« Le piratage représente des centaines de millions d’euros » dans le monde estime le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs. Devant la mission Lescure, le SELL a décrit ses pistes pour lutter contre cette économie parallèle. Des pistes qui relèguent cependant la Hadopi à un rôle très subalterne. Pour l'instant.
Assassin's Creed d'Ubisoft
Comment lutter contre le piratage de jeu vidéo ? Devant la Mission Lescure, le SELL en a la certitude: c’est avant tout en développant l’offre légale. Les géants du jeu vidéo, que représente ce syndicat, savent aussi que le secteur profite d’une opportunité technique : certains jeux mobilisent plusieurs dizaines de Go ce qui rend bien moins confortables les copies. Enfin, les constructeurs de plateformes ont mis en place des écosystèmes propriétaires et fermés comme Microsoft et Sony, qui permettent de contenir ce risque. Si ces dispositifs multiplient aussi les risques de bug, le SELL en est certain : « ce sont peut-être les trois solutions les plus importantes » considère Cécile Russeil, directrice juridique d’Ubisof. « Aujourd’hui le piratage, c’est moins le problème du P2P que celui du streaming et du téléchargement dans des réseaux privés et illégaux », ajoute-t-elle.
Agir sur la responsabilité des intermédiaires
Le SELL veut du coup concentrer son attention sur la responsabilité individuelle. Si « le téléchargement illégal est passé dans les habitudes » note le syndicat, « il faut s’attaquer à ceux qui mettent à disposition des contenus illégaux ». Le représentant des géants du secteur (Activision, Codemasters, Electronic Arts, Microsoft, Sega, Nintendo, Square Enix, Ubisoft, etc.) veut ainsi davantage responsabiliser ceux qui permettent « l’accès à cette offre illégale, lui donne une visibilité et lui permette sa monétisation ».
Comment ? Le SELL a en tête le déréférencement des URL par les moteurs de recherche « avec une procédure de notice appropriée et efficace qui n’existe pas aujourd’hui ». Cécile Russeil ne le dit pas ouvertement, mais entre les lignes difficile de ne pas entendre le principe du Notice & Stay Down. Un système de notification qui oblige l’intermédiaire à retirer un contenu et surtout éviter sa réapparition. Autre idée, « l’assèchement des revenus des régies publicitaires provenant de la monétisation des contenus illicites et une adaptation de la qualification de recel à cet égard ». Ce n’est pas tout. Il s’agirait de « responsabiliser les sites en ligne qui sont parfaitement légaux mais qui proposent des contenus illégaux ». Le SELL voudrait « les obliger à des vérifications a priori et non pas a posteriori ». Marc Mossé, directeur des affaires publiques et juridiques de Microsoft vise ici les magasins d’application qui seraient en capacité de contrôler la titularité des droits avant la mise en ligne.
Enfin, le syndicat milite pour de nouvelles procédures devant un juge, « rapides, efficaces, adaptées » ou une « coopération judiciaire » internationale renforcée. Voire « un volontarisme de l’État » à l’instar de l’opération Black Friday outre-Atlantique qui a mené à la fermeture de plusieurs sites de poker en ligne.
Le SELL et la Hadopi
Et Hadopi ? Le sujet n’aura mobilisé que quelques courts instants dans les échanges avec la mission Lescure. Le SELL admet « avoir travaillé avec la haute autorité au regard du champ d’application du texte ». Et pas de doute : « Le jeu vidéo est concerné ». De même, Marc Mossé admet que le processus de la réponse graduée « fait partie des choses auxquelles on réfléchit » mais tous gardent à l’esprit « que la première dimension est de favoriser l’offre légale ». Soit un rejet poli du mécanisme de la riposte graduée. Le représentant de Microsoft sait que « lorsqu’il il s’agit de répression [il ne faut pas] oublier le volet de l’éducation, préférable avant de sortir le bâton », mais le syndicat a pour principale cible la contrefaçon commerciale, « celle qui pénalise, de loin, le plus largement l’ensemble de la chaîne ».
On ne peut cependant pas déduire un désaveu de la riposte graduée. Le SELL veut des outils aiguisés afin d’agir dans les moteurs, contre les sites de direct download, contre les intermédiaires publicitaires, etc. Et c’est très exactement ce que souhaitent par exemple les professionnels du cinéma ou de la musique qui rêvent de doter la Hadopi de nouvelles capacités à l'égard des intermédiaires.
De son côté, la Hadopi a d’ores et déjà anticipé devant les parlementaires l’arrivée de ce nouvel acteur. Son système d’information est prêt à traiter des dizaines de milliers de saisines supplémentaires chaque jour. La rue de Texel prévoit d’adresser en 2013 1 100 000 recommandations, soit près de 40% plus qu’en 2012. C’est « une augmentation envisagée grâce au nouveau système d’information ainsi que, notamment, pour traiter les saisines en provenance éventuelle d’un nouvel ayant droit (jeu vidéo). »
Commentaires (29)
#1
Donc, faire des jeux gorgés de Go dans des environnements fermés et hyperpropriétaires, ils appellent ça encourager l’offre légale ? " />
#2
La différence entre le secteur logiciel et le monde audio/video, c’est que le secteur logiciel a les moyens de se défendre sans intervention externe : protections, mode “en-ligne” obligatoire, etc. Je pense que ce secteur n’attend rien d’Hadopi, et se débrouillera tout seul pour limiter la casse liée au piratage.
#3
encore hadopi? toujours pas abrogée? ca marche pas, les block lists sont à jour et donc les clients p2p ne dialoguent pas avec leurs equipements. d’ailleurs les gros c de techniciens et ingenieurs qui bossent sur cette abomination, quand est-ce qu’on les connait histoire qu’ils soient jugés par leur paires?
#4
de bons exemples….j’ai acheté pleins de jeux originaux..sisi….avec pleins de problèmes dus aux protections diverses qui m’ont pourri la vie…
Solution…rechercher les versions propres sur Internet…et depuis plus de soucis. Y’a pas à dire ça encourage l’achat légal….
#5
Le secteur des jeux-vidéos a déjà trouvé la parade contre le piratage : free2play, DLC, pubs intégrées, Multijoueur avec serveurs centralisés, abonnements, etc.. Avec en cadeau l’anéantissement de l’occaz et l’impossibilité de faire des copies privées.
Que demandent-ils de plus ?
#6
Ouais ben, l’offre légale, j’en profite sur les magasins UK, Amazon US et les vendeurs de clés… " />
#7
Dernier exemple en date de l’offre légale : Batman Arkham City. 3 protections entre-mêlées, dont une qui sait planter systématiquement à chaque sortie de jeu : Steam (puisque il est lié à mon compte qui m’a servi à l’acheter, premier bridage), Securom (sur du dématérialisé ! limite le nombre d’install avec une même clé pourtant achetée sur Steam, qui est déjà fermé, deuxième bridage), et Game for Windows Live (le planteur, qui lui aussi demande une clé, et oblige à leir la sauvegarde à un compte, offline ou live, troisième bridage).
Heureusement pour moi, il ne m’a aps couté cher (acheté en solde l’année dernière). Mais quand on voit la chianlie, quand même, faut vraiment pas s’étonner de la présence de versions débridées. Un peu plus risquées (présence de chevaux de troie possible), mais tellement plus facile à utiliser.
#8
#9
« Le piratage représente des centaines de millions milliards d’euros »
" /> Fixed
#10
#11
A la différence de la musique, l’offre légale est là : Steam, GOG, …
Le seul frein en dehors des DRM à la con (UPlay, c’est à toi que je pense) c’est la différence de prix outre-manche sur les jeux consoles. Un jeu payé 70€ en France le jour de sa sortie est à 50€ la même semaine (voir le même jour) chez nos voisins.
Je suis d’accord sur une partie des propositions sauf pour la gestion en amont du contrôle des licences. C’est un coût supplémentaire pour l’hébergeur qui doit s’occuper de récupérer les informations d’identification auprès du propriétaire et doit se charger de vérifier si des contenus ne sont pas litigieux. Sans contre-partie, c’est l’hébergeur qui fournit ses services gratuitement. Et surtout qui sera rapidement suivi par les autres rapaces …
#12
#13
En même temps, ce qui me donne encore envie d’acheter des jeux, c’est qu’il n’y a pas de message à la con de deux minutes avant de jouer du genre “pirater çay mal”, en gros, me faire culpabiliser malgré l’achat du jeu.
Pour ça, dans les arts visuels l’univers du jeu vidéo est moins con que celui du cinéma " />
#14
Sega
Euh, pas pour être méchant mais. Sega fait pas mal de bouses.
Ou des portages de vieux jeux (type megadrive), qu’ils vendent à prix d’or ^^’
Du coup leur principal probleme n’est probablement pas le piratage ^^
Et ils ne sont pas les seuls.
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#16
Que les joueurs se mettent à quatre pattes et se laissent examiner en profondeur. Ah ? On me dit que c’est déjà pas mal le cas…[/quote]
“Profondeurs 2 : le retour du déja vu 2 ”
Bientôt “ Profondeurs 3 : Les relans du 2 …”
" />
#17
C’est encore et toujours une question de tarifs. Moi un jeu à 50/60€ ben je l’achète pas, je prends que des promos sur Steam. (encore moins des jeux consoles à 70€ " /> ridicule)
Je pirate plus mes jeux depuis une paye simplement parce que l’offre légale est là, Steam et GOG font pour moi un super boulot. Quand je vois que dans les magasin physique on trouve des jeux qui ont parfois 2 ou 3 ans à 30 ou 40€ moi je dis non.
Je suis cheap et j’assume, et je suis pas le seul.
Certain continueront à tout copier sans arrières pensés parce-qu’ils s’en fichent, c’est du pure divertissement jetable pour eux et ça ne changera pas (comme pour la musique en passant, la plupart du top piraté c’est du jetable).
Pour le // avec la musique, moi j’achète des CDs indés (tout ce qui fais du bruit : death metal, deathcore, djent, electro-indus, mathcore et leurs amis) à pas cher (max 15€ même si du coup les ptits gars touches pas grand chose) et des trucs sympa en DDL FLAC ou même CD sur Bandcamp (c’est du 7 à 15€ en CD voir moins en FLAC avec une grosse part pour les artistes)
Tout ça parce-que les prix sont raisonnables (pour moi j’entends).
J’achète beaucoup mais je DL beaucoup de musique aussi, je suis quoi alors? Un pirate ou un bon client? Les deux?
Pour mois les solutions existe, faut-il encore en avoir les moyens et l’envie (la passion " /> ) mais elles sont inadapté au jetable qui de toutes façons AMHA ne se vendra pas plus dans un monde avec 0 piratage. Et forcement qui pousse tout ces systèmes borderline fasciste? Les industries du jetable…
Edit: les smileys qui déconne après un edit c’est normale ou bien? ^_^;
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J’achetais beaucoup de jeux à l’époque où il n’y avait pas plus qu’une vérification de CD ou une CD-clé, avec leurs DRM à la " />, je prends ça comme un défis et n’achète donc plus le jeu. (sauf les rares sans DRM)
Au final, ils se tuent leurs acheteurs eux même.
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Oula, ça sent la mauvaise foi quand même ^^’
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encore hadopi? toujours pas abrogée?
ben non, c’est une affaire qui marche, ils ont tout de même déjà fait récolter une amende de 150 euros
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déréférencement des URL
C’est reparti…
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