ARCEP : les revenus des opérateurs baissent, les débits et les usages explosent

ARCEP : les revenus des opérateurs baissent, les débits et les usages explosent

De la poche au réseau

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Guénaël Pépin

Publié dans

Société numérique

10/10/2016 7 minutes
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ARCEP : les revenus des opérateurs baissent, les débits et les usages explosent

Depuis un an, les revenus des groupes télécom ont encore baissé de près de 2 %, quand le nombre de lignes très haut débit et la consommation 4G continuent d'exploser. Alors que l'investissement dans les nouveaux réseaux continue, les opérateurs semblent peiner à en tirer du chiffre d'affaires supplémentaire.

La consommation d'Internet et du mobile progressent en France, la chute des revenus des opérateurs ralentit encore. L'ARCEP a publié son observatoire du marché des communications électroniques pour le deuxième trimestre (PDF), qui confirme globalement les tendances de ces derniers mois. La consommation data notamment est largement tirée par la 4G, qui compte pour 80 % du volume de données échangées ces derniers mois.

Un chiffre d'affaires toujours en baisse

Côté finances, la situation continue d'empirer pour les groupes télécom, mais moins vite qu'auparavant. Entre juin 2015 et juin 2016, les opérateurs ont engrangé près de 8,8 milliards d'euros, dont près de 8 milliards pour les services télécom eux-mêmes. Soit une baisse de 295 millions d'euros (-1,9 % sur un an), ralentie par rapport à 2014 et 2015. 

Les services mobiles affichent des revenus en baisse de 64 millions d'euros, due aux deux tiers par l'effondrement du marché des cartes prépayées, estime l'ARCEP. La transition massive vers les forfaits mobiles, notamment via les nombreuses promotions poussées par les opérateurs, n'aide pas leur chiffre d'affaires pour le moment. Les services à valeur ajoutée, récemment réformés, ont aussi vus leurs revenus fondre de 46 millions d'euros en un an. Cette baisse n'est d'ailleurs pas encore compensée par la vente et la location de terminaux, dont les revenus grimpent de 10 millions d'euros sur l'année (à 484 millions d'euros).

Sur le fixe, la baisse de revenus a été de 50 millions d'euros au total du deuxième trimestre 2015 au 2016, contre environ 60 millions d'euros de baisse précédemment. Le chiffre d'affaires des services bas débit ralentit sa chute, quand ceux aux entreprises est en légère hausse (+1,6 % de revenus d'un an sur l'autre). Les recettes des offres haut et très haut débit stagnent (+0,7 % à peine), malgré la montée des offres très haut débit (dont de la fibre) face à l'ADSL.

Les revenus annexes (dont pour une part les services de musique ou de vidéo à la demande des opérateurs) restent stables, à 784 millions d'euros... Ce qui représente toujours près de 10 % du chiffre d'affaires du secteur.

Revenus télécom
Crédits : ARCEP

Le très haut débit à plus de 100 Mb/s gagne du terrain

Du côté des réseaux, si une tendance s'est dessinée ces dernières années, c'est bien la montée du très haut débit, qui grignote de trimestre en trimestre la part du vénérable ADSL. Au total, à fin juin, la France comptait 27,2 millions de lignes fixes, soit 950 000 de plus en un an. À noter que 18,9 millions disposent de la télévision par Internet, soit environ 70 %. Sur ce grand ensemble, 4,8 millions de lignes sont en très haut débit (à partir de 30 Mb/s en débit descendant), contre 3,6 millions un an plus tôt.

Dans le détail, plus de 60 % des abonnements THD ont un débit égal ou supérieur à 100 Mb/s, le reste étant compris entre 30 Mb/s et 100 Mb/s. La tranche supérieure est composée de lignes en câble et en fibre optique jusqu'à l'abonné (FTTH). Cette dernière technologie, de long terme, compte désormais près de 1,8 million d'abonnés, soit 605 000 de plus qu'à fin juin 2015. Cela en grande partie chez l'opérateur historique, Orange, qui dispose d'une large avance dans le domaine, et construit la plupart des réseaux FTTH du pays, y compris pour certains de ses concurrents (voir notre analyse).

Les lignes câble à 100 Mb/s ou plus comptent 1,2 million d'abonnés (+179 000), au fil de la rénovation du réseau par SFR. Les lignes dans la tranche de débit inférieure (en VDSL ou câble) sont aussi plus nombreuses (plus de 1,8 million), soit 410 000 supplémentaires sur un an.

Abonnés fixe internet T2 2016
Crédits : ARCEP

Sur les réseaux fixe et mobile, les communications voix restent bien entendu un usage majeur. Sur le deuxième trimestre, 60,8 milliards de minutes d'appel ont été comptabilisées, soit une augmentation de 2,8 % sur un an, après deux ans de baisse. Reste que, sur le fixe, cette consommation continue toujours bien sa chute : ces lignes comptent pour un tiers des minutes d'appel (19,2 milliards), en baisse de 1,3 milliard d'une année sur l'autre. Une chute ralentie face à 2015, où 2 milliards de minutes s'étaient déjà envolées.

La 4G booste la consommation de données mobiles

Face à cela, les appels depuis un mobile continuent de progresser à 41,6 milliards de minutes sur le trimestre (+7,9 % sur un an). Comme le rappelle l'ARCEP, « la consommation moyenne mensuelle par carte mobile (3h23) dépasse, depuis le trimestre précédent, celle par ligne fixe (2h56) ».

Le nombre de SMS échangés a aussi bien augmenté (+1,1 milliard), s'établissant à 51,6 milliards entre mars et juin. Cela même si les Français envoient toujours environ 250 SMS par mois, depuis fin 2012. Les communications en itinérance, qui pose tant de problèmes actuellement à la Commission européenne, comptent à peine pour 1,4 % du total des clients français.

Sur l'Internet mobile, les mobinautes ont consommé 230 000 To au deuxième trimestre, à 80 % par des clients « actifs en 4G ». Pour le régulateur, la croissance du trafic est « explosive », avec une progression de 79 % en un an. Pour chaque utilisateur connecté à l'Internet mobile, la consommation moyenne mensuelle s'établit désormais à 1,8 Go par mois. Le cap du Go pour chaque mobinaute (connecté ou non en 3G et 4G) est, lui, désormais franchi.

Au total, la France compte 72 millions de cartes SIM (hors « MtoM »), soit 830 000 supplémentaires sur un an. Le nombre d'utilisateurs en 3G et 4G augmente aussi largement : +4,3 millions en 3G (50,1 millions), et +11 millions en 4G (26,6 millions). En clair, environ 70 % des mobinautes disposent de la 3G, et environ 37 % de la 4G (contre à peine 22 % un an plus tôt).

« Depuis plus de quatre ans, l’intégralité de cette croissance est due à l’augmentation du nombre de forfaits, tandis que le nombre de cartes prépayées s’érode de façon continue », à 11,8 millions contre 13,2 millions en juin 2015. Un quart des cartes SIM est lié à un abonnement fixe (18,2 millions). La convergence des offres fixes et mobiles, l'une des principales armes de rétention des abonnés, semble donc fonctionner à plein régime.

Le « MtoM » progresse encore, les publiphones se désagrègent

De son côté, les cartes SIM dédiées aux communications entre machines (« MtoM ») continuent de voir leur nombre grimper de trimestre en trimestre. À fin juin, elles étaient 10,3 millions en activité, soit 1,1 million de plus qu'un an plus tôt. Une performance impressionnante, qui se confirme de mois en mois, mais qui ne se traduit pas encore en de larges revenus pour les opérateurs. Sur le trimestre, ceux-ci ont gagné 27 millions d'euros via ces offres, soit tout de même trois millions de plus sur un an.

Il faudra donc encore que le nombre de ces cartes grimpe et que les réseaux alternatifs type LoRa (qui n'utilisent pas de cartes SIM, mais un code d'identification), notamment poussés par Bouygues Telecom et Orange, se développent massivement pour voir ce segment s'imposer dans le chiffre d'affaires des groupes télécom. À noter que la baisse de la croissance du nombre de cartes « MtoM » constatée ces derniers mois est notamment due à un ajustement de SFR, qui a supprimé 1,3 million de cartes inactives de sa base.

Mobile MtoM T2 2016
Crédits : ARCEP

À l'autre bout du spectre, le nombre de cabines téléphoniques (publiphones) continue encore et toujours de s'effondrer. Au deuxième trimestre, elles n'étaient plus que 31 200 en activité, contre environ 57 000 à l'été 2015. L'ARCEP compte environ 25 000 suppressions par an. Cela alors que la question du maintien du réseau téléphonique, publiphones compris, continue d'agiter régulateur, parlementaires et ministres.

Déjà épinglé sur les problèmes du réseau cuivre par l'ARCEP, Orange devrait récupérer une nouvelle fois la charge du service universel, avec de nouvelles obligations en cas de manquement.

Écrit par Guénaël Pépin

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Un chiffre d'affaires toujours en baisse

Le très haut débit à plus de 100 Mb/s gagne du terrain

La 4G booste la consommation de données mobiles

Le « MtoM » progresse encore, les publiphones se désagrègent

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Commentaires (19)


Bah avec les offres de cette années (forfait à 0 euros, 3,99 etc) c’est pas étonnant.

On va pas se plaindre côtés clients mais il faudrait pas les groupes se fragilise au point de se faire racheter par les mastodontes européen ou américains


Trop de promotions, de ventes flash (privées), de prix barrés la 1ère année…

Le consommateur ne va pas s’en plaindre, à part la contrainte de changer de fournisseur télécom chaque année.


-SFR/numéricable ce n’est déjà plus francais. Et ca “utilise” la stratégie “jusqu’ici tout va bien” chère à notre nouveau J6M qu’est drahi.

-Bouygues attend juste qu’on le rachète à bon prix.



Reste Orange et free.

-Iliad appartient encore à X.N. et s’en sort bien en cassant le marché.

-Orange est le symbole de la puissance des grands groupes francais, donc l’état ne le lachera pas, pour l’instant.


“elles n’étaient plus que 31 200 en activité, contre environ 57 000 à l’été 2015. L’ARCEP compte environ 25 000 suppressions par an”

Ok donc dans moins de deux ans les cabines téléphones on n’en parle plus. <img data-src=" />


Il faut inverser la courbe du revenu <img data-src=" />






  • Orange est égal à lui-même : multinationale - 1er réseau en transmission en France - 1er réseau de distribution (cuivre et maintenant fibre optique) en France,

  • Free : après avoir cassé le marché du mobile en 2012, Free augmente peu à peu les prix DSL en déployant pas-à-pas sa fibre pair-à-pair (sauf en zones moyennement denses en co-financement avec Orange),

  • BouygTel : casse les prix sur ses offres DSL en ayant l’air de chercher un partenaire durable,

  • SFR : multinationale - 2e réseau en transmission en France - 2e réseau de distribution en France Très Haut Débit (terminaison fibre ou câble) attend de quitter la bourse de Paris en se faisant complètement racheté par Altice (Amsterdam - Hollande - Pays-bas).



    On verra si la stratégie d’augmentation des prix du fixe en augmentant les contenus TV disponibles à partir des box opérateur sera, ou non, la stratégie gagnante. J2M (ou J6M dixit les Guignols) aurait-il eu raison avec la convergence des tuyaux/contenus au sein d’une même entité ?


C’est mal barré pour les investissements dans la FTTH…

Ce n’est pas avec 3 ou 4 milliards d’euros par an qu’on va rattraper le retard sur nos voisins européens



&nbsp;Il faut 12 milliards d’ici 2022 rien que pour les zone gérées par le publique



&nbsp;J’avais calculé il y a deux ans un effort nécéssaire de la part des grands FAI de 11 milliards (et c’était l’estimation la plus basse possible)



&nbsp;Maintenant, je table plus sur 30 milliards à investir dans la FTTH d’ici 2022 (au total et à la grosse louche)



&nbsp;Santé !








synclinal a écrit :



C’est mal barré pour les investissements dans la FTTH…

Ce n’est pas avec 3 ou 4 milliards d’euros par an qu’on va rattraper le retard sur nos voisins européens



&nbsp;Il faut 12 milliards d’ici 2022 rien que pour les zone gérées par le publique



&nbsp;J’avais calculé il y a deux ans un effort nécéssaire de la part des grands FAI de 11 milliards (et c’était l’estimation la plus basse possible)



&nbsp;Maintenant, je table plus sur 30 milliards à investir dans la FTTH d’ici 2022 (au total et à la grosse louche)



&nbsp;Santé !





ben oui mais il faudrait savoir si l’on veut des prix plancher ou payer plus cher mais avoir de l’investissement derrière, parce que les forfaits à 2-5 euros ça doit pas rapporter un max



(projection))




  • à quoi….ressemblera “le paysage des Télécoms.” (en général) dans 10 - 15 ans (curieux) ?&nbsp; <img data-src=" />








synclinal a écrit :



C’est mal barré pour les investissements dans la FTTH…

Ce n’est pas avec 3 ou 4 milliards d’euros par an qu’on va rattraper le retard sur nos voisins européens



&nbsp;Il faut 12 milliards d’ici 2022 rien que pour les zone gérées par le publique



&nbsp;Maintenant, je table plus sur 30 milliards à investir dans la FTTH d’ici 2022 (au total et à la grosse louche)





Je ne sais plus quel est l’objectif de 2022 mais si c’est 100% de la population en THD c’est mort. (sauf si le satellite compte mais c’est de l’arnaque)

Mes parents qui ne vivent pourtant pas dans un trou perdu habitent un “lieu dit” qui est trop éloigné de la commune. Donc la commune aura la fibre Orange avec investissement public l’année prochaine mais pas le “lieu dit”, trop loin.

Avec l’objectif THD il a été demandé quand ce sera disponible, Orange a répondu “Jamais… en tout cas pas avant 2030”

Solution proposé : le satellite NordNet qui appartient à Orange à 55€/mois pour 15 Go de data.

Solution possible mais Orange s’en fiche : Offre avec antenne 4G puisque l’antenne est déjà 3G+ à 21Mbps

Bref, mes parents à 10 min de la grande ville du département (et anciennement de la région) n’auront pas la fibre car c’est pas rentable de fibrer 80 maisons. Le plan THD et l’objectif de 2022 me fait bien rire.



C’est impossible à prévoir.&nbsp;&nbsp;



-Pour la téléphonie, skype et whatsapp seront p-e demain déclarer comme opérateur par la france ou l’Europe . Certes ça va leur couter beaucoup d’argent en investissement mais ils pourront aussi vendre (entreprise ou particulier) qu’ils peuvent se passer des opérateurs pour la partie téléphonie. Ou ils pourraient ne pas être déclarer opérateur et dans ce cas là, ceux-ci garderaient la main sur la téléphonie un peu plus longtemps.&nbsp;



-Drahi passe son temps à racheter des sociétés de plus en plus grosses par des LBO, ce qui consiste à s’endetter pour racheter une entreprise puis faire payer l’entreprise rachetée pour rembourser le crédit. Ca peut marcher tant que les banques croient en lui. Le jour où les banques le lâchent bas ça fait château de carte à la Jean Marie Messier. Parce qu’il a tout de même 30 milliard d’euros à rembourser, soit plus ou moins la valeur d’Altice.&nbsp;&nbsp;



-Martin Bouygues lâchera le bateau dès que quelqu’un posera 10M sur la table. &nbsp;&nbsp;&nbsp;



-J’ai pas suivi comment ça c’était passé en 2015 mais jusqu’en 2014, orange était la vache à lait de l’état. A tel point qu’en 2014, orange a reversé plus d’argent aux actionnaires qu’ils n’ont fait de bénéfice. Donc si l’état lache du lest à orange, qu’ils sont capable de se réinventer et surtout de croire aux produits qu’ils lancent pourquoi pas (on se rappellera du NFC orange, de leur application de messagerie, de la livebox console de jeux déportés, …).&nbsp;&nbsp;



-L’année dernière on nous expliquait que google/apple/baidu allaient manger les box opérateurs, pour l’instant rien a changé mais qu’en sera-t-il dans 10 ans ?&nbsp;&nbsp;



-De même la plupart des constructeurs travaillent sur une sim virtualisé. Ce sera surement le cas dans 10 ans. Ce qui veut dire perte du contact avec le client si ça se fait.&nbsp;



etc…&nbsp;


D’après des info (si les employés de la ville raconte pas de connerie), orange commence à fibrer ma ville, mais je crois que c’est mort pour moi, la ville est séparer par une rivière et un canal, les travaux sont axés en centre ville.<img data-src=" />

La box orange à l’air pourri, mais cela ne m’aurait pas déranger de leur faire gagner un peu d’argent.


Si Orange fibre ta ville, pour information, l’opérateur a une carte de couverture fibre très détaillée (plus on zoome, plus on a de détails) et précise :&nbsp;http://reseaux.orange.fr/cartes-de-couverture/fibre


Encore trop pour savoir exactement, mais croise les doigt (et j’espère que l’employer n’a pas raconter de connerie).


Si j’ai bien saisi le fond de l’article (lecture entre les lignes) : aujourd’hui, avec 50Mbps de débit en DL/UL, on est misérable mais pas SDF&nbsp;&nbsp; …&nbsp; Et en 2020, avec 400Mbps on sera aussi misérable mais pas SDF. <img data-src=" />



Quand le pense que toute mon installation, en interne, est à 1Gbps et que mon FAI n’est pas capable, en centre ville, de monter plus haut que 20Mbps en DL (je paye pour du 30Mbps) , ça laisse songeur pour l’avenir du réseau.

<img data-src=" />








aureus a écrit :





&nbsp;(stp)




  • aurais-tu un lien (pour + de précisions) ?&nbsp; <img data-src=" />



Pour ma part, je dirais les différents articles de Next Inpact sur le sujet (le moteur de recherche en haut à droite de la page) et la rubrique “tech” de lesechos.fr.


merci ! <img data-src=" />&nbsp;&nbsp; <img data-src=" />