Le Canada va légiférer contre le « revenge porn »

Le Canada va légiférer contre le « revenge porn »

Canada, Canada, voilà les Dalton

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

21/11/2013 5 minutes
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Le Canada va légiférer contre le « revenge porn »

Après la Californie, c’est au tour du Canada de vouloir s’attaquer au phénomène du « revenge porn », le fait de diffuser les images sexuellement explicites d'une personne, sans son consentement. Le gouvernement de Stephen Harper vient en effet de dévoiler un texte s’attaquant à la diffusion de telles images sur le Net, dont le statut juridique pose souvent problème aux victimes.

canada loi

 

Peter MacKay, le ministre de la Justice, a déposé hier auprès de la Chambre des communes son projet de loi « sur la protection des Canadiens contre la cybercriminalité ». L’accent est toutefois mis sur la lutte contre les harcèlements en ligne, ce que les Canadiens appellent la « cyberintimidation ». Et pour cause : le suicide de deux adolescentes victimes de harcèlement sur Internet, Amanda Todd (décédée en 2012 en Colombie-Britannique) et Rehtaeh Parsons (s’étant donné la mort cette année en Nouvelle-Écosse), a largement marqué l’opinion publique.

 

« Il suffit d'un simple clic pour qu'une personne devienne une victime devant les yeux de la planète entière, a déclaré hier le Garde des sceaux. Comme nous l'avons vu trop souvent, ce type de comportement peut détruire des vies. Il appelle clairement une intervention plus musclée de la justice pénale, et nous avons l'intention d'y voir » a-t-il martelé. Après avoir peaufiné sa copie pendant plusieurs mois (commandant notamment un rapport sur le sujet), l’exécutif a donc fini par dévoiler son texte, lequel se décline en différents points.

Nouveau délit de distribution non-consensuelle d’images intimes

Principalement, ce projet de loi consacre la création d’une nouvelle infraction, dite « de distribution non-consensuelle d’images intimes ». En l’état, le texte prévoit que « Quiconque sciemment publie, distribue, transmet, vend ou rend accessible une image intime d’une personne, ou en fait la publicité, sachant que cette personne n’y a pas consenti ou sans se soucier de savoir si elle y a consenti ou non » devienne désormais passible d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison, voire six mois s’il y a déclaration de culpabilité.

 

Mais que faut-il entendre par « image intime » d’un individu ? L’exécutif veut que cela concerne tous les « enregistrements visuels » d’une personne (photo, vidéo...) sur lesquels celle-ci :

 

« a) y figure nue, exposant ses seins, ses organes génitaux ou sa région anale ou se livrant à une activité sexuelle explicite;

b) se trouvait, lors de la réalisation de cet enregistrement, dans des circonstances pour lesquelles il existe une attente raisonnable de protection en matière de vie privée;

c) a toujours cette attente raisonnable de protection en matière de vie privée à l’égard de l’enregistrement au moment de la perpétration de l’infraction. »

Un nouvel État à l’affut du « revenge porn » 

On le comprend rapidement, ce nouveau délit tend principalement à sévir contre ce qu’on appelle le « revenge porn », et qui peut d’ailleurs être intimement lié à la cyberintimidation. En clair, il s’agit de la publication sur Internet par un ou une ex petit(e) ami(e) de photos et/ou de vidéos d’un ancien partenaire, de préférence dans une position sexuellement très explicite. La motivation est simple : se venger et humilier au maximum sa victime, Internet se présentant comme un excellent vecteur de diffusion pour ce type de contenus.

 

D’un point de vue juridique, ces images posent problèmes car elles sont la plupart du temps prises avec le consentement de la personne, future victime... La référence à des images réalisées « dans des circonstances pour lesquelles il existe une attente raisonnable de protection en matière de vie privée » pourrait cependant être de nature à lever cette barrière. L’on notera quoi qu’il en soit que la Californie a récemment adopté une loi sur le « revenge porn », proposant quant à elle des peines maximales de six mois de prison et 1 000 dollars d'amende.

 

 

Retrait des images litigieuses du Net

Cette nouvelle définition d’ « image intime » devrait ensuite irriguer le Code criminel canadien, afin d’offrir des leviers supplémentaires à la justice. En effet, dès lors qu’ils auront affaire à une photo ou vidéo rentrant dans ce champ d’ « image intime », les magistrats pourront ordonner le retrait des images litigieuses et même interdire leur distribution. Ils pourront également décider de la saisie de l'ordinateur, du téléphone portable ou de tout autre appareil mobile ayant été utilisé pour commettre l'infraction.

 

Le projet de loi prévoit également que la victime d’une « distribution non-consensuelle d’images intimes » puisse demander au juge un dédommagement au titre des frais qu’elle a engagé pour solliciter le retrait des images litigieuses du Net.

 

Si le texte doit désormais être examiné puis adopté par le Parlement, l’on retiendra qu’il n’aborde finalement pas la « cyberintimidation » de la même manière que la province de Nouvelle Écosse. Depuis cet été, la législation de cet État fédéré canadien sanctionne en effet l’utilisation répétée de « toute communication électronique » (depuis un ordinateur, les réseaux sociaux, les SMS, une messagerie instantanée, au travers des sites Web, les mails...), et ce dans le but « de susciter la peur, l'intimidation, l'humiliation, l'angoisse ou tout autre dommage ou préjudice relatif à la santé d'une autre personne, son bien-être émotionnel, son estime de soi ou sa réputation ».

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Nouveau délit de distribution non-consensuelle d’images intimes

Un nouvel État à l’affut du « revenge porn » 

Retrait des images litigieuses du Net

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (16)


“images secuellement explicites d’une personne”

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Moi qui m’attendais à voir des images sympa… XD



Après pour se faire oublier sur le net… Pas facile…


Ca va faire moins de vidéos amateur du coup.

Je vote contre <img data-src=" />








christophe_gossa a écrit :



“images secuellement explicites d’une personne”

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déjà prévenus <img data-src=" />



soit c’est pour rester soft

soit neige sur le clavier et le doigt a glissè



Le problème à la base ce sont les cons et connes qui se laissent filmer dans de telles positions, non ? <img data-src=" /><img data-src=" />


Et bientôt, une loi sur le revenge-by-revenge-porn, quand les conjoints attaqueront leur moitié pour se venger pour avoir publiée une vidéo alors que les deux étaient consentant <img data-src=" />


Et pour “l’auto revenge porn” ?

C’est à dire la bimbo stupide qui poste sa propre sex tape ?

Va-t-on la protéger contre sa propre connerie autodestructrice, en l’obligeant à se verser à elle-même des dommages et intérêts ? <img data-src=" />








tica68 a écrit :



Le problème à la base ce sont les cons et connes qui se laissent filmer dans de telles positions, non ? <img data-src=" /><img data-src=" />





Pourquoi serait-ils cons si c’était d’un commun accord ?



Si tu n’as pas de fantasme, ce n’est pas forcément le cas de tout le monde.





Canada, Canada, voilà les daltons



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Drepanocytose a écrit :



Ca va faire moins de vidéos amateur du coup.

Je vote contre <img data-src=" />





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Tiens ça me rappelle que j’ai… des trucs à faire…



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picatrix a écrit :



Et pour “l’auto revenge porn” ?

C’est à dire la bimbo stupide qui poste sa propre sex tape ?

Va-t-on la protéger contre sa propre connerie autodestructrice, en l’obligeant à se verser à elle-même des dommages et intérêts ? <img data-src=" />







Très très bonne question <img data-src=" />









tica68 a écrit :



Le problème à la base ce sont les cons et connes qui se laissent filmer dans de telles positions, non ? <img data-src=" /><img data-src=" />







Je te conseil de lacher un peu PCI et d’en trouver une qui n’hesitera pas a te laisser des petits souvenirs du genre <img data-src=" />









coolraoul a écrit :



Je te conseil de lacher un peu PCI et d’en trouver une qui n’hesitera pas a te laisser des petits souvenirs du genre <img data-src=" />







tu es fou !

youporn va lui faire une crise de jalousie <img data-src=" />









tica68 a écrit :



Le problème à la base ce sont les cons et connes qui se laissent filmer dans de telles positions, non ? <img data-src=" /><img data-src=" />



<img data-src=" /> Le problème c’est le darknet! Tout le monde le sait, Antenne2 l’a dit<img data-src=" />

Et sinon, chacun ses fantasmes, je suis comme toi, ce n’est pas le mien, mais si quelqu’un aime se faire filmer, why not, qui suis- pour juger les gens?









tica68 a écrit :



Le problème à la base ce sont les cons et connes qui se laissent filmer dans de telles positions, non ? <img data-src=" /><img data-src=" />







Sauf que ce n’est pas toujours consentant.À la limite, oui, il ne faut pas faire des photos osé de soi… mais qui ne l’a jamais fait <img data-src=" />



Mais peu importe, ce n’est pas parce que qu’un a des photos qu’elle peut les utiliser pour faire du bullying pour autant. Il y a quelques cas au Canada qui ont vraiment fait les manchettes.



Le premier fut une fille de la Colombie Britannique qui pensa envoyé ses seins à un gars de son age fréquentant son école. Ce fut en réalité un homme de 34 ans qui envoya la photo à plein de gens. La petite fille fini par se suicider après avoir fait une photo ou elle parlait avec des cartons exprimant sa tristesse.



Le deuxième cas est pire encore. Un groupe de gars en nouvelle écosse ont saouler et violer une fille en filmant leur exploit. Ils ont ensuite montrer cette vidéo à plein de gens disant que cette fille la était une salope, etc… Elle aussi s’est suicidé. Évidemment les gars sont dans la merde aujourd’hui, mais relativement peu versus le drame que la famille de la victime.



Il y a eu aussi