L’ALPA a court-circuité 245 dossiers de la riposte graduée en 2013

L’ALPA a court-circuité 245 dossiers de la riposte graduée en 2013

Alpagage

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

06/02/2014 6 minutes
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L’ALPA a court-circuité 245 dossiers de la riposte graduée en 2013

Aux côtés des dizaines de milliers d’adresses IP transmises chaque semaine à la Hadopi, l’ALPA a constitué l’année dernière 245 dossiers de « gros partageurs ». L’objectif ? Transmettre directement ces dossiers au ministère public, afin que ce dernier engage des actions en contrefaçon. Le tout sans passer bien entendu par le dispositif de riposte graduée. Explications.

L’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA) fait partie des cinq organisations d’ayants droit habilitées à transmettre quotidiennement jusqu’à 25 000 adresses IP à la Hadopi. Mais en fait, ce ne sont que 24 999 adresses IP qui partent Rue du Texel afin d’être traitées dans le cadre de la riposte graduée. En effet, une de ces IP prises dans les filets de TMG est extraite du lot : celle de l’abonné dont la ligne a servi à mettre le plus de films ou de séries à disposition, tous réseaux peer-to-peer confondus. C’est ce que l’ALPA appelle les cas de « plus gros partageurs par session ». Nous avions d’ailleurs décrit ce dispositif dans le passé à l’appui de l’autorisation délivrée à cet effet par la CNIL.

 

 

Qu’advient-il ensuite de cette adresse sortie du circuit Hadopi ? Elle a vocation à être transmise directement au procureur de la République, afin de faire l’objet d’une action en contrefaçon. Car il ne faut pas oublier que la riposte graduée sanctionne les abonnés n’ayant pas sécurisé leur accès à Internet, de telle sorte que ce dernier a pu servir pour partager des œuvres en peer-to-peer (et ce peu importe l’auteur du téléchargement). Sauf que cette nouvelle infraction ne change rien au fait que le téléchargement d’un film ou d’un album par un internaute peut constituer un acte de contrefaçon.

Les sanctions encourues ne sont d’ailleurs pas du tout les mêmes : tandis que défaut de sécurisation de l’accès à Internet est passible d’une contravention de cinquième classe (jusqu’à 1 500 euros d’amende), la contrefaçon est quant à elle un délit punit d’une peine maximale de trois ans de prison et de 300 000 euros d’amende.

 

En janvier 2013, un internaute de 31 ans avait ainsi eu l’occasion d’apprendre cette leçon à ses dépens (voir son témoignage). Pour avoir mis à disposition 18 films en peer-to-peer dans la même journée, Mickaël a écopé de 90 jours-amende de 5 euros, soit un total de 450 euros. Le tribunal correctionnel d’Amiens l’a condamné par la même occasion à verser 2 200 euros de dommages et intérêts aux ayants droits du cinéma qui s’étaient portés parties civiles.

245 dossiers court-circuités du dispositif Hadopi au cours de l’année 2013

Contactée, l’ALPA nous a appris que 245 cas de « plus gros partageurs par session » avaient été relevés au cours de l’année 2013. L’organisation n’a cependant pas pu nous fournir le détail de ces chiffres, et notamment le nombre de ces dossiers ayant finalement été transmis au Parquet. Les suites accordées à ces dossiers peuvent être multiples : « Il y a des dossiers qui sont classés sans suite, il y a des rappels à la loi, il y a des poursuites pénales, et il y a aussi quelques fois des Parquets qui transmettent à la Hadopi » nous a ainsi expliqué Frédéric Delacroix, le délégué général de l’ALPA.

 

Pourquoi n’y-a-t-il pas eu 365 dossiers, correspondant aux 365 jours de l’année 2013 ? « Il y a des dossiers qu'on ne transmet pas pour des raisons techniques, et nous ne faisons que cinq collectes par semaine, donc ça correspond » répond Frédéric Delacroix.

Environ une vingtaine de condamnations ont été prononcées depuis 2011

En janvier 2013, l’ALPA nous indiquait avoir constitué « environ 300 dossiers » depuis la mise en œuvre de cette extraction quotidienne d’adresses IP, « courant 2011 ». Les chiffres semblent donc avoir été globalement stables. L’on arriverait en effet à un total avoisinant les 550 cas de « plus gros partageurs par session ».

 

Mais combien de condamnations ce dispositif a-t-il engendré ? « On doit être à une vingtaine de condamnations au total, et pas mal d'autres sont en cours explique Frédéric Delacroix. Mais le temps judiciaire n'est pas le même que le temps réel, il faut un certain temps pour la mise en œuvre des actions judiciaires » souligne le délégué général de l’ALPA. Parmi ces condamnations, l’on retrouve bien entendu celle de l’internaute sanctionné par le tribunal correctionnel d’Amiens.

 

tribunal justice xavier

L'ALPA n'a pas encore débusqué de réseaux organisés

« Le dispositif relatif à ces plus gros partageurs par session a été mis en place pour rechercher ceux qui pouvaient avoir une part active dans l'essaimage des œuvres sur les réseaux peer-to-peer » rappelle le délégué général de l’ALPA. Clairement, l’objectif était d’inciter le ministère public à vérifier s’il n’y avait pas derrière ces abonnés de réseau organisé, ou bien de personnes participant à des activités illicites de grande échelle.

 

Sauf que cet objectif ne semble pas véritablement atteint... « Jusqu'à présent, on est tombé sur des cas de personnes qui partageaient un nombre considérable d'œuvres sans que les enquêtes menées par les services saisis n'aient pu déterminer d'activité plus massive derrière » reconnaît ainsi Frédéric Delacroix. Néanmoins, l’intéressé souligne que « les décisions qui ont été prononcées ont toujours été très équilibrées au regard des téléchargements qui ont pu être détectés ».

La Hadopi peut elle aussi court-circuiter la riposte graduée

Rappelons enfin que la Hadopi a de son côté le pouvoir de transmettre au Parquet le dossier d’un abonné dont elle estime qu’il ne relève pas de la riposte graduée, et ce sans attendre la fin des phases d'avertissements. Dans son dernier rapport d’activité, l’institution expliquait avoir ainsi renvoyé au ministère public le dossier d’un internaute accusé d'avoir mis en partage plus de 600 œuvres protégées, et ce au travers de 9 logiciels de peer-to-peer. La Rue du Texel se justifiait en faisant valoir qu’au regard « du nombre très élevé de faits de mise à disposition constatés (plus de 1 500 faits) », elle avait considéré que ce dossier « requérait des investigations supplémentaires qui ne pouvaient être effectuées par la Commission [de protection des droits] et que l’approche pédagogique n’apparaissait pas adaptée ».

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

245 dossiers court-circuités du dispositif Hadopi au cours de l’année 2013

Environ une vingtaine de condamnations ont été prononcées depuis 2011

L'ALPA n'a pas encore débusqué de réseaux organisés

La Hadopi peut elle aussi court-circuiter la riposte graduée

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Commentaires (26)


Ah ben mince… j’espère que je ne suis pas dans le lot… <img data-src=" />


Mais, ils avaient promis* de ne pas le faire non ?





C’est triste de grandir et de voir le monde dans lequel on vit











*Mot politique a valeur hautement symbolique




Il y a des dossiers qu’on ne transmet pas pour des raisons techniques



Mireille, c’est encore c’est l’IP de Marie-Françoise qui a gagné aujourd’hui, je fait un rapport d’incident technique et je met l’IP à la poubelle, comme d’habitude ?








risbo a écrit :



Mais, ils avaient promis* de ne pas le faire non ?



C’est triste de grandir et de voir le monde dans lequel on vit





*Mot politique a valeur hautement symbolique





“Des promesses, des promesses faut que ca cesse,

Faites vite le bon choix, Jacques Beauregard,

Souple et solide à la fois”



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“Alpaguage” Soit je ne pige pas la subtilité, soit ça me paraît plus juste sans “u”.




transmettre quotidiennement jusqu’à 25 000 adresses IP à la Hadopi



Ah quand même, ça en fait un paquet.








coket a écrit :



“Alpaguage” Soit je ne pige pas la subtilité, soit ça me paraît plus juste sans “u”.



bouton “signaler” sous la news pour les erreurs ;)

sinon oui tu as raison, c’est sans u <img data-src=" />









Patch a écrit :



bouton “signaler” sous la news pour les erreurs ;)

sinon oui tu as raison, c’est sans u <img data-src=" />









Je connais le bouton… je m’en sers des fois.



Dans le cas présent, je ne sais pas si c’est une faute, ou si j’ai raté une blague…









coket a écrit :



Je connais le bouton… je m’en sers des fois.



Dans le cas présent, je ne sais pas si c’est une faute, ou si j’ai raté une blague…





Visiblement ça semble être un néologisme… car ni Wiktionary, ni ATILF ne connaissent.



La riposte dégradée…








maxxyme a écrit :



Visiblement ça semble être un néologisme… car ni Wiktionary, ni ATILF ne connaissent.









Oui; c’est de l’argot, pas mal employé dans le sud au moins.





Les suites accordées à ces dossiers peuvent être multiples : « Il y a des dossiers qui sont classés sans suite, il y a des rappels à la loi, il y a des poursuites pénales, et il y a aussi quelques fois des Parquets qui transmettent à la Hadopi » nous a ainsi expliqué Frédéric Delacroix, le délégué général de l’ALPA.





J’aimerai bien avoir les chiffres de ces différentes catégories.



C’est moi qui paye ces gens-là avec mes impôts, je veux savoir si j’en ai pour mon argent…


Je suis le seul qui a remarqué le fait que les poursuites effectuées par l’Hadopi n’ont concerné que des personnes n’y comprenant pas grand chose (et donc qui n’ont pas le “culot” de pouvoir se défendre convenablement, on sait jamais, ça pourrait créer une juridiction qui enterrerait tout ça) ?



Bien sûr ce ne sont que des suppositions … <img data-src=" />








coket a écrit :



Oui; c’est de l’argot, pas mal employé dans le sud au moins.





C’est pas “accostage” qui est utilisé dans le Sud non ? <img data-src=" />









sebcap26 a écrit :



Je suis le seul qui a remarqué le fait que les poursuites effectuées par l’Hadopi n’ont concerné que des personnes n’y comprenant pas grand chose (et donc qui n’ont pas le “culot” de pouvoir se défendre convenablement, on sait jamais, ça pourrait créer une juridiction qui enterrerait tout ça) ?



Bien sûr ce ne sont que des suppositions … <img data-src=" />





non, tu ne vois pas les choses dans le bon sens:

les seules personnes qui se font choper par l’Alpa ou Hadopi sont celles qui n’y comprennent pas grand chose.

les autres ont tous compris comment passer entre les mailles du “filet”.

le reste ne sait même pas ce qu’est le p2p parce que ce sont des petits jeunes (<img data-src=" />) qui n’ont connu que MegaUpload et les autres conneries de sites de streaming à deux balles.





245 dossiers court-circuités du dispositif Hadopi au cours de l’année 2013



Pourquoi n’y-a-t-il pas eu 365 dossiers, correspondant aux 365 jours de l’année 2013 ?





Parce que le mec qui lance le script est aux 35 heures annualisées. <img data-src=" />








sebcap26 a écrit :



Je suis le seul qui a remarqué le fait que les poursuites effectuées par l’Hadopi n’ont concerné que des personnes n’y comprenant pas grand chose (et donc qui n’ont pas le “culot” de pouvoir se défendre convenablement, on sait jamais, ça pourrait créer une jurisprudence qui enterrerait tout ça) ?







<img data-src=" /> mais comme t’es pas juriste, t’es excusé.





Bien sûr ce ne sont que des suppositions … <img data-src=" />





Problème : elles sont fort vraisemblables…





nous ne faisons que cinq collectes par semaine





Le samedi et le dimanche aucun risque








maxxyme a écrit :



C’est pas “accostage” qui est utilisé dans le Sud non ? <img data-src=" />



ca c’est uniquement pour la Corse et Marseille <img data-src=" />









hellmut a écrit :



non, tu ne vois pas les choses dans le bon sens:

les seules personnes qui se font choper par l’Alpa ou Hadopi sont celles qui n’y comprennent pas grand chose.

les autres ont tous compris comment passer entre les mailles du “filet”.

le reste ne sait même pas ce qu’est le p2p parce que ce sont des petits jeunes (<img data-src=" />) qui n’ont connu que MegaUpload et les autres conneries de sites de streaming à deux balles.





C’est rapide mais gros +1. Perso je continue le P2P, mais j’ai mes précautions (contre Hadopi j’entends).









CryoGen a écrit :



“Des promesses, des promesses faut que ca cesse,

Faites vite le bon choix, Jacques Beauregard,

Souple et solide à la fois”



<img data-src=" />





<img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" />









linkin623 a écrit :



C’est rapide mais gros +1. Perso je continue le P2P, mais j’ai mes précautions (contre Hadopi j’entends).





de même, c’est pratique quand on trouve pas ailleurs. <img data-src=" />









hellmut a écrit :



de même, c’est pratique quand on trouve pas ailleurs. <img data-src=" />





Ben j’ai quelques sites de partages, avec une sacrée bibliothèque. Donc je trouve ce que je veux, et je vais voir du côté des DDL quand je ne peux pas trouver mon bonheur.



Puis aussi avec le torrent j’utilise mon 100 mega à fond, contrairement aux site de DDL payants et bridés.









maxxyme a écrit :



C’est pas “accostage” qui est utilisé dans le Sud non ? <img data-src=" />









Non, je crois pas <img data-src=" />









linkin623 a écrit :



Ben j’ai quelques sites de partages, avec une sacrée bibliothèque. Donc je trouve ce que je veux, et je vais voir du côté des DDL quand je ne peux pas trouver mon bonheur.



Puis aussi avec le torrent j’utilise mon 100 mega à fond, contrairement aux site de DDL payants et bridés.





à fond? ben écoute je sais pas comment tu te “protèges” mais en général la protection en question ne balance pas du 100Mb/s.









hellmut a écrit :



à fond? ben écoute je sais pas comment tu te “protèges” mais en général la protection en question ne balance pas du 100Mb/s.





Pas besoin d’un VPN/proxy pour être à l’abri d’HADOPI.