La LOPPSI exceptée, le blocage administratif des sites est désormais enterré

La LOPPSI exceptée, le blocage administratif des sites est désormais enterré

Une bonbonne de gaz qui aura fait pshittt

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Marc Rees

Publié dans

Droit

23/10/2013 5 minutes
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La LOPPSI exceptée, le blocage administratif des sites est désormais enterré

 À l’Assemblée nationale, la députée UMP Laure de La Raudière avait fait voter la fin du blocage administratif des sites. Elle avait présenté victorieusement un amendement à la loi sur la consommation pour torpiller une disposition jamais appliquée, mais toujours présente dans notre droit. Son texte de suppression a été adopté dans les mêmes termes au Sénat, enterrant définitivement cette disposition exceptionnelle.

laure de la raudière

 

L’actuel article 18 de la loi sur la confiance dans l’économie numérique (LCEN) permet à une autorité administrative d’exiger à peu près tout de n’importe quel acteur en ligne : de la simple remontrance au blocage d’accès sans intervention préalable du juge. Il suffit à cette fin de prétexter des motifs flous, tels que le maintien de l’ordre public, la sécurité publique, la protection des mineurs, de la santé publique, de la défense nationale ou des consommateurs.

 

Jamais appliqué, cet article avait malgré tout suscité l’intérêt du gouvernement Fillon qui avait rédigé un projet de décret. Dévoilé par PC INpact, le texte orchestrait le blocage d’accès chez les hébergeurs ou les FAI du moins en cas de risque ou d’atteinte sérieuse et grave à l’un des motifs précités. Ce texte avait très tôt été dénoncé par le Conseil National du Numérique. Il était resté dans les tiroirs depuis lors.

 

Finalement, Laure de la Raudière était parvenue à supprimer ce fameux article 18 lors des débats sur le projet de loi sur la Consommation. Votée après quelques hésitations, la mesure de suppression devait cependant encore être validée au Sénat, ce qui a été effectivement fait sans tambour ni trompette cet été.

 

Lors des débats en commission parlementaire, il a été rappelé que la députée « a fait valoir les risques de « surblocage » découlant de telles mesures de filtrage, ainsi que le caractère attentatoire aux libertés de communication et d'entreprendre qu'elles peuvent représenter. En effet, aucune décision de justice préalable n'est requise pour prendre une telle mesure. De plus, et du fait de la définition très ouverte du commerce électronique retenue par la LCEN, le champ ouvert par le texte est extrêmement large puisqu'il concerne tant les sites d'activité commerciale que les moteurs de recherche et les hébergeurs. »

Sans décret, l’article 18 restait une menace potentielle

Les sénateurs de la commission des affaires économiques ont alors ajouté que « certes, le décret exigé dans le texte pour que ce dispositif soit applicable n'a toujours pas été pris, neuf ans après l'adoption de la loi, et cette mesure n'a donc jamais trouvé à s'appliquer. Mais le simple fait qu'il puisse l'être à tout moment par le pouvoir règlementaire laisse planer une menace potentielle sur la liberté d'utilisation d'Internet à des fins commerciales et, plus largement, sur le libre accès au réseau. Ce risque a justifié pour les députés la suppression de l'article 18 précité. »

 

Lors de l’examen du projet de loi, les parlementaires ont donc avalisé eux aussi la suppression de ce funeste article 18. S’il est nécessaire de combattre la fraude en ligne, « la lutte contre ces pratiques doit se mener dans un cadre légal, clair et prédéfini, et passer notamment par une autorisation juridictionnelle préalable des pouvoirs publics à intervenir pour restreindre le libre accès au réseau des personnes suspectées » ont-ils tambourinés, doigt tendu sur la décision du Conseil constitutionnel « Hadopi 1 ».

 

Le projet de loi est maintenant retourné devant l’Assemblée nationale où les débats doivent se poursuivre, mais l’article en cause ayant été supprimé dans les mêmes termes (voir article 25ter) par les députés et les sénateurs, l'article 18 est désormais à celui de la mort. Comme l'explique le Sénat, le champ de la navette est en principe en effet « restreint aux articles qui font l’objet d’un désaccord entre le Sénat et l’Assemblée nationale. Il exclut donc les articles adoptés dans les mêmes termes par les deux assemblées, dits « conformes » » 

La LOPPSI seul cas de blocage administratif

Une fois la loi publiée au Journal officiel, une seule hypothèse de blocage administratif existera finalement en France. C'est celle des sites pédopornographiques.

 

Prévu par la loi d’orientation pour la sécurité intérieure (LOPPSI), le dispositif est cependant lui aussi en attente d’un décret d’application, promis encore cet été par Manuel Valls, alors que le PS avait voté contre ce texte en 2011.

 

Sur ce sujet, notons la toute récente question parlementaire de Lionel Tardy. Le député UMP s’est justement penché sur le récent arrêté publié au JO concernant la plateforme de signalement Pharos. Désormais, les FAI pourront être destinataires des signalements effectués par les internautes dénonçant tel ou tel site pédopornographique. À l’image de la CNIL, le parlementaire de l’opposition se demande si ces modifications ne laissent pas présager d’une publication prochaine du décret LOPPSI sur le blocage administratif des sites pédopornographiques. La question est en attente de réponse de l'Intérieur.

Écrit par Marc Rees

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Introduction

Sans décret, l’article 18 restait une menace potentielle

La LOPPSI seul cas de blocage administratif

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Commentaires (20)


Entre Hadopi, Loppsi et pomme d’api, le succès n’est pas au rendez vous décidément <img data-src=" />


Alone in the Dark…



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matroska a écrit :



Alone in the Dark…<img data-src=" />





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C’est vrai qu’après rapide consultations de quelques sites et articles traitant de son travail, on peut dire qu’elle aurait tendance à remonter un peu le niveau de l’UMP … enfin … si seulement elle était un peu plus écoutée au sein de son parti et/ou elle avait le courage de ses opinions (abstention vote Hadopi) <img data-src=" />









Obelixator a écrit :



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C’est vrai qu’après rapide consultations de quelques sites et articles traitant de son travail, on peut dire qu’elle aurait tendance à remonter un peu le niveau de l’UMP … enfin … si seulement elle était un peu plus écoutée au sein de son parti et/ou elle avait le courage de ses opinions (abstention vote Hadopi) <img data-src=" />







Disons aussi que ce n’est certainement pas la pire de son Parti Politique, loin de là… C’est assez juste ce qu’elle dit sur “certains aspect”.



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Mais le simple fait qu’il puisse l’être à tout moment par le pouvoir règlementaire laisse planer une menace potentielle sur la liberté d’utilisation d’Internet à des fins commerciales et, plus largement, sur le libre accès au réseau.



Donc d’abord on pense au commerce, et seulement ensuite à la liberté. <img data-src=" />




Désormais, les FAI pourront être destinataires des signalements effectués par les internautes dénonçant tel ou tel site pédopornographique.





Humhum. Des sites pédo blocables? Hors Darknets donc, sur l’internet de mMe michu? On se demande si cela existe , tout de même.



Des sites borderline , surement, mais pédo je n’y crois pas un instant .








RaoulC a écrit :



Humhum. Des sites pédo blocables? Hors Darknets donc, sur l’internet de mMe michu? On se demande si cela existe , tout de même.







Il doit y avoir moins d’une dizaine (voir moins d’une demi-douzaine) de cas en France. Actuellement, tu peux être sûr que la division de la Gendarmerie (dont j’ai oublié le nom) qui s’occupe de ce genre de chose te le trouves et te le fait fermer en quelques jours, tout en ayant pris soin de récupérer toutes les preuves nécessaires pour choper le responsable si il est en France ou transmettre à Interpol sinon



Leur machin de signalement, c’est effectivement inutile <img data-src=" />



Ça fait du bien d’avoir des députés comme Laure de La Raudière, qui avec d’autres (à l’UMP - Lionel Tardy - ou au PS - Bloche) fait partie des personnes compétentes sur le domaine Internet, il y en a peu.









RaoulC a écrit :



Humhum. Des sites pédo blocables? Hors Darknets donc, sur l’internet de mMe michu? On se demande si cela existe , tout de même.



Des sites borderline , surement, mais pédo je n’y crois pas un instant .









John Shaft a écrit :



Il doit y avoir moins d’une dizaine (voir moins d’une demi-douzaine) de cas en France. Actuellement, tu peux être sûr que la division de la Gendarmerie (dont j’ai oublié le nom) qui s’occupe de ce genre de chose te le trouves et te le fait fermer en quelques jours, tout en ayant pris soin de récupérer toutes les preuves nécessaires pour choper le responsable si il est en France ou transmettre à Interpol sinon



Leur machin de signalement, c’est effectivement inutile <img data-src=" />





<img data-src=" /> <img data-src=" /> .



Je suis toujours un peu sidéré par cette obsession de la pédopornographie sur le Net, alors que c’est super surveillé et poursuivi. J’ai du mal à imaginer également un site ouvert sur le sujet.



Enfin un pas dans la bonne direction. <img data-src=" />

C’est ma tournée. <img data-src=" />

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kamui57 a écrit :



Donc d’abord on pense au commerce, et seulement ensuite à la liberté. <img data-src=" />





En politique, ça n’a jamais été l’inverse. Malheureusement.



J’ai l’impression qu’il n’y a pas que Laure de la Raudière qui sourit sur cette photo…

j’ai bon ?








kamui57 a écrit :



Donc d’abord on pense au commerce, et seulement ensuite à la liberté. <img data-src=" />











Arjofocolovi a écrit :



En politique, ça n’a jamais été l’inverse. Malheureusement.







Depuis le temps, tout le monde sait bien que la véritable devise de la majorité des régimes politiques c’est Liberté Lobbying Égalité Enrichissement Fraternité Corporatisme <img data-src=" />



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Une bonne nouvelle. <img data-src=" /> <img data-src=" />








RaoulC a écrit :



Humhum. Des sites pédo blocables? Hors Darknets donc, sur l’internet de mMe michu? On se demande si cela existe , tout de même.



Des sites borderline , surement, mais pédo je n’y crois pas un instant .











John Shaft a écrit :



Il doit y avoir moins d’une dizaine (voir moins d’une demi-douzaine) de cas en France. Actuellement, tu peux être sûr que la division de la Gendarmerie (dont j’ai oublié le nom) qui s’occupe de ce genre de chose te le trouves et te le fait fermer en quelques jours, tout en ayant pris soin de récupérer toutes les preuves nécessaires pour choper le responsable si il est en France ou transmettre à Interpol sinon



Leur machin de signalement, c’est effectivement inutile <img data-src=" />











OlivierJ a écrit :



Je suis toujours un peu sidéré par cette obsession de la pédopornographie sur le Net, alors que c’est super surveillé et poursuivi. J’ai du mal à imaginer également un site ouvert sur le sujet.







+1 avec vous.



Hors Darknet, la durée de vie d’un site pédo en clair, même situé dans un pays lointain, ne dépasse pas quelques heures…



AUCUN hébergeur ne prendrait le risque de laisser sur ses serveur un site qu’aucun pays sur la planète ne considère comme légal. Les infimes cas (moins d’un pour cent) où des sites assimilables ne sont pas dégagés malgré des signalements, ça concerne des trucs légaux dans certains pays comme le lolicon manga ou des textes littéraires.









John Shaft a écrit :



Il doit y avoir moins d’une dizaine (voir moins d’une demi-douzaine) de cas en France. Actuellement, tu peux être sûr que la division de la Gendarmerie (dont j’ai oublié le nom) qui s’occupe de ce genre de chose te le trouves et te le fait fermer en quelques jours, tout en ayant pris soin de récupérer toutes les preuves nécessaires pour choper le responsable si il est en France ou transmettre à Interpol sinon



Leur machin de signalement, c’est effectivement inutile <img data-src=" />







tout a fait…

y’a plusieurs années j’ai bossé pour un fournisseur de sites spécialisés en photographie. c’était sa phobie de louer un espace a des pedos.



apres appel a la gendarmerie pour se renseigner, un site pedo ne dure pas plus de 48h en France.

le temps de le trouver, de le copier, et d”interpeller les gars avec le site encore en place pour ne pas qu’ils s’enfuient.



tant qu’à devier du sujet :



marc, j’ai entendu parler d’un truc vers chez moi.

un developpeur se serrait fait serrer récemment pour avoir mis en ligne du piratage et du pedo payant dans le dpt 13.

ca te parle cette histoire ?


Quelqu’un à une idée du nombre de loi sans décret d’applications?


En relation avec le titre. Cela aurait donné aux élus locaux ou tierces, la pendaison, ça fait <img data-src=" />








OlivierJ a écrit :



Je suis toujours un peu sidéré par cette obsession de la pédopornographie sur le Net, alors que c’est super surveillé et poursuivi. J’ai du mal à imaginer également un site ouvert sur le sujet.





ca permet de faire accepter tout et n’importe quoi, en jouant sur l’émotif plutôt que l’objectif (si on reste objectif ca ne peut pas passer auprès de l’opinion) <img data-src=" />