à dire que si c’est m$ Irlande, @microsoftfrance ne paiera pas d’impôts sur ce contrat ?








Fyr a écrit :



Donc avis favorable et contrat passé et pognon dans un paradis fiscal à la fin. Le reste de l’offuscation c’est de la poudre aux yeux pour les gogols.





+10

&nbsp; Voilà exactement le genre d’entité publique qui devrait être supprimée. Si c’est pour raconter de telles choses, autant s’en passer.

&nbsp;

&nbsp;



50% des 11M€ concerne office pour seulement les ministères sociaux. Vous imaginez ce que l’on peut faire avec 10M€/an pour développer LibreOffice ? Cela fait 100 hommes/an.

&nbsp;



&nbsp;C’est si compliqué que ça d’identifier les sociétés efficaces dans le développement de libreoffice, et leur passer des contrats de dev , de maintenance ou de testes ?








cyrano2 a écrit :



50% des 11M€ concerne office pour seulement les ministères sociaux. Vous imaginez ce que l’on peut faire avec 10M€/an pour développer LibreOffice ? Cela fait 100 hommes/an.

 



 C’est si compliqué que ça d’identifier les sociétés efficaces dans le développement de libreoffice, et leur passer des contrats de dev , de maintenance ou de testes ?





C’est sur 4 ans. <img data-src=" />

Quand bien même, je dirais plutôt 15-25 hommes.



Vivement l’Open Data sur les marchés publics…









cyrano2 a écrit :



50% des 11M€ concerne office pour seulement les ministères sociaux. Vous imaginez ce que l’on peut faire avec 10M€/an pour développer LibreOffice ? Cela fait 100 hommes/an.

 



 C’est si compliqué que ça d’identifier les sociétés efficaces dans le développement de libreoffice, et leur passer des contrats de dev , de maintenance ou de testes ?







Oui et encore vu l’utilisation d’Office que doivent avoir les administrations, on imagine bien qu’en l’etat, libreoffice suffirait sans rediriger tout cet argent dans son developpement. Mais c’est la crise on vous dit, il faut couper les budgets, traquer ces vilains chomeurs…



Corruption, le mot qui peut résumer cette affaire.



En fait, je le redis, il y un packaging de LibreOffice appelé “LibreOffice MIMO” qui est préconisé (voire imposé) dans les DDI et les préfectures. Si MSO, il doit être l’exception. Souvent, ce sont les administrations centrales qui refusent d’utiliser LibreOffice.



Et LibreOffice (“MIMO” ou pas) fonctionne très bien en l’état. Seul point noir : Base. Mais si base de données, on a MySQL/PgSQL/Sybase (et éventuellement quelques serveurs Oracle). Donc, pas besoin de Access.








cyrano2 a écrit :



C’est si compliqué que ça d’identifier les sociétés efficaces dans le développement de libreoffice, et leur passer des contrats de dev , de maintenance ou de testes ?







Elles sont déjà identifiées. Par exemple, Collabora, qui est l’un des plus gros contributeurs à LibreOffice, propose une version avec support étendu, et peut faire du développement pour répondre aux besoins de ses clients.







Nikodym a écrit :



C’est sur 4 ans. <img data-src=" />

Quand bien même, je dirais plutôt 15-25 hommes.







Le problème, c’est que tous les ministères font la même chose, et on retrouve le même comportement dans toute l’Europe. Au final, 10 millions par-ci, 10 millions par-là, ça représente des sommes considérables qui auraient effectivement été bien plus profitables au libre dans son ensemble (système, suite bureautique, applications métier, environnements de bureau…)









Okki a écrit :



Le problème, c’est que tous les ministères font la même chose, et on retrouve le même comportement dans toute l’Europe. Au final, 10 millions par-ci, 10 millions par-là, ça représente des sommes considérables qui auraient effectivement été bien plus profitables au libre dans son ensemble (système, suite bureautique, applications métier, environnements de bureau…)





Effectivement, si les ressources étaient mutualisées, la qualité des suites bureautiques s’en trouveraient grandement améliorées et seraient plus “efficientes”, et affecterait positivement l’emploi (localité), sans oublier l’aspect sécuritaire et la confiance. <img data-src=" />









cyrano2 a écrit :



50% des 11M€ concerne office pour seulement les ministères sociaux. Vous imaginez ce que l’on peut faire avec 10M€/an pour développer LibreOffice ? Cela fait 100 hommes/an.

 



 C’est si compliqué que ça d’identifier les sociétés efficaces dans le développement de libreoffice, et leur passer des contrats de dev , de maintenance ou de testes ?





Vous avez une vision parcellaire du problème.



Le montant du contrat est ridicule par rapport à ce que coûte de former les gens sur une nouvelle suite bureautique. On parle pas de quelques centaines de personnes tapant des courriers…



Microsoft le sait, et c’est la raison de ces contrats open bar : les administration n’ont plus les budgets pour former leurs personnel, et vont au “plus simple”. En économie, on appelle “une dépendance de chemin”, et plus on s’y avance, plus les coûts pour en sortir sont importants. Mais comme n’apparaissent qu’à la sortie, ben personne veut prendre la responsabilité et on continue…



Oui il faut se sortir de cette dépendance, oui on peut financer des entreprises FR ou européennes pour qu’elles développent du Libre.

Mais changer la suite bureautique de milliers de personnes, dont le métier n’est pas informaticien, c’est pas un truc qui se fait sur un coup de tête !



Donc pour moi le scandale dans cette histoire, c’est plus l’absence de marché public, comme remarqué ici, que le fait que ce soit MS qui soit choisi. C’est un raccourcis sur la procédure qui peut faire invalider le marché, et en dit long sur la volonté de certains responsables.



Donc dépendance de chemin + absence de volonté pour pratiquer la mise en concurrence.



Parler de LO ou d’entreprises qui bossent dessus c’est pas encore le sujet. C’est l’étape suivante <img data-src=" />



J’avais cru comprendre que pour beaucoup de choses, les administrations publiques pouvaient passer par l’UGAP pour éviter les lourdeurs de l’appel d’offre, l’UGAP ayant elle-même géré l’aspect administratif en amont. Je suis relativement certain que les produits MS font partie du catalogue de l’UGAP, il doit donc être possible pour un ministère d’acheter directement du MS sans appel d’offre, et de façon tout à fait légale.

Il y a-t-il un rapport avec cette affaire, j’en sais trop rien. Quelqu’un à des infos sur le sujet?



Bon sinon sur l’aspect libre vs fermé, je ne pense pas que les établissement publics soient ignorants des conséquences du leur choix, et s’ils choisissent de payer du MS, c’est pas juste pour le fun, surtout en ces temps de restriction massive des budgets de fonctionnement.

Je rejoins par contre ceux qui disent que si ces investissements étaient considérés à l’échelle de l’état, la rentabilité du libre serait démultipliée. Mais que voulez-vous, ça serait un investissement de long terme, et l’état n’est pas connu pour sa gestion à très long terme de ses finances.








linkin623 a écrit :



Vous avez une vision parcellaire du problème.



Le montant du contrat est ridicule par rapport à ce que coûte de former les gens sur une nouvelle suite bureautique. On parle pas de quelques centaines de personnes tapant des courriers…







La formation est un faux argument.

Je pense au passage à Office2010 et ses bandeaux, encore douloureux côté utilisateur final. Et le monde n’a pas cessé de tourner. M’est avis qu’un passage à LibreOffice aurait été moins choquant pour l’utilisateur final (bien que générant une pelletée de problèmes de compatibilité divers).









Zerdligham a écrit :



J’avais cru comprendre que pour beaucoup de choses, les administrations publiques pouvaient passer par l’UGAP pour éviter les lourdeurs de l’appel d’offre, l’UGAP ayant elle-même géré l’aspect administratif en amont. Je suis relativement certain que les produits MS font partie du catalogue de l’UGAP, il doit donc être possible pour un ministère d’acheter directement du MS sans appel d’offre, et de façon tout à fait légale.

Il y a-t-il un rapport avec cette affaire, j’en sais trop rien. Quelqu’un à des infos sur le sujet?







Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire… mais la différence avec l’UGAP est la particularité de ce type de contrat: ce sont des contrats “open-bar”.



C’est là le vrai sujet.

Certes, le choix de MS plutôt que d’autres solutions (libres ou pas), les questions de sécurité, et les questions d’évasion fiscale, sont toutes archi-légitimes, mais pas spécifique à ce contrat.

Je le répète: le point essentiel pour moi est qu’il s’agit d’un contrat open-bar (et donc carrément anti-concurrentiel).







Zerdligham a écrit :



je ne pense pas que les établissement publics soient ignorants des conséquences du leur choix, et s’ils choisissent de payer du MS, c’est pas juste pour le fun, surtout en ces temps de restriction massive des budgets de fonctionnement.

Je rejoins par contre ceux qui disent que si ces investissements étaient considérés à l’échelle de l’état, la rentabilité du libre serait démultipliée. Mais que voulez-vous, ça serait un investissement de long terme, et l’état n’est pas connu pour sa gestion à très long terme de ses finances.







Exactement.

Le problème est que les administrations, grandes ou petites, décident seules, avec un budget propre, et une vision qui ne peut PAS être une vision de long terme. Il ne faut pas s’étonner: vu comme nous sommes organisés, partir sur ce type de contrat est un choix 100% rationnel pour n’importe quelle administration prise individuellement. Et ces contrats sont choisis car à court terme (mettons 4 ans), c’est pas cher du tout.

Et comme c’est un contrat open-bar, c’est moins cher que l’achat des différents produits MS achetés un par un via l’UGAP.



oui mais non.





  1. l’argument de la formation tient à court terme, mais pas à long terme.

    Je suis sûr qu’on peut retrouver sur PCinpact / NextInpact des débats de même nature il y a plus de 10 ans (au sujet de Munich, de la gendarmerie, voire de Paris….).

    S’il y a 10 ans on avait quitté MS, personne ne s’en plaindrait. La transition a un coût, mais il est transitoire.

    (je ne parle ici que de l’argument de la formation et des habitudes des utilisateurs, il y a bien sûr beaucoup d’autres aspects à prendre en compte). Oups, j’allais parler de la dépendance au sentier, mais j’avais lu ton post trop vite, tu y fais toi même allusion !<img data-src=" /> <img data-src=" />



  2. d’autant plus que si, les administrations dépensent des fortunes en formations Microsoft Office (crois moi, je suis bien placé pour le savoir)


Au niveau du montant (ridicule) de ce contrat :

Je ne peux m’empêcher de renvoyer à la lecture de la discussion qu’on a déjà eu ici pas mal de fois :

http://www.nextinpact.com/news/95562-les-ministeres-sociaux-ont-eux-aussi-leur-c…



Petit extrait (exceptionnellement, je m’auto-cite <img data-src=" />) :





Exemple: en 2010 (peu de temps après le contrat de la Défense, donc), un contrat Open Bar entre de nombreux hôpitaux publics et Microsoft était signé (contrat négocié en 2010, signé tout début 2011). Cet accord cadre vient d’être renouvelé pour 4 ans.

Quelques chiffres (pas besoin de journalisme d’investigation pour les trouver) :




  • plus de 500 hôpitaux (250 dans le premier accord cadre)

  • 300 000 PC ! (200 000 dans le premier accord cadre)

  • coût de l’open bar: 100€ / PC / par an



    Oui oui, c’est PAR AN. Je l’ai déjà souligné ici quand vous parliez du contrat de la défense, et il me semble que vous n’avez jamais précisé ce détail… (mais c’est cohérent avec le calcul de cette news, je vous l’accorde)



    300 000 PC X 100 € X 4 ans = 120 M€



    Donc votre scoop pour ce petit contrat de 11M€…. ;-)





    Ce contrat a été conclu pour 2 fois 4 ans. Idem pour la Défense. Donc on approche des 500M€…..


&nbsp;

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Tiebor a écrit :



oui mais non.





  1. l’argument de la formation tient à court terme, mais pas à long terme.

    Je suis sûr qu’on peut retrouver sur PCinpact / NextInpact des débats de même nature il y a plus de 10 ans (au sujet de Munich, de la gendarmerie, voire de Paris….).

    S’il y a 10 ans on avait quitté MS, personne ne s’en plaindrait. La transition a un coût, mais il est transitoire.

    (je ne parle ici que de l’argument de la formation et des habitudes des utilisateurs, il y a bien sûr beaucoup d’autres aspects à prendre en compte). Oups, j’allais parler de la dépendance au sentier, mais j’avais lu ton post trop vite, tu y fais toi même allusion !<img data-src=" /> <img data-src=" />



  2. d’autant plus que si, les administrations dépensent des fortunes en formations Microsoft Office (crois moi, je suis bien placé pour le savoir)





    +1



    &nbsp;



    linkin623 a écrit :



    Vous avez une vision parcellaire du problème.



    Le montant du contrat est ridicule par rapport à ce que coûte de former les gens sur une nouvelle suite bureautique. On parle pas de quelques centaines de personnes tapant des courriers…



    Microsoft le sait, et c’est la raison de ces contrats open bar : les administration n’ont plus les budgets pour former leurs personnel, et vont au “plus simple”. En économie, on appelle “une dépendance de chemin”, et plus on s’y avance, plus les coûts pour en sortir sont importants. Mais comme n’apparaissent qu’à la sortie, ben personne veut prendre la responsabilité et on continue…



    Oui il faut se sortir de cette dépendance, oui on peut financer des entreprises FR ou européennes pour qu’elles développent du Libre.

    Mais changer la suite bureautique de milliers de personnes, dont le métier n’est pas informaticien, c’est pas un truc qui se fait sur un coup de tête !



    Donc pour moi le scandale dans cette histoire, c’est plus l’absence de marché public, comme remarqué ici, que le fait que ce soit MS qui soit choisi. C’est un raccourcis sur la procédure qui peut faire invalider le marché, et en dit long sur la volonté de certains responsables.



    Donc dépendance de chemin + absence de volonté pour pratiquer la mise en concurrence.



    Parler de LO ou d’entreprises qui bossent dessus c’est pas encore le sujet. C’est l’étape suivante <img data-src=" />





    Tu n’as pas encore fais le lien entre l’absence de marché public et le choix de Microsoft ? <img data-src=" />



    &nbsp;

    Le fait d’avoir signé avec leur enseigne Irlandaise aurait du te mettre la puce à l’oreille, il n’y a absolument aucune justification de cet arrangement, si ce n’est des mallettes de billets qui circulent…

    &nbsp;



    Sinon évidemment que la migration ne se fait pas sur un coup de tête, mais tout ceux qui en ont une auront compris que c’est un investissement nécessaire pour 1) être moins dépendant de microsoft et 2) que ça soit moins cher par la suite









marba a écrit :



il n’y a absolument aucune justification de cet arrangement, si ce n’est des mallettes de billets qui circulent…









Ben, franchement, j’y crois même pas…



Je reprends (oui, encore !) l’exemple des hôpitaux: c’est un accord qui, au total, représente 120M€, mais en réalité, un accord global a été négocié (avec un minimum contractuel), et ensuite chaque hôpital est libre d’adhérer ou non.

Et la majorité des hôpitaux adhèrent.

Pourquoi? pas en raison de mallettes, mais tout simplement parce qu’un hôpital lambda va calculer, en fonction de son SI existant, combien il paie chaque année à Microsoft (tous produits confondus), et va comparer avec les conditions tarifaires de cet accord open-bar.

A tous les coûts, le contrat open-bar “semble” moins cher.



Mais, bien sûr, ça coupe ensuite toute velléité de vrai changement pour les 4 ans à venir.









marba a écrit :



Tu n’as pas encore fais le lien entre l’absence de marché public et le choix de Microsoft ? <img data-src=" />



 

Le fait d’avoir signé avec leur enseigne Irlandaise aurait du te mettre la puce à l’oreille, il n’y a absolument aucune justification de cet arrangement, si ce n’est des mallettes de billets qui circulent…

 



Sinon évidemment que la migration ne se fait pas sur un coup de tête, mais tout ceux qui en ont une auront compris que c’est un investissement nécessaire pour 1) être moins dépendant de microsoft et 2) que ça soit moins cher par la suite





Je n’essaye pas de défendre qui que ce soit, mais juste de changer de point de vue. Il faut vraiment quitter nos positions geeko-libriste-indignés pour arriver à comprendre comment tourne le monde.



Le choix de MS sans appel d’offre relève surtout, pour moi, de l’absence de vision et de travail des donneurs d’ordres.

Le scénario le plus probable c’est que MS est arrivé avec un contrat open bar, les décideurs ont trouvé ça bien, et n’y ont rien trouvé à redire. Du coup, pourquoi se prendre la tête en faisant un appel d’offre, une procédure alors qu’ils peuvent signer de suite?



Et la signature avec MS Ireland est simple : c’est la manière de procéder de MS, et comme les administration sont prises dans la nasse et n’ont pas la volonté de changer de fournisseur, personne s’est indigné.



Cela n’empêche pas quelques repas et invitations dans des hotels pour “présenter les nouveautés” envers les décideurs, mais entre nous, c’est comme cela que ça fonctionne dans les entreprises privée comme dans l’administration. Les dessous de tables, c’est déjà plus rares.









Tiebor a écrit :



Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire… mais la différence avec l’UGAP est la particularité de ce type de contrat: ce sont des contrats “open-bar”.





Ce que je veux dire, c’est “sont-ils passé par l’UGAP?” (ou équivalent, je ne connais pas tous les mécanismes d’achat du secteur public). Auquel cas l’absence d’appel d’offre ne serait pas aussi illégale que certains le prétendent.

Sur le fond du problème (politique logicielle, fiscalité, dépendance etc..) ça ne change rien. Sur la forme, ça change tout.







marba a écrit :



Tu n’as pas encore fais le lien entre l’absence de marché public et le choix de Microsoft ? <img data-src=" />





Il ne l’a probablement pas fait parce qu’il n’y a pas de lien à faire. Si on veut vraiment du Microsoft, il est très facile de formuler un appel d’offre tout ce qu’il y a de plus légal dont on sait avec certitude qu’il conduira au choix d’un produit Microsoft.



La réponse est non: ils ne sont pas passés pas l’UGAP :




  1. l’UGAP ne peut pas proposer ce type de contrat

  2. ce contrat est un marché subséquent à l’accord cadre =&gt; à partir du moment où l’accord cadre de la Défense a été signé (de manière sans doute selon l’April, mais pas selon le gouvernement….), la porte était ouverte pour des marchés subséquents, qui, par définition, se font sans “nouvelle” mise en concurrence (la mise en concurrence devant être normalement faite au moment de l’accord cadre)


@ Xavier:





Ce marché peut être qualifié d’Open Bar dans la mesure où il vise à équiper au « minimum » 28 600 postes informatiques, ce qui laisse à penser que le prix ne change pas, quand bien même le nombre d’utilisateurs augmente…





Non non non… ! <img data-src=" />

Ce n’est pas ça qui en fait un marché “open bar” (dire que j’avais déjà laissé passer cette erreur dans ton article précédent…)



C’est un marché open bar car le prix unitaire reste le même quelque soient les produits MS utilisés.

En clair:




  • le marché définit un catalogue de produit MS. Ce catalogue est très très très large (en gros, il n’y a guère que les jeux vidéos qui en sont exclus).

  • le client déclare un nombre d’utilisateurs, ou, plus précisément, un nombre de PC.

  • le client peut utiliser et installer TOUS les produits du catalogue

  • le client paie toujours la même chose : le prix unitaire X le nombre de PC.



    Donc c’est Open bar car pour un prix fixe (par PC), on peut utiliser tous les produits du catalogue. Et les prix sont tels qu’en gros on a accès à tout pour à peine plus que la seule licence Office.

    C’est diabolique, car comme tout semble “gratuit” (en fait, inclus dans le prix forfaitaire), il n’y a ensuite aucune raison de mettre en concurrence pour les autres produits (serveur, sharepoint, exchange……… etc etc) , on ne pose même plus la question. Et c’est ainsi qu’on devient full microsoft….



    Il faut bien comprendre que le piège n’est pas qu’une fois encore, par facilité, on reste sur MS Office. Ou disons que ce n’est pas le seul piège.

    Le vrai piège, c’est qu’alors qu’on était déjà drogué à MS Office, maintenant on prend aussi tout le reste: on s’enchaine encore un peu plus avec MS.



    C’est ça, le contrat Open Bar.



    Et à mon avis, cet aspect “Open Bar”, dans son principe même, est bien plus anti-concurrentiel que le fait de savoir si ce marché a été passé avec ou sans appel d’offre (ce ne serait pas le premier contrat, ni le dernier).


Non, on se focalise sur toutes les dépenses inutiles. Que ce soit du logiciel, ou de l’administration.


Il ne faut pas seulement voir LibreOffice qui devrait de toute façon être la norme aujourd’hui. Il faut aussi voir la direction que prend microsoft globalement… D’un côté, une volonté farouche de payer au mois ou à l’année ses logiciels et de se garder une porte dérobée sous le coude. De l’autre un éditeur qui préconise désormais un serveur de messagerie distinct du serveur du fichier, ce qui revient donc à&nbsp; gonfler artificiellement la facture du client final qui n’y voit que du feu… Et je ne parle pas d’un OS râté sur deux, et des dégâts occasionnés. N’importe qu’elle boîte se serait pris une volée de bois vert sur le crâne - mais pas eux : la vente forcée les protège et les nourris : pourquoi se bouger ?

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Quand on sait qu’une machine GNU/Linux avec seulement 1,5Go de RAM, en monocoeur (si ! si !), arrive à prendre en charge les profils itinérants windows et la messagerie d’un groupe de travail de 20 personnes, avec des performances correctes (certes, avec des ouvertures et fermetures de session un peu plus lentes), on a du mal à comprendre pourquoi chez ms, il faut désormais au moins 32Go de RAM, du quad coeur minimum (+HT) avec des disques SAS 15000 rpm pour faire la même chose… On arrive réellement à un point de rupture où il convient plus que jamais de remettre en cause le choix même de l’OS, et pas juste un logiciel parmi l’ensemble.

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Entre la corruption des élites et l’incapacité des décideurs publics à se former sérieusement aux logiciels libres, combien de milliards d’euros d’économie avons nous déjà râté ?








linkin623 a écrit :



Vous avez une vision parcellaire du problème.



Le montant du contrat est ridicule par rapport à ce que coûte de former les gens sur une nouvelle suite bureautique. On parle pas de quelques centaines de personnes tapant des courriers…





Mais changer la suite bureautique de milliers de personnes, dont le métier n’est pas informaticien, c’est pas un truc qui se fait sur un coup de tête ! …





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C’est vraiment artificiel. Le gens s’habitue bien à chaque nouvelle version de Office. De plus, Office n’est pas un outil d’informaticien, mais de secrétariat.



Cependant 100€/PC/an, si la maintenance est incluse ça ne me choque pas trop. Si c’est juste de la licence un peu plus, bien que windows + office +MAJ vaille déjà ça…

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cyrano2 a écrit :



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C’est vraiment artificiel. Le gens s’habitue bien à chaque nouvelle version de Office. De plus, Office n’est pas un outil d’informaticien, mais de secrétariat.





Petite rectification, Office est quand même utilisé en informatique, pas qu’en secrétariat (ou alors tu as une vision assez réductrice de l’informatique, ou large du secrétariat!)









jinge a écrit :



Cependant 100€/PC/an, si la maintenance est incluse ça ne me choque pas trop. Si c’est juste de la licence un peu plus, bien que windows + office +MAJ vaille déjà ça…

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Petite rectification, Office est quand même utilisé en informatique, pas qu’en secrétariat (ou alors tu as une vision assez réductrice de l’informatique, ou large du secrétariat!)





il est utilisé en informatique, quand il s’agit de boulot de secrétariat (spec…).



Excel est pas mal utilisé (malgré qu’il ne soit pas vraiment fait pour) pour bien plus que de la bureautique.

&nbsp;Access (pas majoritaire, ok) n’est pas non plus vraiment “bureautique”.

&nbsp;Après il est vrai que ça reste principalement des outils de production de contenu sinon (documents texte, présentations, tableaux de synthèses, …). Mais il m’arrive de me servir d’Excel pour traiter des données par exemple.








jinge a écrit :



Excel est pas mal utilisé (malgré qu’il ne soit pas vraiment fait pour) pour bien plus que de la bureautique.

&nbsp;Access (pas majoritaire, ok) n’est pas non plus vraiment “bureautique”.

&nbsp;Après il est vrai que ça reste principalement des outils de production de contenu sinon (documents texte, présentations, tableaux de synthèses, …). Mais il m’arrive de me servir d’Excel pour traiter des données par exemple.





Tu veux dire là ou un outil comme R devrait être utilisé ?

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&nbsp;Cela me rappelle l’étude qui disait que 30% des études utilisant des feuilles excels avaient des erreurs (sans compter les problèmes d’arrondi spécifique à Excel).









cyrano2 a écrit :



Tu veux dire là ou un outil comme R devrait être utilisé ?

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&nbsp;Cela me rappelle l’étude qui disait que 30% des études utilisant des feuilles excels avaient des erreurs (sans compter les problèmes d’arrondi spécifique à Excel).





R n’est pas un outil accessible aux non-avertis. De plus R c’est bien qu’on on a 1, 2 ou 3 sets de données à traiter, mais quand on a plus de traitements à faire ça devient beaucoup trop complexe!

Le soucis des “30%” ne provient pas forcément de l’outil, mais de la complexité des calculs. Il y a un truc que je t’accorderais, c’est qu’on ne voit pas les formules sans aller les regarder, cependant dans la mesure où pour certains traitements tu dois enchaîner 7-8-9 calculs pour arriver au résultat, avec un nombre important de sources, il est “normal” qu’il y ait des erreurs, de plus le profil des gens utilisant excel n’est pas le même que ceux utilisant d’autres outils.

Explique moi comment tu fais un business plan en R par exemple…

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Sinon pour le traitement de données, il m’arrive d’utiliser excel, car tu ouvres excel, tu charges tes données facilement, tu fais le bon calcul et tu as le résultat sans avoir à gérer quoi que ce soit. C’est pratique et rapide.

Les arrondis ne sont un problème que si on a un nombre très important de décimales.