Open Data : le sénateur Gorce revient à la charge

Open Data : le sénateur Gorce revient à la charge

Attention, ça se gorse...

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

02/03/2013 4 minutes
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Open Data : le sénateur Gorce revient à la charge

Le sénateur Gorce, qui réclamait en janvier que le gouvernement interrompe les développements de l’Open Data, vient de transmettre une question écrite à la ministre déléguée à l’Économie numérique, Fleur Pellerin. Si l’élu ne milite plus expressément pour une suspension de l’Open Data, il en appelle néanmoins aux autorités afin qu'elles assurent une « protection rigoureuse des données personnelles dans le cadre de l'ouverture des données publiques ».

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Il y un mois et demi, le sénateur socialiste Gaëtan Gorce demandait au gouvernement « de stopper les développements de l'Open Data tant qu'un cadre juridique respectueux de la vie privée n'aura pas été arrêté ». L’élu, qui est également membre de la CNIL, s’alarmait de ce qu’il percevait comme des dérives liées à l’ouverture des données publiques. Plus précisément, il craignait qu’un « fichage généralisé » des citoyens soit effectué à terme à des fins privées. « Par recoupement des données brutes fournies par les tribunaux, les services d'état-civil ou ceux du cadastre, voire avec celles (le Big-Data) dont des entreprises sont déjà en possession (comme Google ou Facebook), on pourra très facilement reconstituer le profil de chacun d'entre nous » s’inquiétait-il dans un billet de blog.

 

Depuis, ce parlementaire de la majorité a été désavoué par le gouvernement. Ne serait-ce que par la feuille de route dévoilée cette semaine, le Premier ministre annonçant que le mouvement de l’Open Data allait s’accélérer. « Les développements de l’open data se font dans le respect du cadre actuel de protection des données personnelles, et sous le contrôle de la CNIL » nous expliquait également il y a un mois une source gouvernementale proche du dossier. « Il n’y a pas de contradiction entre les deux politiques, l’open data ne concernant que les données susceptibles d’être communiquées au public, ce qui exclut donc toute donnée personnelle ».

Gaëtan Gorce s’inquiète d’un bouleversement du cadre juridique en vigueur

Mais le sénateur Gorce ne lâche pas le morceau. Dans une question écrite publiée jeudi au Journal Officiel, il regrette que les pouvoirs publics « continuent manifestement de sous-estimer les conséquences de l'ouverture des données sur les libertés individuelles, à commencer par ce droit fondamental qu'est le respect de la vie privée ».

 

Il reconnaît cependant qu’ « aucune donnée personnelle ne doit en principe être rendue accessible ». Mais il persiste : « par recoupement des données brutes mises à disposition, il est d'ores et déjà très facile de reconstituer l'identité des personnes voire de profiler l'ensemble des Français. Cette dérive n'a en aucune manière été anticipée ». Gaëtan Gorce rappelle ainsi que cette évolution bouleverse selon lui le cadre juridique fixé à la fois par la loi relative à l'accès aux documents administratifs ainsi que par la loi « informatique et libertés » de 1978. D’après le sénateur, ce second texte « repose sur les notions de finalité légitime des traitements, de consentement des personnes, de contrôle strict des croisements de fichiers et de claire définition des responsables de traitement que l'ouverture des données publiques, dans sa forme actuelle, rend obsolètes ».

 

Plutôt que de réclamer une nouvelle fois un arrêt de l’Open Data, le parlementaire conclut cette fois que le gouvernement pourrait accompagner le développement de l’ouverture des données publiques par « la mise en place de règles protectrices des personnes. Celles-ci devraient être en effet intégrées au projet d'ouverture des données plutôt que « raccrochées » après coup ». Nous ne manquerons pas de revenir sur la réponse de Fleur Pellerin une fois que celle-ci sera publiée. 

Écrit par Xavier Berne

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Commentaires (9)


On a dit : pas les vêtements, pas la famille! <img data-src=" />


Il n’a pas tord quelque part dans le fond.

Le challenge va consister à ce que des gens compétents travaillent à maîtriser le risque de diffusion d’informations concernant la vie privée sans entraver l’accès à de l’info publique.

Seulement, vous savez déjà tous que quand il s’agit en France de choisir des experts, on est mal barré (un exemple au hasard: HADOPI). Et si par hasard on a vraiment des gens compétents, on ne les écoute pas et ils finissent par quitter leur poste (exemple au hasard encore: les collèges de la HADOPI, et notre regretté député Patrick Roy dans un autre registre).




« par recoupement des données brutes mises à disposition, il est d’ores et déjà très facile de reconstituer l’identité des personnes voire de profiler l’ensemble des Français. Cette dérive n’a en aucune manière été anticipée »





Il devrait donner des exemples concrets, parce que là je ne vois pas à quoi il fait référence. Comment on reconstitue l’identité d’une personne en prenant connaissance des horaires de bus de sa ville, ou du budget de la culture de l’agglo ? <img data-src=" />



AMHA Google et Facebook pont déjà assez de matière pour profiler 80% des français… Qu’en pense-t-il d’ailleurs, a-t-il demandé qu’on limite l’acquisition et l’exploitation de ces données ? C’est pire puisque ce sont des boîtes privées, et pas françaises/européennes de surcroît.


Ils sont forts ces Politiques en croisement de données en croyant qu’ils sont les seuls à le faire. Mais, ils sont aussi poreux que des éponges, lamentable


D’un côté j’ai franchement envie de remercier monsieur Gorce parce que je sais que l’administration est trop cavalière avec les risques liés aux données personnelles dans le cadre de l’ouverture de certaines données (et des exemples très concrets ont été fournis à propos des données de santé par ex). D’un autre côté je ne suis pas sûr qu’il s’y prenne comme il faut et quelques exemples seraient les bienvenus.








HarmattanBlow a écrit :



D’un côté j’ai franchement envie de remercier monsieur Gorce parce que je sais que l’administration est trop cavalière avec les risques liés aux données personnelles dans le cadre de l’ouverture de certaines données (et des exemples très concrets ont été fournis à propos des données de santé par ex). D’un autre côté je ne suis pas sûr qu’il s’y prenne comme il faut et quelques exemples seraient les bienvenus.







Tu es sûr d’avoir bien lu ? (c’est sa deuxième tentative, la première a été désastreuse) <img data-src=" />



Il ferait mieux de s’occuper des fichiers de police et de qui y accède








Jarodd a écrit :



Il devrait donner des exemples concrets, parce que là je ne vois pas à quoi il fait référence. Comment on reconstitue l’identité d’une personne en prenant connaissance des horaires de bus de sa ville, ou du budget de la culture de l’agglo ?







Effectivement pour ces données là, il n’y a pas de raison que ça pose problème ^^

Le problème serait plutôt les données dérivées de données personnelles.



Par exemple imagine que tu publies des stats sur les impots qui indiquent par tranche d’impots combien tu as de contribuable par commune.

Tu vas pleins de petites communes ou de lieu dits ou tu auras 1 personne ou 2 dans une tranche.

Dans un lieu dit avec 3 contribuables, tu risques même de savoir combien paye chacun parce que tu risques d’avoir chaque personne dans une tranche différente… et là bonjour les querelles de voisinages si tu peux trouver ces infos facilement sur le net ^^’ (et pas que… ça peut être repris par gogole et consorts pour améliorer leur profilage…).



Ce qui est rigolo avec cet exemple c’est que c’est déjà de la donnée “publique” mais pas publiable en ligne : tout contribuable peut demander les impôts de toutes les personnes dans sa tranche. Ça permet de vérifier qu’il n’y a pas de truc chelou si on le souhaite. Mais aujourd’hui on a pas accès aux données des personnes qui payent bcp plus/moins que nous (i.e. pas de la même tranche que nous) et ce n’est pas publiable en ligne…









philoxera a écrit :



Il ferait mieux de s’occuper des fichiers de police et de qui y accède







Pourquoi faire l’un OU l’autre ? Il faut les deux : sinon on fait leur jeu.

D’ailleurs, au vu du niveau de ces fichiers là imagine qu’on fasse de l’open data dessus… Tu penses pas qu’il faudrait que ça soit fait de manière “propre” ?



Et puis c’est juste un sénateur… corriger et contrôler les fichiers de police c’est à la Cnil de le faire . Et apparemment “l’ennemie de la nation” essaye :

http://www.cnil.fr/nc/la-cnil/actualite/article/article/nouveau-controle-du-fich…

http://www.cnil.fr/la-cnil/actualite/article/article/taj-traitement-dantecedents…



Bon après… avec les moyens qu’on lui connait…

Pour Gorce, je ne suis pas sure qu’un sénateur qui siège à la Cnil puisse trop faire d”envolée lyrique pour demander plus de moyen pour une institution dans laquelle il siège… ça risque de pas être super bien vu, non ?