Hadopi, une fourmi au régime de la cigale

Hadopi, une fourmi au régime de la cigale

Le thriller du mort-vivant

Avatar de l'auteur
Marc Rees

Publié dans

Droit

17/07/2014 5 minutes
33

Hadopi, une fourmi au régime de la cigale

Lors de la conférence organisée mercredi matin à Paris, la Hadopi a tenu à faire comprendre à la France entière qu’elle n’était pas un « mort-vivant ». Au contraire, elle bouge, gesticule et avance a tenu à souligner Mireille Imbert Quaretta, qui est évidemment revenue sur ses besoins financiers pour continuer la route.

Mireille Imbert Quaretta Hadopi
Crédits : Marc Rees (licence: CC by SA 3.0)

Hier, la Hadopi s’est livrée à un exercice existentiel : montrer à qui veut le voir qu’elle se porte bien, mieux, qu’elle avance à grands pas dans la régulation des échanges illicites. Plutôt que de ruer contre ceux qui la croyaient agonisante dans la fosse commune des institutions mal nées, Mireille Imbert-Quaretta oppose une circonstance atténuante : un bug de perception tenant aux préconisations du rapport Lescure.

Hadopi et le bug de perception du rapport Lescure

Voilà plus d’un an, sous les beaux plafonds dorés du ministère de la Culture, applaudi par Aurélie Filippetti, Lescure recommandait le transfert intégral des missions de la Hadopi dans les griffes du CSA. « Ce message a pu entraîner un certain nombre de brouilles dans la tête des gens qui connaissent la Hadopi mais pensent qu’elle n’existe plus ou a été fusionnée avec le CSA » a commenté hier la présidente de la Commission de protection des droits, tourelle pénale de la Hadopi.

 

Les chiffres de la réponse graduée en guise de maillot jaune, Mireille Imbert Quaretta a donc rappelé qu’en mai dernier, sa « CPD » avait franchi le col symbolique des 3 millions d’avertissements. Non seulement la Hadopi « marche », mais « elle marche de mieux en mieux » applaudit la présidente de la Commission de protection des droits. « Notre objectif est de continuer la pédagogie et d’envoyer un avertissement dès que possible. Depuis 2012, nous pouvons traiter l’ensemble des dossiers dont nous sommes saisis. Nous pouvons absorber 200 000 saisines par jour techniquement, mais financièrement, un tel objectif n’est pas possible. »

 

Pas possible ? D’abord un rappel. Ce nombre de « 200 000 » nous avait déjà été précisé suite à notre procédure CADA sur un des marchés publics de la Hadopi. Il montre aujourd’hui que les capacités de la Hadopi ne sont pas utilisées à plein régime. Les cinq organisations d’ayant droit (SACEM, SDRM, ALPA, SCPP et SPPF) peuvent en effet adresser chacune 25 000 IP par jour.

Un système d'information calibré pour des absents

Alors ? Comme l’a souligné la présidente de la CPD, si la Hadopi a ajusté son nouveau système d’information pour absorber 200 000 IP et non 125 000, c’était en prévision de l’entrée dans le jeu du secteur du livre et celui du jeu vidéo. Problème ni l’un ni l’autre n’ont sauté le pas.

 

« Hadopi a vocation à traiter l’ensemble des contenus culturels. Nous avions eu des contacts avec le secteur du jeu vidéo, qui d’abord intéressé, n’a pas été plus loin. Nous ne sommes donc pas saisis par les autres secteurs que la musique ou l’audiovisuel, mais nous voulons être en capacité si le jeu vidéo souhaite recourir finalement à la réponse graduée, de pouvoir traiter leurs signalements sans entamer sur les autres parties. Quant au livre, nos contacts sont toujours en train de réfléchir » bref, la Hadopi avait quantifié « non seulement au regard de ceux qui nous saisissent, mais aussi selon ceux qui sont susceptibles de nous saisir. »

Des coûts dans les bourses

Hier, l’autorité a souligné aussi qu’elle n’était pas en capacité financière de gérer l’ensemble des IP. C’est déjà ce qu’elle avait soutenu voilà peu devant le Sénat, lequel participe avec l’Assemblée nationale au vote de la loi de finances. Marie François Marais y avait souligné que la Hadopi atteint « désormais la limite des réductions budgétaires que nous pouvons consentir sans risquer de dégrader la qualité de mise en oeuvre de nos missions ». Et MIQ de préciser que son système d’information « n'est pas en mesure, financièrement, de gérer l'intégralité des demandes. »

 

Quelle intégralité ? Les 200 000 ou les 125 000 ? Invitée à fournir plus d’explications hier, Mireille Imbert Quaretta nous a surtout indiqué que si la phase 1 (le mail) et la phase 2 (la lettre recommandée) étaient entièrement automatisées, tel n’était pas le cas à partir de la phase 3. Là, une équipe de 6 personnes doivent en effet gérer à la main ces dossiers pour décider de leur sort à quelques encablures d’une possible transmission au parquet.

 

C’est donc à ce stade que la Hadopi se plaint d’une sécheresse financière. Le fait est intéressant, car il montre qu’avec plus d’argent, cette même Hadopi pourrait traiter plus d’IP. Cela signifie dans le même temps que le versant pédagogique de la Hadopi est un peu faussé par ce manque de ressources. Avec plus d’argent, elle pourrait traiter plus de dossiers et les chiffres des réitérations grimperaient. Difficile cependant de dépasser ce stade avec des données concrètes, et il faudra attendre les arbitrages budgétaires puis les chiffres suivants de la riposte graduée pour jauger.

 

Mireille Imbert Quaretta a en tout cas pris plusieurs fois la température et une chose est sûre : « je ne veux pas dire qu’on nous aime, mais il n’y a plus cette réaction viscérale de rejet de l’institution ». Même au ministère de la Culture ?

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Hadopi et le bug de perception du rapport Lescure

Un système d'information calibré pour des absents

Des coûts dans les bourses

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Fermer

Commentaires (33)


Petite question alakon : Les FAI sont ils indemnisés pour les identifications demandées par l’HADOPI comme il était prévu ? <img data-src=" />


Excellent billet, plein d’humour !!! <img data-src=" /> <img data-src=" />




« je ne veux pas dire qu’on nous aime, mais il n’y a plus cette réaction viscérale de rejet de l’institution »





Et mon c.. c’est du poulet ????


“Là, une équipe de 6 personnes doivent en effet gérer à la main ces dossiers pour décider de leur sort à quelques encablures d’une possible transmission au parquet.”



Quelqu’un aurait la liste de ces 6 enfoirés ?


On dirait du Virus <img data-src=" />




Les chiffres de la réponse graduée en guise de maillot jaune, Mireille Imbert Quaretta a donc rappelé qu’en mai dernier, sa « CPD » avait franchi le col symbolique des 3 millions d’avertissements. Non seulement la Hadopi « marche », mais « elle marche de mieux en mieux » applaudit la présidente de la Commission de protection des droits.





Si elle jouait son rôle, elle devrait rencontré de moins en moins de cas or elle se targue de “flasher” de plus en plus de monde ….<img data-src=" />


Il faudra aussi prouver que leur but premier (la pédagogie censé diminuer le “piratage” des “oeuvres” culturelles) est effectif.



S’ils considèrent que leur boulot c’est balancer des courriers électroniques et physique en masse par mois, bah ils sont juste un groupe de spammer à supprimer.



Qui plus est, plus de moyen = plus de dossier au tribunal? Donc plus de travail pour la Justice. Donc plus de moyens nécessaire pour la Justice afin de supporter le poids supplémentaire balancé par l’Hadopi. Donc double spam d’un groupe qui se dit “pédagogique”. (pour les citoyens, et les tribunaux)




Des coûts dans les bourses





<img data-src=" /> <img data-src=" />




gesticule





Meilleure description de la Hadopi <img data-src=" />




C’est donc à ce stade que la Hadopi se plaint d’une sécheresse financière





C’est normal, ils diffusent leurs rapports gratuitement ! Ils devraient utiliser le modèle qu’ils défendent : vendre chaque copie de leurs rapports, et traquer sur les réseaux P2P les copies illicites. Comme ça, ils seraient financés pour traquer ce qui pourrait nuire à leurs finances.



Être financé par l’argent public, c’est vraiment un truc de communistes ! <img data-src=" />


Rigolez pas, c’est avec votre pognon !


Hadopi a besoin de thunes ? Et bien, elle a qu’à demander à ses employeurs véritables !



C’est-à-dire les lobbys des ayants-droits. Pas les contribuables.








oXis a écrit :



Meilleure description de la Hadopi <img data-src=" />







Voilà, un coût dans les gesticules.





« je ne veux pas dire qu’on nous aime, mais il n’y a plus cette réaction viscérale de rejet de l’institution ». Même au ministère de la Culture ?





Faut croire :(


Super article. Pour cela que je suis abonné.

Concis, clair et des photos de bombasses <img data-src=" />








Anna Lefeuk a écrit :



Super article. Pour cela que je suis abonné.

Concis, clair et des photos de bombasses <img data-src=" />







+1



surtout pour les bombasses









Anna Lefeuk a écrit :



Super article. Pour cela que je suis abonné.

Concis, clair et des photos de bombasses <img data-src=" />







Merci pour le soutien. <img data-src=" />





Hier, l’autorité a souligné aussi qu’elle n’était pas en capacité financière de gérer l’ensemble des IP.





runs Vuze <img data-src=" /> <img data-src=" /> <img data-src=" />








MarcRees a écrit :



Merci pour le soutien. <img data-src=" />







surtout qu’une bombasse comme ça qui date de la seconde guerre mondiale, ça peut péter n’importe quand.









feuille_de_lune a écrit :



Petite question alakon : Les FAI sont ils indemnisés pour les identifications demandées par l’HADOPI comme il était prévu ? <img data-src=" />







  • 1 <img data-src=" />









darkbeast a écrit :



surtout qu’une bombasse comme ça qui date de la seconde guerre mondiale, ça peut péter n’importe quand.





You made my day, thx Marc R & darkbeast ! <img data-src=" /> <img data-src=" />





Nous avions eu des contacts avec le secteur du jeu vidéo, qui d’abord intéressé, n’a pas été plus loin.



Réponse de l’industrie du JV: Hadopi, ça sert à rien.<img data-src=" />




“je ne veux pas dire qu’on nous aime, mais il n’y a plus cette réaction viscérale de rejet de l’institution ”



Elle a raison. Avant je détéstais la Hadopi, maintenant je l’exècre. <img data-src=" />




Hadopi, ça sert à rien





J’peux pas t’laisser mettre ça dans la bouche de l’industriel du jv alors que toi tu es dans les boissons marseillaises.



Le truc qu’on peut dire, c’est que ça sert à engraisser des bourgeoises indolentes amies avec notre ancien président, Nicolas passe-partout, et nouvellement amies avec son remplaçant, François groland, dit le présipal. Qui a leur tour engraissent Hermès et Pierre Cardin.



Et que toute cette histoire d’amitié me touche, au plus profond de mon porte monnaie.








Ricard a écrit :



Réponse de l’industrie du JV: Hadopi, ça sert à rien.<img data-src=" />







Bon, je suis nouveau (moins d’un an) dans l’industrie du jeu vidéo, et je suis dans un studio indé montréalais donc je représente pas la majorité ni même la France, mais il me semble que ça serait la meilleure solution pour bousiller l’image de marque de ma boite que d’envoyer des mails kifonpeur aux gens qui téléchargent…

D’ailleurs, je suis convaincu que, mis à part une toute petite frange d’irréductibles pirates, les gens qui nous téléchargent ne nous auraient pas acheté de toutes façons… Alors on va voir ça du bon coté : ça fait plus de personnes qui jouent à nos jeux, et ça, c’est cool <img data-src=" />



4 an ou quoi, et pas le moindre email à encadrer <img data-src=" />



Je fais de mon mieux, pourquoi je gagne jamais??!!! <img data-src=" />



<img data-src=" />

Laissez moi entrer, je suis un vrai bad-boy qui tipiak bareback!

<img data-src=" />



“J’aurais voulu être un martyre…” <img data-src=" />

<img data-src=" />




Mireille Imbert Quaretta a en tout cas pris plusieurs fois la température et une chose est sûre : « je ne veux pas dire qu’on nous aime, mais il n’y a plus cette réaction viscérale de rejet de l’institution ».



Si si. S’il n’en reste qu’un, je serais celui là ! <img data-src=" />








poshu a écrit :



Bon, je suis nouveau (moins d’un an) dans l’industrie du jeu vidéo, et je suis dans un studio indé montréalais donc je représente pas la majorité ni même la France, mais il me semble que ça serait la meilleure solution pour bousiller l’image de marque de ma boite que d’envoyer des mails kifonpeur aux gens qui téléchargent…

D’ailleurs, je suis convaincu que, mis à part une toute petite frange d’irréductibles pirates, les gens qui nous téléchargent ne nous auraient pas acheté de toutes façons… Alors on va voir ça du bon coté : ça fait plus de personnes qui jouent à nos jeux, et ça, c’est cool <img data-src=" />





<img data-src=" />









darkbeast a écrit :



surtout qu’une bombasse comme ça qui date de la seconde guerre mondiale, ça peut péter n’importe quand.





<img data-src=" /> C’est pas faut, mieux vaut être équipé ! <img data-src=" />









feuille_de_lune a écrit :



Petite question alakon : Les FAI sont ils indemnisés pour les identifications demandées par l’HADOPI comme il était prévu ? <img data-src=" />



toujours pas…



Fallait pas s’engager dans une voie de garage, c’est pas faute d’avoir prévenu.


ho la photo !

au premier abord on pourrait croire qu’elle fume la pipe <img data-src=" />








Zeurf a écrit :



4 an ou quoi, et pas le moindre email à encadrer <img data-src=" />



Je fais de mon mieux, pourquoi je gagne jamais??!!! <img data-src=" />



<img data-src=" />

Laissez moi entrer, je suis un vrai bad-boy qui tipiak bareback!

<img data-src=" />



“J’aurais voulu être un martyre…” <img data-src=" />

<img data-src=" />







4 sur 4 à l’avoir reçu au taf <img data-src=" />