Depuis les révélations initiales d’Edward Snowden au sujet du programme américain de surveillance Prism, la NSA est déjà passée une fois devant le Congrès pour justifier de l’efficacité de sa lourde machinerie. Les doutes qui avaient été émis se sont renforcés cette semaine, les responsables du renseignement faisant face à des parlementaires visiblement remontés contre les informations révélées.
Crédits : Laurent Gence, licence Creative Commons
Une pression croissante
Les documents obtenus par Edward Snowden recouvraient plusieurs aspects de la surveillance américaine. Le programme Prism tout d’abord, qui a fait l’objet de très nombreux articles dans la presse, mais également la collecte massive des métadonnées des appels téléphoniques. Concernant ces derniers, une plainte a été lancée cette semaine par de nombreuses associations qui estiment que cet espionnage viole le Premier Amendement de la Constitution américaine et le droit d’association. À noter également qu’une coalition de 63 entreprises (dont Microsoft, Apple et Google), de groupes de défense des libertés civiles, de fonds d’investissements et autres a demandé officiellement à Barack Obama la permission d’être plus transparents sur les requêtes effectuées par la NSA.
Et tandis que la pression a augmenté de toute part cette semaine, les responsables du renseignement américain ont dû faire face une fois de plus aux membres du Congrès. La première fois, des soupçons avaient été émis sur l’efficacité de toute la machinerie mise en place. Les responsables avaient principalement indiqué qu’une cinquantaine de complots avaient pu être déjoués, une partie concernant directement des pays alliés. Aux États-Unis, le cas d’un complot visant le métro new-yorkais avait notamment été abordé.
L'arbre aux multiples branches
Pour la deuxième audition, qui s’est tenue mercredi, les responsables ont cependant fait face à des parlementaires nettement plus offensifs. L’origine de cette colère tient à une révélation qui ne provenait cette fois pas des documents de Snowden, mais bien d’un responsable, John C. Inglis : le nombre de personnes touchées par les enquêtes peut grimper de manière exponentielle durant une enquête à chaque interrogation de la titanesque base de données.
Pour le comprendre, il faut imaginer un arbre dont le tronc est le suspect. La requête dans la base définit ensuite un nombre de niveaux de profondeur. Dans le cas d’un niveau 1, la requête va afficher l’ensemble des personnes qui ont été en contact direct avec le suspect, ce qui donne les branches principales. Le niveau 2 affiche toutes les personnes qui ont été en contact avec celles qui ont parlé directement avec le suspect. Les branches secondaires peuvent donc déjà être très nombreuses. Selon Inglis, les requêtes peuvent aller jusqu’au niveau 3, affichant alors une très longue de personnes ayant été en contact avec celles du niveau 2. D’un seul suspect, il devient donc possible de reconstituer un arbre relationnel avec des dizaines de branches et des milliers de feuilles.
Ces niveaux de détails, que le monde du renseignement appelle « hops », sont particulièrement puissants dans le cadre de recoupements d’informations, quand les données téléphoniques notamment sont croisées avec celles d’internet. Devant les réactions d’inquiétude et de colère, Inglis a rapidement indiqué que ces requêtes étaient toujours approuvées par la Fisc, la cour secrète qui règle les opérations menées sous couvert de la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act). Pour les parlementaires, ce n’était pas suffisant.
Une audition beaucoup plus offensive
Les critiques agressives ont donc fusé, voire même des menaces. Plusieurs membres du Congrès ont ainsi révélé leurs inquiétudes non sur l’utilisation qui était faite des données, mais sur la collecte elle-même : « Le statut parle de collection. Vous essayez de nous embrouiller en parlant d’utilisation » a ainsi indiqué Jerrold Nadler. Un autre, Ted Poe, espère que le Congrès pourra limiter l’idée « qu’il est acceptable de heurter l’esprit de la Constitution au nom de la sécurité nationale ».
Devant les rappels des responsables que le travail de la NSA était supervisé tant par la Fisc que le Congrès lui-même, plusieurs parlementaires se sont montrés sceptiques. Spencer Bachus par exemple a indiqué « ne pas être du tout au courant » du caractère extensif de cette surveillance, dont seules les bases avaient été exposées initialement devant les comités spéciaux de la Chambre et du Sénat. Zoe Lofgren a souligné quant à elle les rapports plus que succincts qui sont produits une seule fois par an : « moins d’une page et pas plus de huit phrases ».
Le parlementaire James Sensenbrenner, pourtant l’auteur du Patriot Act, s’est montré particulièrement virulent. Il a ainsi menacé les responsables du renseignement de perdre les votes de la Chambre des représentants lors du vote de prolongation du programme en 2015 si les analystes ne revoyaient pas sérieusement à la baisse le périmètre de recherche.
La pression accumulée autour de la NSA notamment est particulièrement forte depuis plusieurs semaines. Auditions publiques, lettres ouvertes, plaintes, méfiance du grand public, crise de confiance pour les entreprises et ondes de chocs diplomatiques : les conséquences des actes d’Edward Snowden, nominé pour le prix Nobel de la Paix 2014, ne sont pas terminées.
Commentaires (89)
#1
Moi j’attends la chanson de ces belles grandes entreprises américaines, genre “we are the world, we are the children”
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Es-ce vraiment un ennemie de la nation. Car même les sénateurs on l’air ravis d’apprendre certaines infos
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Plus ça va, plus les réactions qui s’enchaînent démontrent que même sans publications des documents, la véracité des informations de Snowden est avérée…
Ou alors, c’est le plus gros FUD de l’histoire.
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Bonjour,
je me suis engueulé au téléphone avec ma copine hier soir et je voudrais savoir sur quel site je peux récupérer l’enregistrement car elle me dit qu’elle n’as pas dit certains mots lors de cette conversation.
merci par avance ;)))))
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Quand Snowden sera reconnu comme un héros aux USA, que diront les toutous européens qui ont arrêté l’avion d’Evo Morales pour se justifier ?
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Ils sont en train d’emballer la machine à réagir comme des petites effarouchées " />
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Nous sommes bien tous pris pour des bons “bobets” pour finir.
En tout cas, nous en France , on est vraiment tranquille, ça ne risque pas de nous arriver; il n’y a plus d’argent pour le service de surveillance. Et puis n’oublions pas notre devise nationale Liberté Égalité Fraternité " />
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Donc si on résume on a un pays
qui gouverne la plus grosse organisation militaire du monde,
qui ne reste pas 18 mois sans déclencher une guerre et tue massivement
qui n’est pas signataire des conventions de Genève
qui ne respecte la dignité humaine
viole la vie privée de ses citoyens et du reste du monde
fait usage de la torture
applique la peine de mort
organise la désinformation systématique : propagande étatique
et qui continue de faire croire au reste du monde que c’est une démocratie respectable….
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les sénateurs ont peur qu’un arbre trop grand fasse apparaître leur tête dans la liste .
Je les comprends.
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C’est lamentable…
faire les gamines effarouchées devant ce qui au final n’a rien de surprenant.
Que ce soit les politiciens ou les grandes entreprises.
Ils n’ont pas honte.
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ça va être le plus gros combats de tout les temps prix Nobel de la paix 2009 vs prix Nobel de la paix 2014 si snowden est elu " />
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http://www.lepoint.fr/insolite/etats-unis-un-permis-de-chasse-de-drones-19-07-2013-1706402_48.php" />" />" />
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t’as pas vu l’URL en bas de ta fenêtre ?
never gonna give you uuuuup
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Poutine est un joueur d’échec ne l’oubliez pas.
Qu’il s’agisse de la Syrie ou de Snowden, on est bel et bien dans une guerre froide qui ne dit pas son nom.
Une gigantesque partie d’échec entre quelques empires, dont nous commentons les mouvements de leurs pions …
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D’un seul suspect, il devient donc possible de reconstituer un arbre relationnel avec des dizaines de branches et des milliers de feuilles.
Imaginez seulement si pendant la guerre de 40 les allemands avaient eu de tels outils pour lutter contre la résistance française.
On ne peut pas autoriser de tels systèmes sans même penser à ce qu’il adviendra le jour ou ils tomberont entre de mauvaises mains. Et il suffit d’ouvrir un livre d’histoire pour comprendre que cela arrivera tôt ou tard.
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les conséquences des actes d’Edward Snowden, nominé pour le prix Nobel de la Paix 2014, ne sont pas terminées.
Barack Obama, lui il l’a eu le prix Nobel de la paix, grâce à Guantanamo sans aucun doute." />
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Apparemment un démocrate semble modérer sa pensée sur Snowden, et pas n’importe qui d’ailleurs puisque c’est un ancien président :
‘America has no functioning democracy’ – Jimmy Carter on NSA
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L’iPhone5, le nouveau futur meilleur ami de la NSA." />
Plus besoin de vous arrêter pour avoir vos empreintes:
http://crave.cnet.co.uk/mobiles/iphone-5s-could-read-your-fingerprint-through-th…
#69
affichant alors une très longue de personnes
[tente d’imiter thierry]
certes
[/tente d’imiter thierry]
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Selon Poutine, toutes ces déclarations et ces conflits, bref toute cette histoire de Snowden/NSA ne sont que des “chamailleries” !!
Bah dis donc…
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De toute manière, les sénateurs qui gueulent c’est encore politique : une fois qu’ils auront réussi à reprendre le pouvoir, ils foutront la paix à la NSA qui pourra alors faire autant de petits PRISM qu’elle le souhaite.
Les plaintes du bas-peuple, ils en ont rien à foutre, pas plus que de l’opinion des autres pays et de leur population…
Tant qu’ils seront considérés (ou qu’ils se considéreront) comme les gendarmes du monde, le gouvernement des USA continuera à chier sur la gueule de tous les autres, en toute impunité.
Et quand ils se casseront la gueule, ils feront en sorte d’entraîner le maximum de monde avec eux, en tant que puissance économique majeure.
Le fait qu’un américain courageux ait soulevé un gros lièvre (dont tout le monde soupçonnait l’existence, au passage) ne changera pas grand chose, c’est à craindre. Le seul moyen c’est un soulèvement populaire massif, du paysan jusqu’au militaire, pour avoir une représentation nationale qui le soit réellement, et pas les mêmes oligarques tout-puissants et corrompus qui se succèdent à la tête des états depuis des générations.
Et je maintiens qu’il est possible de changer les choses sans avoir à recourir à la violence (révolution française, tout ça…).
Quand cela se fera-t-il ? Quand les populations sortiront de leur ignorance pour s’unir sous un même idéal, lassées par les dégâts que les politiques successives auront causés sur leurs vies et leur avenir…
Je prie pour que l’humanité parvienne enfin à utiliser son cerveau à la place de ses couilles et profite enfin du don qu’il lui a été fait par l’évolution : l’intelligence et l’accès à la sagesse.
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Il est “amusant” de voir que des méthodes pour le moins totalitaires peuvent gangrener le pays de la “liberté”… Police extra nationale sans contrôle, tribunal “secret”, multiplication d’officine sous-traitantes avec “extériorisation” de ces entités (hors législation interne US…)
A croire que l’on retrouve des organisation tzaristes, avec la nième section… De là à ce que l’on déterre de “vrais” squelette dans des placards, ou que l’on retrouve des geôles secrètes, façon Guantnamo bis ou ter, il n’y qu’un pas à franchir!
Au fait, quelle est le nom du “tzar” qui pilote tout cela? Pas le responsable d’une grande démocratie, non! Mais le plus abject des monarques, sans foi, ni loi, sans honneur et sans humanité: sa majesté POGNON!
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les responsables du renseignement faisant face à des parlementaires visiblement remontés contre les informations révélées.
Dans le genre faux-culs, difficile de faire pire.
Ce sont eux qui ont mis en place ce système et ce sont les mêmes qui viennent se plaindre de ce système…
Quel beau foutage de gueule." />
Le parlementaire James Sensenbrenner, pourtant l’auteur du Patriot Act, s’est montré particulièrement virulent. Il a ainsi menacé les responsables du renseignement de perdre les votes de la Chambre des représentants lors du vote de prolongation du programme en 2015 si les analystes ne revoyaient pas sérieusement à la baisse le périmètre de recherche.
Et la palme revient à ce James, qui gesticule beaucoup mais ne fera rien du tout parce que trop content de son joujou. Les élections sont pour bientôt c’est ça?
On sent que les politiques américains ont pris des leçons de nos élus: dire tout et son contraire, avec le plus de mauvaise foi possible et en criant (comme un goret) pour se faire un max de pub.
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