Dégooglisons Internet : Framasoft fait le bilan de son action

Dégooglisons Internet : Framasoft fait le bilan de son action

Un contexte financier délicat

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Vincent Hermann

Publié dans

Internet

15/12/2016 6 minutes
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Dégooglisons Internet : Framasoft fait le bilan de son action

Framasoft, à l’origine de la campagne « Dégooglisons Internet », a qualifié à plusieurs reprises son initiative de succès, sans toutefois entrer dans les détails. C’est désormais chose faite, l’association publiant de nombreux chiffres.

« Dégooglisons Internet » est une campagne incitative : elle invite les utilisateurs à se poser la question de l’hébergement de leurs données et à se méfier des grandes entreprises concentrant toutes les informations sur leurs serveurs. Google était en ligne de mire car elle est sans doute la plus visible, mais avec Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, ils forment les GAFAM et symbolisent la toute-puissance actuelle du cloud.

La campagne s’est avancée en plusieurs phases, souvent sur une semaine, Framasoft lançant alors un nouveau service chaque jour. L’association indiquait parfois que le succès était au rendez-vous, ce qui se matérialisait d’ailleurs dans certains cas par un blocage des inscriptions.

Framasoft ne propose pas en effet des équivalents directs aux services existants, mais propose des outils qui permettent de réaliser ses propres installations. Elle fournit des solutions hébergées, en partie pour montrer l’exemple, mais le nombre d’inscriptions est souvent limité, comme nous l'expliquait Luc Didry, qui gère les services.

Framadate, Framapad, Framacalc et Framindmap : les quatre plus gros services

Maintenant que « Dégooglisons Internet » en est à sa troisième année, Framasoft a décidé de faire le point. L’association a publié hier des statistiques sur bon nombre de services, dont certains restent très utilisés. La star chez Framasoft, c’est Framadate, l’alternative à Doodle (qui permet la création de rendez-vous). Ce sont ainsi 591 000 demandes qui ont été générées depuis la mise en ligne du service, avec une moyenne de 1 100 nouvelles par jour.

Le deuxième service le plus visité est Framapad, une solution de travail collaboratif sur des documents via le web. La situation est cependant plus compliquée, car Framasoft a mis en place un effacement automatique des données après un certain temps. Cependant, MyPad – qui autorise via la création d’un compte à garder des pads permanents – stocke actuellement 41 500 documents. Viennent ensuite Framacalc et Framindmap, respectivement pour les feuilles de calcul collaboratives et les cartes mentales, qui totalisent à eux deux 105 000 comptes. Le second a permis la création de 133 000 cartes à ce jour.

Framadrive, alternative à Dropbox, se retrouve pour sa part bloqué à 5 084 comptes, pour un total hébergé de 1,1 To de données. Rappelons que le service ne devait pas dépasser les 5 000 comptes et qu’il était limité à 2 Go, Framasoft indiquant à l’époque qu’il était délicat d’offrir davantage, à cause des coûts induits par l’hébergement. Cependant, l’association indique qu’elle pourrait avoir une solution plus tard, voire qu’elle est actuellement en travaux. Affaire à suivre donc.

Une avalanche de chiffres

Voici la liste des autres chiffres donnés :

  • Framacarte (cartes personnalisées) : 403 comptes et 5 800 cartes créées
  • Framanews (lecteur de flux RSS) : 500 utilisateurs et 10 800 flux synchronisés et consultés
  • Framabag (alternative à Pocket, fondé sur wallabag) : 11 420 comptes créés, mais pas de chiffres sur le nombre de liens sauvegardés
  • Framadrop (alternative chiffrée à WeTransfer) : les chiffres sont temporaires car les données sont effacées une fois qu’elles ont été sauvegardées. Au moment où le billet de blog était publié, 48 000 fichiers étaient échangés, pour un total de 874 Go.
  • Framavox (décisions en équipe) : 1 500 groupes, pour un total de 3 626 personnes
  • Framalistes (alternative à Google Groups) : 1 850 listes, servant 1 050 emails à 21 500 personnes par jour
  • Framanotes (alternative à Evernote) : 3 060 comptes pour 12 900 notes
  • Framaforms : 1 800 formulaires
  • Framatalk (alternative à Skype) : un millier d’audio/vidéoconférences par semaine en moyennes
  • Framagenda (calendrier) : 4 500 comptes

Précisons que le site Framastats donne des chiffres supplémentaires. Le réseau Framasoft lui-même existe ainsi depuis pas moins de 15 ans maintenant, 12 pour l’association. Cette dernière dispose en tout de 33 projets, dont 6 sont en cours. 117 245,68 euros de dons ont été récupérés et 2 900 heures de bénévolat ont été comptabilisées. 

Évidemment, ces chiffres peuvent ne pas paraître impressionnants quand ils sont comparés à ceux des GAFAM. On rappellera donc que l’objectif de Framasoft n’est clairement pas de les concurrencer. Comme nous l’avait indiqué en juin dernier Pierre-Yves Gosset, délégué général de l’association, l’objectif est de montrer qu’il existe des alternatives, pas de substituer aux géants du service en ligne, ce qui serait contraire au propos. Framasoft l’indiquait d’ailleurs hier dans son bilan : « il existe une possibilité de re-centraliser et concentrer vos données personnelles, ce que nous ne voulons pas ».

Une situation financière qui reste délicate

Mais quoi qu’il en soit, ces « démonstrations à grande échelle » ont un coût, même si l’association rêve que les utilisateurs quittent ces services pour s’occuper de leurs propres solutions. Ce qui permet à Framasoft d’aborder la question financière, qui pose toujours problème.

Framasoft indique avoir rattrapé son retard grâce aux dons. Cette dépendance reste très forte : en 2015, ils assuraient ainsi 90 % du financement. Le prix de l’indépendance, comme aime à le rappeler l’équipe. Elle précise que si une certaine quantité de travail est accomplie par les bénévoles, la logistique, le support, la surveillance de la qualité de service et d’autres aspects nécessitent de maintenir des personnes employées à temps plein, en l’occurrence six.

Et malheureusement, l’exercice 2016 semble difficile pour Framasoft. Le budget tablait ainsi sur 205 000 euros pour assurer l’intégralité des frais de fonctionnement. Actuellement, l’association n’a réuni que 185 000 euros. Elle assure cependant ne pas être menacée, tout en précisant que cette somme influe directement sur « les énergies » qu’elle pourra consacrer aux projets de 2017.

D'importantes ambitions pour 2017

Or, ces projets sont nombreux. Tous les services de type Frama n’ont pas encore été lancés. Des alternatives à YouTube, Meetup, Twitter, doivent arriver, de même que des plateformes de blog, de pétitions, et même peut-être un webmail. Le collectif CHATONS, qui met en avant l’hébergement éthique des données chez des partenaires, doit évoluer vers la transmission d’expérience, tout en assurant sa promotion.

L’association rappelle d’ailleurs que les dons permettent d’obtenir d’importantes déductions fiscales. Déclaré par exemple, un don de 100 euros ne revient qu’à 34 euros.

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Écrit par Vincent Hermann

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Sommaire de l'article

Introduction

Framadate, Framapad, Framacalc et Framindmap : les quatre plus gros services

Une avalanche de chiffres

Une situation financière qui reste délicate

D'importantes ambitions pour 2017

Commentaires (34)


Framasoft c’est bon, mangez-en !


C’est pas glorieux, l’action d’Orange a été bien plus efficace <img data-src=" />


Avec l’esprit jacobin qui s’est imposé dans les conditions qu’on connait chez nous, il est difficile de se mettre dans l’idée de fragmenter tout comme ça. On serait plutôt partant, spontanément, pour un service d’excellence sous notre contrôle (à travers l’État, dont il faut reprendre le contrôle au préalable) et qui garantirait la confidentialité et la souveraineté.

Quelque part je préfèrerais un autre mastodonte monopolistique mais en France, respectueux du secret des communications et tout, donc c’est normal que l’on ait envie de voir Framasoft gérer tout ça, plutôt que de tous s’acheter un NAS pour s’installer ses services. Du coup le but n’est pas clair pour moi, parce que si j’adhère à la “dégooglisation”, c’est surtout parce que Google est impérial américain et que son but est lucratif (et qu’en plus de ça, les utilisateurs sont les produits), pas du tout parce qu’il est gros et monopolistique puisque cet aspect-là lui permet de devenir excellentissime.


Google search ? &gt;https://wwww.qwant.com/ (marche très bien et c’est français)


Plus de chiffres surhttp://framastats.org/


Il y a une chose que je n’ai jamais aimé dans cette initiative : le nommage. Ils cachent des projets opensource&nbsp; derrière leur framaXXX et même si on peut trouver le nom du soft original rapidement c’est dommage de ne pas le mettre en avant le projet original.


Je vais ajouter quelques chiffres merci&nbsp;<img data-src=" />


Le collectif chatons ce sera pour des assos, collectifs, entreprise ou n’importe ayant signé une charte. C’est intermédiaire, entre l’auto-hébergement et monopole mondial/national.


sarbian, sur chaque page de leurs framatruc ils précisent quel soft open source ils utilisent.



Je rêve d’un frama OS ou on peut installer très simplement tout ça d’un seul coup sur un NAS maison.

pour virer mon xpenology.

&nbsp;


C’est vraiment chouette cette initiative même si je n’y suis pas allé. (j’avais lu l’article à l’époque mais j’ai zappé depuis)



Après j’ai peut être oublié les détails, mais là on parle plus de solutions à installer sois même non ?



Perso c’est bien ce qui me rebute. Une alternative web ça me va, mais si je dois commencer à installer chez moi, ça ne va pas le faire. J’ai pas que ça à faire, tant en terme de temps mais aussi parce que je n’ai pas toutes les compétences techniques.


Et bientôt, l’action déframasoftons internet ? <img data-src=" />


On a en projet de collaborer + avec les mecs de yunohost. On verra ce que ca donne ;)


Pourquoi est-ce l’article ne parle pas des outils framasoft les plus importants ? <img data-src=" />


A chaque news sur Framasoft je le dis mais merci les copains pour Framagit

(Et pour les autres projets hein <img data-src=" />)








A-snowboard a écrit :



C’est vraiment chouette cette initiative même si je n’y suis pas allé. (j’avais lu l’article à l’époque mais j’ai zappé depuis)



Après j’ai peut être oublié les détails, mais là on parle plus de solutions à installer sois même non ?



Perso c’est bien ce qui me rebute. Une alternative web ça me va, mais si je dois commencer à installer chez moi, ça ne va pas le faire. J’ai pas que ça à faire, tant en terme de temps mais aussi parce que je n’ai pas toutes les compétences techniques.







Pas du tout justement, ils te poussent à héberger toi-même mais leurs FramaX hébergent pour le quidam



“outil” ?&nbsp;<img data-src=" />


Excellent ce truc je le garde dans un coin.

J’ai commencé a degoogliser mes habitude j’utilise bing et onedrive


En même temps avec tous les génies d’ici qui prônent l’utilisation des DNS Google on est pas sorti de l’auberge <img data-src=" />


Des outils sympas qui sont proposés, et comme je suis en auto hébergement depuis quelques temps, ça m’a permis de découvrir quelques projets sympas.


j espère que tout le monde a son compte sur lahttps://framasphere.org


Encore mieux, être asocial, … autiste, comme disait mon boss il y a auelques jours à notre pot de fin d’année, concertant la plupart de mes collègues, moi inclus.

Mais pas comme une insulte: ils nous félicitait presque d’être tous autistes, bons esclaves prêts à bosser 11 ou 12 heures par jour pour pas grand chose avec nos bac+5 et plus.



De toute façon, on n’a pas le temps, trop de boulot pour être sur un réseau social.



Heureusement qu’il reste le bistrot, et NXI pour avoir l’impression d’exister.


A ta santé ! <img data-src=" />



Sors un peu, fais du sport ou autre, tu verras, ça défoule…


Pour ça y a OpenMediaVault = OMVhttp://www.openmediavault.org/

&nbsp;


Oh magique, merci.


Je suis à moitié d’accord : vrai pour la “transparence”.

D’un autre côté, ils tentent de s’adresser à un peu tout le monde, et les vrais noms des projets ne sont pas toujours très explicites. “Frama-” c’est devenu un gage de… “propreté” et le suffixe définit directement l’utilisation.


L’idée c’est d’utiliser et promouvoir des outils libres et ouverts

* libres = tu peux l’installer chez toi (comme je le fais sur mon rapberry pi)

* ouverts = tu sais ce qu’ils font, pas comme les outils proprios de google.


Les stats temporelles (nombre de trus créés PAR JOUR) sont plus intéressantes que les stats absolues.

Et puis, quid de la transparence sur l’outil utilisé pour générer cette page ?

Vraiment, Framasoft me déçoit <img data-src=" />

Bon, plus sérieusement, très bon boulot Framasoft !








sarbian a écrit :



Il y a une chose que je n’ai jamais aimé dans cette initiative : le nommage. Ils cachent des projets opensource  derrière leur framaXXX et même si on peut trouver le nom du soft original rapidement c’est dommage de ne pas le mettre en avant le projet original.







+1



<img data-src=" />









cortomaltesse a écrit :



j espère que tout le monde a son compte sur lahttps://framasphere.org





Corto a raison, Framasoft maintient Framasphère, certainement le meilleur réseau social qu’on peut trouver actuellement pour échanger des idées et des centres d’intérêt. Après si c’est pour diffuser des photos de votre chat ou donner des nouvelles à tata Paulette, vaut mieux rester sur Facebook.



&nbsp;



je suis asocial aussi facebook me servait a crée des contes sur divers site (louis77 j ai pas de pièce Ci pour ce nom il a été fermer repris par un chinois je crois)

j ai pas encore vu un site avec un lien diaspora les clubs de sport ou j ai une licence aussi

que Facebook Google+ LinkedIn Twitter YouTube il manque toujours diaspora Next inpact c est pour quand?








Bobmoutarde a écrit :



En même temps avec tous les génies d’ici qui prônent l’utilisation des DNS Google on est pas sorti de l’auberge <img data-src=" />





Tiens, FramaDNS, ça pourrait être bien.



Moi j’utilise de peu les DNS de FDN