Streaming : les artistes interprètes, futurs perdants de la loi sur la Création ?

Streaming : les artistes interprètes, futurs perdants de la loi sur la Création ?

Un cachet qui passe mal

Avatar de l'auteur
Marc Rees

Publié dans

Droit

14/03/2014 4 minutes
17

Streaming : les artistes interprètes, futurs perdants de la loi sur la Création ?

Alors que le projet de loi sur la Création est encore à un stade embryonnaire, la SPEDIDAM s’inquiète déjà de ce texte. Les premières lignes esquissées par le ministère de la Culture ne permettent pas en effet à la Société de Perception et de Distribution des Droits des Artistes-Interprètes d’avoir des certitudes sur la rémunération du secteur au regard des services de streaming.

concert

 

Cette semaine, dans sa réponse à un questionnaire européen sur le droit d’auteur, Aurélie Filippetti a donné les grandes lignes du projet de loi sur la création artistique « Il prévoit notamment, outre la réforme du mécanisme de réponse graduée, des avancées importantes en ce qui concerne la rémunération des artistes interprètes de la musique, l’amélioration de l’exception bénéficiant aux personnes handicapées, ou encore des précisions sur le thème du domaine public. » (voir notre actualité.)

Des négociations et éventuellement une gestion collective obligatoire

Mais un passage inquiète la SPEDIDAM, c’est celui où la Rue de Valois indique qu’elle prêtera une attention appuyée aux conclusions du rapport Phéline, lequel « encourage notamment les négociations au sein de la filière musicale pour définir un partage plus équilibré et transparent des revenus générés par la musique en ligne ». Si ces négociations venaient à échouer, il est proposé d’inclure dans la future loi sur la création, une gestion collective obligatoire. 

 

Mais peut-on vraiment faire confiance aux négociations entre les acteurs ? D’expérience, la SPEDIAM n’y croit pas : « Les artistes sont contraints aujourd'hui de céder tous leurs droits aux producteurs en application de contrats individuels ou collectifs et ne perçoivent dans leur quasi-totalité rien des plateformes et autres services de streaming ou de téléchargement à la demande ». Encore et toujours celle-ci dénonce les conditions des artistes interprètes qu’elle représente au regard des plateformes en ligne, lesquels se taillent la part du lion. « Pour mettre un terme à cette situation choquante, la SPEDIDAM sollicite l’instauration d’un régime de gestion collective obligatoire des droits exclusifs des artistes interprètes et des producteurs dans le secteur musical, offrant ainsi aux utilisateurs un guichet unique ». Un vœu encore réitéré en février dernier ou l’an passé devant la mission Lescure (voir notre interview).

 

Hier soir, dans un communiqué, elle souligne qu’avec cette gestion collective obligatoire et ce guichet unique, « les plateformes et autres utilisateurs offrant des services à la demande obtiendraient ainsi les autorisations d’exploiter d’une société de gestion représentant à la fois les artistes interprètes et les producteurs et verseraient à cette société de gestion les rémunérations correspondantes. Artistes interprètes et producteurs partageraient ensuite cette rémunération qui serait répartie aux ayants droit concernés. »

Un avenir sombre pour les artistes interprètes ?

Sauf qu’à la lecture des réponses de la Rue de Valois à la Commission européenne, Aurélie Filippetti croit toujours dans les vertus de la négociation avec l’industrie. La SPEDIDAM lui rétorque que ces tentatives de négociations ont toujours échoué dans le passé, quand elles n’ont pas « consolidé l'emprise de l'industrie du disque sur les droits des artistes. »

 

Pire, la SPEDIDAM remarque dans les maigres propos de la ministre que si ces négociations échouaient, « il n'est pas indiqué clairement que serait mise en place une gestion collective obligatoire des droits exclusifs des artistes interprètes et des producteurs pour les services à la demande ». De fait, « la seule référence à une gestion collective obligatoire, sans mentionner les droits concernés, n'indique rien de la solution aujourd'hui retenue par les pouvoirs publics. »

 

Elle réclame donc un signal fort pour clarifier la situation des artistes interprètes et soutenir enfin la mise en place d’une GCO. « À défaut, les artistes interprètes resteront sans protection et sans rémunération pour les exploitations de leurs enregistrements sur Internet, qui demeureront sous le seul contrôle de l'industrie phonographique, et « l'avenir de la rémunération de la création » sera, pour les artistes interprètes, plus sombre que jamais. »

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Des négociations et éventuellement une gestion collective obligatoire

Un avenir sombre pour les artistes interprètes ?

Fermer

Commentaires (17)


Major : + l’infini - Création : 0



Système simple et bien rodé :





  • J’ai de l’argent (Merci papa).

  • Je paye un peu.

  • Vous me payez beaucoup.



    Ce que vous achetez ? Peu importe…

    Qui l’a fait ? Peu importe…

    A qui ça appartient ? A moi évidemment puisque j’ai payé…



    Advienne que pourra…


Encore du cinoche pour faire croire qu’ils ne sont pas à la botte des industriels de la musique, on ne les entend jamais parler de contrôler qui reçoit quoi, ils ne parlent jamais de remettre en question le pourcentage de merde que l’auteur touche ou d’interdire l’obligation pour un auteur qui veut vivre de son art de devoir “donner” tout ses droits sur son oeuvre, ça, ça ferait sauter les gros ayant-droits en l’air, boum…de colère <img data-src=" />


Ben déjà que le streaming ne permet même à un auteur/compositeur de vivre…


Signer avec un major c’est VRAIMENT donner son âme au diable <img data-src=" />


salut

au lieu (enfin) d’adapter (réformer) LEUR SYSTEME, ils préfèrent

“coller leurs rustines” !




  • ..une fois…c’est Hadopi …une autre fois ..c’est le Streaming …etc …<img data-src=" />


Tiens donc…alors l’argent partirait aux majors et pas aux artistes? C’est étonnant ça!



On m’aurait menti? #richardvirenque


Pour faire l’analogie : quand tu développes un super programme, super lulu, on te paie ton salaire, après que ta boite vende le programme que tu as développé, 10 fois ou 150 millions de fois, ça ne change rien à ton salaire (enfin si tu vas peut-être avoir une augmentation mais c’est tout).

C’est pareil pour les interprètes : tu as un cachet : si ça marche du tonnerre, tu pourras sûrement demander un plus gros cachet la prochaine fois…



C’est marrant, ils veulent toujours un système spécial pour eux (déjà le scandale des intermittents…vous avez vu le témoignage du gars qui disait qu’il touchait plus de 4000€/mois mais en tant que déclaré comme intermittent et ces 21j de boulot dans le mois, pôle emploi lui filait un complément de salaire)?








CUlater a écrit :



Signer avec un major c’est VRAIMENT donner son âme au diable <img data-src=" />





Eh oui !



Avec tous les musicos que j’ai connus dans ce cas, c’était ça ou rien…



Et on nous parle de « création », de « culture », alors que ce n’est QUE du business.



On devrait interdire d’acheter des droits, les droits appartiennentà celui qui a créé, point-barre.



Le droit d’auteur a été détourné, le racket organisé du show-business (ça fait vieillot d’utiliser ce terme mais c’est pareil) a toujours fonctionné sur ce modèle.



Tout cela n’est que du business encore une fois, rien d’autre.



Mais quand les gens plébiscitent les conneries de Star’Ac et autres « The Voice » (bien français ! <img data-src=" />), ils contribuent au système en marchant à fond dedans, croyant qu’on manque de musiciens/chanteurs pros, alors… <img data-src=" />









CUlater a écrit :



Signer avec un major c’est VRAIMENT donner son âme au diable <img data-src=" />







C’est même pire que ça vu que au moins le diable tu sais qu’il va te niq* à un moment ou un autre mais qu’il le fera pas tout de suite donc ça laisse le temps de prendre des mesures. Avec un major c’est direct l’entubage adonf et c’est juste impossible de s’en défaire après <img data-src=" />









NonMais a écrit :



Pour faire l’analogie : quand tu développes un super programme, super lulu, on te paie ton salaire, après que ta boite vende le programme que tu as développé, 10 fois ou 150 millions de fois, ça ne change rien à ton salaire (enfin si tu vas peut-être avoir une augmentation mais c’est tout).

C’est pareil pour les interprètes : tu as un cachet : si ça marche du tonnerre, tu pourras sûrement demander un plus gros cachet la prochaine fois…

(…)







C’est pas faux.

Dans ton exemple, je note que le développeur touche un salaire tandis que l’interprète lui, reçoit un cachet. Il y a-t-il une différence fondamentale entre ces deux types de rémunération ?









malock a écrit :



Dans ton exemple, je note que le développeur touche un salaire tandis que l’interprète lui, reçoit un cachet. Il y a-t-il une différence fondamentale entre ces deux types de rémunération ?



Cachet = one shot alors que salaire = régulier (enfin si j’ai bien compris son exemple <img data-src=" />)









CUlater a écrit :



Cachet = one shot alors que salaire = régulier (enfin si j’ai bien compris son exemple <img data-src=" />)







Quand on vit de cachet, on est “automatiquement” dans une situation plus “précaire” qu’avec un salaire ?

Je me pose réellement la question…



Sans vouloir me faire l’avocat du diable, je suis quand même suspicieux quant au terme de “gestion collective des droits”.



Le fait que la SACEM soit un organisme de gestion collective y est sûrement pour quelque chose.



Je n’ai pas très envie de voir la SPEDIDAM se transformer en SACEM bis…









malock a écrit :



C’est pas faux.

Dans ton exemple, je note que le développeur touche un salaire tandis que l’interprète lui, reçoit un cachet. Il y a-t-il une différence fondamentale entre ces deux types de rémunération ?





Tout dépend du statut de l’artiste, et du contrat.



En tant qu’intermittent, tu peux déclarer tes cachets comme étant une rémunération qui ouvre des droits.



Après, les contrats peuvent faire que ce n’est pas l’artiste lui même qui touche les cachets, mais la maison de disque qui le rémunère.



En gros, c’est assez complexe, avec des cas assez particuliers.









malock a écrit :



Quand on vit de cachet, on est “automatiquement” dans une situation plus “précaire” qu’avec un salaire ?

Je me pose réellement la question…



Parce que la réponse diffère suivant les points de vues. Certains préfèrent avoir une rentrée d’argent régulière et assurée pour s’organiser financièrement dans le mois (salaires), d’autres préfèrent le système de cachet, comme certains commerciaux qui n’ont aucun salaire fixe mais ne gagnent de l’argent que sur des commissions. Et ce cas se rapproche plus de l’artiste puisqu’il s’agit grossomodo d’une prime sur résultat.









ActionFighter a écrit :



(…)

Tout dépend du statut de l’artiste, et du contrat.



En tant qu’intermittent, tu peux déclarer tes cachets comme étant une rémunération qui ouvre des droits.



Après, les contrats peuvent faire que ce n’est pas l’artiste lui même qui touche les cachets, mais la maison de disque qui le rémunère.



En gros, c’est assez complexe, avec des cas assez particuliers.







Le cachet, pour schématiser ça rapidement, c’est pas plus encadré que ça donc ?

Chacun fait comme il veut quoi ?









malock a écrit :



Le cachet, pour schématiser ça rapidement, c’est pas plus encadré que ça donc ?

Chacun fait comme il veut quoi ?





C’est compliqué <img data-src=" />



Chacun ne fait pas forcément comme il le veut. Un statut d’intermittent t’oblige à déclarer tes cachets, alors qu’un cachet à une association ou directement à un artiste n’est pas soumis à ce genre de restriction.



De même, il existe par exemple des ingés sons sous le statut d’intermittents, et d’autres directement salariés de salles de concerts. Les premiers étant plus précaires que les seconds, le droit du travail n’étant pas du tout le même.



Ensuite, les gros artistes vivent essentiellement des revenus de la SACEM issus des diffusions publiques et des concerts, plus que de la vente de CD qui profitent essentiellement aux maisons de disque.



Bref, le terme de cachet est trop générique pour être appliqué aux artistes tellement les situations et les status peuvent être différents.



Ce qui invalide donc la comparaison avec les développeurs.









CUlater a écrit :



Signer avec un major c’est VRAIMENT donner son âme au diable <img data-src=" />











yeti4 a écrit :



salut

au lieu (enfin) d’adapter (réformer) LEUR SYSTEME, ils préfèrent

“coller leurs rustines” !




  • ..une fois…c’est Hadopi …une autre fois ..c’est le Streaming …etc …<img data-src=" />











    DrJackal a écrit :



    Tiens donc…alors l’argent partirait aux majors et pas aux artistes? C’est étonnant ça!



    On m’aurait menti? #richardvirenque











    paradise a écrit :



    Eh oui !



    Avec tous les musicos que j’ai connus dans ce cas, c’était ça ou rien…



    Et on nous parle de « création », de « culture », alors que ce n’est QUE du business.



    On devrait interdire d’acheter des droits, les droits appartiennentà celui qui a créé, point-barre.



    Le droit d’auteur a été détourné, le racket organisé du show-business (ça fait vieillot d’utiliser ce terme mais c’est pareil) a toujours fonctionné sur ce modèle.



    Tout cela n’est que du business encore une fois, rien d’autre.



    Mais quand les gens plébiscitent les conneries de Star’Ac et autres « The Voice » (bien français ! <img data-src=" />), ils contribuent au système en marchant à fond dedans, croyant qu’on manque de musiciens/chanteurs pros, alors… <img data-src=" />











    ItalianDragon a écrit :



    C’est même pire que ça vu que au moins le diable tu sais qu’il va te niq* à un moment ou un autre mais qu’il le fera pas tout de suite donc ça laisse le temps de prendre des mesures. Avec un major c’est direct l’entubage adonf et c’est juste impossible de s’en défaire après <img data-src=" />







    La propriété intellectuelle, c’est le vol de l’esprit. Avec les majors, enculé est devenu une profession, on appelle ça producteur ou agent artistique pour éviter d’employer le terme exact.







    ActionFighter a écrit :



    Sans vouloir me faire l’avocat du diable, je suis quand même suspicieux quant au terme de “gestion collective des droits”.



    Le fait que la SACEM soit un organisme de gestion collective y est sûrement pour quelque chose.



    Je n’ai pas très envie de voir la SPEDIDAM se transformer en SACEM bis…







    Gestion collective, ça me fait penser à viol en réunion… Association d’idées, quelque chose dans ce genre…





    Tout dépend du statut de l’artiste, et du contrat.



    En tant qu’intermittent, tu peux déclarer tes cachets comme étant une rémunération qui ouvre des droits.



    Après, les contrats peuvent faire que ce n’est pas l’artiste lui même qui touche les cachets, mais la maison de disque qui le rémunère.



    En gros, c’est assez complexe, avec des cas assez particuliers.





    Bref, c’est le bordel, au profit des mêmes : pas ceux qui sont en bas de l’échelle, à plat ventre avec les fesses à l’air.