Turbulences autour de la révision du « référentiel général d’intéropérabilité » de l’État

Turbulences autour de la révision du « référentiel général d’intéropérabilité » de l’État

Les chevaliers du référentiel

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

06/07/2015 5 minutes
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Turbulences autour de la révision du « référentiel général d’intéropérabilité » de l’État

Alors que l’actualisation du référentiel général d’interopérabilité de l’État (RGI) devrait être actée d’ici la rentrée, d’intenses tractations ont lieu entre la DISIC, qui a élaboré une première version de travail, et les cabinets ministériels, qui trancheront en dernier ressort. Les discussions seraient même remontées jusqu’à l’Élysée.

Prévu par une ordonnance de 2005, le RGI ne s’impose véritablement aux « autorités administratives » françaises (ministères, collectivités territoriales, établissements publics,...) que depuis 2009 – date d’entrée en vigueur de sa première version. Pour faire simple, ce document dresse une liste des formats à utiliser en fonction des besoins : traitement de texte, tableur, lecture de vidéos, compression de fichiers, etc. Chaque standard référencé est soit « recommandé », auquel cas il doit être respecté et appliqué, soit il est « en observation », ce qui signifie qu’il reste encore toléré, soit il est « retiré », c’est-à-dire qu’il doit être abandonné ou évité.

Au mois d’avril, la Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication de l’État (DISIC) a lancé un appel à commentaires sur ce qui pourrait devenir la « V2 » de ce document censé faciliter les échanges par voie électronique de l’administration – tant avec d’autres administrations que des particuliers, des entreprises... Cette version de travail, estampillée 1.9.7, avait pour particularité de recommander le seul format ODF pour l’édition de documents : .odt pour les traitements de texte, .ods pour les tableurs, .odp pour les présentations, etc. Le standard OOXML, lié à Microsoft, disparaissait de fait du RGI – pour la plus grande joie des défenseurs du logiciel libre, et – inversement – au grand dam des éditeurs de logiciels propriétaires, à commencer par Microsoft... Et pour cause, cela signifie que les administrations seraient tenues de ne plus utiliser les formats .docx, .pptx, etc.

Le dossier prend un tournant politique

Mais la semaine dernière, rebondissement : nos confrères de Silicon affirmaient que la présidence de la République s’était saisie du dossier et avait « entendu les arguments de Jacques Marzin », le numéro un de la DISIC, « invité à s’exprimer sur ce sujet ». Plusieurs sources nous ont également donné des échos similaires, selon lesquels l’intéressé aurait été convoqué à l’Élysée il y a plus d’une dizaine de jours.

Le service presse de François Hollande nous a cependant assuré vendredi que Jacques Marzin n’avait pas eu d’entretien avec le chef de l’État « au cours des dernières semaines ». Ce qui n’exclut pas en fait d’éventuelle rencontre informelle, par exemple avec des conseillers du président. Contactée, la DISIC s’est pour sa part refusée à tout commentaire ou démenti.

Mais pour l’Association de promotion du logiciel libre (April), le tournant politique manifestement pris par ce dossier est de mauvaise augure : « Le lobbying exercé par Microsoft s'est activé et, au plus haut niveau de l'État, on s'intéresserait à ce débat, ce qui n'est pas sans rappeler les épisodes de 2009 sur le RGI ». À l’époque, les formats ODF et OOXML avaient été placés sur un même pied d’égalité, tous deux « en observation », dans un climat particulièrement houleux.

Le délégué général de l’organisation, Frédéric Couchet, a même affirmé sur Twitter qu’une nouvelle ébauche du RGI circulerait actuellement, dans laquelle le format OOXML ferait son retour (dans le statut néanmoins intermédiaire d’observation).

Face à ces signaux, l’April en appelle aujourd’hui « le président de la République et le gouvernement à ne pas céder aux mouvements d'influences et à agir dans l'intérêt à long terme de l'ensemble des citoyens français et de leurs administrations ». « Face aux attaques que le patron de la DISIC subit actuellement de la part d'organisations qui mènent des combats d'arrière-garde et dont le monopole s'appuie sur l'emprisonnement de toute la production bureautique de l'État et de ses interlocuteurs », l’association a tenu à lui apporter publiquement « tout son soutien » par la voix de Jeanne Tadeusz, sa responsable des affaires publiques.

Du côté de l’Association francophone des utilisateurs de logiciels libres (AFUL), qui avait elle aussi vivement applaudi « les auteurs du RGI pour leur prise de conscience et leur position forte concernant le format OpenDocument », on se dit prêt à négocier. Mais pas à n'importe quelles conditions. « Si le gouvernement cède politiquement à Microsoft pour préserver son monopole, l'AFUL demande à ce que le gouvernement impose à Microsoft le support exclusif d’OOXML dans sa version stricte et non pas transitionnale » nous a expliqué Laurent Séguin, président de l’organisation. Ce dernier souhaite plus concrètement que les formats de type docx non normalisés soient bel et bien abandonnés et que Microsoft Office ne génère que « du format OOXML normalisé, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui ».

Également contactée par nos soins, l’Association française des éditeurs de logiciels et de solutions Internet (AFDEL), qui compte parmi ses rangs Microsoft France, n’a pas donné suite à nos sollicitations à l'heure où nous écrivons ces lignes.  

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Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Le dossier prend un tournant politique

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Commentaires (23)


Ce qui montre que la question des formats est bien une question critique et qu’il ne faut pas la négliger.

 



 L’ AFUL est malin, ils savent que leur demande leur demande d’OOxml strict va fissurer les arguments des tenants de l’OOxml sur son interopérabilité. Si en théorie, du fait de son satut ISO, l’OOxml strict est ouvert à tous, dans les faits seuls MS Office 2013 peut produire de l’OOxml strict, les autres pouvant au mieux la lire mais pas l’écrire.

 

À voir donc si MS Office 2016 et Office 365 vont apporter à Mac OS l’OOxml strict (et l’ODF 1.2).

 



 Dommage que la France ne sache pas imposer sa volonté, comme on su le faire les anglais.


Sachant que les solutions MS permettent d’ouvrir et d’éditer les fichiers OpenDocument. Il y a des différences de features, mais ce serait tout de même bien que l’article le souligne : imposer OpenDocument ne veut pas nécessairement dire que l’on désinstalle Office.








Soriatane a écrit :



Ce qui montre que la question des formats est bien une question critique et qu’il ne faut pas la négliger.

 



 L’ AFUL est malin, ils savent que leur demande leur demande d’OOxml strict va fissurer les arguments des tenants de l’OOxml sur son interopérabilité. Si en théorie, du fait de son satut ISO, l’OOxml strict est ouvert à tous, dans les faits seuls MS Office 2013 peut produire de l’OOxml strict, les autres pouvant au mieux la lire mais pas l’écrire.

 

À voir donc si MS Office 2016 et Office 365 vont apporter à Mac OS l’OOxml strict (et l’ODF 1.2).

 



 Dommage que la France ne sache pas imposer sa volonté, comme on su le faire les anglais.





Euh, non, c’est justement tout l’intérêt du format strict par rapport au transitional.

L’April joue le trublion non productif, comme l’habitude, et l’Aful a une position plus réaliste et propose des choses.

D’ailleurs, ça reste à vérifier, mais il se pourrait bien qu’Office 2016 gère le format strict par défaut, ce qu’il aurait été logique de faire plus tôt.



“Mais la semaine dernière, rebondissement : nos confrères de Silicon affirmaient que la présidence de la République s’était saisie du dossier et avait « entendu les arguments de Jacques Marzin », le numéro un de la DISIC, « invité à s’exprimer sur ce sujet ». Plusieurs sources nous ont également donné des échos similaires, selon lesquels l’intéressé aurait été convoqué à l’Élysée il y a plus d’une dizaine de jours.”



Ils refont le même coup que chez EDF-GRDF : Menace de virer la suite de MS …

OBJECTIF ?

Négocier des meilleur prix !



C’est juste dégueulasse. Dans les deux sens du termes.



MS soudoie t les conseillers de l’Elysée !

Quelles belles manières ont ces gens .


Oui pour la 1.9.9 avec retour de OOXML c’est confirmé.

Une honte de voir a quel point nos élites/oligarques sont achetées par les dollars des multinationaless EUSA !!!


“« Le lobbying exercé par Microsoft s’est activé et, au plus haut niveau de l’État, on s’intéresserait à ce débat, ce qui n’est pas sans rappeler les épisodes de 2009 sur le RGI ».”



… Et quel lobbying : A PLUS DE 4 MILLIONS d’EURO par an de budget !!!!



Et nous avec nos pauvres flyers , nos samedis passés à installer du GNU/Linux pour les moins fortunés, ensuite on refile le bébé aux artisans du libre qui se dégagent à peine 500 €uro pour tentés de vivre !

… les miettes laisser par des Microsoft et autres groupes à taille non humaine.



J’ai juste honte de toutes ces pratiques.


J’invite toutes les assoc. à surveiller de près les comptes en banque et promotions de tous ces “dit” conseillers (à la macron : il était conseiller)!

On va juste rire (ou pleurer) quand on va découvrir l’intérieur du pot


Oui il en faut qui exige l’impossible pour avoir à peine la moitié du quignon de pain ! pour bouffer un peu …


« Le lobbying exercé par Microsoft s’est activé et, au plus haut niveau de l’État, on s’intéresserait aux jolies enveloppes brunes bien épaisses qui étaient distribuées par la firme de Redmond. » 



 Ah… on me dit que les enveloppes c’est fini.

 Maintenant c’est direct en Suisse, aux Bermudes, au Belize, et à la Barbade.


Le format “strict” n’existe que comme prétexte d’un format soit-distant ouvert ou standard pour être sur le papier équivalent à OpenDocument.



En réalité MS fait tout pour que ce format ne soit implémenté correctement que par Office et ne soit pas utilisé en pratique de toute manière.



Ne pas le mettre par défaut est donc un objectif stratégique pour MS et non une étrangeté.


Oui une honte.



Et encore, dans d’autres pays, MS est suffisamment “persuasif” pour disuader le gouvernenement de passer par appel d’offre.



Résultat : des prix simplement multipliés par 3 !


D’ailleurs c’est juste bonnement hallucinant que les tarifs (le mot est faible) soient différents radicalement selon que l’on est :




  • état,

  • grand groupe ,

  • pme etc !



    (j’englobe bien sure la problématique des volumes achetés)

    Ils donnent leur suite office aux étudiants pour mieux les rendre dépendants :

    “Tu sait faire du word ?” …. non fiston on ne dit pas cela !

    “Tu sais utiliser un tableur ?” Là c’est déjà mieux !








wagaf a écrit :



Le format “strict” n’existe que comme prétexte d’un format soit-distant ouvert ou standard pour être sur le papier équivalent à OpenDocument.



En réalité MS fait tout pour que ce format ne soit implémenté correctement que par Office et ne soit pas utilisé en pratique de toute manière.



Ne pas le mettre par défaut est donc un objectif stratégique pour MS et non une étrangeté.





Justement, non : c’est dans la version Strict que tout ce qui était relatif à la rétro-compatibilité (*LikeWord95) a été écarté.

Ou alors, il va falloir me détailler ce qui reste non implémentable librement.









seblutfr a écrit :



Justement, non : c’est dans la version Strict que tout ce qui était relatif à la rétro-compatibilité (*LikeWord95) a été écarté.



 Ou alors, il va falloir me détailler ce qui reste non implémentable librement.











  • La versions strict d’ooxml, produite par aucun logiciel pas même Microsoft Office par defaut, est ce qui a été normalisé à l’ISO

  • La version transtionnal, tous les docx xlsx pptx que l’on trouve, inclue des binaires, soit disant de rétrocompatibilité. En vrai, on ne sait pas car c’est ni spécifié ni documenté et donc difficilement lisible avec un autre logiciel. 











LcS a écrit :





  • La versions strict d’ooxml, produite par aucun logiciel pas même Microsoft Office par defaut, est ce qui a été normalisé à l’ISO

  • La version transtionnal, tous les docx xlsx pptx que l’on trouve, inclue des binaires, soit disant de rétrocompatibilité. En vrai, on ne sait pas car c’est ni spécifié ni documenté et donc difficilement lisible avec un autre logiciel.







    • D’où la demande de l’AFUL, avec laquelle je suis d’accord, de faire en sorte que ce soit la version Strict qui soit retenue dans le référentiel d’interopérabilité, et en attendant confirmation qu’Office 2016 les génèrera par défaut.

    • Non, tous les fichiers n’incluent pas de blobs binaires. Fais un bête doc Word, regarde le contenu du fichier, et dis moi ou est le binaire.




Je n’ai pas Microsoft Office alors je prend un exemple chez Microsoft :-)

 http://download.microsoft.com/download/a/a/3/aa3411df-5b02-463a-8ab1-9587dd8a250…



 

répertoire : printerSettings

fichiers : printerSettings1.bin printerSettings2.bin printerSettings3.bin

Après passage dans un éditeur hexa, ça ressemble à des références à propos de la taille des pages

 

 

  Sinon autres informations intéressantes :

http://techrights.org/2014/08/02/ooxml-strict-and-transitional/


très bon article


En fait, les lobbies des multinationales influent sur les États pour que des normes privatives soient exclusives, là où c’est l’inverse qui devrait être : que le privé se mette aux normes internationales, ne serait-ce que dans le public.

 

Pourquoi l’argent public, c’est-à-dire le nôtre, devrait-il partir dans les poches des proprios d’une firme , de logiciels privés, de brevets, et de ses actionnaires ?

 

S’il n’existait pas d’alternatives, on comprendrait, mais hélas là on comprend trop bien, histoire de gros sous !

 



 Question : suis-je assuré que mes dossiers en odt, odf, donc aux normes internationales, soient reconnus par une administration ?


Fichier-lié, est-ce bien un fichier public ?

 



Des verrous liés à ces fichiers (pour être libre, il faut payer) <img data-src=" />


Laurent (PDG aful) fait du super boulot !

Ça mérite d’être dit haut et fort.


Je peux d’assurer quand tant qu’informatiticien de l’État on va veiller (fermement) que ce soit le cas partout !

On se bat tous les jours pour ça , même les week ends pour certains !!!