Données personnelles : la CNIL laisse 3 mois à Google pour respecter la loi

Données personnelles : la CNIL laisse 3 mois à Google pour respecter la loi

Cahiers de vacances

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

20/06/2013 6 minutes
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Données personnelles : la CNIL laisse 3 mois à Google pour respecter la loi

Dans une délibération datée du 10 juin dernier - mais publiée aujourd’hui, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a adressé un sérieux avertissement à Google. L’entreprise américaine doit procéder dans un délai de trois mois à toute une série d’améliorations concernant son utilisation des données personnelles de ses utilisateurs. À défaut ? Le géant de l’internet pourrait être (enfin) sanctionné.

google+

 

L’avertissement est désormais clair. Si Google ne se plie pas aux exigences de la CNIL d’ici mi-septembre, l’institution entamera une procédure de sanction à l’encontre de la société américaine. On comprend d’ailleurs l’exaspération de la Commission : cela fait plus d’un an que la firme de Mountain View est sermonnée par la CNIL au sujet de ses dernières règles de confidentialité, en vigueur depuis le 1er mars 2012. Critiqué sur un plan national et européen, Google a été contraint de répondre à plusieurs questionnaires. Après plusieurs sommations visant à ce que le géant de l’internet se mette en conformité avec la législation européenne en matière de données personnelles, Google n’a fait que peu d’efforts en direction des gardiennes européennes de la protection des données.

 

Tant et si bien qu’en févier dernier, la CNIL et le G29 annonçaient qu’elles avaient décidé « de poursuivre leurs investigations en étroite collaboration et de prendre toutes les mesures nécessaires conformément aux pouvoirs dont elles disposent ». Un groupe de travail, piloté par la CNIL, était mis en place à cet effet. Le lancement d’une « action répressive » était d’ailleurs promis pour « avant l'été », soit aujourd’hui au plus tard. Le 26 mars, Google adressait un courrier au G29, dans lequel il promettait qu’un « certain nombre de mesures allaient être mises en œuvre afin d’améliorer la protection des données de ses utilisateurs », indique aujourd’hui la CNIL.

Des manquements en série à la loi « Informatique et Libertés »

Seulement, la Commission a également décidé de diligenter un contrôle supplémentaire, lequel est complémentaire aux investigations menées dans le cadre du G29. Dans sa délibération du 10 juin, l’autorité administrative française adresse une mise en demeure au géant de l'internet, détaillant les différents manquements qu’elle a ainsi constatés vis-à-vis de la loi « Informatique et Libertés » : 

  • Certaines finalités de traitement de données « demeurent toujours insuffisamment déterminées et explicites, et notamment celles liées à l’amélioration des services », regrette tout d’abord la CNIL. L’institution craint ici que les internautes ne puissent pas appréhender correctement l’utilisation future qui pourrait être faite de leurs données.
  • L’information des personnes n’est pas satisfaisante, dans la mesure où « il est impossible de considérer, nous dit la CNIL, que les utilisateurs sont effectivement informés du traitement actuel et futur de leurs données ». L’autorité administrative rappelle que l’information des personnes doit être « claire, complète et détaillée » pour être effective.
  • La CNIL considère que Google opère un traitement déloyal de données à caractère personnel. Comment ? En effectuant ceci à l’insu de ses utilisateurs, que ce soit en collectant des cookies via des outils déposés sur des sites tiers, tels que « Analytics » ou « Double Clik », ou bien au travers de ses propres services. L’institution explique que « la seule présence » du bouton « +1 » ou de tout autre service de Google (maps,etc.) « permet à la société de collecter des informations sur la personne telle que, notamment, son adresse IP et le site Internet visité ». Et ce, quand bien même celle-ci ne cliquerait pas sur le service en question.
  • Sur les cookies toujours, la CNIL insiste et déplore que « l’information poursuivie par les cookies et sur les moyens de s’y opposer [soit] lacunaire ». L’institution considère ici que l’utilisateur « n’est pas en mesure d’exprimer valablement son accord ».
  • Le croisement de données effectué par Google au travers de ses différents services est perçu par la CNIL comme « dépourvu de base légale ». L’autorité administrative retient que le géant de l’internet ne permet pas à ses utilisateurs de s’opposer à la « combinaison illimitée » de leurs données personnelles.
  • Sur la durée de conservation des données des utilisateurs par Google, la CNIL retient que celles-ci sont gardées, «  pour la plupart, pour une durée illimitée ». L’institution a ainsi observé que la firme de Mountain View « ne s’engage pas à supprimer de ses serveurs les données collectées dans un délai fixe », par exemple après la suppression d’un service ou d’un contenu par un utilisateur.

Google a trois mois pour d'ambitieuses améliorations

Au regard de tous ces manquements à la législation française, la CNIL a officiellement mis en demeure Google : l’entreprise américaine a désormais un délai de trois mois - à compter de sa notification de la décision de la CNIL - pour :

  • Définir des finalités déterminées et explicites afin de permettre aux utilisateurs, quel que soit leur statut, d’appréhender concrètement les traitements portant sur leurs données à caractère personnel
  • Procéder à l’information des utilisateurs en application des dispositions de l’article 32 de la loi « informatique et libertés », en particulier s’agissant des finalités poursuivies par le responsable des traitements mis en œuvre
  • Définir une durée de conservation des données à caractère personnel traitées qui n’excède pas la durée nécessaire aux finalités pour lesquelles elles sont collectées
  • Ne pas procéder, sans base légale, à la combinaison potentiellement illimitée des données des utilisateurs
  • Procéder à une collecte et à un traitement loyal des données des utilisateurs passifs, en particulier s’agissant des données collectées via les cookies « Doubleclick », « Analytics », les boutons « +1 » ou tout autre service Google présents sur la page visitée
  • Informer les utilisateurs puis obtenir leur accord préalable avant d’installer des cookies dans leurs terminaux, notamment

Si Google s'exécute, la CNIL considérera que l’affaire est close. Dans le cas contraire, la voie d’une éventuelle sanction sera grande ouverte. Là, le panel répressif peut être très large, allant du simple avertissement à une amende d’un montant maximal de 150 000 euros.

 

L’eurodéputée socialiste Sylvie Guillaume a d’ores et déjà réagi à cette annonce, clamant que cette décision de la CNIL constituait « une étape importante pour prévenir les abus dans la collecte, le traitement ou la commercialisation des données personnelles ». Et celle-ci d’ajouter : « En pleine actualité sur l'affaire PRISM, cette mise en demeure montre plus que jamais que nous avons besoin d'un cadre juridique fort afin de redonner aux citoyens le contrôle sur leurs données personnelles ».

Écrit par Xavier Berne

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Des manquements en série à la loi « Informatique et Libertés »

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Commentaires (18)




Le géant de l’internet pourrait être (enfin) sanionné





Pourrait dans 5 ans et pour une amende qui est au delà du ridicule. Donc réponse de Google : m’en fous




Si Google s’exécute, la CNIL considérera que l’affaire est close. Dans le cas contraire, la voie d’une éventuelle sanction sera grande ouverte. Là, le panel répressif peut être très large, allant du simple avertissement à une amende d’un montant maximal de 150 000 euros.



Il doivent avoir grave les boules chez Google avec des sanctions pareillles <img data-src=" />


150 000€ d’amende max?

Google ne va meme pas lire plus loin…

et le temps que la sanction tombe de l’eau aura coulé sous les ponts<img data-src=" />


Ça fait déjà un an et demi que ça doit être dans 3 mois….


nsa vs cnil : nsa 1 - cnil 0 <img data-src=" />


Le 20/06/2013 à 14h 37

Faudrait qui arrête leur acharnement anti google ….

La moitié des pseudo argument est totalement subjectif et l’autre douteuse…



“Informer les utilisateurs puis obtenir leur accord préalable avant d’installer des cookies dans leurs terminaux, notamment”



Donc sur chaque site google a chaque fois qu’on l’utilise devrait y avoir un pop-up (j’aime sa !!!) pour demander si ont veut le cookie ?!



Et puis le reste sur la pseudo non imformation des users….

Tous est dans le contrat qui est accesible en bas de TOUTES les pages de leur site mais personne les regarde je doute que se soit de faute de google,la loi les obligent a une utiliser une police de taille 46 et de faire clignoter le texte ? J’ai un doute…


Sur le mode Coluche (“Le flic”) :



Si Google ne s’exécute pas il va avoir un avertissement !

Ah non ! Mais on rigole pas avec ces trucs-là hein !

Parce qu’au bout de 30 avertissements, on peut avoir un blâme !

Et au bout de 30 blâmes, on passe devant un conseil de discipline de la CNIL !








ActionFighter a écrit :



Il doivent avoir grave les boules chez Google avec des sanctions pareillles <img data-src=" />





+1









cosmi a écrit :



Donc sur chaque site google a chaque fois qu’on l’utilise devrait y avoir un pop-up (j’aime sa !!!) pour demander si ont veut le cookie ?!





Déjà le cas quand on n’est pas connecté ! En bas de fenêtre un petit encart qui dit “Les cookies assurent le bon fonctionnement de nos services. En utilisant ces derniers, vous acceptez l’utilisation des cookies.”

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La CNIL considère que Google opère un traitement déloyal de données à caractère personnel. Comment ? En effectuant ceci à l’insu de ses utilisateurs, que ce soit en collectant des cookies via des outils déposés sur des sites tiers, tels que « Analytics » ou « Double Clik », ou bien au travers de ses propres services. L’institution explique que « la seule présence » du bouton « +1 » ou de tout autre service de Google (maps,etc.) « permet à la société de collecter des informations sur la personne telle que, notamment, son adresse IP et le site Internet visité ». Et ce, quand bien même celle-ci ne cliquerait pas sur le service en question.

Sur les cookies toujours, la CNIL insiste et déplore que « l’information poursuivie par les cookies et sur les moyens de s’y opposer [soit] lacunaire ». L’institution considère ici que l’utilisateur « n’est pas en mesure d’exprimer valablement son accord ».



Si y’a bien quelque chose dont j’ai horreur c’est bien le message que l’on se tape sur tout les site “Ce site collecte des cookies pour plus de renseignement se reporté à nos conditions de confidentialité.” Les cookies ont croirait que c’est récent et que le fait de faire un bandeau sur chaque site va changer quelque chose.



Et pourquoi cette attaque de Google à ce que je sache :




  • Facebook a son bouton “Like”

  • Twitter ses “Retweet”

  • LinkedIn même genre

  • Etc…

    Le nombre de services utilisants des cookies et scripts traqueurs est infinis…

    En bref ils sont contre le gagne paint de toutes les régies de pub.



    Bientot nous auront ces messages à l’entrée d’un site :

  • Acceptez vous les cookies du site ? [OUI / NON]

  • Acceptez vous les cookies google ? [OUI / NON]

  • Acceptez vous les cookies facebook ? [OUI / NON]





  • Quand à l’amende de 150 000 € <img data-src=" />




Définir des finalités déterminées et explicites afin de permettre aux utilisateurs, quel que soit leur statut, d’appréhender concrètement les traitements portant sur leurs données à caractère personnel





Procéder à une collecte et à un traitement loyal des données des utilisateurs passifs, en particulier s’agissant des données collectées via les cookies « Doubleclick », « Analytics », les boutons « +1 » ou tout autre service Google présents sur la page visitée



Et ben c’est pas gagné : Google doit dévoiler ce qu’ils mettent un effort méga énorme à camoufler à la masse depuis toujours avec des “do no evil” et du pseudo gratuit cool; et cesser l’aspirateur mondial qui est le fondement même de presque tout leur business <img data-src=" />



Tout ça sous la pression inpitoyable et la peur de… la CNIL… en France….150 000 €… trois épouvantails des plus terrifiants <img data-src=" />








cosmi a écrit :



“Informer les utilisateurs puis obtenir leur accord préalable avant d’installer des cookies dans leurs terminaux, notamment”



Donc sur chaque site google a chaque fois qu’on l’utilise devrait y avoir un pop-up (j’aime sa !!!) pour demander si ont veut le cookie ?!







La CNIL devrait arrêter d’utiliser IE, ils auraient moins de pb de cookie intempestifs <img data-src=" />









ExoDarkness a écrit :



Bientot nous auront ces messages à l’entrée d’un site :




  • Acceptez vous les cookies du site ? [OUI / NON]

  • Acceptez vous les cookies google ? [OUI / NON]

  • Acceptez vous les cookies facebook ? [OUI / NON]







  • Et la résultat serait qu’il deviendrait intenable pour les sites tiers de continuer à afficher ces boutons +1, à moins que ces derniers ne renoncent à t’espionner au passage. Ce qu’ils finiront par faire si la loi est un succès.





    Quand à l’amende de 150 000 € <img data-src=" />



    Effectivement, la loi n’est pas adaptée, il faut la modifier pour que le tribunal puisse en sus imposer des frais supérieurs aux bénéfices ainsi engrangés. Ça tombe bien il faut renflouer les caisses.









HarmattanBlow a écrit :



Et la résultat serait qu’il deviendrait intenable pour les sites tiers de continuer à afficher ces boutons +1, à moins que ces derniers ne renoncent à t’espionner au passage. Ce qu’ils finiront par faire si la loi est un succès.





Si plus aucun site n’affiche les boutons de partage c’est la mort des sites avec des liens à liké pour voir les vidéos du genre “cette fille à fait ça, elle n’osera plus sortir de chez elle” quelle tristesse je crois que je vais pas m’en remettre



<img data-src=" />







HarmattanBlow a écrit :



Effectivement, la loi n’est pas adaptée, il faut la modifier pour que le tribunal puisse en sus imposer des frais supérieurs aux bénéfices ainsi engrangés. Ça tombe bien il faut renflouer les caisses.





Oui pourquoi pas le renflouement des caisses mais à qui profite cet argent ?









cosmi a écrit :



“Informer les utilisateurs puis obtenir leur accord préalable avant d’installer des cookies dans leurs terminaux, notamment”







Qu’un site de demande avant de poser sa merde sur ta machine, c’est la moindre des choses.



De plus, ça se fait dans d’autres pays (peut-être bien au UK) : le site te dit textuellement : “pour marcher, j’ai besoin de foutre des cookies” avec un lien vers une page explicative.



EDIT : ça doit bien être chez les angliches. Voir notamment le site du Guardian (le petit cadre bleu en haut)







HarmattanBlow a écrit :



Effectivement, la loi n’est pas adaptée, il faut la modifier pour que le tribunal puisse en sus imposer des frais supérieurs aux bénéfices ainsi engrangés. Ça tombe bien il faut renflouer les caisses.







Faudrait faire comme dans d’autre parties du droit (genre commerce) : n% du CA sur la période considérée. C’est ce type d’amende que c’est tapé MS avec IE et ça calme les ardeurs très vite



Allez on rajoute encore 3 zéros derrière l’amende et Google commencera tout juste à regarder ce petit insecte gênant qu’est la CNIL.








Chloroplaste a écrit :



Allez on rajoute encore 3 zéros derrière l’amende et Google commencera tout juste à regarder ce petit insecte gênant qu’est la CNIL.







Le jour où on aura des “class actions” à la française, ils feront moins les malins car xxx euros X le nombre de plaignants, ça risque d’être plus disuasif…









ExoDarkness a écrit :



Si y’a bien quelque chose dont j’ai horreur c’est bien le message que l’on se tape sur tout les site “Ce site collecte des cookies pour plus de renseignement se reporté à nos conditions de confidentialité.” Les cookies ont croirait que c’est récent et que le fait de faire un bandeau sur chaque site va changer quelque chose.



Et pourquoi cette attaque de Google à ce que je sache :




  • Facebook a son bouton “Like”

  • Twitter ses “Retweet”

  • LinkedIn même genre

  • Etc…

    Le nombre de services utilisants des cookies et scripts traqueurs est infinis…

    En bref ils sont contre le gagne paint de toutes les régies de pub.



    Bientot nous auront ces messages à l’entrée d’un site :

  • Acceptez vous les cookies du site ? [OUI / NON]

  • Acceptez vous les cookies google ? [OUI / NON]

  • Acceptez vous les cookies facebook ? [OUI / NON]





  • Quand à l’amende de 150 000 € <img data-src=" />











    ExoDarkness a écrit :



    Si plus aucun site n’affiche les boutons de partage c’est la mort des sites avec des liens à liké pour voir les vidéos du genre “cette fille à fait ça, elle n’osera plus sortir de chez elle” quelle tristesse je crois que je vais pas m’en remettre



    <img data-src=" />





    Oui pourquoi pas le renflouement des caisses mais à qui profite cet argent ?







    Non mais les gars, je comprends bien que voir quelqu’un s’attaquer à Google est pour vous aussi douloureux que si on s’en prenait à vos enfants, mais bon faut réfléchir parfois hein ! <img data-src=" />

    On demande à Google d’arrêter de TRACKER l’utilisateur avec ces boutons, pas d’arrêter d’en utiliser <img data-src=" />



    Toute façon vu l’importance de l’amende, ils n’ont pas de soucis à se faire…



    En fait, il faudrait voir au niveau du droit si on ne peut pas blâmer les sites tiers, ce sont eux qui pour moi sont responsables des scripts utilisés sur leurs sites…