Une charte pour les photos dans les musées et leur partage en ligne

Une charte pour les photos dans les musées et leur partage en ligne

La Charte Mi Cantare

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Marc Rees

Publié dans

Droit

15/07/2014 5 minutes
29

Une charte pour les photos dans les musées et leur partage en ligne

« Tous photographes ! » C’est par cette interjection que le ministère de la Culture a annoncé voilà quelques jours la signature d’une charte avec l’ensemble des musées et monuments nationaux. L’enjeu ? Faciliter et encadrer la prise de photos dans ces endroits et leur partage sur les réseaux sociaux.

charte photographie musée
Crédits : ministère de la Culture

En février 2012, une lettre ouverte collective demandait au ministre de la Culture d’alors, Frédéric Mitterrand, d’établir des règles pour harmoniser les pratiques photographiques dans les musées. Serge Chaumier (muséologue, professeur des universités), Julien Dorra (OrsayCommons, co-organisateur de Museomix), Bernard Hasquenoph (Louvre pour tous, OrsayCommons), Rémi Mathis (président de Wikimedia France) et Jean-Michel Raingeard, (président de la Fédération Française des Sociétés d’Amis de Musées) invitaient le ministère à lancer un round de réunion avec les musées et le secteur associatif notamment.

Face à l'incompréhension de l'interdiction de la photo dans les musées

La direction générale des patrimoines a donc pris le relais et chapeauté l’élaboration d’une charte avec les acteurs culturels afin de poser « les principales règles du savoir visiter et du partage de la culture à l'heure du numérique ». Aurélie Filippetti a donc annoncé voilà quelques jours la finalisation de ce document : « la pratique photographique et filmique dans les musées et les monuments est devenue un phénomène courant qui trouve souvent son prolongement sur les réseaux sociaux. »

 

Selon la ministre en effet « avec l'émergence du numérique et des nouveaux outils d'information et de communication, l'interdiction de la photographie génère souvent des sentiments d'incompréhension et de frustration. Cependant, cette pratique peut également susciter de multiples conflits avec les équipes d'accueil et de surveillance, voire entre visiteurs - la cohabitation entre « visiteurs-photographes » et ceux qui ne le sont pas s'avère en effet parfois problématique. » Sur les pratiques de certains musées, on pourra voir justement cet article traitant du No Photo au Musée d'Orsay.

Les autres administrations invitées à s'en inspirer

Bref, cette charte intitulée « Tous photographes ! » sera appliquée dans les musées et monuments nationaux « et pourra inspirer les autres établissements culturels » espère la ministre. Elle s’articule en 5 articles :

 

Article 1 : Dès son arrivée, le visiteur désactive son flash et fait en sorte de ne pas gêner les autres visiteurs lorsqu’il photographie ou filme. Des pictogrammes compréhensibles de tous les publics sont installés tout au long du parcours favorisant un confort de visite partagé.

 

Article 2 : Lorsqu’il photographie ou filme, le visiteur veille à ne pas porter atteinte à l’intégrité des œuvres. Le règlement de visite est affiché et les articles concernant la photographie sont disponibles sur simple demande ou téléchargeables. Le visiteur peut partager et diffuser ses photos et ses vidéos, spécialement sur Internet et les réseaux sociaux, dans le cadre de la législation en vigueur.

 

Article 3 : L’établissement met à disposition gratuitement sur son site internet des reproductions numériques de ses collections avec mention claire des conditions d’utilisation conformément à la doctrine du ministère de la Culture et de la Communication en faveur de l’ouverture et du partage des données publiques culturelles. Le visiteur évite de prendre une photographie d’un membre du personnel de l’établissement en tant que sujet principal identifiable sans son autorisation formelle.

 

Article 4 : Une véritable information sur le respect du droit d’auteur et de la vie privée des personnes est disponible sur simple demande ou téléchargeable. Pour une prise de vue nécessitant un matériel supplémentaire, le visiteur doit faire une demande d’autorisation spécifique.

 

Article 5 : Des activités artistiques et culturelles autour de la pratique photographique sont organisées pour tous les publics.

 

Pas le droit d'empêcher la prise de photo du domaine public

Cette charte est moins restrictive que sa version antérieure où le ministre de la Culture n’autorisait les prises de vue que pour « un usage strictement privé ainsi que leurs reproductions ».

 

charte photographie musée

 

Une restriction qui avait fait sursauter le blogueur Lionel Maurel (@Calimaq) : « ce point est compréhensible en ce qui concerne les photographies d’œuvres toujours protégées par le droit d’auteur. En vertu de l’exception de copie privée, consacrée par le Code de Propriété Intellectuelle, un visiteur peut toujours réaliser une photo d’une œuvre, même si elle protégée par un droit d’auteur, à condition qu’il fasse la photo avec son propre matériel et qu’il réserve le cliché à son usage personnel. L’accès aux œuvres exposées dans un musée constitue bien "une source licite" au sens du CPI. Mais cette même recommandation devient hautement problématique en ce qui concerne les œuvres appartenant au domaine public. Rien ne s’oppose à ce qu’un visiteur non seulement prenne en photo une œuvre du domaine public, mais aussi la rediffuse publiquement y compris sur Internet, ou en fasse un usage collectif (pédagogique par exemple), ou même commercial ».

 

Celui-ci aurait alors préféré que le document dise noir sur blanc que « les établissements n’ont en réalité PAS LE DROIT d’empêcher les visiteurs ni de prendre en photo des œuvres du domaine public, ni de partager ensuite les clichés… ».

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Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Face à l'incompréhension de l'interdiction de la photo dans les musées

Les autres administrations invitées à s'en inspirer

Pas le droit d'empêcher la prise de photo du domaine public

Commentaires (29)


J’ai jamais vraiemnt compris le concept de prendre en photo une toile, la photo sera forcément moyenne (voire pourrie) mieux vaut profiter de l’instant et les consulter sur internet (sur la toile <img data-src=" /> )en bonne qualité (ou acheter un bouquin à la sortie)…


En lisant la charte on a l’impression de beaucoup de limitation et pas beaucoup d’autorisation. Formé les guides aurait été pas mal aussi ;)


En fait, c’est comme avant. Vu que les photos que mettront les musées des oeuvres seront elles soumises à des droits, et qu”il ne sera pas possible de prendre des photos des oeuvres avec un matériel capable d’atteindre une qualité suffisante pour en faire une vrai utilisation derrière, on retombe dans exactement le même schéma.


ça ressemble au logo de picasa <img data-src=" />

compression toute pourrie <img data-src=" />








mimoza a écrit :



En lisant la charte on a l’impression de beaucoup de limitation et pas beaucoup d’autorisation. Formé les guides aurait été pas mal aussi ;)









Dez a écrit :



En fait, c’est comme avant. Vu que les photos que mettront les musées des oeuvres seront elles soumises à des droits, et qu”il ne sera pas possible de prendre des photos des oeuvres avec un matériel capable d’atteindre une qualité suffisante pour en faire une vrai utilisation derrière, on retombe dans exactement le même schéma.







Exactement. Ca fait genre on a tout changé, alors qu’en fait ils ont juste rédigé une charte pour faire croire que la situation a évolué….









eliumnick a écrit :



Exactement. Ca fait genre on a tout changé, alors qu’en fait ils ont juste rédigé une charte pour faire croire que la situation a évolué….







Je me demande ce que tu peux ne pas comprendre dans l’idée d’encadrer une pratique.



Heu je ne vois rien qui interdit de prendre une photo “avec un matériel capable d’atteindre une qualité suffisante pour en faire une vrai utilisation derrière”








seboquoi a écrit :



Je me demande ce que tu peux ne pas comprendre dans l’idée d’encadrer une pratique.







Je me demande à quoi sert ton commentaire…. J’crois qu’on peut aller hyper loin ^^









snowers a écrit :



Heu je ne vois rien qui interdit de prendre une photo “avec un matériel capable d’atteindre une qualité suffisante pour en faire une vrai utilisation derrière”





euh pour la joconde (jamais vu en vrai) ça doit être un peu compliquer avec les visiteurs , les doigts gras sur la vitre de protections les reflets …..



Cette disposition n’est pas en raccord avec le peu que j’ai entendu sur le droit à l’image.



Les œuvres exposées sont-elles photographiables puis publiables sur le net légalement? Et l’environnement, le musée, est-il aussi dans ce cas?


Non, le problème ne se situe pas dans l’autorisation ou non de la prise de vue (qui est un faux débat : il ne peut y avoir interdiction vis-à-vis de l’oeuvre, uniquement par des biais environnementaux.)



Le soucis se situe dans la diffusion d’oeuvres appartenant au domaine public… mais dont toutes les reproductions numériques de qualité sont elles verrouillées par les droits d’auteurs (du photographe, ou des ayants droits si le photographe a cédé les siens).



Prendre une photo à l’arrache avec son APN d’une toile (même de qualité) on ne va pas aller très loin. Entre l’éclairage qui n’est pas du tout adapté à la photo, les déformations si on ne prends pas l’angle parfait & co, on n’en fini pas.

Et d’ailleurs le but c’est de ne pas faire que tout un chacun puisse prendre ce genre de photo (ça n’est pas envisageable non pus), mais c’est que l’utilisation des images produites soit très limité.



Quelque part, c’est “normal” dans le sens ou il s’agit d’un travail pour pour le photographe. Ca ne s’improvise pas.

La vrai question, ça serait plutôt du financement de ce genre de travail de manière à publier librement les images derrière. Ca serait une utilisation nettement plus intéressante à mon goût que de financer je ne sais quoi avec le budget de la culture.



M’enfin.








monpci a écrit :



euh pour la joconde (jamais vu en vrai) ça doit être un peu compliquer avec les visiteurs , les doigts gras sur la vitre de protections les reflets …..







La joconde est un cas à part vu qu’elle effectivement sous verre. Mais la plupart des autres œuvres dans le Louvre ( Comme dans la plupart des grands musées) sont facilement photographiables dans de bonnes conditions. Un trépied plus un appareil photo numérique récent permettent d’avoir des images de très bonnes qualités, largement exploitables.



Justement, cf. article 4 :





Article 4 : (…) Pour une prise de vue nécessitant un matériel supplémentaire, le visiteur doit faire une demande d’autorisation spécifique.





Je te laisse deviner comment est considéré le trepied dans un musée…

Et qu’est-ce que tu appelles exploitable ?

Un tirage à 1:1 ?








Dez a écrit :



Justement, cf. article 4 :







Je te laisse deviner comment est considéré le trepied dans un musée…

Et qu’est-ce que tu appelles exploitable ?

Un tirage à 1:1 ?







<img data-src=" />





Paolo CALIARI, dit VÉRONÈSE (Vérone, 1528 - Venise, 1588)

Les Noces de Cana

1563

H. : 6,77 m. ; L. : 9,94 m.

Entré au Louvre en 1798



pour le tirage 1:1 techniquement ça doit être faisable pour l’exposer c’est tout de suite un peu plus dur



Faut aussi appliquer ce droit aux concerts car c’est n’importe quoi dans les concerts : avec un téléphone on peut filmer et photographier mais pas avec un caméscope ou un appareil photo. J’en connais plein qui ont acheté des Galaxy Zoom à cause de ça.


A quand la taxe copie privée sur les appareils photos ?








brichmarsa a écrit :



A quand la taxe copie privée sur les appareils photos ?







Elle est sur les carte SD etc… donc oui elle existe <img data-src=" />



Par contre c’est quand même un pas en avant, sachant que pas mal de musée interdisait l’usage d’un appareil photo ! <img data-src=" />





  • j’aurais bien aimé prendre la guillotine lorsqu’elle était exposée au musée du quai d’Orsay <img data-src=" />









monpci a écrit :



euh pour la joconde (jamais vu en vrai) ça doit être un peu compliquer avec les visiteurs , les doigts gras sur la vitre de protections les reflets …..







en plus de la vitre (blindé) il y a un garde (enfin à ma dernière visite il y a 15ans il y en avait un…)… donc avant d’avoir des traces de doigts sur la vitre les proprios desdits doigts auront goûtés à du tazer je pense <img data-src=" />



après le frein sur les œuvres d’arts sous verres ce sont les reflets, mais un bon filtre CPL et zou on y pense plus <img data-src=" />



A quand une charte interdisant les selfies devant les monuments, pour éviter de me retrouver avec des inconnus sur mes photos ? (parce que oui, je photographie le monument, au lieu de moi devant le monument, je sais c’est absurde de garder un souvenir de sa visite plutôt que sa gueule)








snowers a écrit :



Heu je ne vois rien qui interdit de prendre une photo “avec un matériel capable d’atteindre une qualité suffisante pour en faire une vrai utilisation derrière”







L’éclairage! Selon les lieux, les heures, tu auras toujours des reflets gênants. Pour les œuvres sous verre, même un filtre polarisant ne sera pas satisfaisant. Bien entendu cala varie en fonction des lieux, une grande baie vitrée et un ciel couvert te donnera une lumière diffuse idéale, mais c’est assez rare.



Quand a trouver des sources de qualité (prise de vue / définition / compression) sur le net, c’est loin d’être évidant









whiterbt a écrit :



Elle est sur les carte SD etc… donc oui elle existe <img data-src=" />



Par contre c’est quand même un pas en avant, sachant que pas mal de musée interdisait l’usage d’un appareil photo ! <img data-src=" />





  • j’aurais bien aimé prendre la guillotine lorsqu’elle était exposée au musée du quai d’Orsay <img data-src=" />





    Oui elle existe mais m’étonnerait que les musées fassent partis des ayants droits. J’aurais du préciser une taxe copie privée dédiée à ces “propriétaires” des monuments et oeuvres d’arts exposées.









monpci a écrit :



Paolo CALIARI, dit VÉRONÈSE (Vérone, 1528 - Venise, 1588)

Les Noces de Cana

1563

H. : 6,77 m. ; L. : 9,94 m.

Entré au Louvre en 1798





Tiens,c’est marrant. Je pensais que la Cène de de Vinci était plus grande. (Mais non, 460 × 880 cm). Faut dire que l’on ne peut pas prendre beaucoup de recul à cause de la Joconde ;-)



Ce sous titre <img data-src=" /> <img data-src=" />








Franchois a écrit :



J’ai jamais vraiemnt compris le concept de prendre en photo une toile, la photo sera forcément moyenne (voire pourrie) mieux vaut profiter de l’instant et les consulter sur internet (sur la toile <img data-src=" /> )en bonne qualité (ou acheter un bouquin à la sortie)…





Je suis bien d’accord <img data-src=" /> .



Surtout quand tu vois la qualité moyenne avec un mobile (cas de 95 % des gens qui photographient) ou un compact, vu la luminosité pas énorme. Le souci des photos dans les musées, c’est aussi tous les bêtas qui ne savent pas (ou ne pensent pas à) désactiver le flash, il n’y a à qu’à voir dans un stade de foot ceux qui prennent des photos (dans les temps en tous cas), d’où la règle qui est en numéro 1.



Cela dit c’est facile de prendre en douce une photo avec son mobile, j’ai déjà fait de temps à autres, et j’ai l’entrainement pour être bien en face et figer au max pour que ce soit net.



Le truc qui me fait “LOLer” aussi ce sont les gens qui filment le feu d’artifice avec leur mobile… Le truc qui se regardent en direct par excellence (ou alors en HD, j’avoue que sur France 2 HD lundi soir celui du Champ de Mars rendait pas mal du tout - NB : je l’ai souvent vu en vrai, mais pas lundi donc).









Mearwen a écrit :



La joconde est un cas à part vu qu’elle effectivement sous verre. Mais la plupart des autres œuvres dans le Louvre ( Comme dans la plupart des grands musées) sont facilement photographiables dans de bonnes conditions. Un trépied plus un appareil photo numérique récent permettent d’avoir des images de très bonnes qualités, largement exploitables.





On ne doit pas visiter les mêmes endroits.

Je me suis toujours fait jeter avec mon trépied (confiscation toussa) même en expliquant que c’est plus le lieu que je photographie, et que je dégrade moins les lieux que le kéké d’à côté qui prend une photo avec son iPhone avec le flash parce qu’il ne sait pas le désactiver et qu’il pense éclairer toute une chapelle avec, et du touriste à côté qui ennuie tout le monde en prenant en photo un truc situé à 20m avec son iPad comme ça il empêche 10 personne de voir…



Une seule fois je suis passé entre les gouttes, dans un château en Angleterre…



Au bout de dix minutes, 2 gardes équipés de hallebarde m’ont demandé de replier mon trépied… J’ai même pas discuté :)

J’ai au moins pu faire une petite photo en hdr du plafond 100% doré et non éclairé.









monpci a écrit :



ça ressemble au logo de picasa <img data-src=" />

compression toute pourrie <img data-src=" />





Ça vient du ministère de la Culture, faut pas trop leur en demander niveau informatique, OH WAIT.









monpci a écrit :



ça ressemble au logo de picasa <img data-src=" />

compression toute pourrie <img data-src=" />





Ben en même temps il fallait un document qui reste ludique (couleurs vives) tout en ciblant la photo (document arrangé sous la forme d’un diaphragme*) donc la ressemblance avec Picasa s’arrête là, ils n’ont pas inventé l’obturateur ni les couleurs attirantes…



* -le premier qui fait une allusion à la news avec le jap….<img data-src=" />-



Vivement qu’ils s’occupent enfin de la liberté de panorama. La situation dans le monde, ainsi qu’un article du blog de Wikimedia France sur le sujet.


Moi je trouve ça génial, rien que pour ne pas se faire sauter dessus par un gardien alors qu’on veut juste prendre en photo le panneau descriptif d’une oeuvre pour rechercher plus d’informations dessus plus tard (vécu)