Le démarchage par liens Adwords n'est pas toujours un détournement

Le démarchage par liens Adwords n’est pas toujours un détournement

Cobrason vs Homecinesolutions

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Marc Rees

Publié dans

Droit

12/02/2013 4 minutes
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Le démarchage par liens Adwords n'est pas toujours un détournement

La Cour de cassation vient de lâcher du lest sur le régime des liens adwords. Elle suggère que l’usage comme mot clef du nom d’un concurrent ne permet pas de caractériser un risque de confusion entre deux sites internet. « Le démarchage de la clientèle d’autrui est licite s’il n’est pas accompagné d’un acte déloyal » a-t-elle en effet estimé. Une application pleine et entière du principe de la liberté du commerce.

allostreaming tgi paris tribunal justice

 

En février 2005 (notre actualité), Cobrason fait constaté par huissier que la requête « Cobrason » sur Google.fr fait apparaître un lien commercial vers homecinesolutions.fr, lien accompagné de la phrase « Matériel HiFi Home Cinéma, Pourquoi payer plus cher, Choix, Qualité et service depuis 5 ans ». Cobrason n’avait pas apprécié qu’un concurrent puisse acheter et utiliser le mot clé « Cobrason » pour faire son beurre. Pour celle qui s’estime victime de concurrence déloyale, Google « créé un risque de confusion avec son propre site internet, il en résulte un détournement de clientèle et une réutilisation parasitaire de ses investissements ».

 

En face, Homecinesolutions considère qu’il n’y avait aucun risque de confusion « car le basculement vers le site concurrent ne peut se faire sans volonté expresse de l’internaute ». De plus, il n’y a pas « de pratiques concurrentielles déloyales dès lors que la position de son nom à côté de la société Cobrason permet à l’internaute de comparer les prix et d’exercer une concurrence favorable au marché et conforme à l’esprit d’une économie libérale. »

 

Cobrason était victorieux devant le tribunal de commerce de Paris. Google était qualifié de régie publicitaire, non d’hébergeur. « En proposant le mot clé « Cobrason » dans le programme Adwords et en faisant ensuite apparaître sur la page de recherche sous l’intitulé « liens commerciaux » un site de concurrent ayant sélectionné ce mot clé, les sociétés Google engendrent un risque de confusion pour le consommateur d’attention moyenne entre le site du lien commercial et le site ayant pour nom de domaine ce mot clé. »

 

La responsabilité de Google sera tout autant confirmée en appel. Les juges reprocheront en effet au moteur « d’avoir contribué techniquement aux actes de concurrence déloyale » commis par l’éditeur de Homecinesolutions.

Détournement et démarchage

Problème, la Cour de cassation va reprocher à la Cour d’appel d’avoir mal motivé son jugement : elle n’a pas répondu aux conclusions de Google qui revendiquait encore et toujours le statut d’hébergeur au titre de la LCEN.

 

Autre chose, le même arrêt considère que l’utilisation du mot clef Cobrason par Homecinesolutions génère une confusion entre les sites respectifs dans la clientèle potentielle et provoque « de ce seul fait » un détournement déloyal de clientèle. Dans sa décision révélée Legalis.net, la Cour de cassation n’a pas retenu l’argumentation : les juges auraient dû là encore motiver davantage et « relever des circonstances caractérisant un risque de confusion entre les sites internet des deux entreprises et alors que le démarchage de la clientèle d’autrui est licite s’il n’est pas accompagné d’un acte déloyal ». Le point est remarquable puisqu’il suggère que le seul usage du nom d’un concurrent ne remplit pas toutes les « circonstances caractérisant un risque de confusion. »

 

Enfin, la Cour d’appel a estimé qu’il y avait publicité « fausse ou de nature à induire en erreur ». En effet, la publicité pour Homecinesolutions était précédée de « Lien Commercial », comme toutes les pubs adwords. Cela pouvait laisser entendre l’existence d’un lien entre Cobrason et son concurrent. En outre l’intitulé « Pourquoi payer plus cher » était susceptible d’induire en erreur et entrainer détourner la clientèle. La Cour de cassation va balayer cette analyse, considérant que les éléments constitutifs de la publicité mensongère n’étaient pas entièrement vérifiés.

 

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Détournement et démarchage

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (8)


J’ai remarqué la même chose, lorsque je tape Audi dans Google, j’ai Citroën (.be ) qui apparait en adwords. Ca m’a bien fait rire. <img data-src=" /> C’est presque hors contexte comme mot <img data-src=" />.





Edit: Je suis d’accord avec le jugement, il n’y a pas moyen de confondre entre les 2 <img data-src=" />


C’est bien pour cela qu’avec Adblock je bloque aussi les publicités non intrusives. Si c’est pour avoir des réponses sans lien avec mes recherches aucun intérêt.



Pour rassurer le lectorat de PCI j’ai bien évidemment désactivé Adblock pour PCI <img data-src=" />


Voilà une bonne idée pour les services de renseignements par téléphone :



“Bonjour je voudrais le téléphone et l’adresse du Super casino le plus proche




  • Vous avez un magasin Leclerc encore plus proche et moins cher”


C’est dangereux comme décision mine de rien… ça veut dire que pour se protéger les sites vont devoir acheter leur propre nom en lien commercial google.. et comme c’est un système d’enchère ça veut dire qu’un gros site aura tout pouvoir pour “étouffer” un site plus petit….








Fuinril a écrit :



C’est dangereux comme décision mine de rien… ça veut dire que pour se protéger les sites vont devoir acheter leur propre nom en lien commercial google.. et comme c’est un système d’enchère ça veut dire qu’un gros site aura tout pouvoir pour “étouffer” un site plus petit….







Pas faux. Google doit s’en frotter les mandibules.









Fuinril a écrit :



C’est dangereux comme décision mine de rien… ça veut dire que pour se protéger les sites vont devoir acheter leur propre nom en lien commercial google.. et comme c’est un système d’enchère ça veut dire qu’un gros site aura tout pouvoir pour “étouffer” un site plus petit….



Exactement, avec comme bouclier légal pour Google, évidemment bénéficiaire du cas de figure, le fait qu’il ne soit pas le seul sur le marché des AdExchange (ce qui sous-entend même que l’annonceur risque de devoir budgétiser du bétonnage de marque sur plusieurs plateformes par la suite).



Du coup il va être de nouveau possible d’acheter des campagnes Adwords avec le nom des compagnies assurances par exemple ? car jusque là c’était impossible et refusé par GG de se positionner sur april, alptis, allianz en utilisant adwords …



est ce que cela fait jurisprudence ? je dis çà je dis rien … <img data-src=" />


Ouais, ‘fin en même temps, si l’utilisateur fait la recherche sur la marque, il y a de fortes chances qu’il aille avant tout sur les résultats de recherche plutôt que sur les liens publicitaires ajoutés et très clairement identifiés comme tels hein…



Ensuite, il reste à la marque à rester compétitive en termes de prix et de services : forcément, s’ils sont les plus connus mais les plus chers pour la plus mauvaise qualité, avoir des liens publicitaires des concurrents à côté peut leur faire mal ; si au contraire ils font bien leur boulot, y a pas trop de risques…



La position d’Homecinesolutions est tout à fait claire et logique, et bien argumentée, contrairement à celle du plaignant



En face, Homecinesolutions considère qu’il n’y avait aucun risque de confusion « car le basculement vers le site concurrent ne peut se faire sans volonté expresse de l’internaute ». De plus, il n’y a pas « de pratiques concurrentielles déloyales dès lors que la position de son nom à côté de la société Cobrason permet à l’internaute de comparer les prix et d’exercer une concurrence favorable au marché et conforme à l’esprit d’une économie libérale. »





Ou alors va falloir aussi interdire à Carrefour de mettre des affiches publicitaires en face d’un Leclerc, et foutre une amende à Decaux qui leur a vendu l’emplacement publicitaire, parce que c’est exactement la même chose. D’ailleurs faut même leur interdire de s’installer en face, parce que pareil ça fait tout autant de la concurrence déloyale (tout autant signifiant bien évidemment : pas du tout). Pire encore les banques, pas face à face : la pub CIC montre bien d’ailleurs la volonté de faire de la concurrence déloyale à leurs concurrents avec leurs affiches sur leurs propres agences <img data-src=" />