Antitrust : les propositions de Google à la Commission européenne

Antitrust : les propositions de Google à la Commission européenne

A quiet word is my proposition

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Nil Sanyas

Publié dans

Droit

25/04/2013 5 minutes
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Antitrust : les propositions de Google à la Commission européenne

La Commission européenne vient de publier à l'instant les propositions de Google afin de résoudre son conflit avec l'instance continentale. Quatre pratiques commerciales de Google étaient pointées du doigt, et toutes ont leurs solutions selon le géant de Mountain View. La Commission invite les concurrents à donner leurs avis sur ces propositions.

commission européenne

La Commission européenne (Bruxelles)

Des propositions pour éviter une amende gigantesque

Depuis plusieurs années, Google est accusé par ses concurrents d'abuser de sa position dominante dans le secteur de la recherche (plus de 90 % du marché) pour mettre en avant ses autres services, et ainsi écraser lesdits concurrents. Une critique qui se rapproche de celle faite à Microsoft ces dernières années vis-à-vis de certains de ses logiciels, dont Internet Explorer, fourni de base avec Windows.

 

Après une longue enquête, la Commission a présenté en mars dernier à Google ses premières conclusions quant aux quatre pratiques commerciales pouvant enfreindre les règles antitrust de l'Union européenne. Il ne s'agit pas des conclusions finales, la Commission n'affirme donc pas que Google est jugé coupable d'enfreindre ces règles. Mais cette conclusion préliminaire est déjà une menace suffisante pour pousser Google à réagir. Le but est ainsi d'éviter une très lourde amende qui pourrait se compter en centaines de millions d'euros, voire en milliards.

Mieux mettre en avant la concurrence

Voici donc les quatre pratiques commerciales pointées par la Commission et les propositions formulées par Google, toutes portant sur une période de cinq ans.

 

Première pratique. Le traitement préférentiel dont bénéficient, parmi les résultats d'une recherche Google sur l'internet, les liens renvoyant vers les services de recherche spécialisés de Google, par rapport aux services spécialisés concurrents (services permettant par exemple aux utilisateurs de rechercher certaines catégories spécifiques d'informations comme des restaurants, des hôtels ou des produits). 

 

Les solutions de Google :

  • labelliser les liens vers ses propres services de recherche spécialisés faisant l'objet d'un traitement préférentiel afin que les utilisateurs puissent les distinguer des autres résultats de recherche naturels,
  • séparer clairement ces liens faisant l'objet d'un traitement préférentiel des autres résultats de recherche en ligne par un graphisme clair (un cadre par exemple) et
  • afficher des liens vers trois services de recherche spécialisés concurrents à proximité de ses propres services, à un endroit clairement visible pour les utilisateurs.

Deuxième pratique. L'utilisation, par Google, dans ses propres services de recherche spécialisés sur l'internet, du contenu original de sites web appartenant à des tiers, sans leur consentement.


Les solutions de Google :

  • offrir à tous les sites web la possibilité de refuser l'utilisation de tout leur contenu dans les services de recherche spécialisés de Google, tout en garantissant que ce refus n'affectera pas indûment le classement de ces sites parmi les résultats des recherches générales de Google sur l'internet,
  • offrir à tous les sites de recherche spécialisée qui sont axés sur la recherche de produits ou sur les recherches locales la possibilité de marquer certaines catégories d'information de façon à empêcher que ces informations ne soient indexées ou utilisées par Google,
  • fournir aux éditeurs de journaux un mécanisme leur permettant de contrôler l'affichage de leur contenu dans Google News, page web après page web

Troisième pratique. L'existence d'accords obligeant les sites web de tiers («éditeurs») à obtenir la totalité ou la majorité de leurs annonces publicitaires contextuelles en ligne de Google.


La solution de Google : cesser d'insérer dans ses accords avec les éditeurs toute obligation écrite ou non écrite qui exigerait d'eux qu'ils se procurent leurs publicités contextuelles en ligne exclusivement auprès de Google


Quatrième pratique. Les restrictions contractuelles relatives à la portabilité des campagnes de publicité contextuelle en ligne vers les plateformes publicitaires de moteurs de recherche concurrents et à la gestion de ces campagnes à la fois sur la plateforme Adwords de Google et sur les plateformes concurrentes.


La solution de Google : ne plus imposer d'obligations empêchant les annonceurs de gérer les campagnes publicitaires contextuelles sur différentes plateformes publicitaires concurrentes.


La Commission précise que ces engagements couvriraient l'Espace économique européen et qu'un mandataire indépendant chargé du suivi devra assister la Commission afin de contrôler de la bonne exécution de ces engagements.

 

Google action

 

Notre confrère Macg note que Google intègre déjà certains concurrents (Yahoo! Finance et MSN Money) si l'on fait une recherche sur les actions d'une société.

 

Enfin, la société Icomp, dont l’objectif est de défendre le fonctionnement concurrentiel du marché en ligne et qui suit le dossier depuis plusieurs années, a d'ores et déjà réagi en affirmant que la labellisation des services de Google sur ses pages de résultats « ne constitue pas une solution à même de régler les problèmes de concurrence qui ont été identifiés ». Pour Icomp, Google doit tout simplement appliquer à ses services maison les mêmes règles de classement des résultats que ceux des autres sites web indexés, ni plus ni moins. Toute autre solution risque d'être peu appréciée par les concurrents.

Écrit par Nil Sanyas

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Introduction

Des propositions pour éviter une amende gigantesque

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Commentaires (13)


don’t be evil qu’ils disaient…don’t be evil.


pratiques anticoncurentielles ?

je parlerais plutôt de violation de propriété intellectuelle et d’abus de confiance <img data-src=" />

on reste tout de meme libres de ne pas etre leur esclave <img data-src=" />


Ou alors ils diffusent leur algo de ranking !

Pas mal d’escrocs du SEO disparaitraient du paysage, ça ne serait pas plus mal.


J’avoue beaucoup utiliser google, gmail, calendar, tranducteur, application web… bref, personne n’a fait mieux, gratuit, performant, intégré etc… Je ne vois pas le mal : vous n’avez qu’à trouvez mieux, faire mieux




la société Icomp, dont l’objectif est de défendre le fonctionnement concurrentiel du marché en ligne





Dont l’objectif est de défendre les interets de Microsoft, plutot.



http://www.ft.com/cms/s/2/ad1c2094-27bf-11df-863d-00144feabdc0.html#axzz2RW0apuC…



A “virtual” body without a permanent staff, IComp’s work is carried out by legal adviser David Wood and Burson-Marsteller, the communications group that has played a central role in Microsoft’s lobbying activities. Their fees are paid in large part by Microsoft, which set up IComp and is said by one person familiar with the group to pay most of its running costs.




Pour Icomp, Google doit tout simplement appliquer à ses services maison les mêmes règles de classement des résultats que ceux des autres sites web indexés, ni plus ni moins.



Je serais assez d’accord avec ca, mais il y a tout de meme une petite farce avec cette idee: Google connait parfaitement les algos… de Google. Meme s’il applique a ses propres services les memes regles qu’il applique a ses concurrents, il sait precisement quels points sont a optimiser pour ameliorer le rang dans les resultats, la ou les concurrents doivent deviner et tatonner. Une forme de “delit d’initie” dans le domaine du SEO.




fournir aux éditeurs de journaux un mécanisme leur permettant de contrôler l’affichage de leur contenu dans Google News, page web après page web



N’est-ce pas deja le cas? Il me semble que le robot de Google News et celui de Google Search suivent des regles distinctes dans le robots.txt ou les meta-attributs. Il est donc parfaitement possible pour les editeurs de sites d’exclure tout ou partie du site sur GNews sans affecter GSearch.








Cthulhu14 a écrit :



J’avoue beaucoup utiliser google, gmail, calendar, tranducteur, application web… bref, personne n’a fait mieux, gratuit, performant, intégré etc… Je ne vois pas le mal : vous n’avez qu’à trouvez mieux, faire mieux





+1000

et je rajoute que c’est quand meme normal que google pousse ses produits sur… google

il manquerait plus qu’ils fassent la pub gratuite de bing <img data-src=" />



Est-ce que la commission Européenne va faire pareils dans d’autres domaines ?


Ahhhhhhh le cadre jaune…. parlons en! Ce cadre qui est passé de jaune presque vif au départ à un jaune blanc tout palichon qu’on distingue à peine maintenant… Pour peu qu’on ait un écran de portable un peu incliné on ne le voit plus du tout!


S’ils gobent ce ramassis de non mesures… alors y a de quoi etre inquiet !


Comparativement au traitement affligé à Microsoft, je les trouve bien mielleux et traînant la patte là la commission européenne… Par exemple ils ne les ont jamais prévenu “attention on va vous songer à vous déclarer en situation d’être coupable présumé de possible situation de monopole !”








wookie sans fil a écrit :



Comparativement au traitement affligé à Microsoft, je les trouve bien mielleux et traînant la patte là la commission européenne… Par exemple ils ne les ont jamais prévenu “attention on va vous songer à vous déclarer en situation d’être coupable présumé de possible situation de monopole !”





En même temps avec M$ ils ont été sympa de leur ouvrir des portes de sortie, même s’il était évident qu’ils allaient avoir du mal avec une conduite honnête de leur buisness.

Google est un ange à côté de ces ienchs.