[MàJ] Open Data et collectivités territoriales : la loi NOTRe entre en vigueur

[MàJ] Open Data et collectivités territoriales : la loi NOTRe entre en vigueur

Ville était une fois

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

10/08/2015 4 minutes
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[MàJ] Open Data et collectivités territoriales : la loi NOTRe entre en vigueur

Le Parlement a définitivement adopté la semaine dernière le projet de loi qui obligera de nombreuses collectivités territoriales à mettre en ligne les informations publiques en leur possession au format électronique : comptes rendus, statistiques, instructions, etc. Ces dispositions devraient ainsi renforcer la transparence sur les données détenues par les villes, départements et régions, même si rien ne garantit qu'il s'agira véritablement d'Open Data.

Après avoir trouvé un compromis en commission mixte paritaire, députés et sénateurs ont mis un terme aux débats en adoptant jeudi – et à tour de rôle – le projet de loi portant « nouvelle organisation territoriale de la République » (NOTRe). Avec ce texte, toute commune disposant d’un site Internet sera tenue d’y diffuser les comptes rendus du conseil municipal « dans un délai d’une semaine ». Actuellement, les mairies doivent simplement afficher ces documents retraçant les débats et décisions de la collectivité en version papier sous huit jours – même si beaucoup procèdent d’ores et déjà à leur mise en ligne, sur la base du volontariat.

Dans le même ordre d’idée, il est prévu que la publication de certains textes au recueil des actes administratifs puisse se faire au format électronique – en plus de la version papier obligatoire jusqu’ici pour que ces décisions entrent en vigueur. Ce sera notamment le cas pour : 

  • Les délibérations du conseil municipal,
  • Les arrêtés municipaux à caractère réglementaire des communes de 3 500 habitants et plus,
  • Les actes réglementaires pris soit par les autorités départementales, soit par les autorités régionales.

Dans de tels cas de figure, ces informations devront être mises à la disposition du public « de manière permanente et gratuite ».

Vers de l’Open Data par défaut pour les collectivités territoriales les plus peuplées ?

La véritable mesure forte de ce projet de loi concerne l’ensemble des villes, départements et régions, ainsi que ce qu’on appelle dans le jargon leurs « EPCI » (communautés de communes, métropoles...) de plus de 3 500 habitants. Toutes ces institutions devront avec cette nouvelle loi rendre accessibles sur Internet l’intégralité des « informations publiques » en leur possession, dès lors que celles-ci :

  1. se rapportent à leur territoire,
  2. sont disponibles au format électronique.

Si la majeure partie des communes françaises ne sera pas concernée par cette future obligation (du fait du seuil de 3 500 habitants), le changement se veut malgré tout important. Aujourd’hui, la diffusion des données publiques au sens de l’article 10 de la loi CADA se fait selon un principe d’exception, en vertu duquel chaque rapport, circulaire, compte rendu, série de statistiques... est communiqué au citoyen sur demande. Avec ces dispositions, la mise en ligne devra donc être systématique – à condition bien entendu que l’information publique existe dans un format informatique.

On ne peut toutefois pas encore parler d’Open Data, dans la mesure où le format de diffusion de ces données sera laissé à la discrétion des collectivités... Rien ne garantit en ce sens qu’il s’agira de formats ouverts. En revanche, il est bien prévu que ces informations publiques soient « offertes à la réutilisation dans les conditions prévues au chapitre II [de la loi CADA] ».

Les régions se sont enfin vues reconnaître un rôle de chef de file en matière d’informations géographiques relatives à leurs territoires respectifs. Celles-ci auront effectivement pour mission d’animer une « plateforme de services numériques », en vue de « l'acquisition et de la mise à jour des données géographiques de référence nécessaires à la description détaillée de [leurs] territoire[s] ainsi qu'à l'observation et à l'évaluation de [leurs] politiques territoriales ». Si rien n’obligera ces collectivités à diffuser de telles données en Open Data, elles devront toutefois en favoriser « l'accès et la réutilisation » (voir notre article).

Restera maintenant à voir si ce texte est promulgué en l’état par François Hollande, ou si des parlementaires décident de saisir le Conseil constitutionnel – auquel cas certaines dispositions pourraient éventuellement être censurées. Quelques parlementaires avaient évoqué cette possibilité, mais pour l’heure, aucune saisine n’a été enregistrée par les « Sages » de la Rue Montpensier. 

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Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Vers de l’Open Data par défaut pour les collectivités territoriales les plus peuplées ?

Commentaires (11)


Certains élus ne vont pas être heureux du tout, et je prédis une mise en application très lente de cette loi, soit par peur, soit par manque de compétence technique.


Un bel effort des Régions pour réussir à faire passer ces quelques lignes ! :-)

 

Pour le reste, on verra si cela peut aider à rompre les éventuelles réticences, qui ne sont d’ailleurs pas toujours du fait des élus ! Et jusqu’où les techniciens qui mettent en place iront.

 

En Nord-Pas de Calais, nous avons validé depuis un mois déjà l’ouverture par défaut de nos données … mais ce n’est pas pour cela que d’un coup de baguette magique tout est disponible ;-)








MuadDib59 a écrit :



En Nord-Pas de Calais, nous avons validé depuis un mois déjà l’ouverture par défaut de nos données … mais ce n’est pas pour cela que d’un coup de baguette magique tout est disponible ;-)





Vous avez ouvert quel type de données ? C’est dans quel type de structure ? Vous avez pris une délibération pour ça ?



Au Conseil Régional NPDC,  nous ouvrons notamment nos données budgétaires  (en PDF non image pour l’instant car trop lourd en rtf), des données sur la fréquentation du TER, sur la formation, des listings d’élus etc … Plus pas mal de données géographiques (données d’enquête de mobilité régionale, limite administratives etc. Pas forcément toujours transcendant mais c’est un début. Voirhttp://opendata.nordpasdecalais.fr

 Nous avons délibéré en 2013 pour valider le principe. Et en juin, lors d’une rencontre avec notre DGS, nous avons validé le principe de l’ouverture par défaut des données institutionnelles.  L’enjeu maintenant, c’est la connexion au Système d’Information …


Merci pour l’info, cela m’a permit de télécharger sur le sitehttp://opendata.nordpasdecalais.fr le zip contenant les séminaires


Est ce que le texte prévoit des sanctions si ça n’est pas respecté?


Non, pas expressément.








Xavier.B a écrit :



Non, pas expressément.





Donc peu d’espoir que ce soit appliqué.

 

 









js2082 a écrit :



Donc peu d’espoir que ce soit appliqué.





Il y a le tribunal administratif pour les sanctions en cas de manquement.









ActionFighter a écrit :



Il y a le tribunal administratif pour les sanctions en cas de manquement.





Mouais, enfin…

 

 La sanction, ce sera une injonction de procéder au respect de la loi.

 Et si malgré tout rien n’est fait, ben, rien ne changera et le tribunal n’aura aucun moyen de pression financier ou pénal pour forcer à changer la situation.

 



 On va pas aller loin comme ça.









js2082 a écrit :



Mouais, enfin…

 

 La sanction, ce sera une injonction de procéder au respect de la loi.

 Et si malgré tout rien n’est fait, ben, rien ne changera et le tribunal n’aura aucun moyen de pression financier ou pénal pour forcer à changer la situation.

 

 On va pas aller loin comme ça.





Il reste ensuite pour les communes les sanctions des électeurs (qui se foutent de l’open data, la plupart ne savent pas ce que c’est ), ou les mesures disciplinaires venant de l’exécutif pour les départements.