En conflit avec Hachette, Amazon ne croit pas en une résolution rapide

En conflit avec Hachette, Amazon ne croit pas en une résolution rapide

Hachette et mat

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Nil Sanyas

Publié dans

Société numérique

28/05/2014 6 minutes
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En conflit avec Hachette, Amazon ne croit pas en une résolution rapide

Depuis le début du mois, pour des raisons qui restaient encore floues, la filiale américaine de l'éditeur français Hachette et le géant Amazon se livrent une véritable guerre. Le second est ainsi accusé par le premier de le désavantager et de livrer tardivement ses livres, avec parfois un délai d'attente de plusieurs semaines. La faute à un accord commercial qui tarde à être signé. Amazon, muet jusqu'à hier, a toutefois enfin donné son point de vue par l'intermédiaire de son forum.

Amazon

Les longs délais pour certains titres de James Patterson, édité par Vision (marque d'Hachette)

Des délais volontairement exagérés ?

Depuis quelques semaines, les plaintes de la filiale américaine d'Hachette ainsi que de ses écrivains se multiplient. Il faut dire que certains titres de l'éditeur sont tout d'un coup devenus indisponibles sur Amazon et d'autres annoncent des délais de livraison totalement anormaux. Pire encore, certains titres sont plus onéreux qu'à l'habitude et le revendeur n'hésite pas à proposer des livres dits similaires, mais moins coûteux. Pendant un temps, faute d'information précise, la seule explication donnée était celle d'une forme de sanction, du fait d'un désaccord avec l'éditeur.

Rapidement, Sophie Cottrel, porte-parole d'Hachette, a commencé à tirer à boulets rouges sur Amazon. Elle a dans un premier temps expliqué au New York Times que son groupe a « posé des questions légitimes sur les raisons pour lesquelles nos ouvrages sont indiqués comme indisponibles, avec des délais d'expédition relativement longs, constatés sur le site d'Amazon, alors que leur disponibilité est immédiate sur d'autres sites et en boutiques. (...) Nous répondons à toutes les commandes d'Amazon rapidement. (...) Amazon dispose de peu de stocks. »

 

Un peu plus tard, face aux critiques de plus en plus vives des auteurs, la porte-parole a déclaré que sa société mettait « tout en œuvre pour remédier à cette situation difficile. Nous recherchons une solution qui serve au mieux nos auteurs et leurs œuvres et qui nous permette de survivre et de prospérer en tant que maison d’édition forte axée sur ses auteurs. »

 

Enfin, il y a quelques jours, Michael Pietsch, le patron de Hachette Book Group, a envoyé un courrier à ses auteurs pour s'excuser de la situation : « Je suis désolé de vous dire que, désormais, Amazon a supprimé la possibilité de précommander les publications de Hachette Book Group. (...) Sachez que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour trouver une solution à cette situation difficile. »

« Nous ne sommes pas optimistes sur le fait que cela sera bientôt résolu »

Refusant de répondre aux critiques et aux attaques de l'éditeur, Amazon est toutefois sorti de son mutisme hier pour la toute première fois. Confirmant qu'il commande moins de livres d'Hachette qu'à l'accoutumée et qu'il n'y a plus de précommandes pour leurs prochains titres, le cybermarchand américain précise que « ces changements sont liés au contrat et à ses conditions entre Hachette et Amazon », contrat dont les détails demeurent bien évidemment secrets.

 

La boutique rajoute cependant qu'elle est en relation avec plus de 70 000 fournisseurs, dont plusieurs milliers d'éditeurs de livres. « Un de nos fournisseurs importants est Hachette, qui fait partie d'un conglomérat qui pèse plus de 10 milliards de dollars (ndlr, le groupe Lagardère). Malheureusement, malgré beaucoup de travail des deux côtés, nous avons été incapables de parvenir à un accord mutuellement acceptable. » Jugeant de bonne foi la direction d'Hachette, Amazon note toutefois qu'aucune solution n'a pour l'instant été trouvée, et même s'il garde espoir, « nous ne sommes pas optimistes sur le fait que cela sera bientôt résolu ».

Amazon gonfle ses muscles et montre qui est le plus fort

Expliquant que trouver des conditions équitables avec ses partenaires est un objectif majeur, Amazon prend surtout bien soin de rappeler quel est le rapport de force entre lui et l'éditeur. Il précise ainsi que son conflit avec Hachette n'affecte qu'un « petit pourcentage de la demande (...) Si vous commandez 1 000 articles chez Amazon, 989 ne seront pas affectés par cette interruption. Si vous avez besoin rapidement d'un des titres touchés, nous regrettons la gêne occasionnée et vous encourageons à acheter une version neuve ou d'occasion de l'un de nos vendeurs tiers ou de l'un de nos concurrents. » Pour la boutique en ligne, la seule solution pour obtenir dans de courts délais un titre d'Hachette est donc tout simplement d'aller voir ailleurs.

 

Et afin de prouver que l'éditeur ne fait guère d'effort, Amazon rajoute qu'il lui a offert la possibilité de créer à 50/50 une sorte de fonds d'indemnisation pour les auteurs touchés par ce conflit. Une solution qui a déjà été utilisée dans le passé avec l'éditeur Macmillan, suite à une longue opposition plus ou moins similaire il y a quatre ans. Amazon espère que l'éditeur suivra le même chemin.

« La stratégie d'Amazon est conçue pour montrer sa domination du marché »

Notons enfin que The Authors Guild, une organisation composée de milliers d'auteurs de livres américains, prend fait et cause pour Hachette et estime que le cybermarchand fait preuve d'un chantage manifeste. « Cela semble être la stratégie de négociation d'Amazon. (...) La stratégie d'Amazon est conçue à la fois pour montrer sa domination du marché et creuser un fossé entre Hachette et ses auteurs. »

 

Ce point de vue n'est toutefois pas partagé par tous. Amazon prend par exemple le cas de Martin Shepard, créateur de The Permanent Press, qui estime que si un grand éditeur affronte le géant américain, cela peut être positif pour les éditeurs plus petits et indépendants. Mais au bout d'un certain temps, après diverses recherches, Shepard s'est aussi rendu compte que certains arguments anti-Amazon étaient tout simplement faux. « Cela me donne envie de me lever pour Jeff Bezos (ndlr : PDG du cybermarchand) et Amazon, et présenter un point de vue très différent, qui, je l'espère équilibrera ce que je considère être de la propagande flagrante. »

 

En effet, si dans le passé Amazon a prouvé qu'il était capable d'imposer certaines de ses règles à ses partenaires, ceci afin d'avantager ses propres services (ebooks, etc.) et augmenter ses marges, il ne faut pas non plus faire passer Hachette pour un faible et petit éditeur ni pour une organisation sans but lucratif...

Écrit par Nil Sanyas

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Des délais volontairement exagérés ?

« Nous ne sommes pas optimistes sur le fait que cela sera bientôt résolu »

Amazon gonfle ses muscles et montre qui est le plus fort

« La stratégie d'Amazon est conçue pour montrer sa domination du marché »

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (29)


Amazon et Hachette : jouons à “qui va baiser l’autre ?”

(j’aurais dit “à qui va faire la femme” mais ça risque d’êrte pris pour une remarque sexiste)


Une bonne occasion pour Hachette de favoriser les circuits classiques et de relancer un peu les libraires.


C’est uniquement une portion de chez Hachette qui est touchée, et pour une raison inconnue ? C’est vraiment pas clair.



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Mais pour qui ils se prennent Hachette ?

Amazon distribue ou pas leur produit retrograde comme ca lui chante, non mais.

Un livre, c’est un produit comme un autre.



C’est ca le marché. Hachette n’a qu’à faire comme Amazon et monter un site génial qui nous fait economiser les frais de port.








Drepanocytose a écrit :



C’est ca le marché. Hachette n’a qu’à faire comme Amazon et monter un site génial qui nous fait economiser les frais de port.





Hachette, comme beaucoup d’autres (genre les hôteliers et les libraires), veut le beurre, l’argent du beurre et tout le reste, sans se fouler bien entendu…



Attention, ici, on ne parle pas du marché français d’Amazon, mais du marché Américain.

Ce marché est totalement différent, il n’y a pas de prix unique du livre pour commencer. Ensuite, Amazon a fait disparaître la majorité des librairies avec ses tarifs agressifs, ce qui le rend aujourd’hui incontournable. Lui permettant de faire la pluie et le beau temps chez les éditeurs.


Faites comme moi : Un boycott total d’Amazon !

Si tous les européens faisaient ainsi…








bilbonsacquet a écrit :



Hachette, comme beaucoup d’autres (genre les hôteliers et les libraires), veut le beurre, l’argent du beurre et tout le reste, sans se fouler bien entendu…







biens sur et vendre depuis un paradis fiscal pour supprimer toutes les charges….. c’est normal dirons nous ?



Amazon est un excellent service de VPC dont je me passe depuis presque un an (sauf pour un ch’ti câble qui n’était que 3 fois trop chère chez eux alors qu’il était 10 fois trop chère ailleurs, ou indispo…). En tout cas tant qu’ils continueront à gruger les impôts j’éviterai amazon.fr.



Sans plus d’info sur le fond difficile de se faire une opinion.



Mais, ça fait tout de même rudement penser au même problème qu’avec les grand groupes d’hyper-marchés : tu accepte leurs conditions, ou tu crève.

Parfois c’est le fournisseur qui ne sais pas s’adapter aux changements du marché, parfois c’est le distributeur qui préfère rogner sur les marges du fournisseur, plutôt que sur les siennes.

Et sinon, il se passe ça! <img data-src=" />









Drepanocytose a écrit :



C’est ca le marché. Hachette n’a qu’à faire comme Amazon et monter un site génial qui nous fait economiser les frais de port.







T’inquiète pas, y a forcément quelqu’un qui les paye…









Drepanocytose a écrit :



Mais pour qui ils se prennent Hachette ?

Amazon distribue ou pas leur produit retrograde comme ca lui chante, non mais.

Un livre, c’est un produit comme un autre.



C’est ca le marché. Hachette n’a qu’à faire comme Amazon et monter un site génial qui nous fait economiser les frais de port.





Mordra ? Mordra pas ? <img data-src=" />







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Amazon je peux vraiment plus encadrer ce site <img data-src=" />





Ok Hachette c’est pas mieux, mais leur but n’est pas d’éradiquer toute concurrence <img data-src=" />



Je comprends qu’on passe par la VPC si on a pas la chance d’avoir un bon libraire a porté de mains, mais si on peut s’en passer c’est quand même mieux <img data-src=" />




l’éditeur français Hachette





Le groupe appartient à Lagardere, lui même détenue à plus de 70% par des étrangers. Même la famille lagardere qui ne détient que +/- 10% ne vit certainement plus/paie plus ses impôts en France, mais ce groupe qui pressurise les auteurs grâce à son monopole géant sur l’édition va trouver un moyen de trouver le soutient des Français dans ce qu’il fera passer pour un conflit entre le géant Amazon en Monopole (et de surcroit Américain) contre la petite PME française.



Et des impôts du contribuable vont être dépensé par l’Etat pour s’assurer que les grandes fortunes ne voient pas leurs actions baisser.








Drepanocytose a écrit :



Mais pour qui ils se prennent Hachette ?

Amazon distribue ou pas leur produit retrograde comme ca lui chante, non mais.

Un livre, c’est un produit comme un autre.



C’est ca le marché. Hachette n’a qu’à faire comme Amazon et monter un site génial qui nous fait economiser les frais de port.







Ils se prennent pour les éditeurs des livres que se contentent de revendre Amazon….









misterB a écrit :



Ok Hachette c’est pas mieux, mais leur but n’est pas d’éradiquer toute concurrence <img data-src=" />





S’ils étaient suffisamment puissants et hégémoniques, ce serait leur but.

Et c’est tout à fait logique : assurer sa subsistance, c’est la loi de la vie. Et c’est plus facile quand on est seul à jouer.



Amazon est dans son rôle de grande multinationale, il n’y a rien à redire. Personne ne force Hachette à vendre sur Amazon, et personne ne force les gens à deserter les libraires.

Au 21e siecle, les boutiques physiques, c’est has been. La loi de la vie : adapte toi, ou meurs.



Manquerait plus qu’on protège les faibles et les petits ! <img data-src=" />









Ballos a écrit :



Le groupe appartient à Lagardere, lui même détenue à plus de 70% par des étrangers. Même la famille lagardere qui ne détient que +/- 10% ne vit certainement plus/paie plus ses impôts en France, mais ce groupe qui pressurise les auteurs grâce à son monopole géant sur l’édition va trouver un moyen de trouver le soutient des Français dans ce qu’il fera passer pour un conflit entre le géant Amazon en Monopole (et de surcroit Américain) contre la petite PME française.



Et des impôts du contribuable vont être dépensé par l’Etat pour s’assurer que les grandes fortunes ne voient pas leurs actions baisser.





C’est vrai que le gentil Amazon est a plaindre, son seul but et le monopole de l’edition numérique, une fois que Kindle aura 100% du marché on va se marrer <img data-src=" /><img data-src=" />



La papier Amazon s’en cogne et toute la négo tourne autour des eBook <img data-src=" />









Drepanocytose a écrit :



Au 21e siecle, les boutiques physiques, c’est has been. La loi de la vie : adapte toi, ou meurs.





Si ça c’est pas un monde me merde ou les interactions physique vont disparaitre au profit d’un bot qui va te conseiller tes achats <img data-src=" /><img data-src=" />










misterB a écrit :



Si ça c’est pas un monde me merde ou les interactions physique vont disparaitre au profit d’un bot qui va te conseiller tes achats <img data-src=" /><img data-src=" />





Rejouis-toi, ca pourrait être bien pire : le bot pourrait t’imposer tes achats.









Drepanocytose a écrit :



Rejouis-toi, ca pourrait être bien pire : le bot pourrait t’imposer tes achats.





Comme le projet de pré mise en pannier d’Amazon ? <img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" />



On vit quand même dans un monde d’autiste <img data-src=" /><img data-src=" />









Drepanocytose a écrit :



Rejouis-toi, ca pourrait être bien pire : le bot pourrait t’imposer tes achats.







Ca viendra…. mais d’une certaine maniere ce que fait Amazon c’est un peu ca…









misterB a écrit :



C’est vrai que le gentil Amazon est a plaindre, son seul but et le monopole de l’edition numérique, une fois que Kindle aura 100% du marché on va se marrer <img data-src=" /><img data-src=" />



La papier Amazon s’en cogne et toute la négo tourne autour des eBook <img data-src=" />







C’est vrai que les motivations d’amazon sont loin d’etre gentilles…. l’absence de l’epub comme format sur les Kindle en est un exemple frappant… tentative éhontée d’imposer leurs formats propriétaires….

Boycott total de cette boite… et j’ai eu la grande joie de découvrir un libraire…. qui m’a conseillé sur la base de sa culture littéraire et pas sur la meilleure marge qu’il fera….









AlphaBeta a écrit :



Ca viendra….





Oh, j’en doute pas une seconde. Suffit de voir ce qu’arrivent à faire les publicitaires et à quel point l’esprit humain est influencable….



Pour Amazon, c’est simple : leurs suggestions, il y en a toujours plusieurs : ca laisse l’illusion au péquin qu’il a toujours un vrai choix.









AlphaBeta a écrit :



Boycott total de cette boite… et j’ai eu la grande joie de découvrir un libraire…. qui m’a conseillé sur la base de sa culture littéraire et pas sur la meilleure marge qu’il fera….





Félicitations, tu as réussi à trouver l’exception désormais.









snowers a écrit :



Félicitations, tu as réussi à trouver l’exception désormais.





C’est si dur a trouver ?









misterB a écrit :



C’est vrai que le gentil Amazon est a plaindre, son seul but et le monopole de l’edition numérique, une fois que Kindle aura 100% du marché on va se marrer <img data-src=" /><img data-src=" />



La papier Amazon s’en cogne et toute la négo tourne autour des eBook <img data-src=" />







moi je m’en fout d’amazon, ce qui me désaule c’est les groupes comme Hachette qui n’ont rien de français à part leur siege historique mais qui veulent que les français prennent fait et cause pour eux… Combien de temps avant que montebourg (qui est payé par le contribuable) monte au creneau pour défendre un groupe appartenant soit à des etrangers soit des francais résident suisse ou belge qui payent peanut comme impôt ??









Ballos a écrit :



….. appartenant soit à des etrangers soit des francais résident suisse ou belge qui payent peanut comme impôt ??





Pas tout confondre STP.



Perso je suis résident belge, et je paie plus d’impots qu’en France (oui oui) au total.

Ces pays là sont des havres fiscaux pour ceux qui ne travaillent pas, pas pour ceux qui bossent.









Drepanocytose a écrit :



Pas tout confondre STP.



Perso je suis résident belge, et je paie plus d’impots qu’en France (oui oui) au total.

Ces pays là sont des havres fiscaux pour ceux qui ne travaillent pas, pas pour ceux qui bossent.





l’impôt sur le travail est plus élevé en belgique , mais là n’est pas mon propos, ce que je dénonce c’est d’appeller ces multinationales pour émouvoir le peuple alors que en réalité ils n’appartiennent plus qu’à moins de 20% à des milliardaires qui de toute façon n’ont plus rien de français car se déplace à l’étranger comme en Belgique pour profiter d’un impôt sur la fortune de 0%.



Perso j’évite Amazon depuis qu’il passe par adrexo. Ils ont réussi à me faire regretter laposte.


En plus des livres qui arrivent abimés, voici une raison de plus de ne plus acheter chez Amazon.








sat57 a écrit :



Perso j’évite Amazon depuis qu’il passe par adrexo. Ils ont réussi à me faire regretter laposte.



C’est arrivé une seule fois. J’ai appelé/écrit pour râler et leur dire de ne plus jamais passer par ce livreur sous peine d’annuler toute commande avec ne serait-ce qu’une journée de retard.



Du coup, je n’ai plus de problème. Écouteraient-ils ? <img data-src=" />



Ça ne m’empêche pas de les éviter autant que possible, en particulier sur les bouquins. <img data-src=" />





nigol a écrit :



En plus des livres qui arrivent abimés, voici une raison de plus de ne plus acheter chez Amazon.



Renvoi direct et remboursement.