Dans une réponse parlementaire au député Jean-Claude Bouchet, Aurélie Filippetti indique que le rapport anti-streaming et anti-direct download confié à Mireille Imbert-Quaretta sera rendu public en janvier 2014. La future grande loi CSA/Hadopi devrait être donc présentée par la suite.
Invitée par un député à faire le bilan des conclusions du rapport Lescure sur l’exception culturelle, Aurélie Filippetti s’est surtout penchée sur la question de la lutte contre la contrefaçon en ligne. La ministre de la Culture rappelle que le rapport Lescure « préconise de réorienter la lutte contre la contrefaçon en direction des sites Internet de streaming, de téléchargement direct ou de référencement qui se sont spécialisés dans l'exploitation à l'échelle industrielle de contenus illicites dont ils tirent des profits importants, générés par les paiements des utilisateurs et par les revenus publicitaires ».
En fait, de « réorientation », il s’agit en réalité d’un cumul d’action : ces mesures viendront s’ajouter à la riposte graduée dont la gestion sera confiée clef en main au CSA.
Pour justifier le déploiement de cet arsenal additionnel, la locataire de la Rue de Valois estime que « les poursuites contre les sites dédiés à la contrefaçon se heurtent toutefois à des obstacles importants qui tiennent, notamment, à la mobilité quasi instantanée des contenus, à la difficulté de rechercher les preuves ou d'identifier les personnes responsables, aux lacunes de la coopération entre les États, etc. »
Horizon janvier 2014
Elle rappelle avoir confié à cette fin une mission à Mireille Imbert-Quaretta, l’actuelle présidente de la Commission de protection des droits de la Hadopi. L’enjeu consiste à « élaborer les outils opérationnels permettant d'impliquer les intermédiaires techniques et financiers dans la lutte contre la contrefaçon en ligne ». La ministre annonce que le résultat de cette étude sera rendu public en janvier 2014. Détail intéressant, Aurélie Filippetti signale déjà que « les outils en question pourront reposer sur des mesures volontaires, telles qu'un accord rassemblant les parties prenantes, voire sur des mesures législatives et règlementaires. »
En aucun cas, il ne sera donc proposé une profonde redéfinition de la responsabilité des intermédiaires techniques afin de les rendre directement responsables des contenus transmis ou hébergés. Un tel chantier supposerait en effet la remise à plat de règles européennes, puisque le secteur est encadré par des dispositions supranationales. En outre, il serait difficile d’éviter la case judiciaire avant d’imposer de telles mesures de filtrage. C’est ce que dit en d’autres termes la ministre de la Culture : « afin de contourner ces difficultés, le rapport « Acte II » propose d'impliquer les intermédiaires techniques et financiers (hébergeurs, moteurs de recherche, services de paiement, acteurs de la publicité en ligne, voire fournisseurs d'accès à Internet et opérateurs de nommage), sans pour autant redéfinir les règles de responsabilité posées par la directive 2000/31/CE du 8 juin 2000 sur le commerce électronique ou remettre en cause la neutralité du net. »
Ne pas remettre en cause le droit européen, ne pas remettre en cause la neutralité du Net, mais inciter les intermédiaires techniques à des opérations de nettoyage des réseaux sans intervention du juge et donc sans passer par les règles classiques liées au respect des droits de la défense.
Mireille Imbert-Quaretta de retour sur les traces de son précédent rapport
Mireille Imbert-Quaretta avait déjà rédigé un rapport contre le streaming et le direct download illicites au sein de la Hadopi (notre analyse détaillée de ce rapport). La mission confiée par Aurélie Filippetti est donc déjà largement remplie. Pour rappel, la présidente de la CPD préconisait la mise en place d’une riposte graduée dédiée aux sites Internet. La procédure partirait d’une mise en demeure adressée par un ayant droit à l’encontre d’un site jaugé trop nauséabond. En cas de silence, les sites seraient placés dans une liste noire et les intermédiaires mis dans la boucle pour mettre en place des mesures volontaires. Google a déjà montré qu’il pouvait faire pareil ménage, l’idée étant de généraliser ces mesures. Enfin, en cas de résistance ou de négligence un peu trop caractérisée dans ce nettoyage des réseaux, les plateformes seraient menacées d’une action en justice.
Dans une interview sur PC INpact , MIQ nous avait décrit l’enjeu d’un tel dispositif : « La procédure d’alerte est un, de favoriser les médiations et les contrats. Deux, d’inciter un peu plus fortement dans cette médiation. Trois, d’accompagner les décisions de justice. Dans aucune de ces trois parties on arrivera à zéro délinquance ». En somme une riposte graduée dédiée aux sites internet. « Ce sont des avertissements. On fait de la pédagogie » insistait l'intéressée.
La magistrate préconisait aussi diverses mesures. Par exemple, revoir l’amendement Vivendi Universal, voté lors de la DADVSI. À ce jour, ce texte sanctionne de 3 ans de prison et 300 000 euros les logiciels manifestement dédiés à des faits de contrefaçon. MIQ voudrait que le texte soit étendu aux sites afin de faciliter leur condamnation sans passer par le lourd canal des règles du droit commun. Autre arme : un mécanisme empêchant la réapparition des sites miroirs une première fois bloqués. La mesure s’inspire ici d’un outil développé par les ayants droit avec l’ALPA et TMG. L’outil est actuellement en cause dans un litige en cours devant le TGI de Paris (affaire Allostreaming). Enfin, les intermédiaires financiers et les régies publicitaires seraient incités fortement à tenir compte de la liste noire pour couper la veine financière vers les sites de streaming ou direct download.
Source d'inspiration pour le rapport Lescure
Le rapport Lescure s’est fortement inspiré de ces travaux édités entre les murs de la Hadopi (notre analyse) . Il préconise la signature de chartes de bonne conduite entre tous les acteurs (moteurs, FAI, hébergeurs, établissements financiers) afin d’inciter à l’autorégulation. Sous l’égide d’une autorité (Lescure pense à Cyberdouane, MIQ à une « autorité publique »), une liste noire des sites coupables de manquements répétés serait là aussi rédigée. Cette liste serait adressée aux intermédiaires, toujours pour leur demander des mesures volontaires. Lescure envisage « déréférencement, suspension des moyens de paiement, rupture des relations contractuelles, etc. ». En cas de résistance, là encore, l’intermédiaire prendrait le risque d’une action en justice. Dans tous les cas, l’intermédiaire serait invité très fortement à maintenir dans le temps les mesures de blocage (Notice and Stay Down) histoire d’éviter les réapparitions.
Dans un cas comme dans l’autre, l’objectif est de faciliter et d’accélérer le traitement. L’enjeu est aussi de ne pas avoir à passer par la case du juge et surtout d’éviter au maximum aux ayants droit d’avoir à supporter les frais de ces mesures. Fait notable : si on en croit le rapport Lescure, la liste noire des sites bloqués sans procédure judiciaire ne sera pas rendue publique.
Commentaires (97)
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:popcorn:
" /> on va ravoir les “m’enfou vpn” “m’enfou proxy” “m’enfou xxxx”
bon lire l’actu maintenant je vais " />
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Et sinon, l’offre légale qui ne se fout pas de notre gueule, elle arrive un jour ? " />
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pfffffffffffff plus besoin de la hadopi, y’a protect-artists maintenant " />
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" /> respect Marc pour continuer à traiter le sujet, à chaque nouvelle idée de ces guignols j’ai envie de me pendre " />
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Et Hadopi 4 ce sera quoi ? fermeture d’Internet ?
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Enfin, en cas de résistance ou de négligence un peu trop caractérisée dans ce nettoyage des réseaux, les plateformes seraient menacées d’une action en justice.
« Ce sont des avertissements. On fait de la pédagogie » insistait l’intéressée.
Un jour il faudra qu’ils arrêtent d’utiliser ce mot.
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Je leur souhaite bonne chance dans leur lutte perdue d’avance. " />
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Oh oui, un nouveau cheval de bataille, qui ne sert a rien, pour sauver les ayants droits!
Aller hue dada !
C’est a cause de la news qui dit que m6 replay a multiplié par X son trafic à la mort de megaupload qu’ils se reveillent? " />
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Autorégulation, concertation, liste noire, on ne touche pas au status des hebergeurs mais quand même un peu, mesures volontaires mais quand même un peu orientées….
C’est flippant, et encore une fois le droit d’auteur risque d’être le cheval de Troie d’un contrôle plus strict du net….
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Ce paragraphe est à encadrer :
Ne pas remettre en cause le droit européen, ne pas remettre en cause la neutralité du Net, mais inciter les intermédiaires techniques à des opérations de nettoyage des réseaux sans intervention du juge et donc sans passer par les règles classiques liées au respect des droits de la défense.
J’adore la conception de la légalité qu’ont les socialistes, en gros c’est : j’ai raison et donc j’ai le droit …
Contre les pirates de l’internet, le gouvernement fait le choix des corsaires !
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Les Annon vont avoir encore du travail…" />
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#AttentionHeinSinonPanPanKuKu
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Une serpillère chasse l’autre?
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2 guerres de retard, au moins…
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” IL FAUT ABROGER HADOPI” qu’il disait !! :)
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Hadopi ou l’art de ne rien comprendre.
La première version avait permis de largement modifier les habitudes des internautes de bases pour eviter de se faire gauler.
La seconde version nous permettra d’à nouveau diffuser au maximum d’usagers les méthodes de contournement de leur bêtise.
C’est mon sacerdoce, diffuser la bonne parole du libre téléchargement autour de moi.
Mes anciens élèves deviennent à leur tour de nouveaux prescripteurs.
Pas un sous pour les majors sans réelle prise en compte des changements des usages.
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Les politiques vont là où l’argent les mène.
Mettre en place une offre légale ne coûterait rien à l’Etat mais surtout ne lui rapporterait guère plus.
Alors que pouvoir soutirer de l’argent public à outrance pour défendre une cause perdue qui n’a ni queue ni tête, c’est beaucoup plus intéressant.
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merci, Marc.
Quelles seraient les perspectives à 1⁄2 terme ?
Une déclaration unique ?
Un truc du genre : “bonjour, je déclare un iphone, une chaine hi-fi, un kindle, un ipad, une radio dans ma sdb, je lis Metro dans le métro, je chante sous la douche, et le dernier relevé gouvernemental a pointé 2h24 de websurf par jour cette année. Je vous dois combien ?”
On en est où, des libertés fondamentales ?
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#59
Cette liste serait adressée aux intermédiaires, toujours pour leur demander des mesures volontaires. Lescure envisage « déréférencement, suspension des moyens de paiement, rupture des relations contractuelles, etc. ». En cas de résistance, là encore, l’intermédiaire prendrait le risque d’une action en justice. Dans tous les cas, l’intermédiaire serait invité très fortement à maintenir dans le temps les mesures de blocage
C’est pas du chantage ça ?
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Une chance que je ne suis pas un abonné Orange " />
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Bon vous comprenez la lutte contre le piratage et donc la sauvegarde de nos intérêts (ce qui reste à prouver car piratage== baisse de revenu des majors reste réellement à prouver) nous coûtent cher. Ce serait bien que ce soit d’autres acteurs qui œuvrent pour la sauvegarde de nos intérêts : comme ça on a le beurre et l’argent du beurre (la crémière du ministère ça fait un moment qu’on l’a déjà dans la poche -NB: penser à bien réserver son poste en cas d’accident de parcours politique, idem pour la famille, faciliter les emplois…“membres d’honneur”).
Elle est pas belle la vie? Et si y a quelques récalcitrants, ben tu les menaces et puis c’est tout (TM Lucas).
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ce gouvernement deviens de plus en plus idiots (pour rester poli) sur ses projets de lois visant internet et companie.
mais bon ils aiment bien se foutre de nous" />
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Attendez. Ca vient du gouvernement francais… c est de la merde… voila ou j en suis maintenant.
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Je n’ai qu’une chose à dire : XD " />
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À ce jour, ce texte sanctionne de 3 ans de prison et 300 000 euros les logiciels manifestement dédiés à des faits de contrefaçon
Et cloneCD, cloneDVD,… ? sont ils sanctionnés?
Comment met-on en prison un logiciel?" />
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dans le document cité, la seule référence à hadopi est celle-ci
Elle a ainsi chargé Madame Mireille Imbert-Quaretta, conseillère d’État et présidente de la commission de protection des droits de la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (HADOPI),
Il n’est nulle part référence à un Hadopi 3" />
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Tu va taper sur ton moteur de recherche, par exemple “fenêtre”, tu es direct sur tous les “.VOD”
Anneaux —-> ??.VOD " />
Vibreur—–> ??.VOD " />" />
Brouette —-> ??.VOD :X:
Tu n’as plus besoin de changer, avec tes cookies tu es repéré d’Office
" />
" />" />
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Il nous font *. A quand un itunes version lossless serieux ???
Puis arretez avec votre streaming de merde, tout le monde n’a pas une connexion a + de 10 megas !!! " />
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Si je comprends bien, ils reviennent encore plus méchants…
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En gros on va lui fournir un beau gros salaire pour pondre un truc inutile totalement à côté de la plaque et hors du temps (oui parce que vu sa gueule elle doit être aussi bien informer sur le sujet que le député moyen) ?
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Dans le terme “exception culturelle française”, il faut comprendre “exception commerciale de la culture française” !
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Seriez-vous au courant ?
Il existe des scripts qui permettent de récupérer les fichiers sans passer par des sites oueb " />
Je ne sais pas comment c’est foutu, la chose. Mais je vais faire des recherches " />
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Cf la mise à jour : si vous rendez votre travail avec un mois de retard, votre patron accueille ça avec le sourire ?
MIQ serait une planquée ? non, je n’ose le croire :|
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