e-Éducation : des avancées, de la bonne volonté, mais un manque d'uniformité

e-Éducation : des avancées, de la bonne volonté, mais un manque d’uniformité

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Vincent Hermann

Publié dans

Internet

16/10/2014 18 minutes
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e-Éducation : des avancées, de la bonne volonté, mais un manque d'uniformité

Actuellement, la Semaine Digitale se tient à Bordeaux. De nombreuses conférences et tables rondes ont lieu durant plusieurs jours, mais lors de notre visite nous nous sommes intéressés en particulier au thème de l’e-éducation. L'occasion d'un tour d’horizon.

La Semaine Digitale est un événement qui a lieu chaque année à Bordeaux. Il dresse un bilan du monde numérique appliqué à divers domaines. Présents sur place, nous avons décidé de nous intéresser plus particulièrement aux évolutions du monde de l’éducation, une thématique abordée plusieurs fois dans nos colonnes récemment, notamment depuis qu’il est envisagé d’apprendre le code aux élèves.

Comment faire du numérique un levier pour l’éducation ?

De nombreux enseignants étaient présents durant une conférence qui se tenait hier, animée par Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction de l'Étudiant et chroniqueur sur France Info. Il est rapidement apparu que le numérique était d’abord et avant tout un outil au service de l’apprentissage, qui pouvait permettre une facilitation des échanges entre enseignants et élèves. Le rôle de l’enseignant reste cependant fondamental car apprendre ne suffit pas, comme nous le verrons plus tard. Dans la réflexion menée sur l’amélioration de l’éducation, le numérique apparaît en fait comme l’une des réponses.

 

Le premier intervenant était Philip Hubbard, directeur du département d’apprentissage de l’anglais pour les étudiants étrangers, à l’université de Stanford. Il travaille sur l’apprentissage de la langue assisté par ordinateur depuis 30 ans et a donc pu observer de près les évolutions dans ce domaine. Selon lui, la question qui revient souvent est : comment rendre meilleur l’apprentissage d’une langue ? Mais cette interrogation en soulève en fait beaucoup d’autres : qu’est-ce que « meilleur » ? Plus rapidement ? Plus efficacement ? Plus motivant ? Plus accessible ? Plus facile ? Créer une méthode reprise par un gouvernement et appliquée de manière publique, donc plus accessible financièrement ?

 

Hubbard explique en fait que la plupart des recherches ont été menées sur l’efficacité, en mesurant la différence de rapidité d’apprentissage entre la méthode classique et la méthode informatisée. Mais la rapidité d’apprentissage en elle-même ne prouve rien selon le professeur : la méthode informatisée seule ne fait interagir les élèves qu’avec des écrans, et le manque de conversations face à face a un réel impact sur le développement de l’enfant. Le numérique tend donc à être un soutien et non une solution miracle capable de tout accomplir.

 

Certains individus s’accommoderont très bien d'une méthode basée à 100 % sur de l'e-learning, mais aucune solution ne répondra totalement aux besoins. Dans sa propre classe, les élèves peuvent ainsi faire leur travail sur du numérique chez eux, mais une fois en cours, le contact redevient humain.

Étudiants Informatique Dehors
Crédits : Steve Hix/Fuse/Thinkstock

Il y a en outre selon Hubbard une vraie frontière aujourd’hui avec la manière dont le numérique remet en question l’enseignement classique, qui n’a pas changé depuis des siècles : un professeur debout devant sa classe, du papier, etc. Mais si le numérique peut éveiller par certains aspects, il peut aussi succomber à l’aspect répétitif et rabâché, et donc devenir tout aussi ennuyeux. Il ne doit pas non plus se cantonner à l’apprentissage mécanique d’une matière, notamment une langue, car cette dernière ne se limite pas à des mots : l’aspect culturel joue un rôle crucial.

 

Il invite en tout cas les enseignants à sortir de leur zone de confort et à réfléchir à la manière dont ils enseignent leur matière, car le numérique a une vraie carte à jouer.

Podcasts dans les cours, une solution complémentaire

Valérie Dusseau, enseignante d'anglais et formatrice, a abordé pour sa part un cas pratique d’utilisation du numérique dans sa classe d’anglais. Les élèves se servent en effet d’iPod et de podcasts depuis longtemps. Elle indique que cet apport a été dans un premier temps une source d’angoisse dans le corps enseignant : que faire en effet si les élèves savent mieux utiliser les technologies que les enseignants ? Aucun problème finalement, car les élèves ont aidé les professeurs quand cela était nécessaire.

 

Mais pourquoi des podcasts ? « Pour exposer les élèves au langage oral » indique Valérie Dusseau. Le professeur d’anglais explique : « Une moitié de la classe peut par exemple travailler sur la compréhension orale sur un podcast, pendant que l’autre moitié travaille sur la compréhension écrite ». L’avantage, selon elle, est que les élèves sont du coup confrontés à d’autres voix, d’autres manières de parler, donc de prononcer les mots. Le numérique ne remplace donc pas l’existant, mais le complète encore une fois.

 

Elle ajoute en outre que les tablettes pourraient avoir à jouer un rôle important dans l’éveil global des élèves à d’autres thématiques, matières, sujets ou activités. Dès le primaire, elles pourraient être utilisées pour s’exposer naturellement à l’anglais, comme on s’expose à la lecture. Elle indique en effet les élèves du primaire sont curieusement plus autonomes que ceux au collège. Avec des ressources adaptées, ils pourraient donc se diriger naturellement vers ces supports.

 

La visioconférence pourrait également être utilisée pour mettre en relation les élèves de pays différents. Lors d’un échange avec des classes anglaises, les professeurs français anglais se sont naturellement tournés vers cette solution pour maintenir les liens forgés entre les élèves, et entretenir le niveau d’échanges avec les natifs de la langue étrangère.

Apprendre Cours Tablette Étudiant
Crédits : AndreyPopov/iStock/Thinkstock

De l’aspect cognitif de l’apprentissage à travers le numérique

L’intervenant suivant, André Tricot, est professeur d'université en psychologie à l'École supérieure du professorat et de l'éducation Midi-Pyrénées, ainsi que chercheur, notamment sur la théorie de la charge cognitive et sur les interfaces homme/machine.

 

Selon lui, le numérique peut être motivant car il est synonyme d’apprentissage actif. Dans le cas d’un contenu écouté sur un appareil quelconque, l’élève a ainsi le choix de ce moyen numérique : il décide d’écouter à sa manière, l’instant où il commence et s'arrête, quand il  doit faire une pause et ainsi de suite. Même constat pour un document lu sur Wikipedia : d’après une étude, les recherches sur l’encyclopédie en ligne, menées dans le cadre scolaire, génèrent plus de critiques et de méfiance que celles effectuées dans un cadre personnel.

 

André Tricot indique donc que l’apprentissage numérique, qui ne peut en aucun se substituer à un professeur, est vecteur de motivation par son aspect découverte et son contrôle direct par l’élève. Cependant, cette méthode ne répond pas à toutes les problématiques et ne peut être adaptée à la totalité des élèves. Le lecteur MP3 va par exemple correspondre à environ 80 % des élèves, justifiant par là son utilisation, mais comme tout apprentissage actif, il sera plus exigeant et laissera peut-être des élèves sur le bord de la route.

 

Mais Tricot a beau travailler sur la recherche dans ce domaine, il estime que le numérique ne pourra jamais remplacer l’école car elle a un effet d’isolation essentiel permettant de mettre en valeur le cœur de ce qui est à apprendre. Et c’est précisément le rôle du professeur que de pointer du doigt ce que l’élève doit apprendre. Aujourd’hui, le numérique est ainsi incapable de tenir un diagnostic complet du degré d’apprentissage d’un élève, même après trois décennies de travaux, et la capacité cognitive du professeur est donc irremplaçable. Mais il y a des progrès, notamment dans la détection des handicaps.

 

Le professeur a cependant beaucoup insisté sur le rôle clé des enseignants : il existe des bibliothèques, réunissant une quantité énorme de connaissances, mais ces établissements ne suffiront jamais. Pourquoi ? Parce que les vrais autodidactes sont rares, puisque cela suppose qu’une personne sache procéder étape par étape dans l’assimilation de ces connaissances. D’où le travail essentiel des enseignants, qui peuvent diffuser les connaissances par étapes progressives.

 

Sur ce thème, Philip Hubbard ajoutera qu’une partie du temps de travail de l’enseignant devrait être consacré à apprendre aux élèves comment mieux assimiler par eux-mêmes les connaissances, surtout dans l’optique d’un renforcement à venir du numérique.

Bibliothèque Étudiant
Crédits : anyaberkut/iStock/Thinkstock

Questions et réponses : l’aspect pratique avant tout

Sur cette grande thématique, les questions ont fusé dans l’assistance. Comme nous allons le voir, la plupart des interventions concernait les aspects pratiques évidents d’une telle mise en œuvre du numérique. Entre connaissances techniques et moyens à disposition, les interrogations restent nombreuses.

 

Une enseignante a ainsi exposé un cas pratique : il manquait quelques baladeurs MP3, et il est devenu difficile d’en retrouver car ce type d’appareil est remplacé graduellement par les smartphones. Même souci avec des microphones. Une histoire à laquelle Valérie Dusseau a apporté son soutien : à cause de ce type de difficulté, l’évolution vers le numérique n’avance pas aussi rapidement qu’elle le devrait, car le matériel peut lâcher, et trouver le bon interlocuteur est parfois difficile.

 

Elle propose donc une personne-ressource par établissement, qui serait chargée de s’occuper de ces problématiques … ce qui a manifestement fait réagir les membres présents du conseil municipal et représentant du ministère de l’éducation. Il faut bien noter que ce type de personne existe déjà, mais que sa mise en place se fait à la discrétion de l'établissement lui-même. Un professeur peut par exemple se porter volontaire et voir son emploi du temps aménagé pour correspondre à cette charge. Plus rarement, une personne peut occuper ce poste à temps plein. Mais dans tous les cas, il n'y a aucune uniformisation, ni à l'échelle de l'État, ni même à celle d'un rectorat, voire d'une ville.

 

Un autre enseignant s’est inquiété pour sa part du phénomène de fatigue oculaire qui peut intervenir après une exposition prolongée aux écrans. Selon André Tricot cependant, le confort d’apprentissage augmente car les écrans évoluent et fatiguent nettement moins vite les yeux, notamment avec les liseuses. Ensuite, quand on parle de lecture, il établit un distinguo important : aborde-t-on la lecture d’un document placé sur un écran, ou celle d’un contenu pensé depuis le départ pour ce support ? Dans le second cas, la fatigue intervient moins rapidement car les yeux ne lisent pas tout le temps un contenu dont les informations sont inscrites de manière séquentielle. Sans parler des actions possibles sur le texte, comme le grossissement des caractères, de la capacité de bondir d’une thématique à une autre, d’intégrer un thesaurus, etc.

« L’éducation numérique est-elle vraiment démocratique ? » 

La question suivante provenait d’un directeur d’école, qui souhaitait mettre pleinement les pieds dans le plat : si l’on considère les moyens requis pour mettre en place ces solutions et ceux dont disposent les mairies, qui ont des tailles très variées, « l’éducation numérique est-elle vraiment démocratique ? ».

 

C’est Alain Turby, maire de Carbon-Blanc (petite ville faisant partie de la Communauté Urbaine de Bordeaux), qui a alors répondu : « Cette question est essentielle car elle pose les bases de la logique de standardisation. Un travail doit être mené entre les communes pour standardiser le matériel car rien n’a encore été fait. Du coup, il n’y a pas forcément d’interopérabilité, de mise en commun des ressources, de l’entretien et des interlocuteurs. Les mairies n’ont pas forcément les mêmes moyens, mais des coopérations peuvent être mises en place. Bordeaux et Mérignac le font déjà pour les tablettes ». Il ajoute qu’après le 1er janvier prochain, Bordeaux aura officiellement un statut de métropole, ce qui devrait permettre d’uniformiser plus rapidement les outils pédagogiques pour l’ensemble de la communauté urbaine.

 

On remarquera globalement qu'au travers des intervenants et des questions posées dans l'assistance, les professeurs de langues vivantes étaient bien plus représentés que les autres. Cependant, n'oublions pas que si le numérique peut avoir un impact important dans cette tranche de l'éducation, toutes les matières peuvent en bénéficier, notamment avec les TBI (tableaux blancs interactifs).

Manque d'uniformité des solutions et budgets 

Autre question, autre crainte : l’apprentissage d’une langue ne se heurte-t-il pas aux progrès de la traduction instantanée ? Réponse de Valérie Dusseau: « Je ne pense pas, le professeur ne peut pas être réduit à un dictionnaire car l’apprentissage ne se résume pas à la mécanique des mots ». On en revient donc à la culture et tout ce qui entoure une langue, une discipline. Le professeur incarne également une autre ouverture sur le monde, par sa présence physique et son adaptation aux élèves.

 

Un autre directeur d’établissement s’est quant à lui inquiété du manque d’uniformité dans les outils et les formats documents. La solution évidente repose selon lui dans l’utilisation des solutions libres  et il aimerait d’ailleurs que le ministère de l’Éducation prenne davantage position dans ce domaine. Un thème complexe quand on sait que Microsoft investit largement le milieu via son MSDN Academic Alliance, qui permet de diffuser Windows et Office à des tarifs difficilement concurrentiels. 

 

Ce sujet renvoie d’ailleurs vers la problématique globale de l’équipement pour l’éducation nationale. Cette dernière ne devrait en effet plus se contenter de faire avec l’offre, mais d’établir une demande claire auprès de fournisseurs qui s’engageraient à fournir des solutions pérennes, qu’il s’agisse de matériel ou de logiciels.

 

Il semble exister en fait un consensus dans le monde de l’éducation sur l’utilité du logiciel libre pour assurer la pérennité des informations justement. Les réactions ont fusé et beaucoup gravitaient autour de la nécessité de ne pas être « esclaves » d’un fournisseur en particulier. Un directeur d’établissement a d’ailleurs pointé qu’à l’inverse de ce que disait le maire de Carbon-Blanc, la standardisation ne suffisait pas et que l’ouverture amenait des réponses plus efficaces.

Coding : un nouveau langage pour les enfants ? 

L’autre grand thème abordé durant la conférence sur l’e-éducation portait sur l’apprentissage du développement logiciel, dont il a été plusieurs fois question cette année. Trois autres intervenants étaient présents : Tim Bell, professeur et directeur du département d’ingénierie logicielle de l’université de Canterbury, Paul Gibson, du département Logiciel et Réseaux de Télécom Sud Paris et maître de conférences, et Jérémy Lachal, directeur général de Bibliothèques sans Frontières

 

L’Irlandais Paul Gibson est parti d’un constat simple : « J’enseigne le développement logiciel depuis quinze ans et je me suis rendu compte que la plupart de mes élèves n’avaient jamais été confrontés à cette discipline ». Afin d’éviter cette situation dans les cycles supérieurs, il a commencé à faire le tour de collèges et de lycées pour aborder le thème et préparer les élèves au développement quand ils étaient intéressés. « À l’époque, seul un tiers des établissements possédaient des ordinateurs, du coup j’ai commencé l’apprentissage des élèves sur un tableau noir, avec de l’algorithmique, pour illustrer la faculté de poser un raisonnement logique » explique-t-il ensuite.

 

Aujourd’hui, les ordinateurs sont partout, mais le tableau noir et la logique restent essentiels pour Gibson : « La logique et le développement permettent à l’élève de prendre le contrôle de l’ordinateur, sans forcément être bon dans d’autres matières, ce qui nous permet de leur dire qu’il y a différentes formes d’intelligence. Des recherches montrent d’ailleurs que le développement est une compétence transverse dont les bénéfices débordent du seul cadre de cette discipline ».

Enfant Développeur Matrix
Crédits : badmanproduction/iStock/Thinkstock

Le développement peut être vecteur de confiance en soi 

Pour Tim Bell, le son de cloche est pratiquement identique : le développement peut aider un élève à prendre confiance en lui. Il permet de s’approprier un produit, de ne pas se contenter de ce qui existe, mais de créer aussi ce qui correspond à ses besoins. Il a d’ailleurs utilisé plusieurs exemples clairs, comme celui de Google, pour faire comprendre aux élèves ce qu’ils peuvent potentiellement créer: Google peut chercher une information parmi des milliards, de manière extrêmement rapide, bien plus rapidement que ne pourrait le faire un être humain. Comment peut-on accomplir cela ? C’est justement l’objet de l’informatique, qui n’est selon lui pas définie seulement par la machine, mais le couple formé par elle et l’être humain qui est assis devant.

 

Par ailleurs, on compte aujourd’hui une quarantaine d’environnements de développement destinés aux enfants, mais à quel âge doit-on commencer ? Selon Tim Bell, plusieurs études pointent vers une limite haute de 12 ans qu'il conviendrait de ne pas dépasser. Il est donc intéressant de faire commencer l’apprentissage avant pour qu’il soit plus efficace, sachant que le développement lui-même n’est pas la priorité. C’est toujours l’acquisition d’une pensée informatique et logique qui prime. L’objectif n’est dans tous les cas pas de rendre tous les enfants aptes à développer un logiciel, mais simplement de les mettre en contact avec la science informatique afin de les initier à ce domaine, comme on le fait avec d’autres matières.

 

Un point de vue largement partagé par Jérémy Lachal, directeur Bibliothèques sans Frontières. À travers les projets menés par l’association, il a pu observer que le code peut être un déclencheur de pensée cognitive, en apportant une rigueur, obligatoire dans cette discipline, et qui peut par la suite aider l’enfant dans son développement. À travers le code, Il peut donc y avoir recherche de la confiance en soi, de la créativité, de la mise en pratique, de l’expérience et de la réalisation.

Les défis à relever restent particulièrement nombreux 

Mais globalement, dès que l’on parle du numérique dans l’éducation, deux constats prédominent. Premièrement, on en est encore aux balbutiements de cette méthode de travail, que l’on aborde le numérique en tant que moyen ou en tant que finalité (dans le cas du coding). Deuxièmement, le sujet intéresse vivement, aussi bien d’ailleurs le corps enseignant que les conseils municipaux, en passant par le ministère de l’Éducation. La salle de 500 personnes était d’ailleurs pleine et les pauses durant la conférence étaient autant d’occasions de continuer les débats sur ce thème. Précisons quand même qu'il existe des évènements consacrés entièrement à la thématique de l'informatique à l'école, notamment Educatec/Educatice, dont la nouvelle édition se tiendra les 26, 27 et 28 novembre prochain à Paris, porte de Versailles.

 

Une problématique semble en tout cas dominer car elle court-circuite en partie les bonnes volontés : l’absence d’uniformisation dans les solutions qui peuvent être mises en pratique. Une école va tenter une mise en place d’iPod pour diffuser des podcasts, une autre va se diriger vers une autre marque et ainsi de suite, sans aucune garantie qu’en cas de panne le matériel puisse être remplacé. Dans ce vaste domaine du numérique, le corps enseignant, et par là même le ministre de l’Éducation, manque d’interlocuteurs privilégiés qui seraient capables de fournir un matériel standardisé et des solutions ouvertes, tout en garantissant leur disponibilité pour une période étendue. Les défis à relever sont donc particulièrement nombreux.

 

Il faut noter tout de même que la situation pourrait rapidement évoluer dans les prochains années. On rappellera en effet que le ministère de l'Éducation s'est doté d'une direction du numérique pour l'éducation, dont nous avions interviewé la directrice, Catherine Becchetti-Bizot. Elle nous avait alors parlé d'un « signal donné à tous les acteurs du système éducatif, et notamment les responsables académiques – comme les corps d'inspection ou les personnels de direction, mais également en direction des collectivités locales qui trouveront désormais en académie comme au niveau national un interlocuteur privilégié pour dialoguer et organiser des modalités des partenariats efficaces ».

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Écrit par Vincent Hermann

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Comment faire du numérique un levier pour l’éducation ?

Podcasts dans les cours, une solution complémentaire

De l’aspect cognitif de l’apprentissage à travers le numérique

Questions et réponses : l’aspect pratique avant tout

« L’éducation numérique est-elle vraiment démocratique ? » 

Manque d'uniformité des solutions et budgets 

Coding : un nouveau langage pour les enfants ? 

Le développement peut être vecteur de confiance en soi 

Les défis à relever restent particulièrement nombreux 

Commentaires (6)


enfin………..



par contre la formation au coding au plus jeune… bof.


Au cours de l’année, des enseignants de notre commune ont suivi une formation sur Ipad, … Apparemment l’éducation veut obliger les écoles à s’équiper de “Tablettes”. Quand je les vois apprendre le B2I aux enfants, je me demande comment ils peuvent leur apprendre quoi que ce soit sur une tablette (qui n’aura surement rien à voir avec celle de la formation), une tablette que les enfants sauront mieux utiliser …


INtéressant,  mais je reste surpris par ceci :

 



Jérémy Lachal, directeur Bibliothèques sans Frontières [ .. ] il a pu observer que le code peut être un déclencheur de pensée

cognitive, en apportant une rigueur, obligatoire dans cette discipline,

et qui peut par la suite aider l’enfant dans son développement. À

travers le code, Il peut donc y avoir recherche de la confiance en soi,

de la créativité, de la mise en pratique, de l’expérience et de la

réalisation. 



Bien que d’accord sur l’apport de la programmation comme d’un outil intellectuel à l’age adulte, il me semble que commencer avant douze ans est prématuré. Si j’avance le postulat que la pensée logique nuit au développement de l’intuition, je vois un risque majeur de créer une générations d’enfants-robots. Peut-être qu’ils seront créatifs mais dans un système rigide et figé qu’est la logique. De la créativité avec un c minuscule en somme.








Philip Masse a écrit :



Au cours de l’année, des enseignants de notre commune ont suivi une formation sur Ipad, … Apparemment l’éducation veut obliger les écoles à s’équiper de “Tablettes”. Quand je les vois apprendre le B2I aux enfants, je me demande comment ils peuvent leur apprendre quoi que ce soit sur une tablette (qui n’aura surement rien à voir avec celle de la formation), une tablette que les enfants sauront mieux utiliser …





Il faut arrêter avec le cliché des gamins qui s’y connaissent mieux que les profs en numérique. En réalité, la situation est très hétéroclite, mais les élèves de collège lycée sont très loin d’avoir des usages matures, se servent peu et mal des outils bureautiques et des suites office. Je caricature volontairement mon propos, mais c’ets pas parce qu’on fait des jeux ou qu’on passe du temps sur les réseaux sociaux qu’on maitrise le numérique.



 Et c’est pas en agitant l’exemple de quelques petits génies capables de coder ou faire plein de choses en général que l’on doit en faire une généralité, d’autant qu’il y a d’énormes disparités, aussi bien au sein des élèves (car tous n’ont pas accès au même matos, papa et maman peuvent pas toujours acheter pc, tablette et compagnie, certains sont plus geeks, etc.) qu’au sein des professeurs. Pour ces derniers, si une frange assez minoritaire s’avère assez allergique à l’intrusion du numérique dans les murs de la classe, d’autres sont hyper motivés et sont les véritables pionniers du numérique scolaire en inventant les usages. Autre cliché à ce niveau : vieux profs VS jeunes profs, les premiers seraient donc incapables de se servir d’outils informatiques quand les seconds seraient des digital natives. Quand on se rend dans les écoles, ca ne tient pas la route, même si effectivement on constate moins de levers de boucliers du côté des plus jeunes.

 

Et il ne faut pas se tromper, plusieurs problématiques se côtoient : l’équipement c’est une chose, il y a des intérêts pratiques directs à avoir une tablette en classe par exemple (tous ses manuels embarqués au même endroit et en version enrichie, accès à tout un tas d’outils pour s’enregistrer, communiquer, rechercher des infos etc.) mais à ce niveau on ne fait rien de spécialement nouveau par rapport à avant, seul le support change. Vient ensuite la question des usages, et là on en est aux balbutiements, et ce sont souvent des profs dans leur coin qui arrivent à monter les expériences les plus abouties et les plus motivantes pour les élèves. Et tout cela ne se fera pas en un jour, évidemment, il faut le temps de faire le tri, d’expérimenter, etc.  









Delqvs a écrit :



INtéressant,  mais je reste surpris par ceci :

 



Bien que d’accord sur l’apport de la programmation comme d’un outil intellectuel à l’age adulte, il me semble que commencer avant douze ans est prématuré. Si j’avance le postulat que la pensée logique nuit au développement de l’intuition, je vois un risque majeur de créer une générations d’enfants-robots. Peut-être qu’ils seront créatifs mais dans un système rigide et figé qu’est la logique. De la créativité avec un c minuscule en somme.





 c’est une réflexion intéressante. Pour moi qui ai pas mal enseigné les maths, je trouve que beaucoup de points du programme devraient naturellement intégrer de la programmation, ne serait-ce qu’à titre d’exemple, car aujourd’hui comme à notre époque, il y a une véritable incompréhension sur ce qu’apporte certains points du programme (notamment de maths donc). Pourquoi faire de l’étude de fonctions, qu’est-ce qu’un algorithme, etc etc peuvent être très bien illustrés en introduisant un peu de notions informatiques. Plus que rajouter une nouvelle matière, il me paraît surtout urgent de réformer un peu les programmes et s’attaquer au cloisonnement des matières (il y a déjà des efforts dans ce sens, mais la route est encore longue).









Coeur2canard a écrit :



Il faut arrêter avec le cliché des gamins qui s’y connaissent mieux que les profs en numérique. En réalité, la situation est très hétéroclite, mais les élèves de collège lycée sont très loin d’avoir des usages matures, se servent peu et mal des outils bureautiques et des suites office. Je caricature volontairement mon propos, mais c’ets pas parce qu’on fait des jeux ou qu’on passe du temps sur les réseaux sociaux qu’on maitrise le numérique.



 Et c’est pas en agitant l’exemple de quelques petits génies capables de coder ou faire plein de choses en général que l’on doit en faire une généralité, d’autant qu’il y a d’énormes disparités, aussi bien au sein des élèves (car tous n’ont pas accès au même matos, papa et maman peuvent pas toujours acheter pc, tablette et compagnie, certains sont plus geeks, etc.) qu’au sein des professeurs. Pour ces derniers, si une frange assez minoritaire s’avère assez allergique à l’intrusion du numérique dans les murs de la classe, d’autres sont hyper motivés et sont les véritables pionniers du numérique scolaire en inventant les usages. Autre cliché à ce niveau : vieux profs VS jeunes profs, les premiers seraient donc incapables de se servir d’outils informatiques quand les seconds seraient des digital natives. Quand on se rend dans les écoles, ca ne tient pas la route, même si effectivement on constate moins de levers de boucliers du côté des plus jeunes.

 

Et il ne faut pas se tromper, plusieurs problématiques se côtoient : l’équipement c’est une chose, il y a des intérêts pratiques directs à avoir une tablette en classe par exemple (tous ses manuels embarqués au même endroit et en version enrichie, accès à tout un tas d’outils pour s’enregistrer, communiquer, rechercher des infos etc.) mais à ce niveau on ne fait rien de spécialement nouveau par rapport à avant, seul le support change. Vient ensuite la question des usages, et là on en est aux balbutiements, et ce sont souvent des profs dans leur coin qui arrivent à monter les expériences les plus abouties et les plus motivantes pour les élèves. Et tout cela ne se fera pas en un jour, évidemment, il faut le temps de faire le tri, d’expérimenter, etc.  





Je m’attendais à une réponse de ce genre, malheureusement ce n’est pas un cliché, dans mon cas je parle de primaires. Il est vrai qu’ils ont une mauvaise utilisation des outils mais ce ne sont pas nos enseignants qu’ils ont améliorer leur connaissance. A chacun son domaine, on ne va pas demander à un plombier d’enseigner l’électricité.

Je ne suis pas aller assez loin dans le réflexion.

Le premier point : On forme des enseignants (c’est une très bonne chose en soit) sur des produits que les écoles ne pourront pas se payer, on leur a montrer comment utiliser un Ipad, et des jeux qu’ils pourront utiliser dans l’éducation. L’école/Commune, s’ils investissent, ce sera dans des tablettes Android bon marché, la formation devient plus ou moins inutile.

Deuxième point : c’est un point qui justement aurait pu etre intéressant, mais non. Le nombre de tablettes sera limité à l’utilisation d’une seule classe à la fois… On est donc loin des livres d’éducation numérique pour alléger les cartables…



On fait des efforts en avançant de trois pas dans la technologie pour en reculer de deux. Vraiment dommage.





Mon point de vue personnel : Je suis pour les livres papier, on est tous passé par là et on en n’est pas mort, certes c’est lourd… Je suis informaticien, j’adore la technologie, je lis les livres sur ma tablette mais la sensation du papier est quelque chose d’important.