La justice US accepte qu’un FAI livre ses données sur la riposte graduée

La justice US accepte qu’un FAI livre ses données sur la riposte graduée

Alerte à Malibu

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

04/07/2014 4 minutes
29

La justice US accepte qu’un FAI livre ses données sur la riposte graduée

Aux États-Unis, la justice vient d’ordonner à un FAI de livrer à un ayant droit des informations concernant une de ses abonnées, qu’il détenait au titre de la riposte graduée. Ces informations pourraient très probablablement être utilisées dans le cadre d’un procès à l’encontre de la cliente mise en cause. Explications. 

Marteau Justice Loi
Crédits : Alan Crosthwaite/iStock/Thinkstock

Depuis février 2013, un dispositif de riposte graduée est à l’œuvre aux États-Unis. Avec une différence de taille par rapport à notre Hadopi : le mécanisme ne fait intervenir à aucun moment la puissance publique. Le tout a en effet été conçu d’un commun accord entre les principaux fournisseurs d’accès à Internet du pays et différentes organisations d’ayants droit. De ce fait, il n’est aucunement question de sanctions judiciaires (de type amende) à la fin du processus. Si l’abonné continue d’être accusé de téléchargements illicites suite à plusieurs avertissements, il peut « simplement » être redirigé vers une page aux vertus pédagogiques, voir son débit réduit temporairement, etc.

Malibu Media lorgne sur les données issues de la riposte graduée 

Pourtant, une brèche pourrait bien avoir été ouverte il y a peu. La société de production de films pornographiques Malibu Media, coutumière des procès de masse à l’encontre d’abonnés accusés d’avoir téléchargé illégalement des films X en peer-to-peer, s’est en effet tournée vers les tribunaux afin de savoir si l’une des adresses IP qu’elle avait flashée n’avait pas déjà été repérée dans le cadre de la riposte graduée. Et étant donné que cette information est détenue par l’opérateur Comcast, la société a demandé à la justice d’ordonner au FAI qu’il lui livre ses données.

 

Autrement dit, Malibu Media souhaitait savoir si l’abonnée avait déjà reçu des avertissements, et si oui, combien, à quel moment et pour quelles oeuvres. Mais ce n’est pas tout. La société demandait également à avoir accès aux usages de bande passante de la personne mise en cause. Pourquoi ? Parce que toutes ces informations « pourraient prouver qu’il y a eu infraction ou signifier que l’atteinte [au copyright, ndlr] a toujours lieu, voire les deux », affirmait Malibu Media dans sa requête, qui date de mai dernier. « Les personnes qui utilisent beaucoup BitTorrent ont une bande passante significativement plus importante que celle des internautes normaux » faisait au passage valoir l’organisation.

La justice accède à la requête du « copyright troll  »

Résultat de la procédure : Malibu Media a obtenu gain de cause la semaine dernière devant une juridiction de l’Indiana, comme le signale ArsTechnica. Nos confrères notent qu’il s’agit vraisemblablement d’une première. Comcast devra donc divulguer au plus célèbre « copyright troll » des États-Unis ces données concernant cette cliente. Toutefois, TorrentFreak estime qu’au regard de la sensibilité du dossier, l’opérateur pourrait faire appel de la décision. Pour l’heure, rien n’a cependant été officiellement annoncé en ce sens.

 

L’objectif de la requête de Malibu Media était loin d’être anodin, puisqu’il s’agissait à l’évidence de glaner un maximum d’éléments à charge dans l’éventualité d’un procès contre l’abonnée mise en cause. Bien souvent, l’entreprise propose des arrangements « à l’amiable » avec les personnes qui se trouvent dans son collimateur, et qui se monnayent régulièrement plusieurs milliers de dollars.  

Écrit par Xavier Berne

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Sommaire de l'article

Introduction

Malibu Media lorgne sur les données issues de la riposte graduée 

La justice accède à la requête du « copyright troll  »

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Commentaires (29)


A peine prévisible ^^ d’ailleurs il me semble que PCI l’avait prédit mais la flemme de chercher l’article ^^








eliumnick a écrit :



A peine prévisible ^^ d’ailleurs il me semble que PCI l’avait prédit mais la flemme de chercher l’article ^^





Celui qui est linké dans la news peut-être ? <img data-src=" />





Les personnes qui utilisent beaucoup BitTorrent ont une bande passante significativement plus importante que celle des internautes normaux





Donc en gros : internet en illimité mais il ne faut surtout pas s’en servir sinon on est “suspect” de pirato-pédo-nazi-térrorisme. <img data-src=" />


Les darknets ont un grand avenir devant eux…



En attendant, VPN server et seedbox !


Prochaine étape : chaque année, toutes les données de connexions sont envoyées à la police, aux impôts, et à toute personne/entité désireuse de vérifier qu’aucune infraction n’a été commise par le propriétaire de la ligne <img data-src=" />




Mais ce n’est pas tout. La société demandait également à avoir accès aux usages de bande passante de la personne mise en cause. Pourquoi ? Parce que toutes ces informations « pourraient prouver qu’il y a eu infraction ou signifier que l’atteinte (au copyright, ndlr) a toujours lieu, voire les deux », affirmait Malibu Media dans sa requête, qui date de mai dernier. « Les personnes qui utilisent beaucoup BitTorrent ont une bande passante significativement plus importante que celle des internautes normaux » faisait au passage valoir l’organisation.





Je serais l’avocat de la personne, j’opposerai l’anticonstitutionnalité de cette demande en invoquant son caractère disproportionné par rapport au constat du délit qui est demandé par le plaignant.



C’est comme si on demande à la poste de peser tous tes colis et tout ton courrier pour voir si tu ne fraudes pas la TVA avec tes achats à l’étranger…




La société de production de films pornographiques Malibu Media





Pourquoi je pense à alerte à malibu?? <img data-src=" />



















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lapin compris : Les personnes qui utilisent beaucoup BitTorrent ont une bande passante significativement plus importante que celle des internautes normaux



en quoi avoir une vitesse plus importante fait que les gens utilisent beaucoup BT…








Commentaire_supprime a écrit :



Je serais l’avocat de la personne, j’opposerai l’anticonstitutionnalité de cette demande en invoquant son caractère disproportionné par rapport au constat du délit qui est demandé par le plaignant.







En France, peut être. Aux USA, je ne suis pas sûr que ça fonctionne pareil… <img data-src=" />












seb_the_dude a écrit :



lapin compris : Les personnes qui utilisent beaucoup BitTorrent ont une bande passante significativement plus importante que celle des internautes normaux



en quoi avoir une vitesse plus importante fait que les gens utilisent beaucoup BT…





Si la phrase que tu cites est vraie, la réciproque n’est pas vraie effectivement.









ActionFighter a écrit :



Celui qui est linké dans la news peut-être ? <img data-src=" />







surement ^^









Kurton a écrit :



En France, peut être. Aux USA, je ne suis pas sûr que ça fonctionne pareil… <img data-src=" />







Aux USA, tu as le quatrième amendement de la constitution qui impose que les procès soient justes. Et, entre autres, que la punition des crimes ne soit pas disproportionnée par rapport à la réalité de ces derniers.



Tu as toute une jurisprudence qui définit ce qu’est une procédure disproportionnée par rapport au crime qui est puni, et qui a souvent entraîné des nullités de condamnations sur la base du 4ème amendement.



En France, effectivement, ça ne fonctionne pas pareil, il faut faire une QPC devant le Conseil Constitutionnel pour éviter des abus…









seb_the_dude a écrit :



lapin compris : Les personnes qui utilisent beaucoup BitTorrent ont une bande passante significativement plus importante que celle des internautes normaux



en quoi avoir une vitesse plus importante fait que les gens utilisent beaucoup BT…









Khalev a écrit :



Si la phrase que tu cites est vraie, la réciproque n’est pas vraie effectivement.







Et surtout : en quoi utiliser BT fait qu’un internaute devient anormal ?









eliumnick a écrit :



Et surtout : en quoi utiliser BT fait qu’un internaute devient anormal ?





Un méchant terroriste libriste qui veut la mort de MS <img data-src=" />









Khalev a écrit :



Si la phrase que tu cites est vraie, la réciproque n’est pas vraie effectivement.







Du coup je vois pas vraiment comment c’est recevable comme information. Ca ne prouve que l’utilisateur transfert beaucoup d’informations.



Ca pourrait être de la disto linux, du streaming sur netflix… du téléchargement de jeux, etc









caesar a écrit :



Du coup je vois pas vraiment comment c’est recevable comme information. Ca ne prouve que l’utilisateur transfert beaucoup d’informations.



Ca pourrait être de la disto linux, du streaming sur netflix… du téléchargement de jeux, etc







D’où le caractère potentiellement anticonstitutionnel de la requête du plaignant, laissé à l’appréciation du juge en pareil cas, car disproportionné par rapport à la nécessité de recueillir des preuves à charge.



C’est de l’analyse intégrale du trafic du défenseur, et ça tient potentiellement de la violation de la vie privée.









picatrix a écrit :



Donc en gros : internet en illimité mais il ne faut surtout pas s’en servir sinon on est “suspect” de pirato-pédo-nazi-térrorisme. <img data-src=" />





C’est un argument…

… qui est très facilement démontable si l’avocat de l’accusé fait bien son boulot.





Commentaire_supprime a écrit :



Je serais l’avocat de la personne, j’opposerai l’anticonstitutionnalité de cette demande en invoquant son caractère disproportionné par rapport au constat du délit qui est demandé par le plaignant.



C’est comme si on demande à la poste de peser tous tes colis et tout ton courrier pour voir si tu ne fraudes pas la TVA avec tes achats à l’étranger…





Il s’agit d’une mesure d’enquète qui en soi, est bien moins pire que ce que font les autorités françaises (écoutes téléphoniques), surtout que la demande ne porte que sur des résultats déjà obtenus par une institution ayant justement pour but de lutter contre le piratage.



Si on reprend ton analogie, ce serait plutôt comme vérifier le nombre de colis que tu reçois de Chine.

(d’autant que si je me souviens bien, les autorités douanières peuvent justement ouvrir les paquets pour vérifier leur contenu)









js2082 a écrit :



C’est un argument…

… qui est très facilement démontable si l’avocat de l’accusé fait bien son boulot.



Il s’agit d’une mesure d’enquète qui en soi, est bien moins pire que ce que font les autorités françaises (écoutes téléphoniques), surtout que la demande ne porte que sur des résultats déjà obtenus par une institution ayant justement pour but de lutter contre le piratage.



Si on reprend ton analogie, ce serait plutôt comme vérifier le nombre de colis que tu reçois de Chine.

(d’autant que si je me souviens bien, les autorités douanières peuvent justement ouvrir les paquets pour vérifier leur contenu)







Non.



Là, ça équivaudrait à ouvrir tout ton courrier et à faire des photocopies des lettres que tu reçois, en plus de compter les colis en provenance de Chine.



La douane se contente de vérifier les colis en provenance hors CE, je confirme. Et ça s’arrête à ça. Pour les écoutes téléphoniques, il faut une commission rogatoire délivrée par un juge ou un procureur en France, et nous n’avons pas l’équivalent d’une NSA qui peut écouter n’importe qui sans le moindre contrôle civique, judiciaire ou politique derrière.



Dans cette affaire, il y a potentiellement une disproportion manifeste entre le crime présumé et les moyens mis en oeuvre pour le prouver. On n’envoie pas un régiment des Marines au complet avec blindés, appui aérien et naval pour faire une saisie sur impayés chez un particulier. C’est ce que veut le plaignant.









js2082 a écrit :



Si on reprend ton analogie, ce serait plutôt comme vérifier le nombre de colis que tu reçois de Chine.

(d’autant que si je me souviens bien, les autorités douanières peuvent justement ouvrir les paquets pour vérifier leur contenu)







Correct, y’a quelques années de ça j’ai commandé des DVD VO aux states et je me suis retrouvé à payer les frais de douane à la poste pour retirer mes colis.









js2082 a écrit :



C’est un argument…

… qui est très facilement démontable si l’avocat de l’accusé fait bien son boulot.



Il s’agit d’une mesure d’enquète qui en soi, est bien moins pire que ce que font les autorités françaises (écoutes téléphoniques), surtout que la demande ne porte que sur des résultats déjà obtenus par une institution ayant justement pour but de lutter contre le piratage.



Si on reprend ton analogie, ce serait plutôt comme vérifier le nombre de colis que tu reçois de Chine.

(d’autant que si je me souviens bien, les autorités douanières peuvent justement ouvrir les paquets pour vérifier leur contenu)







Comcast n’est pas “ une institution ayant justement pour but de lutter contre le piratage”









Commentaire_supprime a écrit :



[…] nous n’avons pas l’équivalent d’une NSA qui peut écouter n’importe qui sans le moindre contrôle civique, judiciaire ou politique derrière.







Pas officiellement du moins..









Ddrimene a écrit :



Pas officiellement du moins..







Plus difficile à cacher, le principe des budgets secrets sur lesquels le pouvoir politique et judiciaire n’a rien à dire n’existe pas en France, contrairement aux USA où le budget de la CIA et celui de la NSA sont classifiés.



Je précise au passage que la comptabilité publique, c’est mon métier.









Commentaire_supprime a écrit :



Non.



Là, ça équivaudrait à ouvrir tout ton courrier et à faire des photocopies des lettres que tu reçois, en plus de compter les colis en provenance de Chine.



La douane se contente de vérifier les colis en provenance hors CE, je confirme. Et ça s’arrête à ça. Pour les écoutes téléphoniques, il faut une commission rogatoire délivrée par un juge ou un procureur en France, et nous n’avons pas l’équivalent d’une NSA qui peut écouter n’importe qui sans le moindre contrôle civique, judiciaire ou politique derrière.



Dans cette affaire, il y a potentiellement une disproportion manifeste entre le crime présumé et les moyens mis en oeuvre pour le prouver. On n’envoie pas un régiment des Marines au complet avec blindés, appui aérien et naval pour faire une saisie sur impayés chez un particulier. C’est ce que veut le plaignant.







Vu que la demande a été validée par un juge, la disproportion manifeste n’est pas manifestement si évidente que cela.



De plus, réclamer des données n’est en rien comparable à ce que tu dis. La HADOPI fait tous les jours ce que tu assimiles à un “régiment des Marines au complet avec blindés, appui aérien et naval”, elle envoie des gens au procès sur ces bases sans pour autant que cela ne soit considéré comme disproportionné.









js2082 a écrit :



Vu que la demande a été validée par un juge, la disproportion manifeste n’est pas manifestement si évidente que cela.



De plus, réclamer des données n’est en rien comparable à ce que tu dis. La HADOPI fait tous les jours ce que tu assimiles à un “régiment des Marines au complet avec blindés, appui aérien et naval”, elle envoie des gens au procès sur ces bases sans pour autant que cela ne soit considéré comme disproportionné.







Hadopi ne réclame pas ton historique complet ni ton volume de donné échangé. Hadopi veut seulement savoir l’identité du titulaire du compte utilisant tel IP.









eliumnick a écrit :



Hadopi ne réclame pas ton historique complet ni ton volume de donné échangé. Hadopi veut seulement savoir l’identité du titulaire du compte utilisant tel IP.





c’est pas faux









js2082 a écrit :



Vu que la demande a été validée par un juge, la disproportion manifeste n’est pas manifestement si évidente que cela.







La demande est recevable, mais pas forcément légale.



Il n’y a pas encore eu jugement, et le juge pénal peut très bien casser la procédure pour inconstitutionnalité du recueil de preuves du fait de sa disproportion par rapport au crime présumé.





De plus, réclamer des données n’est en rien comparable à ce que tu dis. La HADOPI fait tous les jours ce que tu assimiles à un “régiment des Marines au complet avec blindés, appui aérien et naval”, elle envoie des gens au procès sur ces bases sans pour autant que cela ne soit considéré comme disproportionné.





Pas du tout. Hadopi se contente de détecter une mise à disposition de fichier contrefait par P2P associée à une adresse IP. Elle ne fait pas une analyse complète du trafic du présumé contrefacteur.









Commentaire_supprime a écrit :



Pour les écoutes téléphoniques, il faut une commission rogatoire délivrée par un juge ou un procureur en France, et nous n’avons pas l’équivalent d’une NSA qui peut écouter n’importe qui sans le moindre contrôle civique, judiciaire ou politique derrière.





Heu… la DGSE qui se le permet, du moins avec des moyens différents et sur une portée beaucoup plus limitée (techniquement) ?

Liens entre Orange et la DGSE : vers des poursuites pénales ?









Xelz a écrit :



Heu… la DGSE qui se le permet, du moins avec des moyens différents et sur une portée beaucoup plus limitée (techniquement) ?

Liens entre Orange et la DGSE : vers des poursuites pénales ?







En cas de procès, si un avocat tombe là-dessus, j’ai des doutes quand à la recevabilité des preuves…



Aux USA, dès que c’est recueilli par la NSA, c’est per se une preuve recevable devant la Foreign Intelligence Surveillance Court, une juridiction d’exception. Que nous n’avons pas en France à ma connaissance…









picatrix a écrit :



Donc en gros : internet en illimité mais il ne faut surtout pas s’en servir sinon on est “suspect” de pirato-pédo-nazi-térrorisme. <img data-src=" />







Même si on collectionne toutes les variantes de Linux au fur et à mesure des sorties ? <img data-src=" />(ubuntu, kubuntu, debian, mint, lubuntu, red hat et tutti quanti ?)<img data-src=" />



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