Un récent rapport sénatorial vient d’apporter un soutien de poids au développement des logiciels libres en France. Il y est en effet préconisé d’encourager le déploiement de ces programmes dont l'étude, la reproduction et la modification est autorisée, et ce à la fois « par leur intégration dans les marchés publics et par l’imposition de standards ouverts ». Ce coup d’accélérateur pourrait avoir lieu à condition toutefois « de développer les compétences pour l’utilisation de ces logiciels et standards ».
La semaine dernière, la sénatrice Catherine Morin-Desailly a présenté un volumineux rapport parlementaire relatif à la gouvernance mondiale de l'internet. S’il y est sans surprise question de gestion des noms de domaine (notamment au travers de l’ICANN), de neutralité des réseaux ou bien encore de protection des données personnelles, on y découvre également une partie consacrée aux logiciels libres - qui, à la différence des logiciels propriétaires tels que OSX ou Microsoft Office, peuvent être modifiés ou reproduit légalement. Aux yeux de l’auteur de ce document, qui se présente comme le fruit de dizaines d’auditions organisées depuis l’année dernière au Palais du Luxembourg, il s’agit en effet d’un des pans de la stratégie industrielle que devrait soutenir l’Europe afin de mieux maîtriser les données de ses citoyens.
Le « succès » du logiciel libre en France
La centriste fait d’ailleurs un bilan relativement positif de la situation du « libre » au sein de l’économie française. Catherine Morin-Desailly observe en effet que « d’un niveau de qualité et de fiabilité en progression constante, les logiciels libres ont intégré, ces dernières années, les systèmes d’information de nombreuses entreprises » mais également d’administrations - à l'image de la gendarmerie nationale. La France figure même « parmi les pays les plus en pointe dans le domaine du logiciel libre » selon l’élue. Cette dernière énumère ainsi les clés d'un tel « succès » :
- « il est source d’économies et de compétitivité », même si logiciel libre ne signifie pas logiciel gratuit, rappelons-le,
- « il permet de réduire la dépendance, stratégique et économique, de la France vis-à-vis de fournisseurs étrangers »,
- « il est plus protecteur en termes de sécurité ».
Dans la droite lignée de Jérémie Zimmermann, l’ancien porte-parole de La Quadrature du Net (qui a été auditionné dans le cadre des travaux préparatifs à ce rapport), Catherine Morin-Desailly conclut qu’il faut « promouvoir l’open source et les logiciels libres ». D'après le rapport de la sénatrice, notre pays dispose « d’importantes ressources et compétences dans le domaine du logiciel libre, qu’il lui faut aujourd’hui pousser davantage pour maintenir et conforter cet atout économique autant que stratégique ».
L'élue plaide pour davantage de logiciels libres au sein de l'administration
Comment ? En assurant « la promotion de leur recours et de leur usage dans les entreprises et les administrations nationales et communautaires ». Plus concrètement, la sénatrice estime qu’au niveau de l’État, il serait possible d’imposer « une préférence pour les logiciels libres dans les procédures d’appel d’offre des achats publics ». Une telle priorité a d’ailleurs déjà été accordée l’année dernière pour tout ce qui concerne l’enseignement supérieur. Le gouvernement a cependant refusé d’en faire de même s’agissant de l’Éducation nationale (écoles, collèges, lycées).
D’une manière plus générale, Catherine Morin-Desailly estime qu’il faut aujourd’hui « favoriser une migration progressive d’une partie croissante [du parc informatique de l’administration] vers les logiciels libres ».
La parlementaire affirme également qu’il serait « de bonne politique d’encourager l’usage des logiciels libres dans les enseignements informatiques ». Une préconisation qui arrive alors que la question de l’apprentissage du code informatique est revenue de manière insistante dans le débat public ces dernières semaines. « Basé sur l’ouverture et la collaboration, valeurs en phase avec la démarche scientifique, le logiciel libre peut être étudié librement de droits. Et la formation supérieure aux méthodes de création de logiciels libres peut conduire à d’importants débouchés professionnels » relève Catherine Morin-Desailly.
Un appel à la prudence
Pour autant, la centriste considère qu’il faut malgré tout rester prudent. Catherine Morin-Desailly estime en effet qu’il ne faut pas non plus voir dans le logiciel libre une « solution miraculeuse ». « En ce sens, la publication du code source, qui caractérise le logiciel libre, le rend davantage susceptible de modifications pouvant le corrompre, en même temps qu’elle permet également de les repérer et corriger plus facilement » explique-t-elle. L’élue note également que tout n’est pas forcément cloisonné, dans la mesure où certains « grands groupes participent fréquemment à la mise au point de logiciels libres : IBM a largement contribué à la création du système d’exploitation GNU/Linux, tandis que le système Androïd est la propriété de Google ».
Commentaires (77)
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je ne peux que lui souhaiter bonne chance.
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Le dernier paragraphe est symptomatique d’un analyste néophyte, car la promotion du “libre” se fait au détriment du “propriétaire” or, là, l’utilisateur final ne dispose d’aucun moyen de contrôle sur l’intégrité du code fourni; autant dire que si un excès de confiance dans le cas du libre serait à proscrire où se trouve la zone d’appréciation et de censure dans le cas du logiciel propriétaire?
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J’apprécie cette analyse modérée qui précise que le libre n’est pas une solution miraculeuse.
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Ne pas oublier que l’un des grands pontes de ‘l’ UDI est André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux. Le fait de rester en apparence prudent n’est pas étranger à la présence de Microsoft dans cette ville. " />
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Quand bien même la migration de solution propriétaires vers du libre ne permet pas de gagner un centime, et meme si ces migration coute plus cher, le bilan sera toujours positif.
Ces millions de licences vont directement à des grandes multi-nationales principalement américaine qui emploient peu en france et n’y paient pas d’impôt.
Le cas de la ville de Munich qui a économisé 30% de son budget IT en passant au libre le démontre. non seulement les économies sont énormes mais le budget est redistribué auprès d’entreprises locales.
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Beaucoup de bruit pour le libre mais dans le fond :
ces programmes dont l’étude, la reproduction et la modification est autorisée
Il y a tant de sociétés en accord avec ce fait??
Par les temps qui courent j’en ai pas l’impression. Dans le domaine de la recherche et des études c’est très certainement adapté pour le monde universitaire, mais dès que l’on arrive sur le plan privé, je vois pas comment par exemple lors d’un appel d’offre les concurrents aimeraient voir leur code repris par d’autres en compétitions avec eux…
je ne saisis peut être pas bien le truc. " />
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Je crains l’énième avancée en faveur du libre… avant une rétractation et la signature d’un contrat avec Micro$oft…
Le rapport incite à “encourager l’usage des logiciels libres dans l’enseignement informatique” mais le chemin est long : j’enseigne en lycée professionnel et, bien que Open/LibreOffice est supposé être installé sur tous les postes, je fais face au refus total de la part de mes collègues qui enseignent l’informatique en tertiaire (secrétariat, compta, etc.), et même à la réticence des administrateurs, à installer et utiliser la suite libre…
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Une distribution linux n’est pas plus compliquée à utiliser qu’une Windows SI ELLE EST INCLUSE LORS DE L’ACHAT DU PC.
Je pense que la situation de monopole de Microsoft pousse les boîtes à réaliser du matos compatible Win sans se poser de question sur les autres OS. Tient parlons de l’UEFI et de la clé logicielle intégrée…
C’est le libre qui a inventé tout un tas de choses qui sont aujourd’hui utilisées en masse, et la plupart des algorythmes sont conçus dans le milieu universitaire.
Les logiciels propriétaires ne se privent pas pour repomper du libre, sans le libre je ne pense pas que nous aurions connus la révolution de ces dernières années.
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« une préférence pour les logiciels libres dans les procédures d’appel d’offre des achats publics ». Une telle priorité a d’ailleurs déjà été accordée l’année dernière pour tout ce qui concerne l’enseignement supérieur. Le gouvernement a cependant refusé d’en faire de même s’agissant de l’Éducation nationale (écoles, collèges, lycées).
… eh c’est normale !
Une fois que l’on est dans l’enseignement supérieur le lavage des cerveaux a déjà porté ses fruits (on sait faire du word de l’excel …. alors pourquoi apprendre un traitement de texte , un tableur ??? )…. alors qu’imposé le libre à l’éducation national … eh bien exit Winaube …
enfin je vais pas vous faire un dessin.
ces gens sont des pures vicelards … des dealer en sommes.
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Conclusion très simple : le libre n’ est pas adapté à certains marchés, et le propriétaire même chose.
Et les utopistes s’ imaginent que le libre est la solution à toute cette jalousie maladive de l’ argent qui va chez l’ un ou l’ autre des monopolistes logiciels.
Après le monopole des logiciels le monopole des services.
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Pour tous ceux qui se posent des questions sur le modèle économique d’une entreprise qui fait du logiciel libre, j’ai leur recommande d’aller voir les services que propose sensiolabs.
Pour info, c’est une entreprise française qui a crée le framework PHP symfony, très largement utilisé dans le domaine du web. Et ils vivent très bien.
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Je pense que le gros frein actuel pour passer sur du Linux chez les grosses entreprise, c’est qu’un jours, elles ont fait le choix de Windows. A partir de là, elles ont (fait) développé les logiciels ultras spécifiques dont elles avaient besoins pour windows.
Si demain elles veulent passer sur du libre, elles doivent refaire développer tous ces logiciels. Ça a un coup en argent et en temps conséquent. C’est un des problème qu’il y a eu avait l’arrêt du support de XP.
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IBM a largement contribué à la création du système d’exploitation GNU/Linux
Personne n’a relevé?
Sans doute pour les locaux et le matos de l’université, sinon, c’est la nuit, parfois en passant par le plafond, en créant des mots de passe ou en les volant qu’rms a réussi à coder GNU. La “contribution” d’IBM a plus été des bâtons dans les roues qu’autre chose.
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Bonjour,
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