La Russie a fait un pas de plus vers le contrôle des données personnelles confiées par les internautes aux réseaux sociaux. La Douma d’État, chambre basse du pays, a en effet adopté un texte qui prévoit que les entreprises du cloud stockent les données relatives aux utilisateurs russes à l’intérieur des frontières.
La Russie veut que les entreprises du cloud disposent d'un stockage local
En avril dernier, un signal fort était envoyé par la Russie aux entreprises du cloud, et plus particulièrement aux réseaux sociaux. Devant les problématiques de sécurité liées à la concentration des données, le pays souhaitait obliger les sociétés à disposer de serveurs locaux pour y stocker les informations relatives aux utilisateurs russes.
Les raisons réelles qui pouvaient pousser la Russie à procéder ainsi étaient potentiellement nombreuses. Cependant, il était facile d’imaginer que le pays rêvait d’une infrastructure similaire à celle de la Chine, et préparait le terrain juridique qui lui permettrait d’accéder plus facilement aux données des internautes. En avril, le projet visait à obliger les entreprises à disposer d’une copie locale, mais le texte s’est entre temps renforcé.
S'adapter ou partir
Dans la version votée dans la nuit de lundi à mardi par la Douma d’État (équivalent de notre Assemblée nationale), le projet de loi prévoit que les entreprises étrangères devront obligatoirement installer des serveurs au sein des frontières russes pour y stocker l’intégralité des informations relatives aux utilisateurs russes. Si les entreprises souhaitent faire sortir ces données du pays, par exemple pour communiquer avec les serveurs américains, elles devront offrir des garanties de copies locales des données.
Si les sociétés telles que Facebook, Microsoft, Google, Apple ou encore Twitter venaient à ne pas remplir ces conditions, le Roskomnadzor, l’agence nationale des télécommunications, pourrait tout simplement en interdire l’accès. Et les entreprises concernées n’auront guère de temps pour s’adapter si la loi devait être adoptée puisqu’elle prévoit une mise en application pour septembre 2016, ce qui laisserait environ deux ans pour mettre en place les infrastructures suffisantes ou quitter le pays.
L’opération se révélerait évidemment coûteuse, la Russie possédant actuellement environ 145 millions d’habitants. La question est donc de savoir si Facebook, Google et les autres pourraient laisser s’échapper ce marché ou si elles sont prêtes à un investissement lourd et à un temps d’installation très court pour rester en place. Évidemment, l’aspect commercial est loin d’être le seul à entrer en jeu.
De potentiels imbroglios juridiques internationaux
Il est difficile en effet d’oublier que la Russie est le pays qui a accordé l’asile politique à Edward Snowden, dont les documents dérobés à la NSA ont laissé un sillage massif de scandales dans le domaine de l’espionnage et de la surveillance. Le pays est sans doute bien placé désormais pour savoir quelles sont les mesures à adopter pour mettre en place un certain protectionnisme numérique. Il serait sans doute impossible de forcer les entreprises à ne stocker que localement les données, alors pourquoi pas les obliger à laisser des copies sur place ?
En outre, ce type de mesure pourrait créer des imbroglios juridiques autour de certaines enquêtes. On rappellera ici le combat que mène Microsoft contre un juge de New York ayant demandé à la firme de lui remettre les données d’un utilisateur stockées dans un serveur en Irlande. La situation est déjà complexe avec l'Irlande, mais que se passerait-il si un autre juge réclamait des données stockées en Russie, avec qui les tensions sont actuellement vives ?
Un contrôle plus serré de la liberté d'expression
Soulignons également que le projet de loi prévoit un contrôle plus strict des médias et des blogs. Pour ces derniers par exemple, toute fréquentation passant le cap des 3 000 visiteurs uniques par jour devra se déclarer au Roskomnadzor. Là encore, le stockage des données est important car ils devront garantir leur conservation pour une durée minimale de six mois.
Les blogs, sous peine d’amende, devront en outre vérifier l’exactitude des informations : insultes, opinions extrêmes, secrets d’État et diffamation y seront totalement interdits. Pour Reporters Sans Frontières, le danger réside essentiellement dans le contrôle des opinions, en pleine crise de l’Ukraine : « Ce sera le premier [...] pas pour atteindre le but de cette législation liberticide : restreindre les communications non contrôlées et la critique des autorités ».
On notera que, comme en France et dans beaucoup d’autres pays, le projet de loi voté par la chambre basse doit encore passer par la chambre haute, le Conseil de la Fédération. Similairement au Sénat, le texte pourrait encore être remanié par de nombreux amendements, soit pour en gommer certains aspects, soit au contraire pour les renforcer.
Commentaires (89)
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Si ils tiennent tant que ça à revenir à l’époque des tsars, ils peuvent couper internet aussi " />
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Et bien ça commence a chauffer partout.
On va bien finir par avoir trois block comme dans 1984.
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Les restrictions en terme de stockage de données ne me paraissent pas si absurdes que ça. Les sociétés concernées sont Facebook, Microsoft, Google, Apple ou Twitter, toutes américaines, et on sait maintenant que leurs données sont espionnées à grand débit et de manière routinière par la NSA et avec leur collaboration. Une mesure de protection des intérêts russes. A mon humble avis on devrait faire pareil …
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Oui enfin, c’est aussi la Russie qui a adopté hier des lois qui interdisent aux femmes de moins de 40 ans de fumer ou encore interdisant la vente de sous vêtements en fibre non naturelle (acrylique), vont être chouette les maillots de bain en coton ou en peau de yack.
Bref, il y a tout qui craint dans ce pays, sauf la démagogie de comptoir.
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mouais, les russes font un truc qui aurait pu etre différent… si ils enlèvent le concept de safe harbor comme on devrait faire ici et obligent a garder des serveurs locaux, alors la c’est carré… mais la c’est super visible et vraiment pas citizen friendly…
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Les entreprises citées (facebook, google etc) peuvent se demander si l’investissement en vaut le coup en sachant que ce n’est qu’un premier pas et que d’autres mesures plus dures peuvent arriver, avec des emmerdes administrativo-juridiques à la clé (qui a parlé de bakchich ? ) .
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L’Irlande ne fait pas partie du Royaume-Uni, l’Irlande du Nord oui…
Donc pas de problème de 5-yeux…
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Éviter de stocker ses données dans une filiale de la NSA c’est avant tout du bon sens.
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ça y est les troll commence a arriver
on attends toujours un post comportant le nom et ou prenom d’une star française ayant fait un détour vers la Russie et qui interprète à merveille le rôle d’obelix
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Bientôt, ils vont les stocker directement dans les bureaux du KGB…
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Faut arrêté de cracher sur la Russie à tout bout de champ… La propagande euro-américaine à l’air de fonctionner.. Le plus marrant dans tout ça c’est que les américains font pareil mais à une plus grande échelle, et eux, tout le monde sans fou j’ai l’impression ! C’est bien, on a eu les révélations Snowden et après ? On a noyé le poisson ? Y-a-t-il eu des mesures prisent contre l’espionnage de masse des populations ? Non il me semble. D’ailleurs les raisons citées dans cette article ou par les très objectifs Reporter Sans Frontière pour laquelle la Russie fait ce qu’ils font ne sont même pas sûr. Il peut y en avoir des tonnes de raisons.. On le sait très bien que Poutine et Obama ne peuvent pas se voir donc les manipulations qui vont avec pour faire tord à l’autre, on connait. Tout ça est un climat de Guerre Froide 2.0.
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La situation est déjà complexe alors que l’Irlande fait partie du Royaume-Uni,
HUH ? Oo
Z’allez avoir des problèmes vous " /> Ya pas confusion avec l’Irlande du Nord ??
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Moi je trouve qu’ils on les couille de dire stop.
Vous trouvez ca normal qu’en cliquant sur “j’accepte” sur faceprout et autres, que vous ne pourrez les poursuivre que devant la justice californienne ? et qu’on est protégé non plus par nos normes européennes mais par celles US?
pourtant, on tape bien .fr en s’inscrivant ?
Si seulement en europe on était moins cons.
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Tant qu’on a les vidéos des caméras des bagnoles russes, tout va bien.
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Je pense que c’est (aussi) un moyen de faire chier les ricains." />
On assiste bel et bien à une guerre froide.
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l’Irlande fait partie du Royaume-Uni
Surtout ne pas dire ça aux Irlandais, ils n’apprécieraient sans doute pas, vu que l’Irlande est indépendante du Royaume-Uni depuis de début des années 1920.
Edit :
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Dommage que Diaspora n’ai pas fonctionné.
C’est un peu la seule vraie solution non ? Que la données de l’utilisateur reste chez l’utilisateur (ou dans le groupe d’utilisateur).
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Maintenant, j’attends le “La Russie l’a fait, pourquoi pas nous ?” d’un de nos élus (on peut plus parler de représentants parce qu’ils ont arrêté de nous représenter depuis bien longtemps). Ça irait bien à Montebourg, il est plus à une connerie près celui-là maintenant.
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Roskomnadzor
Kamoulox !!
Conseil de la Fédération
Star Wars donne des idées !
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il faut savoir ce qu’on veut :
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VladKGB, your VK statut has been updated : you’re now friend with KimNC " />
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Poutine, aka un des rares qui ne se mets pas à quatre patte à la moindre demande des états-unis est logiquement le diable, le grand méchant… sauf que le monsieur est largement supporté par la population russe… on peut difficilement en dire autant vers chez nous…
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Mise à jour : …
Et évidemment ils n’auront pas burnes de refuser… ce sont pourtant des entreprises dont le siège est dans le payes de la statue de la liberté non ?
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Hey, au risque de passé pour un con, je suis assez d’accord avec les Russes au final.
Si les gouvernements sont pas capables de se retenir d’espionner dès qu’ils en ont l’occasion, faut bien trouver un moyen de limiter les occasions…
C’est peut être stupide du point de vue Internet, mais ça me semble être la meilleur réponse qui a été faite à ce jour contre les révélations de Snowden.
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Très bonne nouvelle." />
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Moi, je trouve que les russes ont le droit d’en savoir autant que la NSA " />
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Le coup est beaucoup plus subtil, et ce n’est surement pas pour pouvoir “espionner” en paix, il serait naïf d’imaginer que le FSB ai attendu cette occasion pour faire son travail. Non ce qui est en jeu ici, ce n’est pas le contenu qui importe mais le fait qu’il soit toujours disponible, en toute condition.
C’est un élément, et une conséquence, du jeu diplomatique, dont on a vu ces derniers mois les développements dans l’affaire ukrainienne. Ici, on souhaite se protéger d’un embargo numérique, à l’iranienne, qui pourrait survenir demain sur la simple requête d’un député US.
Imposer des serveurs sur le sol russe permet (mais simplement en théorie) de conserver une certaine continuité de fonctionnement en cas de possibles “sanctions” extérieures, donc de se protéger et de son application et de la menace. Fixer des sociétés américaines et leurs intérêts sur le sol russe rend l’obligation d’un accord indispensable plutôt qu’accessoire, et le coup le plus fin est bien finalement la, il crée une force d’opposition au sein même de l’appareil de son adversaire.
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un texte qui prévoit que les entreprises du cloud stockent les données relatives aux utilisateurs russes à l’intérieur des frontières.
Décision qui ramène le nébuleux concept vendeur de “cloud” à la simple définition d’un banal “datacenter”. C’est les marketeux qui vont pas être content.
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Si tu es une
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